samedi 24 novembre 2018

Blackout Comics : la grosse panne

Pour la dernière chronique de cette année, je vais aborder un petit éditeur indépendant du milieu des années quatre-vingt-dix. Peu d'informations circulent sur le sujet, d'autant moins en français, donc je vais faire avec les moyens du bord. Mais par la force des choses, cet article sera un peu plus court que de coutume.


L'INSTANT VO (What else ?)
Il ne reste plus grand-chose sur Blackout Comics, éditeur qui a vu le jour en 1994 dans le New Jersey. La seule affirmation qui ne souffre aucun doute, c'est que ses deux fondateurs se nomment Bruce Schoengood et Jack Giustiniani. Les deux sont de parfaits inconnus, à l'époque comme maintenant, et si l'on devait supputer un peu, histoire de meubler, on peut supposer qu'il s'agit de financiers qui ont essayé de surfer sur le succès que rencontrait le comics à ce moment-là. Succès factice, puisqu'il s'agissait avant tout d'une bulle spéculative, qui a fini par éclater quelques années plus tard.

Quoiqu'il en soit, leur aventure débute réellement en mai, avec la mini-série Outbreed 999. Futur désenchanté à destination d'un public un peu plus adulte que la cible traditionnelle du medium, la saga est prévue sur six numéros, mais seuls cinq verront le jour, sans que l'on n'obtienne jamais de justification quant à cette absence de conclusion. Il faut dire que l'histoire est signée Schoengood, qui, en plus de son boulot de manager qui ne semble pas l'accaparer outre mesure, occupe le poste de scénariste, ou au minimum de force créative, sur la quasi-totalité du catalogue de l'éditeur. Et le gars semble du genre à se disperser.

Du reste, l'amateurisme de Blackout est assez flagrant dès le début. La distribution se fait hors des canaux ordinaires, les revendeurs peinent à être livrés et les nouvelles séries annoncées n'arrivent pas. Ainsi, Exterminator - avec un titre comme ça, ça promet ! - est le premier projet mort-né d'une longue série. De même, Extreme Violet, lancée dans les pages d'Outbreed 999 avant d'obtenir sa propre série, est obligée de changer de titre pour devenir Extremes of Violet, suite à une anicroche juridique avec l'Extreme Studios de Rob Liefeld.
Extremes of Violet ne dure que le temps de deux numéros (plus un chapitre zéro), mais elle lance la thématique des bad girls qui fera les choux gras de l'éditeur. Les autres licences seront présentées de manière un peu différentes : il s'agira à chaque fois d'une succession de one-shots et/ou de numéros zéro, plus ou moins longue selon que la saga rencontre son public ou non. Ainsi, le duo Ms. Cyanide & Ice n'obtient qu'un prologue et un épisode standard (la différence est nulle en terme de pagination, c'est juste une accroche commerciale à une époque où les numéros spéciaux font fureur), tandis que Lady Vampré, une autre création de Bruce Schoengood, enquille sept opus.
La blague, c'est que l'histoire ne se suit pas forcément d'un épisode sur l'autre, et du reste, non seulement la promesse de sorties bimestrielles est rarement tenue, mais en outre, les équipes créatives ont du mal à rester en place. A ce propos, quasiment tous les scénaristes et les artistes travaillant pour Blackout sont de parfaits inconnus, pas toujours doués, et qui ne connaitront pour la plupart aucune carrière une fois l'aventure terminée. On retiendra éventuellement la couverture de The Death of Lady Vampré par Mike Mignola, mais on ne peut pas dire que les têtes d'affiche du comics se bousculent pour donner leur vision des personnages de Blackout.
La donne change un peu en cours d'année 1995. Tandis que les anti-héroïnes de l'éditeur se retrouvent pour une série d'épisodes logiquement intitulés Bad Girls of Blackout, une petite nouvelle entre au catalogue. Hari Kari sera le plus gros succès de Schoengood, et totalisera à elle seule quinze numéros. Tout est relatif, mais c'est à peine moins que ce que totalisent toutes les autres franchises parues jusque-là ! Hari Kari devient l'égérie de la firme, qui lui dédie entre autres choses plusieurs galeries d'illustrations, une version d'inspiration manga et même... un CD-Rom interactif contenant une histoire restée inédite ! Moderne !
L'histoire en question fera plus ou moins scandale, parce qu'elle présente le viol de son héroïne comme un évènement spectaculaire et excitant ! La communication est désastreuse et les lecteurs s'en émeuvent à juste titre, contraignant Blackout à rétropédaler et à présenter des excuses, non pour le récit en lui-même, mais pour la publicité qui en a été faite. Par contre, le personnage trouve non seulement son public mais aussi quelques artistes soucieux de le ré-imaginer à leur sauce. Ce sera le cas de Pat Quinn, Michael Avon Oeming, Joe Phillips, Tim Vigil, Jeff Moy ou encore du grand Gene Colan.
En fin d'année, Mike Baron intègre également les rangs de l'éditeur, chez qui il publie deux histoires sans lendemain : Jugular, une histoire de vampires ; et High Voltage, une satire brouillonne de la profession d'avocat, sauce super-héros. Pour le reste, on retrouve encore et toujours Bruce Schoengood, qui transforme la série d'arts martiaux Hong Kong, annoncée dans plusieurs fascicules, en un spin-off de Hari Kari basé sur sa Némésis : Tormentress. Les parutions se raréfient, et pourtant, Blackout semble avoir de grands projets.
Courant 1997 est en effet annoncée la création d'Indigo Studios, toujours par Bruce Schoengood et Jack Giustiniani. L'idée était d'en faire un label destiné à publier les creator-owned d'auteurs travaillant déjà pour l'éditeur. Pour la faire courte, les franchises ayant vu le jour jusque-là revenaient majoritairement à Schoengood, et c'est donc lui qui touchait les droits sur les produits dérivés. Les autres scénaristes et les dessinateurs n'étaient que ses "artisans". Là, sous l'impulsion de ce qui se faisait notamment chez Image Comics, ils auraient pu bénéficier complètement de leurs créations. Mais Indigo ne sera pas, finalement, et en début d'année 1998, Blackout disparait purement et simplement des rayons.
Nul doute que les financiers avaient retiré leurs billes avant de trop y perdre, noyés dans la masse d'une industrie devenue folle. De facto, le catalogue de Blackout n'a pas du tout intéressé les éditeurs français, et on peut les comprendre sur ce coup. A noter que je n'ai pas lu, car pas trouvé, quelques comics du studio : 
- en l'occurence Lady Vampré : in the Flesh, une nouvelle illustrée sur la reine vampire

