lundi 31 octobre 2016

Le CETA, c'est assez !

Ce week-end a été ratifié le CETA, un accord commercial entre le Canada et l'Union Européenne, que l'on nous a présenté de manière extrêmement simplifiée en nous disant qu'en gros, cela consiste à pouvoir vendre nos fromages dans le Grand Nord tandis que nos cousins auront le droit de nous vendre leur viande. Autant dire qu'il s'agit d'une tentative d'enfumage assez grossière.
Depuis plusieurs années, les Etats-Unis essaient de nous vendre leur TTIP, ou TAFTA comme on l'appelle désormais, qui leur permettrait d'envahir, économiquement parlant, l'UE. Un traité absolument pas contraignant pour l'oncle Sam, qui est comme d'habitude arrivé avec ses gros sabots en disant : "Je veux te vendre toutes mes merdes parce que je n'arrive pas à les écouler chez moi, alors signe en bas, s'il-te-plait."
Ce à quoi dame Europe lui a répondu par un gros bras d'honneur, mais l'aigle américain n'étant pas du genre à laisser filer sa proie, un deuxième front a été ouvert plus au nord. Qu'importent le poulet au chlore et le maïs aux OGM, le but premier est de faire passer le principe selon lequel, en cas de litige, les corporations du Nouveau Continent pourraient attaquer les états refusant d'importer leurs produits, auprès d'un tribunal spécifique et en théorie impartial. Autrement dit, les grands groupes auraient plus de pouvoir que les nations souveraines, et les dernières notions de protectionnisme, déjà lourdement mises à mal par le fonctionnement fédéral tant de l'UE que des USA, disparaitraient corps et bien.
Le TTIP étant pour l'instant dans l'impasse, il fallait faire bonne figure tout en validant ce principe anticonstitutionnel. D'où l'invention du CETA et sa ratification express. Ca sent pas bon, mais tout n'est pas perdu pour autant. A l'heure actuelle, le CETA s'applique uniquement de manière provisoire, et il en ira ainsi jusqu'à ce que le traité ait été validé non seulement côté canadien (ce qui ne laisse planer aucun doute), mais aussi et surtout par chacun des états-membres de l'UE.
Il suffirait du refus d'un seul de ces états pour que le plan capote, ou au moins qu'il soit reporté sine die. Or, nous sommes dans une période électorale dans plusieurs pays d'Europe, et certains prétendants au poste suprême sont clairement euro-sceptiques. On peut encore espérer qu'un référendum soit proposé (pas en France malheureusement, on a trop tendance à dire non pour que les autorités s'y risquent) et que le peuple dise non. Je garde espoir, appelez-moi naïf si vous le voulez.

mercredi 26 octobre 2016

Doctor Who : Voyage of the Damned (et sa préquelle)


date de diffusion : les 16 novembre et 25 décembre 2007
nb d'épisodes : 2
DVD :
    > en VO, coffret The Complete Fourth Series (contient les 2 épisodes)
    > en VF, coffret Saison 4 (contient Voyage of the Damned mais pas l'autre, je crois)


Docteur : David Tennant et Peter Davison
Compagnons : Astrid Peth


WHERE'S THE CHRISTMAS SPIRIT ? Comme on en a désormais pris l'habitude tous les ans, Doctor Who revient pour les fêtes de fin d'année et, comme en 2005, l'épisode de Noël n'arrive pas seul. Il est en effet précédé, un mois plus tôt, par un court interlude, de huit minutes peu ou prou, réalisé une fois de plus pour les besoins du Children in Need. Chronologiquement, il se situe entre deux scènes du dernier épisode de la saison trois : le départ de Martha, et le crash du Titanic. En effet, on l'ignorait jusqu'alors, mais le TARDIS a subi deux chocs consécutifs.
Le premier est dû à un accident temporel qui provoque la collision entre les TARDIS du cinquième Docteur, Peter Davison, et du dixième, David Tennant. C'est leur rencontre impromptue que raconte le mini-épisode, formellement dépourvu de titre mais depuis baptisé Time Crash. Tourné exclusivement en huis clos dans le vaisseau du héros, il met face à face les deux incarnations pour un résultat jubilatoire. C'est Steven Moffat qui a écrit cette petite aventure, qui vaut surtout pour le bagout de ses acteurs.
D'un côté, on a Tennant qui fait son geek. Son Docteur est fan absolu de sa cinquième identité, de même que l'acteur rend un vibrant hommage à son illustre prédécesseur. C'est Peter Davison qui était la star du show lorsqu'il le regardait, enfant, et le monologue empreint d'émotion à la fin de Time Crash est donc une mise en abîme de ce que ressent Tennant, même s'il ne se prive pas de vanner son aîné, à la fois sur la branche de céleri, sur les lunettes de prof et sur le crâne dégarni ! De l'autre, Davison prend son successeur pour un simple fan, ce qui donne lieu à des quiproquo hilarants. Pour la petite histoire : depuis, Tennant a épousé Georgia Moffett, la... fille de Davison !


Un mois plus tard, donc, le Docteur revient dans son désormais traditionnel épisode de Noël. Sauf que là, pour le coup, le moins que l'on puisse dire est que l'histoire ne fait pas très "christmasy", si on la compare aux précédents Christmas Specials. Elle se déroule sur une réplique futuriste du Titanic qui fait des croisières à travers l'espace, et en dehors de quelques chants de Noël, rien n'indique un quelconque lien avec les festivités, pourtant citées à tour de bras.
Tennant, seul depuis que Martha a quitté le navire, si je puis dire, y rencontre la jeune et jolie... pardon, la pas-si-jeune-mais-encore-bien-gaulée-mais-merci-le -maquillage-et-la-chirurgie-plastique-quand-même, Astrid Peth, jouée par nulle autre que Kylie Minogue. Ce n'est pas la première fois, loin s'en faut, que la chanteuse australienne passe devant la caméra, mais on ne peut pas dire que son interpétation soit particulièrement brillante pour autant. Sois belle et tais-toi, finalement.


C'est en tout cas elle qui se rapproche le plus d'un Companion durant cette aventure, même si son souhait de voyager avec le Docteur ne sera hélas pas exaucé. Mais si c'est le second rôle le plus important de l'histoire, ce n'est pas le seul à marquer. On notera par exemple l'apparition furtive d'une Elizabeth II détendue du slip, ou encore la présence d'un vrai Alonso à qui le Docteur peut enfin crier légitimement "Allons-y, Alonso !", en français dans le texte.
Et puis surtout, le héros va croiser deux anciens acteurs liés au passé de la série. Le premier est Clive Swift, qui interprète le professeur en Histoire de la Terre monsieur Copper, et qui jouait il y a des années le rôle de Jobel dans Revelation of the Daleks (S22E6). Le second, plus marquant, est Bernard Cribbins, alias Tom Campbell dans le film Daleks – Invasion Earth: 2150 A.D. de 1966. Je vous en ai déjà parlé au moment où j'ai évoqué le long-métrage en question, mais Cribbins reprendra du service en tant que Wilfred Mott.
C'est dans ce rôle qu'on le retrouve dès Voyage of the Damned, où il tient un kiosque à journaux dans une Londres désertée, vu que les gens en ont marre des extraterrestres qui débarquent chaque année à la même saison. Wilfred, lui, est resté, et malheureusement pour nous, il va demeurer toute la saison à venir. Malheureusement, parce qu'il se trouve, même si on l'ignore encore, qu'il s'agit du grand-père de Donna Noble. Et donc, on va encore se peler l'insupportable rouquine pendant une année complète.


