samedi 20 janvier 2018

Doctor Who série 5


diffusion originale : du  3 avril au 26 juin 2010
nb d'épisodes : 13 répartis en dix aventures
DVD :

    > en VO, coffret The Complete Series 5
    > en VF, coffret Saison 5


Docteur : Matt Smith
Compagnons : Amelia Pond, Rory Williams, River Song, Nasreen Chaudhry et Vincent van Gogh


BORN AGAIN. Sous la nouvelle impulsion de Steven Moffat, tout change. Le générique, déjà, qui s'avère assez sympathique dans ce nouveau remix un poil plus nerveux que le précédent, l'ambiance aussi, moins délirante que sous l'ère Davies, mais aussi et surtout les acteurs. Matt Smith est le nouveau Docteur, et le fait est qu'en dépit d'une apparence d'ado attardé en mode Steve Urkel, il s'impose assez rapidement comme la nouvelle référence, en passant pourtant juste derrière un David Tennant mémorable.
Dès la fin de l'épisode introductif, The Eleventh Hour, il prend la taille patron alors que pendant toute la séance, il n'a cessé de faire le pitre, peut-être un peu trop d'ailleurs (la séquence où il découvre ses nouveaux goûts est un peu longue). Dans l'aventure suivante, il se retrouve confronté à un choix impossible et il impressionne par sa fureur. Il en va de même lorsque sa nouvelle compagne est menacée de mort par les Anges Pleureurs, et le contraste est assez saisissant entre ces deux facettes extrêmes du personnage.
C'est qu'en fait, Steven Moffat et les scénaristes qui travaillent avec lui vont passer le plus clair de la saison à démontrer que le Docteur n'est non seulement pas infaillible, mais aussi potentiellement nuisible. D'entrée de jeu, sa relation avec la nouvelle passagère du TARDIS est basée sur une certaine forme de déception, voire de trahison, et l'épisode Amy's Choice relate tant d'horreurs concernant le passé du héros que l'on se demande quelle est la part de vérité dans toutes ces affirmations. Un peu plus tard, le héros perd un autre Companion, et il se montre également incapable de sauver Vincent van Gogh de sa dépression.


Tout l'intérêt de ces doutes vis à vis du Docteur, c'est de mettre en lumière sa relation avec Amy Pond, sa nouvelle égérie. Amelia, il la rencontre d'abord sous sa forme de base, celle d'un vilain petit canard rouquin ambiance Cosette. Elle vit seule dans une grande baraque bizarre et se montre adorable avec cet étrange monsieur débraillé qu'elle adopte très vite, mais qui la laisse pourtant en plan suite à une malfonction du TARDIS. Il ne la retrouve que des années plus tard, et bon sang, ce qu'elle a changé !
Devenue une sacrée bombasse, elle gagne sa vie en faisant des bisous (!) et même si elle n'a plus confiance en cet ami imaginaire pourtant bien réel, elle finit par le suivre dans ses péripéties, majoritairement pour fuir son mariage avec le très banal infirmier Rory Williams, un ami d'enfance dont elle est tombée amoureuse un peu par défaut. Le fait est qu'elle a encore des sentiments envers le Docteur, qui ont évolué vers une certaine attirance manifestée à la fin de l'épisode Flesh and Stone où elle manque de le violer.
Au delà de ça, Amy est une compagne très réactive voire pro-active, comme l'ont été Rose ou Martha avant elle, et c'est notamment dans l'épisode The Beast Below qu'une forme de respect mutuel s'installe entre elle et le Doc. Par la suite, elle fera également montre d'une grande humanité et d'une sensibilité à fleur de peau, qui rendent le héros très protecteur envers elle.