Le bilan : 
A feuilleter à l'occasion
Death of Hari Kari #0 (the, 1997)
scénario : Tom VIRKAITIS
dessin : Jeremy CASTRO et Kenneth LILLY
Transportée dans le Japon féodal, Kari Sun y prend l'identité et les souvenirs de la fiancée de Hyun, un courageux samouraï parti affronter les démons qui ont pris possession du nord de l'archipel. Croyant l'aider, la jeune femme le rejoint dans sa quête mais pourrait bien causer sa perte... Troisième étape de la quête initiatique de l'héroïne imaginée par Bruce Schoengood, le récit de Tom Virkaitis prend des allures de contes asiatique, fortement inspiré par le Voyage vers l'Occident. Joliment illustré par Kenneth Lilly, l'épisode mérite le coup d'oeil, ne serait-ce que pour son étrange conclusion.

Hari Kari : the Beginning (aout 1996)
scénario : John ROBERTS
dessin : Tommy CASTILLO
Le clan du Dragon du Soleil a toujours été le gardien de l'ordre face aux démons qui cherchent à se libérer de leur malédiction éternelle. Transportée par magie au coeur du Japon médiéval, Kari Sun fait face aux onis envoyés par Saburi Saka, avec l'aide de son lointain aïeul, Toyo, premier du clan. Même s'il fait fi d'une bonne partie de ce qui s'est déroulé auparavant, ce nouvel épisode introductif a au moins le mérite de se montrer cohérent de bout en bout. Le synopsis de Josh Roberts est qui plus est intéressant, et les dessins de Tommy Castillo, plaisants à l'oeil.

Hari Kari Private Gallery #0 (janvier 1994, 4 épisodes)
dessin : collectif
Le Hari Kari Private Gallery #0 est un épisode spécial à travers lequel les artistes attitrés de Blackout Comics présentent des illustrations, pour la plupart suggestives, de l'héroïne créée par Bruce Schoengood. Ils sont pour l'occasion accompagnés par quelques guest-stars de renom. A peine la franchise a-t-elle vu le jour chez Blackout Comics qu'elle bénéficie déjà d'une galerie d'illustrations ! Le fait est que c'est probablement ce que la saga proposera de plus intéressant : la sensualité qui transpire de chaque planche, ou presque, rend un bel hommage aux courbes de l'héroïne.

samedi 10 novembre 2018

Sorties comics d'octobre

Pfiouuu... La fin d'année approche, et après la trêve estivale, les éditeurs français sont déchaînés ! Beaucoup de choses ont vu le jour en octobre, de l'anecdotique - la fin de Crossed ou les débuts de Sonic - à l'indispensable, avec par exemple le comics du mois, la réédition de Petrograd ou le premier chapitre de Southern Cross. En passant aussi par le surfait, notamment le reboot des séries de Mark Millar chez Image Comics. Il y en a donc pour tous les goûts, et le porte-monnaie risque de ne pas tenir jusqu'à Noël !