S'ouvrant sur un thème légèrement réarrangé, si mes esgourdes ne me jouent pas des tours, l'épisode est en tout cas spectaculaire. Il a provoqué pas mal de remous auprès des institutions religieuses outre-Manche, rapport aux méchants qui ressemblent à des anges robotisés et tuent à peu près tout le monde, et il a aussi provoqué l'émoi auprès des derniers survivants du vrai Titanic, mais le fait est qu'il demeure efficace.
Alors bon, c'est vrai que les effets spéciaux font un peu vieillots aujourd'hui, ils n'étaient déjà pas brillants à l'époque. Mais cela n'enlève rien au plaisir de regarder cette histoire signée Russell Davies. D'ailleurs, Voyage of the Damned deviendra l'épisode le plus vu de la nouvelle série en Grande-Bretagne, totalisant plus de treize millions de téléspectateurs. Perso, je suis pas un grand fan, majoritairement parce qu'il ne répond pas, selon moi, au principal critère d'un Christmas Special, mais je peux comprendre qu'il ait plu.


Rien de particulier concernant les DVD. Il me reste juste à signaler qu'une nouvelle édition du coffret de la série 4, qui contient cet épisode, est sortie il n'y a pas très longtemps. Le coffret est plus fin mais il contient à priori la même chose, bonus compris, que la première version. Simplement, il n'y a plus le sympathique petit livret de la version originale.

L'épisode que je vous conseille : non, pas là, non. Les deux étant globalement satisfaisants, je ne leur reconnais pas le statut de nanar.

dimanche 23 octobre 2016

The Sarah Jane Adventures série 1

diffusion initiale : du 24 septembre au 19 novembre 2007
nb d'épisodes : 10 répartis en cinq aventures
DVD :
        > coffret The Complete First Series

Docteur : nope
Compagnons : Sarah-Jane Smith, K-9, Maria & Alan Jackson, Luke Smith et Clyde Langer

SECOND LIFE. Le pilote dont je vous parlais quelques articles plus haut a finalement suffisamment conviancu pour qu'une saison complète de The Sarah Jane Adventures soit mise en branle. Elle sera diffusée en fin d'année 2007, occupant le terrain avant l'épisode de Noël de Doctor Who. Une saison complète de SJA, c'est dix épisodes, soit légèrement moins que le porte-étendard de la franchise. Par contre, le budget est bien moindre, et l'ensemble est diffusé sur la CBBC, une chaîne pour enfants équivalente de notre Gulli.
Par rapport au pilote, le cast a légèrement changé. Certes, Sarah-Jane est bien entendu la principale protagoniste du show, et elle dispose toujours de son super-ordinateur Mr Smith, dont chaque apparition à l'écran donne lieu à une scène bien lolante à base de fumée, de projections lumineuses et de musique de fanfare. On en découvrira plus sur ce super-calculateur en fin de saison, lors d'une révélation fracassante, mais pour l'instant, c'est juste un outil pour miss Smith, au même titre de K-9, qui passe juste une tête lors de la dernière aventure de la saison.
Aux côtés de l'héroïne, on retrouve un trio d'enfants, dont Luke Smith, son fils adoptif, qui découvre la vie à chaque épisode et sert quelque part de lien, de "voix", aux enfants les plus jeunes : Luke découvre la rentrée scolaire, Luke tente de maîtriser l'humour... Et quand ce n'est pas lui, c'est Maria, la jeune voisine et amie de Luke, qui se montre moins naïve mais qui nous fait découvrir les joies de la crise d'ado ou de la garde partagée. Des thématiques qui parlent, en théorie, à la cible, et pour compléter le tout, le troisième larron.
Clyde remplace Kelsey, mais le rôle est strictement identique : celui de l'ado bien dans sa peau, totalement cool, qui skate, qui dragouille tout ce qui bouge, qui est un expert du laser game, etc. Mais tellement terre à terre qu'il met du temps à entrer dans l'imaginaire débridé de la série. Dernier protagoniste principal : Alan, le père de Maria, prend de l'importance durant la saison et finit par découvrir le pot-aux-roses, lui qui tenait jusque là le rôle de l'ancre à la réalité pour sa fille.


Pour occuper tout ce beau monde, la production a décidé de miser sur le classique "monster of the week". Chaque aventure donne sa place à une nouvelle créature, même si dans la majorité des cas, il s'agit en fait d'anciennes menaces, recyclées pour l'occasion. Ainsi, la saison s'ouvre, et se referme aussi du reste, sur les Slitheen, qui sont décidément les bestioles préférées de Russell Davies si l'on en croit le nombre de fois où il les a mises à l'écran. Mais après tout, ce sont des monstres qui passent leur temps à péter, et on sait tous que les enfants n'aiment que ça, hein ?
On retrouve également le Graske qui était le principal antagoniste de l'épisode interactif de Doctor Who, Attack of the Graske, et qui n'est ici qu'un sbire à la solde d'une puissante entité appelée le Trickster. Et bon, autant le Graske est assez pitoyable, autant le Trickster ferait un méchant convaincant. D'autant que l'aventure qui le concerne, et dans lequel il fait disparaître Sarah-Jane de la mémoire collective, est ce que la saison propose de mieux. Malheureusement, cet excellent gimmick est un peu gâché par une réalisation excessive.
C'est à dire que dans sa globalité, la série se destine à une jeune audience, et par voie de conséquence, ça surjoue, ça pétarade et ça vole bas. L'idée que l'on puisse réduire nos chères têtes blondes, comme on dit, à des ignares tout juste bons à se marrer devant ces trois choses-là me répugne au plus haut point, mais visiblement, c'est ce constat que font tous ceux qui produisent ce genre de shows. Et je vous parle pas des effets spéciaux moisis qui découlent d'un manque flagrant de budget...