Un peu bêta, son fiancé ne manque pourtant pas de remarquer ce désagréable manège, et il en conçoit naturellement un peu de jalousie. Plutôt que de se laisser "voler" la femme de sa vie, dont il est éperdument amoureux, Rory Williams décide de l'accompagner dans ses aventures. Du trio, c'est souvent lui qui tient la chandelle, et pour le téléspectateur, il fait surtout office de bouffon du roi, tout à la fois en tant que personnage ridicule et pour ses critiques envers son rival.
Pourtant, il est rapidement tué, et même rayé de la mémoire de sa jolie rouquine. Il devient alors une source d'interrogation et de tristesse inexpliquées pour la belle, et se meut en personnage tragique pour l'audience, jusqu'à son retour, pas forcément cousu de fil blanc. Le fait est que sa réapparition en tant que légionnaire romain est même assez capillotractée, comme du reste l'intégralité du diptyque qui vient conclure la saison. C'est, hélas, une marque de fabrique de Moffat, comme on ne tardera pas à s'en apercevoir.
Pour être tout à fait exhaustif, d'autres personnages voyagent à bord du TARDIS cette saison. River Song, seul personnage de l'ère Davies à faire son retour, démontre qu'elle en sait vraiment BEAUCOUP sur le héros. Plus que lui, même, puisque c'est elle qui nous explique le bruit que fait la cabine téléphonique quand elle se matérialise : ce sont les freins, que le Time Lord oublie tout le temps de desserrer ! Amy pose du reste la question : est-ce que River est la femme du Docteur ? La réponse restera en suspens...
Même si on ne peut pas vraiment les considérer comme des Companions, Nasreen Chaudhry et sa petite famille font également un petit tour en TARDIS dans les épisodes The Hungry Earth et Cold Blood, et il en va de même pour Vincent van Gogh à la fin de Vincent and the Doctor. Voilà : cette fois-ci, on n'a oublié personne.


Et pourtant, des personnages marquants, il y en a d'autres durant cette saison. On pourra signaler Winston Churchill, qui fait bosser des Daleks pour l'armée anglaise dans Victory of the Daleks (!), ou encore la signora Calvierri dans The Vampires of Venice, interprétée par Helen McCrory, alias Narcissa Malefoy dans la saga Harry Potter. Et surtout, comment ne pas citer le conservateur du musée d'Orsay dans Vincent and the Doctor, joué par nul autre que le fabuleux Bill Nighy ? Même William Hartnell fait un passage, la carte de bibliothèque du Docteur ayant sa photo ! Du reste, les dix précédents Docteurs font un court passage à la fin de l'épisode d'ouverture, comme pour signaler que tout va changer, certes, mais que Moffat reste fidèle à la saga.
Et puis il y a les monstres. Là pour le coup, Moffat n'a pas fait table rase du passé, puisqu'il ramène non seulement les Anges Pleureurs, qu'il avait créés pour l'épisode Blink (S3E10), mais aussi les Daleks, dans une nouvelle livrée multicolore façon Benetton, ou encore les Silurians lors d'une aventure bipartite qui fait écho à Doctor Who and the Silurians (S7E2 de la série classique).
Quant à la dernière histoire, elle ramène sur le devant de la scène la plupart des monstres de la saga (y compris les Weevils qui sont plutôt liés à Torchwood), des Cybermen aux Nestenes, en passant par les Sontarans, les Judoon ou les Sycorax. Et avec eux reviennent aussi les personnages marquants de cette saison : Vincent van Gogh, Winston Churchill, River Song ou la reine Lizzy, notamment ! Le Docteur utilise même le bracelet manipulateur de temps de Jack Harkness !


Pourquoi autant de monde ? Pour assister à l'ouverture (ou la prévenir) de la Pandorica, annoncée dès le premier épisode par le Prisonnier Zero et évoquée également par River Song. Les créatures de tout l'univers se sont rendues à l'évidence : le Docteur est une menace pour l'équilibre spatio-temporel, et il faut l'enfermer. C'est le point final d'une saison durant laquelle le héros aura été présenté, souvent, comme un danger plus que comme une solution. Mais la Pandorica n'est pas le principal fil rouge de la série 5.
Ce sont les failles dimensionnelles qui ont cet honneur. Il y en a une dans la chambre de la jeune Amelia, une sur la carapace de la tortue galactique, une dans le bunker de Churchill, une dans le vaisseau spatial où les Anges attaques le Docteur, une dans l'antre des Siluriens et même une dans l'appart de Craig, le timide colocataire du Doc (dans l'amusant épisode The Lodger, où on découvre que le héros est un champion de foot qui s'ignore, et qu'il peut faire de la télépathie en accéléré au moyen d'un bon coup de boule !). Il y en a même une sur le calendrier du TARDIS, et les vampires de Venise avouent qu'ils ont fui leur planète, Saturnyne, parce qu'elle était pleine de failles.
Si on ajoute à toutes ces occurrences le fait qu'Amy ne se souvienne absolument pas que les planètes aient été déplacées (dans The Stolen Earth (S4E12)), on comprend que l'espace-temps est en train de se désagréger, et cela conduit à un ultime épisode complètement bordélique, qui commence par le premier, se poursuit par une improbable chasse au trésor façon Indiana Jones (mais à travers le temps) et se termine sur un non-évènement, puisque tout est bien qui finit bien. Et contentez-vous de ça en guise d'explications.


