samedi 27 mai 2017

K-9


diffusion initiale : du 31 octobre 2009 au 20 novembre 2010
nb d'épisodes : 26
DVD :

    > coffret Complete 4 Disc Collection


Docteur : nope
Compagnons : K9, Starkey, Alistair Gryffen, Jorjie Turner et Darius Pike

WHO'S A BAD DOG ? Dès 1997, le créateur de K-9, Bob Baker, souhaite remettre à l'antenne le chien-robot du Docteur sur le devant de la scène. On parle alors de The Adventures of K-9, un show qui serait adapté pour la BBC. Mais les fonds manquent et le projet tombe dans l'oubli, jusqu'en... 2006 ! A ce moment-là, la Beeb n'a plus trop d'intérêt pour le cabot mécanique, mais Jetix Europe se positionne pour lancer K-9 Adventures, qui se déroulerait dans l'espace. Après plusieurs années de pré-production, la série est rebaptisée une dernière fois.
Entretemps, Jetix est devenue Disney XD, et les nouvelles aventures de K-9 sont produites sous la double nationalité anglo-australienne. Elles mettent en scène le brave robot-chien, qui se fait dézinguer dès le premier épisode ! Il a toujours le syndrome Kenny, le sac à puces, et ce ne sera pas sa seule mésaventure. Mais cette destruction donne lieu à une renaissance, et à fortiori à un redesign de la bestiole, qui était quand même foutrement marquée seventies. Le nouveau K-9 est plus petit, plus svelte et plus cool.
Il faut dire que cette nouvelle série est à destination d'une audience pré-adolescente, donc il faut faire hype. Et puis l'avantage, c'est que le rôle principal est désormais représenté soit sous forme de maquette, immobile, pour les plans de coupe qui servent les dialogues, soit en images de synthèse pour les scènes d'action. Du coup, il n'y a plus de problèmes mécaniques à gérer, et on peut se permettre une bestiole aux formes plus grâcieuses. Par contre, c'est toujours ce bon vieux John Leeson qui se charge de donner la parole au canidé de fer.

Scénaristiquement, c'est un peu confus. Nous sommes dans un futur relativement proche, si l'on en croit le peu d'évolution technologique (ils ont des lampes plus grosses que les notres mais qui éclairent moins bien, par exemple !), mais cet avenir se situe malgré tout après un grand cataclysme dont on sait finalement peu de choses. Ce que l'on sait, par contre, c'est que Londres, et peut-être le reste du monde aussi, est sous le joug totalitariste du Departement, une mystérieuse organisation qui se charge des menaces extraterrestres, mais qui a aussi une fonction d'ingérence dans le comportement sociétal avec l'appui de ses robots-flics.
Starkey est un jeune rebelle à l'ordre établi. Poursuivi par les robots-flics, il trouve refuge chez le professeur Alistair Gryffen. On l'apprendra beaucoup plus tard (SPOILER ALERT !), mais le prof est l'un des responsables dudit cataclysme. En attendant, on sait juste qu'il travaille pour le Departement, mais en électron libre : il mène des expérience en solitaire, et il se révèlera pour Starkey un allié plutôt qu'un ennemi. Du reste, d'autres figures de l'organisation sont plutôt sympas, comme la mère de Jorjie (une amie de Starkey), qui est en charge de la régulation des extraterrestres.
Le prof, lui, est agoraphobe et ne peut quitter son antre. Il vit dans sa grande maison en compagnie de son homme à tout faire, Darius, qui a l'âge de Starkey. Comme ça on a tous les ingrédients d'une bonne sitcom : le ménage à trois entre ados, la figure paternelle un peu larguée, et la figure maternelle distante. Manquerait plus qu'une méchante organisation et on se croirait dans Harry Potter. Plus sérieusement, le cast se limite à peu près à ceux que je viens de citer, et on ne peut pas dire qu'il s'agisse de grands acteurs.

Surtout, on constate assez vite que les personnages sont limités. Dans leur évolution tout d'abord, puisqu'ils ne seront jamais creusés outre mesure, et dans leurs capacités, surtout. Heureusement, face à eux se dressent une bande de branquignols tous plus décevants les uns que les autres. Parce qu'au sein du Département, il y a aussi des badass, mais des badass en carton. Déjà, leur QG est une espèce de rame de métro. Leurs robots-flics ressemblent à des breakdancers déguisés façon Village People, et leur domaine d'activité semble à la fois improbablement vaste (de la gestion de crise alien au totalitarisme sécuritaire, en passant par la propagande) et limité dans ses résultats.
Quant aux extraterrestres, il s'agit dans la plupart des cas de gars en costumes grossiers, accompagnés d'effets spéciaux cheap. Et comme il n'y a pas vraiment d'histoire pour soutenir leurs apparitions, le côté "monster of the day" est assez prégnant. Ca pue la série à tout petit budget. Vous me direz, c'était le cas de la série Doctor Who classique, mais elle avait une âme que celle-ci n'a certainement pas. Il s'agit tout au mieux d'un produit prémâché pour une audience visiblement jugée un peu débile, en témoigne l'humour potache et les blagues pipi-caca à base de prouts.
Oh, bien sûr, la série discourt sur de nombreux concepts. On parle d'individualisme dans le cinquième épisode, on s'interroge sur la peur de l'inconnu dans le suivant, on cause aussi de l'âme des machines ou de l'amitié, mais à chaque fois, on se contente de deux sentences expéditives pour régler le problème. Et puis il y a la production minimaliste : très peu de seconds rôles, une caméra qui saccade parfois, toujours les mêmes décors, scènes qui s'enchainnent sans logique, etc. A de rares exceptions près, le visionnage de cette saga est une vraie purge.