Ou alors, c'est pour rendre hommage à l'ancienne série du Docteur. Après tout, c'est là que l'on a connu Sarah-Jane... Et puis la particularité de cette série dite classique, c'est qu'une aventure se divisait en plusieurs épisodes d'une petite demi-heure chacun. Or, c'est exactement ce format qu'a choisi de reproduire SJA. Du coup, le côté kitch serait parfaitement assumé, mais est-ce vraiment suffisant pour appâter le téléspectateur nostalgique ? Pas sûr que les jérémiades incessantes des uns et des autres soit supportable pour un quadra fan de Pertwee ou de Baker...
Sans compter que dès que la série aborde un sujet, c'est pour enquiller les poncifs. Donc même là, je suis pas certain que l'objectif soit atteint. Reste-t-il quelque chose à sauver ? Oui. D'abord, certaines aventures se déroulent dans des cadres somptueux, des châteaux ou des abbayes de toute beauté, magistralement mis en exergue par l'histoire. Mais on est pas dans "Des racines et des ailes". Le fait est que malgré tout ce que j'expose au dessus, on peut trouver la plupart des histoires relativement bien foutues à condition de faire contre mauvaise fortune bon coeur.


Je vous ai déjà parlé des bonus contenu dans le coffret DVD de cette première saison, mais il en est un que je n'ai pas abordé et que je trouve plutôt malin. Un quiz ! Vous devez répondre correctement à cinq questions pour avoir le droit de visionner le bêtisier du tournage ! Bon, les questions sont excessivement simples, mais je trouve l'idée de cette récompense bien pensée. Je n'ai pas essayé de perde, pour voir ce qui se passait.

L'épisode que je vous conseille : Revenge of the Slitheen, parce que je peux pas blairer les méchants qui pètent. Je comprends pas le principe de décrédibiliser un badass en le faisait loufer.

jeudi 20 octobre 2016

Time Crisis en arcade

Time Crisis

machine : arcade
système : Namco Super 22
année : 1995
développeur : Namco
éditeur : Namco
joueurs : un
genre : rail shooter





En Sercie, le régime dictatorial de la famille Garo, qui dirigeait le pays depuis des décennies, a été renversé par l'agent de la V.S.S.E. William MacPherson, qui en est ensuite devenu le premier président élu démocratiquement, c'est à dire avec bourrage d'urnes, achat de listes électorales et assassinats des autres candidats déguisés en accidents. Mais Sherudo Garo, dernier descendant de l'ancienne famille régnante, n'a pas dit son dernier mot. Engageant un mercenaire du nom de Wild Dog, il va faire kidnapper la fille du président, Rachel MacPherson, exigeant l'accès total aux secrets militaires en échange de la vie de la jeune femme. La V.S.S.E. envoie alors son arme fatale, Richard Miller, alias Je-suis-une-armée-à-moi-tout-seul, alias Tu-vas-voir-ta-gueule-quand-j-en-aurai-fini, faire le ménage dans le château de Garo. Des méchants très méchants, un gentil encore plus méchant, une bande-son qui dépote et une présentation digne d'un blockbuster hollywoodien : Time Crisis, c'est de l'or en barre.


NON, C'EST MOI, PERTE. LUI, C'EST FRACAS.
Le réticule de visée, présent y compris durant la présentation du stage, est un indice pour quiconque n'aurait jamais touché à un Time Crisis de sa vie : il va s'agir de tirer sur tout ce qui bouge dans un rail shooter en 3D précalculée. La borne d'origine se pratique à l'aide d'un light gun et d'une pédale, le premier servant, on s'en doute, à faire feu sur les vilains pas beaux, et la seconde à se planquer pour recharger, les chargeurs ne contenant que six balles mais étant disponibles en quantité illimitée. Cela fait assez peu longtemps que MAME est capable d'émuler le jeu, mais tout est désormais parfaitement fonctionnel, et peut être joué aussi bien à la manette - mais ça pique - qu'à la souris - mais c'est de la triche - ou, encore mieux, au light gun. Il en existe des tas, mais mon light gun no-name et pas cher m'a largement suffi.


Le premier niveau représente les abords du château, et il est divisé en trois actes, eux-mêmes subidivsés en plusieurs zones. Dans chacune, le but est d'éliminer toute adversité, et le procédé est toujours le même. Vous commencez caché derrière une caisse, un poteau ou je-ne-sais quoi d'autre, et vous devez appuyer sur la pédale pour sortir de votre planque. Vous pouvez alors flinguer à tout va, du moins jusqu'à ce que le chargeur soit vide. Il faudra relâcher la pédale pour s'abriter de nouveau et recharger en même temps. Je trouve le principe plus intuitif que de tirer à l'extérieur de la borne comme dans un House of the Dead. Surtout qu'en plus, ici, on est planqué et donc à l'abri des tirs adverses.
Mais attention, campeurs et autres pseudo-stratèges : le temps est limité et vous ne pourrez pas espérer buller en attendant que l'orage se calme. Il faudra sortir, et donc s'exposer à l'adversaire. Si les premiers soldats se contentent de tirer au pistolet après avoir pris trois plombes pour se positionner, les suivants feront usage de bazookas ou de grenades, feront des roulades pour vous éviter, ou encore seront protégés par des boucliers anti-émeutes. Parallèlement, le décor peut aussi être une menace. Hormis les explosions qui se contentent de vous déconcentrer, on peut trouver des treuils, des voitures lancées à pleine vitesse et bien d'autres choses encore qui vous obligeront à vous abriter, sous peine de subir des dégâts. Tous ces dangers sont signalés par un message clignotant.
Vous commencez la partie avec trois vies par défaut, ce qui correspondait sur la borne à... trois crédits ! A chaque fois que vous nettoyez l'écran, vous passez à la zone suivante et obtenez une extension de temps. Et plus vite vous abattez un adversaire, et plus vous avez de chances d'obtenir un bonus de temps. A la fin de chaque acte, vous pouvez admirer votre temps de parcours, et constater au passage que le dénommé Top Spy est assez costaud. Difficile d'imaginer finir en cinquante-cinq secondes même avec les bonus de temps. Vous obtiendrez également votre taux de précision au tir. A la fin du niveau, donc au bout des trois actes, vous obtiendrez la moyenne des trois, qui est pas trop dégueulasse dans mon cas.


Le premier acte du premier niveau se déroule dans une sorte de hangar abritant un sous-marin. Rien de particulier à noter ici. Le deuxième acte débute sur un tapis de levage où vous devrez vous méfier des grappins lors de l'ascension. Le troisième et dernier acte se passe dans la cour du château, sous un joli coucher de soleil. Pas le temps d'admirer le décor néanmoins, puisqu'un hélicoptère, des voitures diplomatiques et des hommes armés de lance-roquettes vous assaillent. Après une courte séquence cinématique durant laquelle vous croyez être parvenu à délivrer Rachel, vous voilà face à votre premier boss. L'Adamantium Leader et ses petits ninjas bondissent un peu partout en se rapprochant de vous, jusqu'à vous coller de méchants coups de griffes.