LE COMICS (indé) DU MOIS (d'octobre)
DE l'AUTRE COTE (éditions Urban)
scénario : Jason AARON (Wolverine, Southern Bastards)
dessin : Cameron STEWART (Assassin's Creed, Fight Club 2)
genre : guerre
édité chez GOLGONOOZA, Inc., un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient The Other Side TPB*)

Au milieu des années soixante, la guerre du Vietnam bat son plein et le jeune Bill Everette est réquisitionné par l'armée américaine pour rejoindre la province de Quan Nam. Parallèlement, le jeune fermier Vo Binh Daï s'engage dans la grande marche nord-vietnamienne pour libérer son pays de l'oppresseur occidental.
Et c'est bien là tout l'intérêt du récit de Jason Aaron : montrer la symétrie imparfaite entre deux destins brisés par la guerre, deux jeunes hommes qui se sont retrouvés face à face pour un combat qui n'était pas le leur. Contrairement au roman The Short-Timers, qui inspira le Full Metal Jacket de Stanley Kubrick, Aaron dévoile les deux facettes d'un embrigadement et les met face à face. Et il sait de quoi il parle, puisque Gustav Hasford, l'auteur du bouquin plus ou moins autobiographique, n'était autre que son cousin !
Paru à l'origine sous forme de mini-série au sein du label Vertigo de DC Comics, la BD a été compilée en joli recueil chez Image. On y découvre un Cameron Stewart au dessin brut, lourdement encré, qui retranscrit toute l'horreur de ce monde ravagé. Entre abominable réalité et délires tout aussi horrifiques, les deux héros sont dépeints sans le moindre filtre.


 

DANS LE RESTE DE L'ACTUALITE
The WALKING DEAD (tome 30, éditions Delcourt)
scénario : Robert KIRKMAN (Invincible, Battle Pope)
dessin : Charlie ADLARD (the White Death, Rock Bottom)
genre : post-apo
édité chez SKYBOUND ENTERTAINMENT, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient The Walking Dead 175 à 180)

Le groupe de Michonne et Eugene a enfin pris contact avec le Commonwealth, et découvre avec stupéfaction qu'il s'agit d'une communauté beaucoup plus vaste que ce que l'on pouvait imaginer. Mais également soumise à des règles très rigides, mises en place par la gouverneure Pamela Milton. Ce sont deux visions du monde et de la vie en société qui s'affrontent durant cette nouvelle arche narrative, mais Robert Kirkman n'en oublie pas pour autant ses fondamentaux, à savoir des coups de théâtre parfois retentissants. Au dessin, Charlie Adlard continue d'oeuvrer avec efficacité.

(4/5)

KICK-ASS : the NEW GIRL (tome 1, éditions Panini)
scénario : Mark MILLAR (Empress, Chrononauts)
dessin : John ROMITA Jr. (Spider-Man, the Gray Area)
genre : super-héros
édité chez MILLARWORLD, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Kick-Ass : the New Girl 1 à 6)

De retour d'Afghanistan, Patience Lee découvre que son mari a abandonné le foyer et lui a laissé d'immenses dettes. Incapable de combler le déficit avec un salaire de serveuse, elle décide d'enfiler le costume de Kick-Ass afin de détrousser Hoops Lucero, le caïd de la pègre locale, sans se faire repérer. Mark Millar relance sa licence chez Image Comics en mettant sur le devant de la scène un nouveau personnage, plutôt attachant en dépit des archétypes qu'il représente. Le récit est en tout cas nerveux, et John Romita Jr. délivre des planches finement ciselées et riches en détails.

(3,5/5)

LADY MECHANIKA (tome 5, éditions Glénat)
scénario : Joe BENITEZ (Weapon Zero) et Marcia CHEN (the Magdalena)
dessin : Joe BENITEZ (Wraithborn) et Martin MONTIEL (the Darkness)
genre : steampunk
édité chez BENITEZ PRODUCTIONS aux USA (contient Lady Mechanika : the Clockwork Assassin 1 à 3 + Lady Mechanika FCBD* 2018)

Lorsque Benen O'Meara est assassiné, les soupçons se portent sur ses anciens collègues de Blackpool Armaments et leurs proches. Plus particulièrement, l'inspecteur Singh s'interroge sur Archibald Lewis et son amie, Lady Mechanika, la seule à avoir eu la force nécessaire pour commettre le crime. Marcia Chen épaule de nouveau Joe Benitez pour scénariser cette nouvelle mini-série, tournée comme une enquête de roman policier, l'aspect steampunk en plus. Plutôt bien troussé, le récit s'appuie avant tout sur les splendides designs des personnages et des décors, partiellement dûs à Martin Montiel.