Un final un peu décevant, donc, mais le reste de la saison est pétri de qualités. Pêle-mêle, on pourra s'attarder sur les dogfights à la Star Wars dans Victory of the Daleks, sur le jeu entre réalité et rêve ou sur le charmant petit village anglais qui sert de cadre à Amy's Choice, sur le décor un peu plus glauque mais tout aussi typique de The Hungry Earth, ainsi que sur son message de tolérance certes classique, mais jamais inutile, ou encore sur le toujours aussi impressionnant cercle mégalithique de Stonehenge au début de The Pandorica Opens.
Signalons aussi deux épisodes délocalisés, tous deux à Trogir. Cette petite ville de Croatie joue les Venise (même si les prises de vue des canaux sont authentiques) pour le sixième épisodes, et les Saint-Rémy de Provence dans le dixième.
Problème : l'église peinte par l'artiste, et qui est à l'origine de l'intrigue de cet épisode, est celle d'Auvers sur Oise, où il a fini sa vie, tandis que la terrasse du café est celle d'Arles. Une incohérence qui ne gâche pas le visionnage, mais de toute façon, cet épisode est une plaie à cause du surjeu permanent de ses acteurs, et en particulier d'un van Gogh assez pénible. Quant à The Vampires of Venice, ce sont les effets spéciaux qui le rendent décevant.


Mais de manière globale, cette saison du renouveau n'est pas trop mauvaise. Pour une fois, je n'ai pas racheté le coffret VO puisque j'avais déjà la VF, et d'après mes renseignements, l'original ne comporte pas plus de bonus. En l'occurence, il s'agit des petits docs de la série Confidential, qui sont soit hors-sujet (la visite de Karen Gillian, l’interprète d'Amy, à l'observatoire britannique, où la séquence de foot commentée comme un vrai match), soit auto-promotionnels à en donner la nausée. Bref, le coffret français suffit, d'autant qu'il embarque bien heureusement les pistes originales.

samedi 6 janvier 2018

Sorties comics de décembre

C'est la trêve des confiseurs et la grève des éditeurs, comme chaque année. Ils ne sont pas nombreux à bosser à cette époque-ci, en dehors des éditions Flamival qui tentent de s'imposer via un modèle économique iconoclaste, mais qui semble fonctionner si l'on en croit l'étendue du catalogue promis pour l'année à venir. La bonne nouvelle vient malgré tout de Glénat, qui ressort la célèbre série d'Humberto Ramos en intégrale. Un joli cadeau à mettre sous le sapin ! C'est quand même chouette, ces éditeurs qui se mettent aux volumineux pavés. Ca change de l'époque des "versions intégrales" de SEMIC, ou pire encore, des épisodes éparpillés de Lug ou d'Aredit.

LE COMICS (indé) DU MOIS (de décembre)
CRIMSON (omnibus, éditions Glénat)

scénario : Brian AUGUSTYN (Black Condor, Duel Masters)
dessin : Carlos MEGLIA (Superman / Tarzan) et Humberto RAMOS (Out There)
genre : sac d'hémoglobine
édité chez CLIFFHANGER !, un label de WILDSTORM PRODUCTIONS, aux USA (contient Crimson 1 à 24 + Crimson #1/2* + Scarlet X : Blood on the Moon OS*)