J'AI PASSE L'AGE DE CES CONNERIES...
A partir de là, les ninjas viennent s'ajouter à la liste déjà longue des gars qui veulent votre peau. Le deuxième niveau débute dans des couloirs étriqués qui débouchent dans une nouvelle cour, partiellement couverte et donnant sur une espèce de tour de l'horloge qui rappelle vaguement Big Ben. Après avoir détruit le salon de collection qui abrite les trésors du badass et avoir franchi la cours de l'horloge envahie de soldats,  il faudra gravir la tour pour atteindre le maître des lieux, Sherudo Garo. Le salopard est entouré de sbires qui vous balancent des tas de choses à la gueule, tandis que lui-même est un farouche partisan des couteaux de lancer. Vous finissez par l'abattre, mais la partie est loin d'être terminée pour autant.

Il reste encore un niveau, le plus long des trois. La première partie vous oppose à des gars balancés d'un hélico, puis à l'hélicoptère lui-même, qui se montre particulièrement redoutable à abattre si vous ne savez pas quoi viser. Une violente explosion vous propulse ensuite dans l'entrepôt où les méchants fabriquent je-ne-sais-quoi, et dont vous sortirez pour vous diriger vers la salle de contrôle, puis vers la chapelle privée de la gigantesque villa. Enfin, il ne vous reste plus qu'à traverser une dernière cour afin d'affronter Wild Dog, dans un combat long et éprouvant. Lorsque vous parvenez enfin à lui loger la balle fatale, Richard s'enfuit avec Rachel juste avant que l'île entière n'explose.


Vous n'avez plus qu'à admirer votre score final, et à entrer vos initiales afin d'obtenir votre classement. Et si tant est que vous souhaitiez poursuivre l'expérience de manière encore plus intense, le jeu vous propose un autre mode de jeu, le Time Attack. Ce mode propose trois niveaux de difficulté correspondant aux trois stages due l'aventure principale, et le but est bien évidemment d'y battre le meilleur score à chaque fois. Autant dire que la chose n'est pas une mince affaire...



EN RESUME :
SCENARIO : digne du pire des nanars. S'il devait y avoir une adaptation, il faudrait Chuck Norris pour le héros, Kim Basinger pour la fille en détresse et Steven Seagal en grand méchant. C'est dire le niveau...
GRAPHISMES : la 3D est encore balbutiante à l'époque, et cela se ressent surtout dans la représentation primitive des personnages. Par contre, certains véhicules sont assez impressionnants, et les décors ne sont pas dégueus.
ANIMATION : les méchants se déplacent comme des automates et meurent comme dans une pièce de Shakespeare. Au temps pour la crédibilité de la chose. Par contre, la fluidité est exemplaire et la caméra donne la sensation d'y être en plein dedans.
SON : à 'limage de tout le reste, la bande-son reprend les orchestrations nerveuses des blockbusters des années 80 et 90. Mais de toute façon, ces dernières sont couvertes par les explosions, les tirs et les cris d'agonie.
JOUABILITE : on peut difficilement faire plus simple qu'un jeu de tir. Même un enfant en bas âge serait en mesure de s'en sortir, à condition de piger qu'il faut se planquer pour recharger. Non, ce n'est pas un conseil parental, éloignez les mômes.
DIFFICULTE : si les premiers péons sont aussi nerveux que des échappés de maison de retraite, l'adversité se fait de plus en plus intense à mesure que l'on progresse. C'est surtout de par leur nombre que les ennemis de base sont dangereux.
DUREE DE VIE : avec seulement trois stages, aussi grands soient-ils, Time Crisis ne dure malheureusement pas assez longtemps. Mais on y revient volontier pour une petite partie, parce que ça défoule. C'est mieux que d'en coller une à son patron.
VERDICT : initiateur de l'une des séries de rail shooters les plus renommées, si ce n'est la meilleure, le premier Time Crisis a aujourd'hui bien vieilli, mais son côté kitch est intemporel.
POURQUOI CETTE VERSION : parce que la version Playstation est légèrement moins jolie, et puis surtout parce que j'ai plein de souvenirs de mes après-midi à sécher pour jouer sur la borne. Notez que le portage bénéficie d'un mode inédit, mais je n'y ai pas trouvé grand intérêt.

lundi 17 octobre 2016

Doctor Who : the Infinite Quest

diffusion initiale : le 30 juin 2007
nb d'épisodes : 1
DVD :

    > The Infinite Quest


Docteur : David Tennant
Compagnons : Martha Jones et Balthazar
THAT'S ALL, FOLKS ! Inutile de tenter d'installer le moindre suspens : vous l'aurez remarqué dès l'image ci-dessus, The Infinite Quest est un dessin animé. Ce n'est pas la première aventure animée du Docteur, puisque Scream of the Shalka l'a précédée de quatre ans. Contrairement à cette dernière, néanmoins, The Infinite Quest a eu l'honneur d'une diffusion sur BBC One, même si elle s'est faite de manière un peu curieuse.
En fait, au départ, l'histoire est divisée en douze sections d'environ trois minutes trente chacune. Ces sections étaient diffusées en bonus de Totally Doctor Who, une émission qui servait de débrief et de behind the scene pour le show, pendant deux ans. Et donc, à compter du deux janvier, chaque petit bout était diffusé à la fin du truc. Finalement, le trente juin, la treizième et dernière section a été diffusée, non pas à la fin de Totally Who mais dans une version montée et complète de l'histoire. Du coup, The Infinite Quest dure autant qu'un épisode standard, et si les césures entre les sections sont évidentes, elles ne gâchent pas (trop) le visionnage.
Le Docteur est toujours David Tennant, et il est toujours accompagné de Martha Jones, donc on peut raisonnablement le situer, chronologiquement, quelque part en parallèle de la troisième saison, ce qui est logique vu qu'il a été diffusé au même moment. En dépit d'un style graphique assez dépouillé, concernant les visages en tout cas, les deux acteurs sont plutôt reconnaissables. Et rassurez-vous, ce sont bien Freema Agyeman et Tennant qui doublent leurs "moi virtuels". C'est peut-être pour ça, d'ailleurs, qu'ils sont reconnaissables...
Ce qui est sûr, c'est que ce hors-série adopte tous les codes de la série, à commencer par son générique, bien entendu. Et même si les créatures que croisent les deux héros sont toutes originales, il est tout de même fait référence aux Racnoss (que l'on vient juste de croiser dans The Runaway Bride), aux Nestenes ou encore aux Grands Vampires (qui, eux, datent de State of Decay (S18E4) en 1980 !). Le Docteur en parle comme de créatures venues du Dark Time. Il devait pas faire bon vivre, à l'époque...
Ceci dit, c'est pas beaucoup mieux maintenant. Dans leur quête de l'Infini, Martha et le Doc vont croiser des pirates-squelettes, des oiseaux robotiques, des marchands batraciens, des mantes religieuses géantes ou que sais-je encore... Mais le pire de tous, c'est Balthazar, le Fléau de la Galaxie ! Pirate intergalactique, il n'a pas la même bonté d'âme qu'Albator et c'est lui qui est à l'origine de la course insensée de nos deux héros. Il est interprété par Anthony Head (Giles dans Buffy, mais aussi Mr Finch durant la deuxième saison) et comme il prend le TARDIS à l'abordage, je l'ai inclus dans les Companions.
A un moment donné, il va peut-être falloir que je vous parle du scénario tout de même. Balthazar rêve de mettre la main sur l'Infini, un navire venu du Dark Time et dont l'épave abriterait de quoi réaliser tous ses rêves. Pour l'en empêcher, le Docteur et Martha doivent le prendre de court, mais encore faut-il savoir où se trouve le vaisseau. Et à cette fin, ils doivent mettre la main sur plusieurs puces GPS. Ce synopsis très grossièrement brossé est en réalité plutôt bien écrit, car même si l'aventure est un peu expéditive dans ses transitions, Alan Barnes, l'auteur, prend le temps de révéler ses coups de théâtre.
De manière globale, l'épisode est d'ailleurs assez bien réalisé. L'animation n'a pas énormément évolué depuis Scream of the Shalka, et si c'était justifié pour une vidéo tournant sous flash, ici ça fait un peu pauvre, en comparaison du travail d'orfèvre réalisé par les studios japonais, américains et même français. Mais le style graphique est plutôt sympa, les décors sont riches en détails et les effets visuels sont bons. Donc l'un dans l'autre, on passe un bon moment devant The Infinite Quest. Le seul tout petit point négatif, c'est la qualité sonore au début de l'épisode, avec un méchant effet étouffé sur les premiers dialogues.
Mais tout ceci, vous le savez déjà, puisque vous avez vu l'épisode. Sisi, il est passé chez nous, sur France 4, lors de la Nuit Doctor Who d'il y a quelques années. Il doit même être encore trouvable sur la Toile. Par contre, il n'a pas fait l'objet d'une parution en DVD comme outre-Manche. Ceci étant, la galette en question, c'est un peu du vol : non seulement les bonus y sont peu nombreux, mais en outre, les interviews que l'on y trouve ne sont pas sous-titrés, et surtout, ils sont coupés sec après quelques minutes seulement ! Quant à la scène supplémentaire annoncée sur la jaquette, elle n'est tout simplement pas présente ! Ou alors, c'est un bonus tellement bien caché que je ne l'ai pas trouvé...