Les exceptions en question, c'est une poignée d'épisodes. The Fall of the House of Gryffen (S7) installe une ambiance assez flippante pendant une bonne partie de l'épisode et donne des clefs pour comprendre le personnage du prof. Jaws of Orthrus (S8) est classique dans la forme de par son principe du double maléfique, mais assez bien joué. The Last Oak Tree (S14) bénéficie d'effets spéciaux plutôt pas mal en comparaison des autres épisodes. Angel of the North (S23) est lui aussi assez bien réalisé, et The Eclipse of the Korven (S26) se conclut sur une musique sympa.
Bref, en cherchant bien on arrive à piocher deux-trois trucs sympas. Et K-9 dans tout ça ? Après sa destruction, il se fera tirer dessus dans le deuxième épisode, il sera congelé dans le troisième, accusé de meurtre dans le suivant, endormi dans le neuvième, contrôlé mentalement, paralysé par électromagnétisme, menacé d'auto-destruction ou utilisé par les badass... Bref, une vie de chien, comme d'hab'. Plus sérieusement, il est dommage de constater que personne, pas même son créateur, n'a jamais su quoi faire de ce personnage.

Notez qu'en plus de ça, le coffret de DVD coûte un bras et ne contient ni piste de sous-titre, ni bonus, en dehors d'une galerie de personnages pas franchement approfondie. Par contre, lesépisodes sont trouvables gratuitement sur la Toile, si le coeur vous en dit.

L'épisode que je vous conseille : Ben à peu près tous, du coup. Si vous cherchez du navet, il y en a treize à la douzaine dans le coffret.

samedi 20 mai 2017

Jeff Smith, le chantre de l'indépendance

Oui, j'avoue, j'ai légèrement triché. Pour la chronique de l'Instant VO, j'ai arrêté une date de commencement, que j'ai arbitrairement fixée à mai 1992, date de la sortie des premiers comics Image. Pourquoi cette date ? Parce que j'estime, à tort ou à raison, que la naissance de cet éditeur représente le moment-clé où le comics dit indépendant, ou en tout cas celui qui ne provient pas des Big Two, peut être considéré comme autre chose qu'un produit underground. Mais du coup, avec cet article, je suis un peu en dehors des clous. Explications.


L'INSTANT VO (What else ?)
Au milieu des années 1980, Jeff Smith et quelques amis fondent un studio d'animation baptisé Character Builders. En parallèle, l'artiste poursuit ses études et publie dans les pages du journal universitaire la série Thorn, qui préfigure en bonne partie ce que donnera son futur chef d'oeuvre. C'est finalement en 1991 qu'il crée Cartoon Books, son propre label d'édition qui commercialisera des juillet de cette année-là son comics-fleuve, Bone. Juillet 1991, soit presqu'un an avant la date que je me suis fixée. Quelle escroquerie est-ce là ?
C'est que Bone est rapidement devenu culte, et a eu droit à de très nombreuses rééditions. Dès le début de l'année 1996, Image Comics réédite les vingt premiers numéros de la saga avec de nouvelles couvertures (et publie les sept épisodes suivants de manière exclusive), et je me sers donc de cette deuxième édition comme point de départ de ma chronique. De toute façon, les six premiers numéros de la série, qui forment sa première arche narrative, ont mis plus d'un an à voir le jour sous le label Cartoon Books, donc je ne suis pas si loin au niveau des dates. Lors de son court passage chez Image, Jeff Smith produit également un Sourcebook, qui sera offert lors d'une convention de comics.
Dès son numéro 28, Bone retourne chez Cartoon Books, où il s'achèvera après cinquante-cinq épisodes. Il aura fallu treize ans à Jeff Smith pour terminer sa saga, avec un passage en creux au début du nouveau millénaire. Ce long périple s'est tout de même accompagné de plusieurs numéros spéciaux, comme le numéro 13 1/2 offert avec le magazine spécialisé Wizard, ou le Holiday Special qui accompagnait une autre revue, Hero. On a même pu apercevoir Bone dans les pages de Heavy Metal !
Alors que la série vient juste de s'achever, elle est reprise par Graphix, le label comics de l'éditeur Scholastic, qui publie des éditions colorisées de chaque épisode, ainsi qu'un guide de la série. Parallèlement, Cartoon Books réimprime la saga en noir et blanc en un seul volume d'une épaisseur et d'un poids impressionnants. Et finalement, en 2011 sort le même genre de mastodonte, mais en couleurs. Trois ans auparavant, deux ouvrages un peu particuliers ont vu le jour. Jeff Smith : Before Bone est une compilation de la plupart des strips de la série Thorn, que Jeff Smith avait publiée dans son journal universitaire, et Jeff Smith : Bone and Beyond est une critique sur la création et l'importance de la saga dans le milieu du comic-book indépendant.
Mais l'univers de la série ne se limite pas à cela. A la toute fin des années 90, Jeff Smith publie une hilarante mini-série en trois parties, dont il confie le scénario à Tom Sniegoski. Stupid, Stupid Rat-Tails raconte les pérégrinations du premier Bone à avoir foulé le sol de la Vallée Perdue, et cette histoire sera compilée par Scholastic dans le trade-paperback Tall Tales. Au début des années 2000 paraît également la mini-série Rose, qui raconte le passé de Mamie Ben. Cette fois-ci, Smith assure le scénario, mais laisse le dessin à son ami Charles Vess, pour un résultat saisissant. En dehors de ces deux histoires, Cartoon Books publiera aussi quelques mini-comics pour accompagner la ligne de figurines tirées de la BD. Il s'agit de réimpressions.
Cartoon Books est donc avant tout la maison de Bone, mais pas uniquement. En 1997, l'éditeur fait un passage remarqué dans les conventions avec un ouvrage baptisé Trilogy Tour. On y trouve bien évidemment du Bone, mais aussi une histoire tirée du Book of Ballads and Sagas, que Charles Vess publie chez Green Man Press, ainsi que du Castle Waiting, un conte époustouflant signé Linda Medley, et publié chez Olio Press. D'ailleurs, les premiers épisodes de cette série seront compilés chez Cartoon Books, et les quatre suivants seront également publiés là, avant qu'elle ne reparte chez Olio Press à compter du numéro douze.
L'année suivante, un nouveau Trilogy Tour est mis en chantier. Bone et Castle Waiting y sont également présents, mais pas Ballads and Sagas. En lieu et place, les débuts de la mini-série Rose y sont dévoilés, et on y trouve aussi des histoires courtes de Scary Godmother et Akiko, deux séries publiées chez Sirius Entertainment et réalisées respectivement par Jill Thompson et Mark Crilley. Plus surprenant encore, on y trouve également Usagi Yojimbo, la célebre série de samouraïs de Stan Sakai, publiée depuis toujours chez Dark Horse Comics.