(3,5/5)

KILL or BE KILLED (tome 3, éditions Delcourt)
scénario : Ed BRUBAKER (Criminal, the Authority : Revolution)
dessin : Sean PHILLIPS (Fatale, the Fade Out)
genre : thriller / fantastique
édité chez BASEMENT GANG, Inc., un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Kill or Be Killed 9 à 12)

Dylan pensait s'être débarrassé du démon qui le poussait au crime, et par là même de la section de police et des hommes de main de la mafia qui le traquaient sans relâche. Mais la pègre russe n'a pas abandonné, et elle se rapproche même dangereusement de Kyra. Le justicier masqué va donc devoir reprendre du service. Sans aucun doute, Ed Brubaker est un narrateur hors pair. Il distille ses indices au compte-gouttes, en révèle juste assez pour appâter son lectorat et le maintenir en haleine à l'aide de quelques ficelles éculées. Il est également secondé par un Sean Phillips en très grande forme.

(4/5)

CROSSED : TERRES MAUDITES (tome 14, éditions Panini)
scénario : Christos GAGE (Wildcats, Absolution)
dessin : Fernando HEINZ (God Is Dead) et Emiliano URDINOLA (Jungle Fantasy)
genre : horreur / érotique
édité chez AVATAR PRESS aux USA (contient Crossed : Badlands 93 à 100)

Smokey a découvert l'existence d'un bunker de luxe, et après en avoir massacré les occupants avec son petit groupe de marqués, il kidnappe le concepteur de l'abri pour qu'il l'aide à rebâtir une civilisation à son image. Il rêve de trouver les deux soeurs qui, comme lui, sont capables de voir plus loin que leurs propres besoins primaires. Christos Gage boucle la série en donnant la part belle aux marqués. Il remet sur le devant de la scène un personnage qu'il avait créé un peu plus tôt, ainsi que le duo d'anti-héroïnes imaginé par Mike Wolfer pour les besoins de la saga. L'idée n'est pas mauvaise, mais on ne s'attache bien évidemment pas aux protagonistes.

(2,5/5)

HIT-GIRL (tome 1, éditions Panini)
scénario : Mark MILLAR (the Secret Service, MPH)
dessin : Ricardo LOPEZ ORTIZ (Civil War II : Kingpin, Wolf)
genre : super-héros
édité chez MILLARWORLD, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Hit-Girl volume*2 1 à 4)

Hit-Girl a fait libérer Fabio Mendoza, tueur à gages travaillant pour l'un des plus redoutables cartels colombiens, afin qu'il l'aide, de gré ou de force, à abattre ses anciens rivaux. Mindy menace la vie de son jeune frère s'il ne coopère pas, mais jouer avec un personnage aussi dangereux peut s'avérer à double tranchant. A l'image de la première mini-série consacrée à la jeune justicière, l'histoire imaginée par Mark Millar est excessivement violente et très superficielle. Les très nombreuses scènes d'action sont mises en images de manière particulièrement nerveuse par Ricardo Ortiz, mais la lecture n'est pas spécialement enthousiasmante.

(3/5)

OUTCAST (tome 6, éditions Delcourt)
scénario : Robert KIRKMAN (Super Dinosaur, the Astounding Wolf-Man)
dessin : Paul AZACETA (Grounded, Potter's Field)
genre : fantastique
édité chez SKYBOUND ENTERTAINMENT, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Outcast 31 à 36)

Depuis que Rowland Tusk s'est installé à Rome et a pris la direction des convertis, Kyle Barnes et ses proches font l'objet d'une chasse à l'homme qui a failli coûter la vie à Megan Holt. Le pire reste pourtant à venir, lorsque la communauté derrière laquelle se sont retranchés les bannis est prise d'assaut par les forces de l'ordre. La nouvelle Némésis du héros provoque quelques bouleversements dans la série de Robert Kirkman, qui fait enfin passer son récit à la vitesse supérieure. Les personnages demeurent malgré tout au centre de l'intrigue, et Paul Azaceta n'a pas son pareil pour les croquer dans toutes sortes de situations.