vendredi 14 octobre 2016

Doctor Who série 3


diffusion originale : du 31 mars au 30 juin 2007
nb d'épisodes : 13 répartis en neuf aventures
DVD :

    > en VO, coffret The Complete Third Series (contient les 13 épisodes)
    > en VF, coffret Saison 3 (contient aussi les 13 épisodes, mais c'est moins bien)


Docteur : David Tennant
Compagnons : Martha Jones et Jack Harkness


GRIM 'N' GRITTY. Un changement de Companion, c'est l'occasion rêvée de changer d'ambiance. Peut-être pas aussi profondément que lorsque c'est le Docteur qui se régénère, mais tout de même suffisamment pour que l'on n'aie pas l'impression de voir toujours la même chose. D'autant qu'avec Torchwood qui se positionne sur un créneau plus "mature" et Sarah-Jane Adventures qui, au contraire, est plus destiné aux enfants, la franchise couvre un spectre assez large. Doctor Who peut donc se placer quelque part entre les deux, mais contrairement aux deux précédentes saisons, il va osciller plus souvent du côté obscur !
Six scénaristes viennent épauler Russell Davies, dont les habitués Steven Moffat et Paul Cornell. Gareth Roberts était déjà l'auteur de l'épisode interactif Attack of the Graske, tandis que Chris Chibnall est co-producteur et script-editor de Torchwood. Helen Raynor, enfin, est script-editor sur la série-mère, et Stephen Greenhorn est un petit nouveau, qui ne participera qu'une fois de plus à la saga, l'année suivante. Avec le patron, ces six-là vont s'attacher à rendre Doctor Who plus "dark".
Et ça commence par la nouvelle compagne du Docteur, Martha Jones. Comme Rose, Martha a une vie de famille compliquée. Elle a encore ses deux parents, mais ils sont séparés et passent leur temps à se chicaner quand ils se voient, en priorité à cause de la nouvelle copine de Mr Jones, une bimbo écervelée (pléonasme ?). Match nul entre les deux héroïnes, donc. Comme Rose aussi, Martha part avec le Docteur pour fuir cette réalité morose. Et comme Rose, Martha est une bombasse.
Mais à la différence de Rose, le Docteur n'en a absolument rien à foutre. Certes, il lui roule une pelle dès l'épisode d'ouverture, mais c'est une manoeuvre tactique et, là où l'on pouvait se poser des questions sur la nature même de la relation entre Rose et lui, ici il est limpide : il n'est pas intéressé. Le problème, c'est qu'en dépit de ce qu'elle affirme au début, Martha, elle, l'est. Elle tient donc le rôle de l'amante éconduite, mais aussi celui de la "rebound girl", autrement dit de celle qui sert à faire oublier une précédente relation, mais qui est sans cesse comparée, négativement, à celle qui l'a précédée.
Le show en jouera pas mal, notamment durant le troisième épisode, qui se passe à New New York. Le Docteur avait déjà amené Rose ici, et le cadre était magnifique, clinquant, même si cette débauche de strass n'était que poudre aux yeux. Là, Martha débarque dans le ghetto, un univers digne de Blade Runner, crasseux et désespéré. Et puis en plus de ça, Martha est métisse, et cela permet d'étudier, lors d'épisodes situés dans le passé, la notion de ségrégation. C'est d'autant plus intéressant que, contrairement à Rose qui n'avait pas fait de grandes études, Martha est en passe de devenir médecin.


En tout cas, Freema Agyeman donne d'entrée de jeu une explication sur sa présence dans Army of Ghosts (S2E12) : Adeola était sa cousine, qui travaillait pour Torchwood. Le Docteur, lui, est fidèle à lui-même, en dehors d'un nouveau costard de dandy cool. Il oscille toujours entre sérieux et déconne, et s'il a encore du mal à gérer la disparition de Rose, il finit par accepter Martha sans réserve. Dernier occupant du TARDIS, Jack Harkness fait son retour lors des trois derniers épisodes du show.
Il reprend son image de séducteur enthousiaste, tel qu'on l'avait découvert dans la première saison, et délaisse le pathos de son rôle dans Torchwood. Il est bien avec "son" Docteur, dont il trimballe la main coupée, mais il voudrait bien que ce dernier trouve une solution à son petit problème d'immortalité. Ce ne sera pas le cas, tout juste apprendra-t-il comment c'est arrivé. Et il finit par quitter l'équipage pour retourner à son rôle de chef, non sans avoir révélé, lors d'une sentence sans lendemain, une vérité fracassante sur la Face of Boe que l'on croise depuis le retour de la série.