Malgré tout, c'est Jeff Smith qui se taille la part du lion, en toute logique. Après la fin de Bone, il met quatre ans pour revenir à la planche à dessin. Il signe alors la maxi-série RASL, une oeuvre de science-fiction en quinze chapitres qui n'a certes pas l'allant de son aînée, mais qui permet à l'auteur de se diversifier. Trois ans après la fin de RASL, Jeff Smith se lance dans un nouveau projet, Tüki. Il s'agit encore d'un nouveau registre pour le cartooniste, qui aime visiblement les titres courts et les univers disparates, puisque cette mini-série, composée à l'heure actuelle de quatre chapitres se déroule à la préhistoire.
A l'origine, Tüki est un webcomic, que Jeff Smith a décidé de mettre en pause en cours d'année dernière dans l'idée de le réécrire en bonne partie. Entretemps, il est revenu une dernière fois sur celui qui l'a rendu célèbre avec un nouvel opus appelé Bone : Coda. L'histoire qu'il réalise se déroule pile après la dernière case du cinquante-cinquième numéro, et elle est accompagnée d'une analyse de la saga signée Tom Gaadt. C'est la dernière apparition en date des cousins Bone, qui ont également eu droit, cinq ans plus tôt, à une trilogie de nouvelles illustrées écrites par Tom Sniegoski.

En France, Delcourt s'intéresse assez vite à Bone. L'éditeur publie tout d'abord la version noir et blanc en onze volumes cartonnés, puis la version couleur et, enfin, l'édition en un seul volume. RASL a également été publié sous nos latitudes, et seul Tüki reste inédit. Les deux volumes de Castle Waiting ont aussi été traduits, chez le petit éditeur Ca et Là. Notez que je n'ai pas lu (car pas trouvé) quelques comics du studio :
- l'ouvrage Jeff Smith : Bone and Beyond
- les trois derniers numéros de la série Tüki

Le bilan : 
A lire de toute urgence
Bone (juillet 1991, 55 épisodes + un épisode 13 1/2)
Paru en VF chez Delcourt en onze tomes
scénario et dessin : Jeff SMITH
Trois êtres étranges, entièrement blancs et à la silhouette irréelle, se perdent en plein désert. Il se retrouvent dans un endroit non moins particulier, une vallée perdue où tout peut arriver. L'un des trois cousins est appelé à un destin exceptionnel. Le lecteur fait ses premiers pas dans une série innovante, à la fois onirique et survoltée. Jeff Smith fait souffler un vent de fraîcheur sur le paysage des comics, peu reluisant au début des années 90, et imprime à sa série une tonalité cartoony de bon aloi. Par la suite, la saga amorcera un virage de plus en plus sombre, mais demeurera épique de bout en bout.

Bone Holiday Special (1993)
Paru en VF chez Delcourt dans Bone numéro 11
scénario et dessin : Jeff SMITH
C'est Noël, et Fone Bone, qui a décidément le coeur sur la main, décide d'offrir en cadeau une quiche aux deux Rats-Garous stupides qu'il cotoie régulièrement. Une attention qui les surprend passablement, et qui va enfin leur permettre de manger à leur faim. Retournant à ses premières amours, Jeff Smith nous propose une histoire courte mignonne et amusante pour fêter comme il se doit la fin d'année en compagnie de sa célèbre mascotte. L'esprit de Noël est bien là, l'humour gentillet en prime. Et quelques gags permettent de découvrir les prémices de la saga.

Castle Waiting (2000)
Paru en VF chez Ca et Là sous le titre Château l'Attente
scénario et dessin : Linda MEDLEY
Réveillé en même temps que sa princesse ensorcelée, le Chateau l'Attente s'est ensuite retrouvé à l'abandon lorsque celle-ci a fui avec son prince charmant. Jusqu'à ce qu'une petite communauté hétéroclyte lui redonne sa prestance d'antan. Tout simplement brillant ! Linda Medley détourne les codes du conte de fée pour proposer une histoire à la fois pleine de références et entièrement nouvelle, mais dont la lecture est absolument indispensable, tant de par la justesse de ses personnages que de par la beauté de son trait.

Rose (novembre 2000, 3 épisodes)
Paru en VF chez Delcourt en Bone hors-série
scénario : Jeff SMITH
dessin : Charles VESS
Encore jeune, la princesse Rose Harvestar fait face aux manigances de sa soeur Briar, déjà plus ou moins corrompue par Mim. C'est la ficelle de la jalousie que la Mère des Dragons a dû tirer, les deux soeurs rêvant en secret du même homme. Moins comique que la franchise principale, cette histoire est capitale dans le sens qu'elle permet d'appréhender l'ensemble du Boneverse. Et lorsque le talent de conteur de Jeff Smith s'adjoint les services du fantastique Charles Vess, le résultat est incroyable.

Stupid, Stupid Rat-Tails (décembre 1999, 3 épisodes)
Paru en VF chez Delcourt sous le titre Big Johnson Bone contre les Rats-Garous
scénario : Tom SNIEGOSKI
dessin : Jeff SMITH
Il y a des années, un Bone avait déjà foulé le sol de la Vallée Perdue. Le trappeur Big Johnson Bone, sa fidèle mûle et son singe ronchon vont se frotter à une véritable armée de Rats-Garous, des créatures belliqueuses vivant sous le joug de la reine Maud. Totalement hors continuité, cette mini-série scénarisée par Tom Sniegoski est un véritable monument d'humour débridé. Chaque phrase, chaque situation est l'occasion d'un gag, que Jeff Smith se fait un plaisir de mettre en images.