(3,5/5)

BLACK MAGICK (tome 2, éditions Glénat)
scénario : Greg RUCKA (Queen & Country, Stumptown)
dessin : Nicola SCOTT (Earth 2, Teen Titans)
genre : thriller / mystique
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Black Magick 6 à 11)

En s'éveillant à la magie lorsqu'elle était adolescente, Rowan Black a acquis de grands pouvoirs, mais aussi et surtout les souvenirs terribles de toute sa lignée. En particulier des persécutions perpétrées par l'organisation Aira, qui est aujourd'hui encore à ses trousses. Mais est-ce le véritable ennemi ? Greg Rucka n'apporte pas beaucoup de réponses à son lectorat, et il se permet même de déffricher de nouvelles pistes, ce qui laisse présager d'un récit au long cours. Qu'à cela ne tienne : les personnages sont intéressants, l'intrigue est prenante, et les illustrations de Nicola Scott sont splendides.

(4/5)

HEXED (omnibus, éditions Glénat)
scénario : Michael Alan NELSON (28 Days Later, Day Men)
dessin : Dan MORA (Klaus) et Emma RIOS (Pretty Deadly)
genre : mystique
édité chez BOOM ! STUDIOS aux USA (contient Hexed 1 à 4 + Hexed volume*2 1 à 12)

Luci Jennifer Inacio das Neves, alias Lucifer, est une jeune et jolie voleuse chargée de dérober des artefacts mystiques. Hélas, l'une de ses victimes, Dietrich, se montre particulièrement revanchard, et dans le monde de l'occulte, c'est avec la vie que l'on joue... Michael Alan Nelson a produit une mini-série puis une série régulière, toutes deux au rythme échevelé, même lorsque l'auteur prend le temps de développer ses intrigues. Les personnages sont attachants de bout en bout, l'univers mystique est intéressant, et le dessin de Dan Mora est plutôt joli. Celui d'Emma Rios, sur les premiers épisodes, était plus anecdotique.

(3,5/5)

BATMAN & les TORTUES NINJAS (tome 2, éditions Urban)
scénario : Ryan FERRIER (D4VE) et James TYNION IV (the Woods)
dessin : Freddie E. WILLIAMS II (Captain Atom, J.S.A. All-Stars)
genre : super-héros / science-fiction
édité chez IDW PUBLISHING aux USA (contient Batman / Teenage Mutant Ninja Turtles II 1 à 6)

Bane était sur le point de prendre le contrôle de la Ligue des Assassins, mais un accident provoque sa permutation d'univers avec Donatello. Il se retrouve alors à la tête d'un Foot Clan scindé en plusieurs factions qu'il va réunir, et seules les Tortues Ninjas pourront l'arrêter... à moins que Batman et Robin ne parviennent à les rejoindre. Les deux univers se mêlent une fois de plus de manière homogène, mais James Tynion IV se laisse aller à quelques facilités scénaristiques, charge au lecteur de combler les blancs. Au dessin, Freddie Williams II impressionne de par sa maîtrise des scènes d'action et la richesse de son encrage, qui donne corps aux personnages.

(3/5)

SONIC the HEDGEHOG (tome 1, éditions Mana Books)
scénario : Ian FLYNN (Megaman, New Crusaders : Rise of the Heroes)
dessin : Jennifer HERNANDEZ, Evan STANLEY, Adam Bryce THOMAS et Tracy YARDLEY (Cosmo, Riding Shotgun)
genre : science-fiction
édité chez IDW PUBLISHING aux USA (contient Sonic the Hedgehog 1 à 4)

Le docteur Eggman n'est jamais reparu depuis sa dernière confrontation face à Sonic. Mais les badniks n'ont pas disparu pour autant, et sans maître pour les contrôler, ils frappent au hasard, sans cohésion... jusqu'au jour où leurs attaques semblent mieux organisées que jamais. Une nouvelle menace se profile-t-elle à l'horizon ? IDW Publishing a récupéré les droits d'adaptation de la licence vidéoludique des mains d'Archie Comics, et c'est Ian Flynn qui se charge d'écrire les nouvelles aventures du hérisson. Il passe en revue tout l'univers de la saga de manière très académique, mais le résultat est là. La partie graphique, par contre, est en dents de scie.

(3/5)

STREET FIGHTER II (tome 3, éditions Urban)
scénario : Ken SIU-CHONG (Darkstalkers, Echo)
dessin : Jeffrey CRUZ (Sinbad : Rogue of Mars, Cereal & Pajamas)
genre : arts martiaux
édité chez UDON ENTERTAINMENT aux USA (contient Street Fighter II Turbo 7 à 12, sans les back-up*)

Les qualificatifs sont terminés, et les compétiteurs sont invités sur l'île de Shadaloo pour participer au tournoi Street Fighter organisé par Mike Bison. Parmi eux, il en est un certain nombre qui veut faire tomber l'organisation criminelle, et ils pourront peut-être compter sur Cammy pour y parvenir. Au vu des longs préparatifs qui ont couru le long des précédentes séries et de la première arche narrative, le temps et l'espace que Ken siu-Chong consacre à l'adaptation stricto sensu du jeu vidéo représente la portion congrue. Le rythme est donc mal maitrisé, tout autant que les poses excessives des personnages de Jeffrey Cruz.