La nouvelle part d'ombre de la série passe aussi par des méchants assez marquants. Dans Smith and Jones, on découvre certes un Plasmavore, pas vraiment marquant, mais surtout les Judoons, des rhinocéros humanoïdes qui servent de milice et qui prendront du galon durant la saison suivante. Dans l'épisode suivant apparaissent, pour la seule et unique fois, les Carrionites. Mais ce sont malgré tout des ennemis majeurs, dans le sens où, d'après le Docteur, ils viennent du temps avant la création de l'univers, ce qu'il appelle le Dark Time. Ils auraient été vaincus par les fameux Eternels, dont on ne sait toujours pas grand chose, si ce n'est qu'ils étaient probablement les gardiens de cette période obscure.
Gridlock voit revenir la Face of Boe et la novice Hame, mais surtout les Macras, des crabes gigantesques que l'on n'avait pas revus depuis... The Macra Terror (S4E7) en 1967 ! Les Daleks sont bien entendu de la partie eux aussi, et ce pour une aventure bipartite qui se déroule à New York durant la Grande Dépression, et ils ramènent avec eux les serviteurs-cochons que l'on avait découvert dans Aliens of London (S1E4), ici bien plus effrayants. Et en parlant d'effroi, que dire du monstre interprété par Mark Gatiss (Mycroft, Sherlock, toussa toussa) ? Probablement la bestiole digitale la plus réussie de toute la série.
La Famille de Sang, que l'on découvre dans les épisodes huit et neuf, représente également une menace efficace, surtout parce que les acteurs (au premier rang desquels Harry "Viserys Targaryen" Lloyd) sont bons. L'aventure suivante présente pour la première fois les Anges Pleureurs, imaginés par Steven Moffat et qui reviendront souvent durant son règne de showrunner (la fin laisse d'ailleurs présager une invasion). Mais le meilleur reste à venir, et ce sur les trois derniers volets de cette saison.
Hors-sujet/Spoiler :
Il s'agit ni plus ni moins que du retour du Maître ! Cela faisait longtemps qu'on l'attendait, et pour l'occasion, la prod' a mis les petits moyens dans les grands puisqu'il est dans un premier temps interprété par Derek Jacobi, notamment connu pour être le premier rôle de la série Cadfael. A la fin de l'épisode Utopia, il se régénère et c'est John Simm qui reprend le rôle. Cette résurrection est efficace à défaut d'être très logique, et elle donne lieu à un final spectaculaire. Le nouveau Maître est complètement barré en plus d'être dangereux. A la fin de la saison, il meurt... mais on voit une main de femme récupérer sa chevalière. Tiens tiens ?

Chose amusante, il mange des Jelly Babies comme Tom Baker en son temps. Mais surtout, son apparition se fait au compte-goutte et de manière plutôt maligne. Il a en fait un rapport direct avec Harold Saxon, un nom qui sert de fil rouge à cette saison, comme le Grand Méchant Loup ou Torchwood avant lui. On voit des affiches enjoignant à voter pour lui, on entend son nom à la radio, on découvre ses hommes de main, qui s'intéressent de très près à la famille de Martha...
Et avant qu'il ne redevienne celui qu'il était, il est connu en tant que professeur Yana. Or, YANA est un acronyme de You Are Not Alone, la dernière phrase que prononce la Face of Boe en tant que révélation finale. Mais tout cela, on ne le comprend qu'au dernier moment, et c'est ce qui rend ce retour aussi marquant. Davies et ses équipes nous ont habitués à ce mindfuck, qui pousse presque à tout revoir depuis le début pour comprendre après coup à côté de quoi on est passé. Et il pleut carrément des coups de théâtre dans Last of the Time Lords : qui sont les Toclafanes qui ont massacré la population terrienne ? Qu'a vraiment demandé le Docteur à Martha ? Que va devenir Jack Harkness ?


Cette saison est donc plus sombre que la précédente, mais pas uniquement à cause des ennemis. Elle montre un futur sâle et sans espoir dans Gridlock, qui critique aussi... les bouchons automobiles ? Difficile de comprendre le message que veut faire passer Davies dans cet opus, mais il reste très efficace. Désespoir aussi durant les deux derniers épisodes, avec un Docteur réduit à l'impuissance, un Harkness torturé et une Martha en exil... Même la classique histoire de base assiégée, dans 42, rend un sentiment d'urgence assez intense puisque l'action s'y déroule quasiment en temps réel.
Sans compter les épisodes en costumes d'époque, assez nombreux cette saison et rarement enjoués. L'Angleterre élizabethaine dans laquelle les héros croisent Shakespeare n'est pas franchement hygiénique et, surtout, soumise aux croyances payennes sur les sorcières ; la visite de New York se fait durant la Grande Dépression et montre le drame de ceux qui ont tout perdu (avec un peu trop de pathos, du reste, ce qui nuit un peu au message, encore tristement actuel) ; et l'école privée du début du XXe siècle dans laquelle s'est réfugié le Docteur affiche clairement la mentalité de l'époque, en matière de classes sociales, de couleur de peau ou d'esprit martial.
Heureusement, la série sait aussi relâcher la pression. L'humour est souvent de situation, mais il est aussi, parfois, référentiel, comme quand le Docteur se moque de Martha lorsqu'elle s'écrit "It's bigger on the inside !", ou quand les sorcières qui menaçaient Shakespeare sont chassées par un Expelliarmus ! Ce sont aussi, parfois, des références extradiégétiques : le Docteur qui regrette le bon vieux temps, où il aurait immédiatement inversé la polarité (ce qui représentait la solution à quasiment tous les maux dans l'ancienne série), qui affirme, lorsqu'il est humain, que ses parents s'appellent Verity et Sidney (en hommage aux créateurs de la série, Verity Lambert et Sydney Newman), ou qui réfute l'idée que le Maître soit son frère, clin d'oeil aux nombreux fans qui se sont enflammés sur cette possibilité à l'époque.


Très équilibrée, la saison trois est, au moment de sa diffusion, la plus réussie du lot. A mon sens en tout cas, mais comme c'est moi qui écris, ça compte plus que les autres avis éventuels. Smith and Jones, l'épisode d'ouverture, porte encore la marque un poil grand-guignolesque de certains épisodes de Davies durant les deux premières saisons, mais cela passera assez vite. Les shows en costume, comme The Shakespeare Code ou le diptyque Human Nature / The Family of Blood, sont de grande qualité, mais c'est une spécialité de la BBC.
Seul petit bémol concernant l'aventure bipartite, le schéma du personnage normal qui rêve d'un double héroïque (alors que c'est en fait ce héros qui se souvient fragmentairement ne pas toujours avoir été un simple humain), grand classique de la SF, est ici assez vite éventé par le comportement de Martha. C'est dommage, car l'excellent cast (qui comprend aussi Thomas Sangster, alias Newt dans Maze Runner) et la BO de folie complétaient une réalisation cinq étoiles. Mais dans le genre râté, c'est surtout l'histoire en deux parties des Daleks à Manhattan qui passe mal.
La faute à la fois à des effets spéciaux pas toujours au top, au contexte même de Daleks piégés dans le passé, qui fonctionne assez mal, mais aussi et surtout à des Daleks-Humains tout pourris. C'est la seule fausse note de cette saison, qui bénéficie globalement de bonnes CGI, en témoignent The Lazarus Experiment et 42 par exemple.
Mention spéciale à l'épisode Blink de Steven Moffat, tant pour ses monstres incroyablement flippants (alors que, paradoxalement, ils ne tuent réellement personne !) que pour ses moments dignes des meilleurs épisodes de la Twilight Zone. Le début, avec les messages aux murs, et le passage de dialogue par écran interposé sont de véritables petits bijoux.