Trilogy Tour (janvier 1997, 2 épisodes)
Partiellement traduit en VF chez Delcourt
scénario et dessin : collectif

Phoncible P. Bone a une nouvelle idée brillante visant à lui faire gagner un maximum d'argent en un minimum de temps. Hannah Marie passe une après-midi en compagnie de sa Terrifiante Marraine et de leurs amies, autour d'un thé auquel aimeraient prendre part Orson et Harry. Le Trilogy Tour est un excellent prétexte, pour tous les auteurs proches de Jeff Smith, à raconter quelques histoires courtes ancrées dans leurs univers respectifs. L'occasion surtout, pour le lecteur, de retrouver aussi bien Bone que Scary Godmother ou Usagi Yojimbo.

A feuilleter à l'occasion
Bone : Coda (juillet 2016)
scénario et dessin : Jeff SMITH

Alors qu'ils s'en reviennent de la Vallée Perdue, les cousins Bone et leur nouvel ami Bartleby se retrouvent piégés dans le canyon qui les sépare de Boneville, un énorme vautour lancé à leurs trousses. Les choses se compliquent lorsque leur chariot chute dans le ravin... Vingt-cinq ans après les débuts de son immense fresque, Jeff Smith revient à ses premières amours pour conter la suite directe du tout dernier épisode. Le trait de l'artiste est toujours aussi cartoony, et même si la portée de cette histoire est minime, elle n'en demeure pas moins plaisante.
Jeff Smith : Before Bone (2008)
scénario et dessin : Jeff SMITH
Alors que Fone Bone fait la rencontre de la séduisante Thorn et de sa grand-mère Ben, traquées par les Rats-Garous, son cousin Phoncible se rend en ville en espérant faire du profit. Il tombe sur un clown escroc avec qui il s'entend immédiatement. Ce sympathique one-shot reproduit en grande partie le comic-strip Thorn, que Jeff Smith avait imaginé à l'université. S'il n'a pas encore l'aisance graphique qu'il gagnera sur sa série fétiche, il pose déjà la plupart des concepts de Bone, sur un ton volontairement léger.

RASL (mars 2008, 15 épisodes)
Paru en VF chez Delcourt en trois tomes
scénario et dessin : Jeff SMITH
Robert Joseph Johnson, alias RASL, a découvert le principe du voyage entre les dimensions, et il s'en sert pour cambrioler d'autres réalités. Mais son mode de vie est dangereux, comme en témoigne Sam, l'assassin lancé à ses trousses. Après son épique fresque douce-amère, Jeff Smith rebondit de manière brillante avec cette maxi-série mêlant thriller et science-fiction, au ton résolument plus adulte mais au graphisme toujours aussi singulier et magnifique. Sa portée sera malgré tout moins grande.

Tüki (juillet 2014, 4 épisodes)
scénario et dessin : Jeff SMITH

Alors qu'un profond bouleversement climatique s'étend sur toute la surface de la Terre, Tüki est le premier hominidé à quitter l'Afrique à la recherche d'un havre de paix. En chemin, il croise un vieux singe qui lui déconseille très fortement de s'aventurer hors de son domaine. La dernière-née des séries de Jeff Smith renoue avec la grande épopée, mais elle place cette quête dans un contexte inédit pour l'artiste, qui en une poignée de pages, parvient comme à l'accoutumée à planter le décor et les personnages avec le brio qu'on lui connait.

samedi 13 mai 2017

Fire and Brimstone sur Amiga

Fire and Brimstone

machine : Amiga

année : 1990
développeur : Vectordean
éditeur : Firebird
joueurs : un
genre : plates-formes / action






Même au royaume des Ases, c'est la crise. J'en veux pour preuve que le dieu du tonnerre en personne, ce bon vieux Thor déjà bien écorné par ses prestations dans le comics de chez Marvel, vit dans un pauvre cabanon au fin fond d'une forêt. Mais lorsque le royaume des Norses est menacé par la déesse de la mort Hel, la rouquin barbu reprend le combat et s'apprête à traverser tous les plans d'existence pour mettre une fessée à sa nièce. Ou plus probablement un coup de bide, tant ses abdos-bière sont ici développés. Son périple débute à Alfheim, la patrie des elfes dans la mythologie nordique, retranscrite dans le jeu sous la forme d'un vallon verdoyant.


GODS AND GOBLINS
Fire and Brimstone se présente comme un jeu de plates-formes et, en ce sens, il vous demandera de sauter par dessus moult précipices et autres pièges, comme des flammes ou des pièges à loups. Bien entendu, la contrée est également envahie de monstres : ogres, gobelins, sorcières et autres chauves-souris, que vous abattrez... grâce à vos boules de feu. Ca la fout mal pour un dieu associé à la foudre, mais la flamme est bel et bien votre attaque de base, disponible aussi souvent que vous en avez besoin.

La flamme part droit devant vous, mais Thor dispose également d'une autre attaque, que l'on peut sélectionner grâce au deuxième bouton, et qui ressemble à un micro, ou à un bâton de twirling. Celle-ci part en cloche à moyenne distance. Durant l'aventure, vous pourrez également chopper une boule bleue, qui part elle aussi en cloche mais plus loin, ou le légendaire marteau Mjollnir qui frappe en ligne droite. Certes, il ne revient pas à son porteur comme dans la légende, mais il est disponible en quantité illimitée lui aussi. Vous ne pouvez transporter plus de deux armes à la fois, et si vous en aviez déjà deux, celle que vous transportiez reste à la place de celle que vous avez prise.


Hormis ces armes, notre héros peut dégoter des fruits et des trésors, qui ne comptent que comme bonus de points, des potions dont les effets varient du soin à l'élimination de tous les ennemis à l'écran, en passant par la création de ponts, ou des ankhs - bonjour l'anachronisme - représentant des vies supplémentaires. Mais surtout, il vous faudra dégoter plusieurs clefs afin de reconstituer celle qui vous ouvrira la sortie du niveau en cours. Sans quoi vous obtiendrez un message d'échec et devrez vous repeler tout le chemin. Heureusement, les ennemis déjà abattus ne réapparaissent pas.