(2/5)

SONS of ANARCHY (tome 6, éditions Ankama)
scénario : Ryan FERRIER (D4VE, Curb Stomp)
dessin : Matias BERGARA (Cannibal, Supergirl)
genre : thriller
édité chez BOOM ! STUDIOS aux USA (contient Sons of Anarchy 23 à 25)

Sur le point de faire capoter une vente d'armes entre les Sons of anarchy et l'IRA, le groupuscule Oglaigh na Heireann s'est attiré les foudres du gang de bikers, en particulier de Chibs, qui a un lourd passé avec lui. Parallèlement, Opie cherche à oublier la mort de Donna en changeant de cadre de vie, mais les ennuis le rattrapent. L'ultime arche narrative de la série régulière est très courte, et guère plus intéressante que les précédentes. Ryan Ferrier essaie de maintenir deux intrigues en simultané sans qu'aucune d'entre elles ne se montre trépidante, et le dessin de Matias Bergara n'est toujours pas convaincant.

(2/5)

GIANT DAYS (tome 5, éditions Akiléos)
scénario : John ALLISON (Murder She Writes, Expecting to Fly)
dessin : Max SARIN
genre : humour
édité chez BOOM ! BOX, un label de BOOM ! STUDIOS, aux USA (contient Giant Days 17 à 20)

A peine leur première année achevée, Susan Ptolemy, Daisy Wooton et Esther de Groot participent à un festival de musique particulièrement chaotique, avant de s'installer dans leur nouvelle maison. Elle leur semble idyllique, mais elles vont cependant découvrir que leur cocon est une coquille vide. A cheval sur les deux premières saisons de la série, cette nouvelle arche narrative permet à John Allison de mettre en place quelques changements de cap plutôt prometteurs. L'humour est toujours de la partie, les héroïnes sont toujours attachantes, et Max Sarin est toujours efficace.

(3,5/5)

BRIGANDS & DRAGONS (tome 1, éditions Hi Comics)
scénario : Sebastian GIRNER (Shirtless Bear-Fighter !, What if ? Ghost Rider)
dessin : GALAAD
genre : heroic-fantasy
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Scales & Scoundrels 1 à 5)

Lorsqu'elle rencontre le prince Akisbjorne, en quête de gloire et d'aventures en compagnie de ses deux suivantes, Luvander se joint à son improbable rêve de conquérir Dened Lewen, la légendaire antre des dragons, qui abriterait selon la légende les plus grands trésors de tous les temps. Difficile de juger la nouvelle série de Sebastian Girner. L'auteur utilise les codes traditionnels de l'heroic-fantasy, et lors de cette première arche narrative, il ne fais pas vraiment montre d'originalité. Son récit se suit malgré tout sans déplaisir, et le dessin de Galaad, quoique peu recherché, ne manque pas de charme.

(2,5/5)

WINNEBAGO GRAVEYARD (éditions Glénat)
scénario : Steve NILES (30 Days of Night, Mystery Society)
dessin : Alison SAMPSON (Genesis)
genre : horreur
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Winnebago Graveyard 1 à 4)

Lorsque Dan, Christie et Bobby s'arrêtent pour visiter un vieux parc d'attractions, ils ne se doutent pas du piège dans lequel ils tombent : leur camping-car volé, ils sont contraints de passer la nuit au motel, mais rapidement, ils deviennent la proie des autochtones, qui veulent les sacrifier pour faire venir les démons sur Terre. Avec une certaine économie de mots, Steve Niles délivre un thriller horrifique efficace, pour peu que l'on fasse abstraction des raccourcis, un peu faciles, que l'auteur utilise. Le style graphique, très fluide, d'Alison Sampson, rend une atmosphère angoissante, que ses visages difformes accentuent.

(3/5)

SOUTHERN CROSS (tome 1, éditions Glénat)
scénario : Becky CLOONAN (Channel Zero, Demo)
dessin : Andy BELANGER (Kill Shakespeare, Black Church)
genre : science-fiction
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Southern Cross 1 à 6)

Alexandra Braith se rend sur Titan pour y découvrir ce qui a tué sa soeur, Amber, qui travaillait pour la corporation Zemi. Elle embarque donc sur le vaisseau Southern Cross, en compagnie d'Erin McKenna qui enquête également sur cette mort suspecte. Mais les réponses se trouvent-elles vraiment sur la lune de Saturne. Becky Cloonan a la riche idée de marier deux univers bien distincts : celui de la science-fiction spatiale, qui amène un thriller en huis clos plutôt efficace, et celui du fantastique lovecraftien, qui apporte une touche supplémentaire de mystère. On aurait aimé qu'elle dessine également, mais Andy Belanger est très bon dans son registre.