Et puis il y la trilogie finale, qui aurait pu elle aussi figurer au panthéon, en vertu notamment de tout ce que j'ai évoqué plus haut : des acteurs de légende, le retour tant attendu d'un ennemi tout aussi mythique, un scénario qui met les héros au plus bas pour mieux les relever... Oui mais justement, c'est là que le bât blesse. Tout d'abord parce que l'on a du mal à comprendre le principe du vieillissement accéléré du Docteur, qui termine en espèce de clone de Gollum, comme si c'était le stadu ultime de vieillesse d'un Time Lord.
Mais surtout pour le deus ex machina final, qui consiste à ce que toute la planète pense au retour du Docteur pour qu'il "ressuscite", quelque part, en se présentant comme une figure christique, omnipotente et douée de compassion, qui balaie quasiment d'un revers de main toute une année qui avait mal tourné. C'est un peu too much, dirons-nous, et c'est dommage parce que ça gâche un peu le plaisir que l'on ressent sur l'ensemble.
Reste que ce trio d'épisodes est aussi marquant pour un dernier point (bon, sans compter le retour assez peu marquant de UNIT en tant qu'agence secrète américaine) : le départ de Martha Jones. Elle abandonne le navire à la fin de Last of the Time Lords, l'épisode le plus long de la série à ce moment-là avec un peu plus de cinquante minutes au compteur. C'est dommage parce que c'était un Companion efficace (et une petite bombe, ce qui ne gâche rien), mais elle n'a finalement trouvé sa place qu'un peu trop tard. Pour autant, elle n'a pas dit son dernier mot vis-à-vis de la franchise, comme on le découvrira durant les prochains articles.


Concernant les DVD, le constat est absolument le même que lors de la précédente saison. Le coffret VF (dans son premier pressage en tout cas, mais je sais qu'il existe une deuxième version) se contente de contenir les treize épisodes réguliers, le Special de Noël et pas grand-chose d'autre. Le coffret VO est bien plus complet, puisqu'il embarque aussi un grand nombre de documentaires, dont les Doctor Who Confidential, des docs de tournage certes beaucoup plus corporate que ce que l'on trouvait dans la série classique, mais néanmoins intéressants.

L'épisode que je vous conseille : Evolution of the Daleks. Et au milieu des cochons-ouvriers se tenait le gars avec un poulpe sur la tête...

mardi 11 octobre 2016

Crossgen Comics : à nos actes manqués

A la fin du précédent millénaire, le PCA (Paysage Comics Américain, j'invente des acronymes si je veux) est clairement trusté par DC et Marvel, Image et Dark Horse se partageant les miettes et les suivants étant quasiment inexistants. Mais le gars dont je vais vous parler aujourd'hui a décidé de changer la donne. Il veut devenir le nouveau numéro trois, et il a de sacrés arguments. Seul petit problème : le public ne suit pas...


L'INSTANT VO (What else ?)
Mark Alessi est un businessman. PDG de plusieurs boîtes dont Technical Resource Connection, il monte à la fin des années 90 sa propre société visant à produire des comics, qu'il appelle Cross Generation Entertainment. Rapidement rebaptisée Crossgen, l'entreprise arrive alors que la bulle spéculative sur les comics s'est déjà dégonflée, mais Alessi voit les choses en grand, et décide également de s'accaparer le MegaCon, une convention basée à Orlando et qui était à l'époque concurrente du ComicCon de San Diego. Forcément, l'idée est de promouvoir ses propres titres, au détriment des concurrents.
La manoeuvre n'est ni très habile, ni très efficace, d'autant que les premiers titres n'arriveront qu'un an plus tard. Et encore, il s'agit majoritairement de bouquins promotionnels, préludes ou previews. CrossGenesis et le Crossgen Primer présentent ainsi les séries à venir, le deuxième étant fourni en supplément du numéro de janvier 2000 du magazine spécialisé Wizard. Le mois suivant, le mag' reçoit un autre supplément, Crossgen Special, qui non seulement parle de la ligne de lancement de l'éditeur, mais aussi de titres qui n'arriveront au mieux que l'année suivante !
Le véritable départ a lieu en juin, avec Crossgen Chronicles. Il s'agit d'une série anthologique, dont chaque épisode concernera l'une des séries de l'éditeur, qu'elle éclairera d'un jour nouveau. Le premier numéro, dessiné par Claudio Castellini, présente l'univers Crossgen dans son ensemble. Cet univers sera baptisé Sigilverse, en référence aux Sigils. Il s'agit de marques qu'obtiennent, généralement à leur insu, les héros de chaque série Crossgen, et qui leur donnent des pouvoirs incroyables. Les Sigils seront au centre de la plupart des intrigues.
Les quatre épisodes suivants sont l'oeuvre du grand George Perez, et concernent donc les quatre séries qui débutent en juillet. Mystic est une histoire de sorcières et de magie, dessinée par Brandon Peterson. C'est la série qui sera le plus mise en valeur, alors que dans l'absolu, c'est loin d'être la meilleure. Mais elle n'est pas pire que Meridian, une bluette bien gnan-gnan mise en images par Joshua Middleton. Sigil, par Barbara Kesel et les frères Lai, est un pur space-opera, tandis que Scion mêle joyeusement heroic-fantasy et éléments de science-fiction. Au dessin, un illustre inconnu à ce moment-là : Jim Cheung.
Dès le départ, les promesses de Crossgen sont importantes. Contrairement à pas mal d'éditeurs, y compris les Big Two, les scénaristes et dessinateurs de Crossgen sont employés et non freelance. Ils travaillent pour la plupart dans les locaux de l'éditeur, à Tampa, et cela entraîne plusieurs conséquences. Du bon côté, cela permet d'éviter les retards de sortie, chaque épisode paraissant effectivement à la date prévue. Et puis ça permet aussi de conserver une même équipe sur un seul titre, le dessinateur étant simplement remplacé le temps d'un fill-in, généralement après six numéros.
Du mauvais côté, cela crée aussi pas mal de tensions. Le torchon brûle rapidement entre Alessi et les frères Lai, le premier accusant les seconds de procrastiner tandis qu'eux considèdent leur patron comme un tortionnaire, et clament à qui veut l'entendre que Crossgen est une secte. Alors que Sigil était l'une des plus intéressantes séries du Sigilverse, la voilà qui pâtit déjà d'une valse des dessinateurs. Finalement, c'est Scott Eaton qui tiendra la barre, mais le mal est fait. Sans que cela vire autant au psychodrame, Joshua Middleton sera aussi remplacé assez vite sur Meridian, par Steve McNiven. Mais déjà, les belles promesses se sont envolées.