Le truc, c'est que certaines de ces clefs sont franchement bien planquées, dans des passages secrets qui portent bien leurs noms. Une fois que vous les aurez toutes obtenues, vous pourrez aller affronter le boss, une plante carnivore. Ce n'est qu'à ce moment-là, et lorsque vous entrez dans un passage secret, que la musique se fait entendre, pour l'anecdote. Et si elle est signée David Whittaker, ses accents rocks ne correspondent pas vraiment à l'ambiance recherchée. Quoi qu'il en soit, une fois la plante battue, vous pénétrez dans le niveau suivant.


CA S'EN VA ET CA REVIENT
Bienvenue ensuite à Vanaheim, le royaume des Vanir dans la mythologie nordique. Ces divinités de la sagesse, dotées selon la légende d'une double vue, sont ici totalement mises de côté au profit d'une représentation glauque, celle d'un cimetière empli de fantômes et de monstres en tous genres. On croise même une incarnation, si je puis dire, de la Mort, qui n'existait pas en tant que telle pour les peuples du Nord. Mais bref... Le boss des lieux est une sorte d'épée géante qui commande à trois pierres tombales, ce qui est raccord avec l'ambiance du niveau mais, une fois de plus, pas vraiment avec le mythe dont il s'inspire.

Mais arrêtons donc de jouer les puits de science, et rendons-nous à Nidavellir, le prochain stage. Terre des nains à l'origine, le niveau se présente sous la forme d'une caverne aux mausolées d'inspiration égyptienne. C'est assez curieux, mais ça va bien avec les ankhs, du coup. Le gardien des lieux est une énorme statue qui respire le Mal, et qui vous balance tout un tas de saloperies à la gueule. Seul le gros cristal au milieu de son thorax peut être touché, et si vous parvenez à le détruire, vous pourrez traverser vers le prochain monde.


Il s'agit de Muspell, ou Muspellheim en temps normal. L'équivalent asgardien de l'Enfer est effectivement envahi de flammes et de puits de lave, et le boss des lieux est un dragon. Ce n'est pas lui qu'il faudra détruire mais les oeufs qu'il couve, afin d'atteindre enfin Nilfheim, la patrie de Hel. Cet endroit glacé est extrêmement court à traverser, et il n'y a ni clefs à reconstituer, ni boss à affronter. Par contre, il vous faudra indispensablement une potion bleue pour atteindre la sortie, qui signifie la fin de votre diabolique nièce...


Mais pas la fin des emmerdes pour Thor. Le dieu de la foudre devra en effet faire le parcours inverse pour revenir chez lui ! Vous traverserez donc des niveaux légèrement remaniés, dans l'ordre inverse de celui dans lequel vous les avez trouvés. Par contre, ce sont les mêmes boss qui vous attendent, et ce n'est qu'après avoir occis la plante du début que vous obtiendrez la fin du jeu. Thor peut enfin remettre ses charentaises et se taper une bonne mousse, ses galères sont finies. Profitez-en pour inscrire votre score au palmarès des vainqueurs, vous avez fait du bon boulot.


EN RESUME :
SCENARIO : on aurait aimé que les différents mondes de la mythologie nordique soient un peu plus respectés. A vrai dire, même le héros est un peu ridicule, et on ne sait pas vraiment pourquoi il se bat, du reste.
GRAPHISMES : ni impressionnants ni repoussants, les graphismes sont tout juste acceptables. La gamme Amiga nous a habitués à tellement mieux que l'on regrette la petitesse des sprites et le manque de couleurs, mais l'ambiance est bien posée.
ANIMATION : là encore, il n'y a pas de quoi se relever la nuit. La plupart des personnages souffre d'animations un peu raides, et un scrolling continu aurait été préférable à un changement d'écran.
SON : durant la quasi-totalité de l'aventure, seuls des bruitages rudimentaires nous accompagnent. Les très rares thèmes musicaux sont assez ternes, on n'aurait pas craché sur quelque chose de plus grandiloquent.
JOUABILITE : Thor se manie facilement, mais il ne se retourne pas si vous martelez le bouton de tir : il faut que vous relâchiez la pression pour lui intimer l'ordre de regarder de l'autre côté, ce qui peut se révéler pénible quand les ennemis arrivent dans les deux sens.
DIFFICULTE : ce n'est pas que la quête soit extrêmement difficile en elle-même, c'est juste qu'elle est épuisante. Et le fait de tout refaire s'il nous manque une clef ajoute encore à l'agacement.
DUREE DE VIE : il n'y a que quatre niveaux à traverser, mais il faudra le faire deux fois. On appelle ça une durée de vie artificielle.
VERDICT : l'adaptation officielle de Ghosts'n Goblins étant une catastrophe sur Amiga, c'est Fire and Brimstone qui décroche la palme du meilleur clone malgré toutes ses tares. Maintenant, rien ne vous oblige à y jouer, bien heureusement.
POURQUOI CETTE VERSION : les différences ne sautent pas aux yeux entre la version Atari ST et celle-ci. J'ai fait plouf-plouf en fait.

samedi 6 mai 2017

Sortie comics d'avril

Décidément, pas un mois ne se passe sans une avalanche de titres indés. Il devient même difficile de tout suivre, mais cette chronique est aussi là pour faire le tri entre le bon grain et l'ivraie. Par exemple, il est difficile de s'enthousiasmer pour les bouquins de Hachette Comics, qui reprend un peu la même politique commerciale que Soleil en son temps, à savoir des bouquins chers et peu épais. Un rapport quantité / prix plus ou moins justifié par une jolie édition, mais quand, à côté, les poids lourds de l'industrie continuent de nous abreuver de titres de qualité, on fait gentiment l'impasse.