(4/5)

TEENAGE MUTANT NINJA TURTLES (tome 4, éditions Hi Comics)
scénario : Bobby CURNOW, Kevin EASTMAN (Cage Hero) et Tom WALTZ (Silent Hill)
dessin : Ross CAMPBELL (Glory, the Abandoned)
genre : arts martiaux / science-fiction
édité chez IDW PUBLISHING aux USA (contient Teenage Mutant Ninja Turtles 29 à 32)

Encore traumatisé par ce que lui a fait vivre Shredder, Leonardo s'est retiré à Northampton, loin de New York, en compagnie de sa famille et de ses amis. L'idée est de retrouver un peu de sérénité, mais le Foot Clan a lancé à leurs trousses l'un de ses plus terribles assassins. Tom Waltz change de cadre, ce qui lui permet également de ralentir le rythme de sa série à l'occasion d'une arche narrative plus axée sur la réflexion que sur l'action. L'exécution est efficace, d'autant que le dessin a été confié à Ross Campbell, dont le style convient aussi bien aux moments contemplatifs qu'aux scènes de combats.

(3,5/5)

PATH of EXILE (éditions Urban)
scénario : Tomas HONZ, Royal McGRAW (Grumpy Cat & Pokey, Grave Surprise), Edward McRAE et Erik OLOFSSON
dessin : Shaun BROWN, Campbell CRAWFORD, Jason HONG, Tomas HONZ, Eunyoung JEON, Qingyi LI, Georges LOVESY, Erik OLOFSSON, Carlos RODRIGUEZ (ShadowHawk, the Mighty Crusaders), Max SCHULZ, Filippo VALSECCHI et Jaan-Paul van EEDEN
genre : heroic-fantasy
édité chez DYNAMITE ENTERTAINMENT aux USA (contient Path of Exile 1 à 4 + The Art of Path of Exile OS*)

A la tête de la Rebellion de la Pureté, le poète Victario Nevalus aide le haut templier Voll à renverser l'Empire Eternel de Chitus, qui veut créer une armée de soldats invincibles nourris aux Gemmes de la Vertu. Cette quête de longue haleine va malheureusement mener tout droit au Cataclysme... Originellement publié sous forme numérique, la mini-série d'Edwin McRae et Royal McGraw revient sur l'un des éléments majeurs du background du célèbre jeu de rôles en ligne. L'univers original donne naissance à un récit assez sombre, un peu gâché par les dessins ternes de Carlos Rodriguez.

(3/5)

PETROGRAD (éditions Urban)
scénario : Philip GELATT (Pariah, Labor Days)
dessin : Tyler CROOK (Bad Blood, Sir Edward Grey, Witchfinder)
genre : historique
édité chez ONI PRESS aux USA (contient Petrograd OS*)

Au cours de la première guerre mondiale, les velléités pacifistes de Grigori Raspoutine, guérisseur et éminence grise à la cour impériale de Russie, posent problème aux services secrets anglais qui missionnent l'un de leurs hommes, Cleary, pour l'assassiner. Fantastique retranscription de l'un des récits les plus rocambolesques de l'histoire contemporaine, le one-shot de Philip Gelatt est aussi l'occasion pour Tyler Crook de démontrer toute l'étendue de son talent, à travers des pages travaillées uniquement en bichromie.

(4/5)

VAMPIRELLA (tome 2, éditions Graph Zeppelin)
scénario : James ROBINSON (Starman, Leave it to Chance)
dessin : Joe JUSKO (Black Panther), Ray LAGO (Hook), David MACK (Kabuki) et Rick MAYS (Livewires)
genre : fantastique
édité chez DYNAMITE ENTERTAINMENT aux USA (contient Vampirella Master Series 6)

A sa mort, Vampirella retrouve Adam van Helsing sur Drakulon, devenu un pan de l'enfer sous le règne de sa mère, Lilith. Ensemble, ils doivent redonner sa splendeur à son ancien monde. Avant cela, la succube a croisé à plusieurs reprises la route de Dracula, criminel sur sa planète, monstre immortel et ennemi juré de la belle sur Terre, et même dans d'autres dimensions improbables. Cet album regroupe les épisodes spéciaux de la franchise sur lesquels James Robinson a travaillé. Le classicisme de l'histoire principale est largement contrebalancé par les somptueuses peintures de Joe Jusko, tandis que le dernier récit met en avant les questionnements métaphysiques si chers à l'auteur.