Mordu par la maîtresse du gang de motards vampires des Jelly Bats, le jeune Alex Elder en devient un à son tour. Séparé de sa famille, il doit réapprendre à vivre sous l'égide du centenaire Ekimus, et surtout rester en permanence sur ses gardes. Il a en effet été reconnu comme étant l'Elu de son nouveau peuple, et à ce titre, il s'attire beaucoup d'inimitiés, aussi bien des serviteurs de Dieu que de certains de ses congénères.
Des trois séries lancées sous le label Cliffhanger ! avant que le studio Wildstorm de Jim Lee ne quitte le giron d'Image Comics, Crimson était sans doute la moins en vue. Aux côtés du Battlechasers d'un Joe Madureira superstar, et du Danger Girl d'un Jeffrey Scott Campbell en plein boum, la saga d'Augustyn et Ramos ne bénéficiait pas de la même aura. Le premier était inconnu pour la grande majorité du public, et le second avait certes un peu de renom depuis son apparition dans les pages de Gen 13 et la série dérivée DV8, mais rien de comparable avec les deux autres.
Pourtant, alors que ses consoeurs s'essoufflaient suite aux retards que cumulaient leurs auteurs, Crimson poursuivait son bonhomme de chemin, avec une régularité - presque - sans failles et, surtout, s'étalait au final sur vingt-quatre numéros, là où ses rivales s'effondraient respectivement après neuf et sept épisodes. Le secret du succès ? Une histoire classique de vampires, mais servie par des personnages attachants et un dessin cartoony qui se bonifie avec le temps.
Au départ, le scénario fait un peu penser aux débuts de Spawn : si on remplace les démons par des suceurs de sang, le contexte est peu ou prou le même, et certains concepts - la rencontre avec les anges, ou le vieux mentor qui est lui-même maudit - semblent lourdement inspirés de la licence de Todd McFarlane. Mais petit à petit, Crimson trouve sa voie, et elle est plutôt bonne. C'est donc une riche idée qu'a Glénat de recompiler ces aventures en un volumineux omnibus.






DANS LE RESTE DE L'ACTUALITE
RETOUR vers le FUTUR (tome 3, éditions Flamival)

scénario : Erik BURNAM (Scarlet Spider) et Bob GALE (Daredevil)
dessin : Alan ROBINSON (Lost Squad, V-Wars)
genre : sac de noeuds spatio-temporel
édité chez IDW PUBLISHING aux USA (contient Back to the Future : Citizen Brown 1 à 5)

Marty croyait en avoir fini avec les voyages dans le temps, mais lorsque la DeLorean surgit devant sa porte avec un message du Doc, il n'hésite pas à retourner en au début des années trente pour essayer d'empêcher son vieil ami de se faire assassiner. Ce faisant, c'est lui qui risque de disparaître. A vouloir adapter le jeu vidéo que Telltale Games a tiré de la trilogie cinématographique, Bob Gale et Erik Burnham se heurtent à la structure même du point'n click, linéaire et très bavarde. Le résultat est une mini-série assez lourde dans son déroulement, et pas même sauvée par le dessin d'Alan Robinson.

(2/5)

TEENAGE MUTANT NINJA TURTLES / GHOSTBUSTERS (tome 1, éditions Flamival)

scénario : Erik BURNHAM (the A-Team) et Tom WALTZ (Children of the Grave)
dessin : Dan SCHOENING (Mega Man), Cory SMITH (Magnus : Robot Fighter) et Charles Paul WILSON III (the Stuff of Legend)
genre : sac à protons et part de pizza
édité chez IDW PUBLISHING aux USA (contient Teenage Mutant Ninja Turtles / Ghostbusters 1 à 4)

Il y a des années, l'immortelle Kitsune, en cheville avec Kraang, a banni son frère Chi-You entre les dimensions. Libéré par une maladresse des Tortues Ninjas, le démon est désormais surpuissant et quasiment intouchable... sauf peut-être par les canons à protons des Ghostbusters ! Ce sont les auteurs respectifs des deux séries qui organisent cet improbable crossover, qui passe par tous les poncifs de l'exercice. Néanmoins, il n'est pas désagréable à lire, et le dessin de Dan Schoening, artiste principal de la rencontre, est toujours aussi sympathique.

(3/5)

* #1/2 : numéro spécial fourni en supplément de feu le magazine Wizard, et contenant une histoire courte
* OS : one-shot, récit auto-contenu

PAS LU, PAS PRIS (et pas près de le prendre)
HAGAR DUNOR tome 3 (Hagar the Horrible), édité chez Titan Comics aux USA et chez Urban en France
SNOOPY & les PEANUTS intégrale 19, édité chez Fantagraphics aux USA et chez Dargaud en France