LE COMICS (indé) DU MOIS (d'avril)
FIVE GHOSTS (tome 2, éditions Glénat)
scénario : Frank J. BARBIERE (Solar : Man of the Atom, Black Market)
dessin : Garry BROWN (the Massive) et Chris MOONEYHAM (Predator : Fire and Stone)
genre : aventure façon seventies
édité chez ATLAS INCOGNITA, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Five Ghosts 6 à 12)

Aventurier et pilleur de tombes, Fabian Gray a provoqué par accident la catatonie de sa soeur jumelle. Depuis, il cherche le moyen de sauver son âme avec l'aide non seulement de son beau-frère, mais aussi de cinq esprits qui lui donnent des facultés incroyables. Un pouvoir que convoite le mystérieux Conseil. Pour sauver sa soeur, il compte explorer les mers infestées de pirates à la recherche de la légendaire Ile des Rêves. Il réunit pour cela un équipage de brigands, mais cela risque de ne pas suffire face aux hommes de main d'Asif, qui a une dent envers lui.
La première chose que l'on remarque en ouvrant les pages de Five Ghosts, c'est son graphisme si particulier. Véritable hommages aux comics des années soixante-dix, et en particulier à des artistes comme John Buscema, les illustrations de Chris Mooneyham renvoient un feeling rétro qui flatte la rétine. L'encrage inimitable et la colorisation d'un autre âge parfont cette sensation d'être devant un grand classique de la bande dessinée d'aventure.
Et dans le prolongement de cette sensation, Frank Barbiere délivre une histoire pleine d'action et de rebondissements, appuyée par un storytelling éclaté qui permet de surprendre en permanence. L'auteur prolifique, passé par quasiment tous les plus grands éditeurs du marché américain, use et abuse de toutes les conventions de l'imaginaires collectif, si bien qu'en l'espace d'à peine deux tomes, sa série a vu défiler des pilleurs de tombes, des aventuriers, des nazis, des pirates ou encore des gardes du sultan, face auxquels se confronte un héros uniquement mû par le désir de se racheter.
Même l'épisode d'ouverture, dessiné par un Garry Brown au style plus conventionnel que celui qu'il remplace, s'inscrit en plein dans la saga, en dépit de ses relents de chanbara. Car au final, ce qui fait le liant et la force de Five Ghosts, c'est son ambiance fantastique et son héros, au départ simple archétype qui dévoile au fil des pages un peu plus de profondeur.




DANS LE RESTE DE L'ACTUALITE
SYMMETRY (éditions Delcourt)
scénario : Matt HAWKINS (IXth Generation, Postal)
dessin : Raffaele IENCO (Mechanism, Epic Kill)
genre : uchronie qui sonne faux
édité chez TOP COW PRODUCTIONS, Inc., un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Symmetry 1 à 8)

Dans un futur dominé par la machine et où la différentiation est proscrite, le Citoyen Matthew a décidé de se rebeller, et il en est mort. Son frère cadet, Michael, découvre que la société utopique dans laquelle il croyait vivre n'est que mensonge, et déclenche la sédition. Matt Hawkins aborde le sujet de la ségrégation à travers une dystopie peu originale mais bien troussée, en dépit de quelques facilités. L'auteur impose un rythme soutenu, et les illustrations un peu froides de Raffaele Ienco instaurent une ambiance qui convient bien au récit.
(3,5/5)

The TOWER CHRONICLES (tome 1, éditions Hachette)
scénario : Matt WAGNER (Grendel, Mage)
dessin : Simon BISLEY (2000 A.D., Bad Boy)
genre : Assassin's Creed Vs. les Contes de la Crypte
édité chez LEGENDARY COMICS aux USA (contient The Tower Chronicles : Geisthawk 1 & 2)

John Tower traque les démons qui prennent possession des morts à travers tout New York. Engagé par l'agent du FBI Alicia Harwicke pour retrouver la trace du serial-killer qu'elle traque désespérément depuis des mois, il tombe nez-à-nez avec une vieille connaissance. Matt Wagner mélange allègrement récit fantastique, racines historiques et théorie du complot pour un résultat hélas fourre-tout et peu probant. Au dessin, Simon Bisley n'impressionne plus autant que par le passé. Et au final, on regrette que de si grands noms accouchent d'une mini-série aussi quelconque.
(2,5/5 en VO, 0,5/5 en VF parce que c'est trop cher)

PHONOGRAM (tome 1, éditions Glénat)
scénario : Kieron GILLEN (Darth Vader, Uber)
dessin : Jamie McKELVIE (the Wicked + the Divine, Avengers)
genre : britpop's not dead !
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Phonogram 1 à 6)

David Kohl doit découvrir ce qui est arrivé à Britannia, l'un des avatars de la Déesse, sans quoi il mourra. Membre éminent d'un couvent de Phonomanciens, il utilise la magie de la musique pour savoir qui s'est emparé du corps de l'entité, et ce qu'il compte en faire. Kieron Gillen utilise l'allégorie pour transformer la musique, et en particulier la pop britannique, en véritable objet de culte. La quête nostalgique de son anti-héros est néanmoins assez creuse et verbeuse, et le dessin de Jamie McKelvie montre rapidement ses limites. On saluera au moins l'originalité.
(2,5/5)

STARVE (éditions Urban)
scénario : Brian WOOD (Channel Zero, Demo)
dessin : Danijel ZEZELJ (REX, Desolation Jones)
genre : le Top Chef dans un cauchemar en cuisine
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Starve 1 à 10)

Gavin Cruikshank était un chef reconnu et la coqueluche des médias, jusqu'à ce que l'économie mondiale s'effondre. Il est contraint de prendre part de nouveau au show télévisé Starve, désormais produit par son ex-épouse, s'il ne veut pas perdre tout l'argent qu'il y a investi. Brian Wood a beaucoup de choses à dire. Mais au delà du pamphlet envers la surmédiatisation ou le capitalisme irraisonné, c'est avant tout à une belle histoire de famille qu'il nous convie. Une histoire servie par les dessins sombres mais éblouissants de Danijel Zezelj.
(4/5)

BLACK SCIENCE (tome 5, éditions Urban)
scénario : Rick REMENDER (Fear Agent, Deadly Class)
dessin : Matteo SCALERA (Dead Body Road, Hyperkinetic)
genre : science-fiction sous Xanax
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Black Science 22 à 25)