(3,5/5)

WONDERLAND (tome 2, éditions Graph Zeppelin)
scénario : Joe BRUSHA (Satan's Hollow), Raven GREGORY (Fly) et Ralph TEDESCO (Guardians)
dessin : Daniel LEISTER (Lord of Gore, Hack / Slash)
genre : horreur
édité chez ZENESCOPE ENTERTAINMENT aux USA (contient Beyond Wonderland 0* à 6)

Carroll Ann Liddle croyait bien être débarrassée des cauchemars de Wonderland. Mais elle fait désormais un rêve récurrent impliquant son frère, qu'elle a abandonné dans l'autre monde, et une créature absolument ignoble qui la menace de venir la chercher. Pour la deuxième mini-série de la trilogie Wonderland, Raven Gregory change de cadre. L'aventure se déroule cette fois-ci dans le monde réel et verse dans l'horreur. Au dessin, Daniel Leister est devenu une valeur sûre, et ses pages sont parfois spectaculaires.

(3,5/5)

FAITH / GIANT DAYS CHRISTMAS SPECIAL (éditions Bliss / Akiléos)
scénario : John ALLISON (Bad Machinery) et Marguerite SAUVAGE (Bombshells)
dessin : MJ KIM, Francis PORTELA (Black Panther) et Lissa TREIMAN
genre : super-héros / humour
édité chez VALIANT COMICS & BOOM ! BOX, un label de BOOM ! STUDIOS, aux USA (contient Faith Winter Wonderland Special* + Giant Days Christmas Special*)

Et si Daisy Wooton, Esther de Groot et Susan Ptolemy n'étaient jamais devenues amies ? Dans une réalité parallèle, l'inséparable trio ne s'est jamais formé, et les trois jeunes femmes sont même en passe de s'écharper. Faith fait face à ses propres questions métaphysiques le jour où le lapin blanc du Pays des Merveilles vient jusque dans le paisible village où l'héroïne s'était retirée pour Noël, afin de lui demander son aide. Pour son traditionnel épisode de Noël, John Allison continue de mêler délires métaphysiques et interrogations très concrètes, et c'est ce décalage excessif qui rend les personnages tellement attachants. Pour l'occasion, Lissa Treiman fait son retour sur la série. Akiléos et Bliss, éditeurs voisins, ont eu la bonne idée de partager ce fascicule gratuit contenant des numéros spéciaux de leurs séries respectives, et le choix s'est porté sur des histoires de qualité.

(3,5/5)

* #0 : numéro spécial qui sert de prélude à une série
* BACK-UP : histoire courte publiée en fin de fascicule, qui peut être ou non liée à l'histoire principale
* CHRISTMAS SPECIAL : épisode spécial paraissant pour Noël
* FCBD : épisode spécial paraissant lors du Free Comic Book Day, durant lequel certains comics sont gratuits
* OS : one-shot, récit auto-contenu
* SPECIAL : épisode à part du fait de sa pagination, de son équipe créative ou de son histoire
* TPB : trade paperback, recueil de fascicules ou d'épisodes numériques
* VOLUME : numéro d'identifiant d'une série

PAS LU, PAS PRIS (et pas près de le prendre)
AMULET tome 8, édité chez Scholastic aux USA et chez Akiléos en France
APOLLO, édité chez SelfMadeHero aux USA et chez Dunod en France
la BALLADE de HALO JONES (the Ballad of Halo Jones), édité chez Rebellion en Angleterre et chez Délirium en France
the BEATLES : YELLOW SUBMARINE, édité chez Titan Comics aux USA et chez Panini en France
BLOODBORNE tome 1, édité chez Titan aux USA et chez Urban en France
la DOULEUR, QUELLE CHOSE ETRANGE (Pain Is Really Strange), édité chez Singing Dragon en Angleterre et chez Ca et Là en France
ETERNITY, édité chez Valiant aux USA et chez Bliss en France
GARFIELD tome 67, édité chez Random House aux USA et chez Dargaud en France
une HISTOIRE POPULAIRE de l'EMPIRE AMERICAIN (a People's History of American Empire), édité chez Metropolitan Books aux USA et chez Delcourt en France
LOCKE & KEY intégrale 6, édité chez IDW Publishing aux USA et chez Hi Comics en France (déjà chroniqué lorsque l'éditeur s'appelait Milady Graphics)
RIVERDALE PRESENTE JUGHEAD tome 1 (Riverdale : Jughead), édité chez Archie aux USA et chez Glénat en France
X-O MANOWAR tome 2, édité chez Valiant aux USA et chez Bliss en France