Cherchant à corriger ses erreurs, Grant McKay se rend sur Tarana, la planète des dieux, enfin en paix depuis l'arrivée providentielle de Pia. Mais un accident provoqué par le voyageur dimensionnel risque de bouleverser ce fragile équilibre, à moins qu'il ne trouve lui-même une solution. Malgré la volonté d'optimisme qu'il affichait à la fin de la précédente arche narrative, Rick Remender semble se complaire dans l'auto-apitoiement de son héros, au risque de rendre sa série moribonde. Heureusement, on se console devant les dessins de Matteo Scalera.
(3,5/5)

SPAWN (tome 15, éditions Delcourt)
scénario : David HINE (Bulletproof Coffin, FVZA)
dessin : Bing CANSINO (X-Factor), Mike MAYHEW (Vampirella), Lan MEDINA (Fables), Rodel NOORA (Abattoir), Philip TAN (the Outsiders) et Geirrod Van DYKE
genre : enfer et damnation
édité chez TODD McFARLANE PRODUCTIONS, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Spawn 157 à 165, 174 & 175 et 179)

Grâce à la force de conviction de l'entité appelée Mère, Al Simmons est parvenu à se transcender et il doit désormais sceller le destin de l'humanité en combattant à la fois le Bien et le Mal, tous deux incarnés par des forces destructices. Le grand chambardement tant annoncé est au final un arc tortueux servi au dessin par un soit-disant prodige qui se cherche encore. Difficile à l'époque de croire que David Hine et Philip Tan puissent parvenir à redresser la barre d'une série qui part complètement à vau l'eau à ce moment-là.
(3/5)

INVINCIBLE (tome 21, éditions Delcourt)
scénario : Robert KIRKMAN (the Walking Dead, Battle Pope)
dessin : Ryan OTTLEY (Haunt, Grizzly Shark)
genre : super-héros dans une galaxie lointaine, très lointaine
édité chez SKYBOUND ENTERTAINMENT, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Invincible 115 à 120)

Alors que Thragg fait face à la Bête de Guerre dans un combat sans fin, Invincible déménage sur Talescria avec toute sa petite famille afin de la protéger de Robot, en qui il n'a toujours aucune confiance. La vie sur cette nouvelle planète est pleine de surprises pour le jeune couple et sa fille. Robert Kirkman fait la part belle à la vie de famille lors d'une nouvelle arche narrative plus posée, mais il ne cache nullement que de nouvelles tragédies sont à prévoir dans un avenir proche. Ryan Ottley s'adapte à la situation, enchaînant scènes d'action spectaculaires et cases plus intimistes.
(3,5/5)

LAZARUS (tome 5, éditions Glénat)
scénario : Greg RUCKA (Whiteout, Stumptown)
dessin : Michael LARK (Gotham Central, Terminal City)
genre : désolé chérie, ça va trancher
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Lazarus 22 à 26)

Avec l'aide des Lazares Sonja Bittner et Joacquim Morray, la famille Carlyle entame la contre-attaque face aux clans qui se sont ligués contre elle. Malheureusement, Forever n'est pas de la partie : grièvement blessée lors de l'assaut initial, elle a qui plus est découvert la vérité sur ses origines. Dans la continuité de la précédente arche narrative, Greg Rucka poursuit sur un rythme intense, qui laisse pourtant toute sa place au développement de son héroïne. Les scènes d'action sont mises en valeur par le dessin réaliste de Michael Lark, tout comme la tension des dialogues acérés entre les différents protagonistes de l'histoire.
(4/5)

TOKYO GHOST (tome 2, éditions Urban)
scénario : Rick REMENDER (Avengers Universe, Low)
dessin : Sean MURPHY (Punk Rock Jesus, Off Road)
genre : cyber-punk qui finit bien, ou pas
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Tokyo Ghost 6 à 10)

Pour venger Tokyo et sauver Led Dent, Debbie retourne en Amérique afin d'assassiner Monsieur Flak. Mais ce faisant, elle libère un monstre encore plus puissant, Davey Trauma, qu'il était le seul à pouvoir contrôler. Désormais, le cybercriminel contrôle le monde entier. La conclusion de la maxi-série de Rick Remender est pour le moins spectaculaire, mais à vrai dire, on a même le sentiment d'une certaine excessivité. Pour autant, cela permet à Sean Murphy de se déchaîner, et on se régale devant ses planches nerveuses et riches.
(4/5)

RAT QUEENS (tome 2, éditions Urban)
scénario : Kurtis WIEBE (Green Wake, Pisces)
dessin : Stjepan SEJIC (Sunstone) et Roc UPCHURCH (Vescell)
genre : z'heroic-fantasy
édité chez SHADOWLINE, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Rat Queens 6 à 10)

Décidé à venger son épouse décédée, Gerrig Lake s'en prend à Sawyer Silver en invoquant les tentacules du dieu maléfique N'Rygoth. Les Rat Queens, de leur côté, sont embauchées par le maire de Palissade pour régler une affaire étrange... Kurtis Wiebe poursuit sur sa lancée, mélangeant univers heroic-fantasy et humour décalé au sein d'un nouvel arc narratif enlevé, porté par des personnages toujours aussi forts. Le dessin de Roc Upchurch demeure fort plaisant, et son remplaçant n'a rien à lui envier !
(4/5)

STRANGE FRUIT (éditions Delcourt)
scénario : J.G. JONES et Mark WAID (Irredeemable, the Flash)
dessin : J.G. JONES (Wanted, Final Crisis)
genre : super-héros chez les rachos
édité chez BOOM ! STUDIOS aux USA (contient Strange Fruit 1 à 4)

A la fin des années vingt, le fleuve Mississipi est en crue et les noirs-américains sont sacrifiés pour construire une digue. Ceux qui refusent sont traqués par le Ku Klux Klan, jusqu'au jour où un colosse à la peau d'ébène venu de nulle part se dresse face à la barbarie. Avec l'aide de Mark Waid au scénario, J.G. Jones réinvente le mythe de Superman en imaginant un surhomme noir dans l'Amérique ségrégationniste. En dépit de magnifiques peintures d'un réalisme saisissant, son histoire est un peu trop courte pour tenir toutes les promesses de son concept.
(3,5/5)

JAMES BOND (tome 2, éditions Delcourt)
scénario : Warren ELLIS (Global Frequency, Down)
dessin : Jason MASTERS (Batman Incorporated, Wolverines)
genre : espionnage on the rocks
édité chez DYNAMITE ENTERTAINMENT aux USA (contient James Bond 7 à 12)

James Bond se rend à Los Angeles pour extraire Cadence Birwhistle, une consultante qui s'est faite des ennemis haut placés en découvrant une chaîne de paiements suspects en direction du gouvernement britannique. La piste mène à l'énigmatique groupe Eidolon. Dans l'esprit du reboot cinémtographique opéré avec Casino Royale, Warren Ellis délivre un récit peu surprenant mais nerveux et bien troussé, appuyé par le dessin vif de Jason Masters. On regrettera néanmoins la faible portée, tant scénaristique que visuelle, de cette aventure.
(3,5/5)

The AUTHORITY : les ANNEES STORMWATCH (tome 2, éditions Urban)
scénario : Warren ELLIS (Transmetropolitan, Planetary)
dessin : Brian HITCH (Justice League of America), Oscar JIMENEZ (Contest of Champions II), Tom RANEY (Outsiders), Michael RYAN (the Patriots) et Chris SPROUSE (Tom Strong)
genre : brouillon d'un chef d'oeuvre
édité chez WILDSTORM PRODUCTIONS aux USA (contient Stormwatch 48 à 50, Stormwatch vol.2 Preview*, Stormwatch vol.2* 1 à 11 et WildC.A.T.S. / Aliens OS*)

Sous la régence despotique d'un Henry Bendix devenu fou, Stormwatch allait jusqu'à se frotter à l'invincible équipe des Changers. Désormais sous la supervision de Battalion, l'équipe doit contrer une redoutable menace bactériologique. Si la fin du premier volume est passionnante de bout en bout, et très maîtrisée au dessin par un Tom Raney des grands jours, il n'en va pas de même pour le premier arc de la seconde, aux enjeux bien moins intéressants. On se demande où veut en venir Warren Ellis, mais plus les épisodes défilent, et plus l'intensité augmente, jusqu'à un final spectaculaire.
(3/5)

MORE than MORTAL (tome 1, éditions Réflexions)
scénario : Sharon SCOTT (the Witchfinder, the Keeper)
dessin : Steve FIRCHOW (the Darkness, Darkchylde)
genre : mythologique celtique qui pique
édité chez LIAR COMICS aux USA (contient More than Mortal 1 à 4)

Jeune femme enfermée dans un couvent et élevée selon la tradition chrétienne, la séduisante Derdre devient la réincarnation de la déesse Brigid, protectrice de l'Irlande, alors même que son rival de toujours, l'Etre Sombre, tente de reconquérir la contrée. S'inspirant de la fort intéressante et méconnue mythologie celtique, la mini-série de Sharon Scott aurait pu s'avérer particulièrement prenante, si ce n'était le traît repoussant de Steve Firchow, visiblement bien meilleur à l'encrage qu'aux pinceaux.
(2/5)

Le REVEIL du DRAGON (tome 1, éditions Hachette)
scénario : Judd WINICK (the Adventures of Barry Ween, Boy Genius, Caper)
dessin : Geoff SHAW (the Paybacks, God Country)
genre : fantastique qui sent le cramé
édité chez LEGENDARY COMICS aux USA (contient A Town Called Dragon 1)

Au début du onzième siècle, une armée de vikings fait face au dernier des dragons, qu'elle parvient à abattre. Le roi Olaf Truggvason demande alors à ce que l'on emporte l'unique oeuf le plus loin possible de son royaume. Aujourd'hui, la ville de Dragon, dans le Colorado, fait face au réveil de la bête. L'histoire de Judd Winick débute comme un mauvais film de série B, son prétexte peu crédible s'associant à une galerie de personnages génériques. Malgré tout, elle se laisse suivre sans déplaisir, majoritairement grâce aux dessins efficaces de Geoff Shaw. Reste que la version française est une honte.
(3/5 en VO, 0/5 en VF parce que c'est trop cher)

TEENAGE MUTANT NINJA TURTLES (tome 1, éditions Soleil)
scénario : Landry Quinn WALKER (Little Gloomy, Danger Club)
dessin : Chad THOMAS (Mega Man, Sabrina the Teenage Witch)
genre : junk-comics
édité chez IDW PUBLISHING aux USA (contient Teenage Mutant Ninja Turtles : Amazing Adventures 1 & 2)

Un redoutable ennemi venu du passé commun de Maître Splinter et de Shredder a refait surface : le Zodiaque capture les représentants des signes astrologiques chinois, et pour libérer leur mentor et leur amie Karai, les Tortues Ninjas vont devoir faire alliance avec leur Némésis. Inspirée par le dessin animé diffusé sur la chaîne Nickelodeon, la dernière série d'IDW Publishing est destinée à un public jeune, et à vrai dire assez peu regardant. L'histoire de Landry Walker est simpliste, mais le dessin de Chad Thomas est plutôt nerveux.
(2,5/5 en VO, 0,5/5 en VF parce que c'est trop cher)

* OS : one-shot, récit auto-contenu
* PREVIEW : numéro spécial qui présente les premières pages d'une série, parfois dans un récit inédit
* VOLUME : numéro d'identifiant d'une série

PAS LU, PAS PRIS (et pas près de le prendre)
BOOK of DEATH, édité chez Valiant aux USA et chez Bliss en France
la CITE sans NOM (The Nameless City), édité chez First Second aux USA et chez Rue de Sèvres en France
FAITH tome 1, édité chez Valiant aux USA et chez Bliss en France
JUDGE DREDD : DEMOCRATIE (2000 A.D.), édité chez Rebellion en Angleterre et chez Délirium en France
RAPPORT sur la TORTURE (The Torture Report), édité chez Nation Books aux USA et chez Delcourt en France
ROLLING BLACKOUTS, édité chez Drawn & Quarterly aux USA et chez Glénat en France
WARHAMMER 40000 tome 1, édité chez Titan Comics aux USA et chez Soleil en France