Enfin d'année est lancée une cinquième série, The First, qui conte les péripéties de demi-dieux dans un environnement à mi-chemin entre le super-héros traditionnel et les légendes du panthéon grec. Au départ dessinée par Bart Sears, elle est reprise par Andrea di Vito lorsque son prédécesseur s'en va dessiner The Path, une histoire de samouraïs dans laquelle son style explose. En attendant, trois nouveaux titres voient le jour en 2001.
Crux, tout d'abord, qui va devenir l'un des principaux piliers du Silgilverse. C'est la seule série à se dérouler sur Terre, mais dans un lointain futur où l'humanité a déserté la planète. C'est à ce moment-là que s'éveillent les Atlantes, qui vont vite découvrir qu'ils ne sont pas seuls sur place : des monstres d'une race appelée la Négation vont les agresser, et on découvre au fur et à mesure que cette espèce vient d'une autre dimension. Leurs origines, et surtout le combat d'une poignée de personnages venus de notre univers qui se retrouvent piégés dans le leur, sera au centre des discussions dans la très noire série Negation.

Autre saga à voir le jour en 2001, et elle aussi plutôt sombre : Sojourn. Il s'agit de dark fantasy, sa particularité étant que le porteur du Sigil n'est pas ici le héros mais le grand méchant ! C'est majoritairement Greg Land qui s'occupe de la partie graphique, pour un résultat assez impressionnant malgré l'usage un peu trop intensif de Photoshop. Vient enfin Ruse, en novembre. Là pour le coup, les Sigils passent au second plan, au profit d'enquêtes à la Sherlock Holmes dans un univers victorien baigné de magie.
Outre Negation et The Path, l'année suivante voit aussi la naissance de deux autres séries : Route 666, un thriller fantastique scénarisé, toute comme Negation, par Tony Bedard, et Way of the Rat, un wuxia mystique qui se déroule sur le même monde que The Path. Et puisqu'on parle de connexions entre séries, les crossovers en interne sont assez rares mais les premiers spin-off commencent à apparaître : Saurians, une mini sur les méchants de la série Sigil ; et Negation : Lawbringer, un one-shot qui définit un peu plus les origines de la saga. Suivront Archard's Agents, trois récits décorrélés qui se concentrent sur les personnages secondaires de la série Ruse ; Mark of Charon, une nouvelle mini sur les origines de la Négation ; et The Silken Ghost, qui se déroule avant les évènements de Way of the Rat.

Chose curieuse, ce sont plutôt les nouvelles séries qui bénéficient de spin-off. Bon an mal an, les autres sortent à intervalles réguliers. Pour appâter le lecteur, deux anthologies voient aussi le jour : Forge et Edge (qui sera rebaptisée Vector sur sa fin de vie), qui reprennent des épisodes au hasard de toutes les licences Crossgen. Autant dire que cela n'aide pas beaucoup le lecteur à se faire une idée. Heureusement, Crossgen aura la bonne idée, à partir 2003, de présenter des Key Issues. Ces épisodes, clairement identifiés sur leur couverture, résument ce qu'il s'est passé précédemment et aident à se mettre dans le bain.
Au même moment, Crossgen se diversifie. Avec de nouvelles séries tout d'abord : l'histoire de barbare Brath, la mini-série de science-fiction Chimera, ou encore les aventures pirates d'el Cazador (qui connaitront elles aussi un spin-off avec The Bloody Ballad of Blackjack Tom). Tous ces titres auront une durée de vie assez courte, mais ils ne sont que secondaires dans l'esprit des instances dirigeantes de Crossgen. Solus est également pensée à court terme, mais il s'agit d'une autre pierre angulaire de l'univers partagé. C'est elle en effet qui explique le mieux l'origine des Sigils.
Mais la diversification passe surtout par l'intégration au catalogue de produits finis réalisés par des auteurs indépendants, et situés en dehors du Sigilverse. Un peu à l'instar d'Icon pour Marvel (ou d'Epic pour les plus anciens !), Code 6 est le nom de la branche qui s'occupe de ces licences. On y trouve par exemple deux mini-séries tirées de l'univers Demon Wars imaginé par R.A. Salvatore - le créateur de Drizzt do'Urden dans l'univers de Forgotten Realms - et The Crossovers, une parodie super-héroïque dessinée par Mauricet ! Ou encore de nouvelle aventures de Lady Death dans un contexte médiéval.
Plus tard, Code 6 éditera la suite de la série The Red Star de Christian Gossett, que l'auteur avait entamé chez Image Comics, et surtout la magnifique mini-série onirique de J.M. de Matteis et Mike Ploog, Abadazad, inspirée des nouvelles de Franklin O. Davies. Notons aussi l'existence d'une mini-série d'espionnage appelée Kiss Kiss, Bang Bang, sans aucun rapport avec le film éponyme. Il s'agirait plus d'une parodie des anciens James Bond.
La mini Snake Plissken Chronicles, quant à elle, sortira sous la bannière de Hurricane Entertainment, ses auteurs étant les mêmes que Violent Messiahs. C'est, on s'en doute un peu, la suite non-officielle de New York 1997, le fameux nanar de John Carpenter. C'est aussi le seul comics que Hurricane développera sous la tutelle de Crossgen, la plupart des bouquins du studio ayant été auto-publiée ou éditée par Image Comics.
Et puis il reste MV Creations. L'histoire de ce studio est à peu près semblable à celle de Hurricane, à ceci près qu'il a majoritairement travaillé pour Crossgen, et très peu pour Image ou pour lui-même. Il débarque avec dans son escarcelle les Maîtres de l'Univers, ainsi que deux mini-séries inspirées de jeux vidéos de Don Bluth : Dragon's Lair et Space Ace. MV réalisera aussi Spookshow International, une anthologie horrifico-rigolote imaginée par le farfelu Rob Zombie, et Tales of the Realm, une comédie qui mélange les codes de l'heroic-fantasy et ceux de la télé-réalité.

C'est un véritable foisonnement, et pourtant dès 2003, Crossgen va mal. Perdant une bonne partie de son financement initial et souffrant d'un taux de retour difficile à encaisser, la boîte de Mark Alessi est en outre au centre d'un scandale concernant le paiement des freelances. A partir de là, les rats commencent à quitter le navire, Ron Marz et Brandon Peterson (pourtant fidèles de la première heure) en tête. Crossgen revend le MegaCon en fin d'année.
Plusieurs séries sont stoppées, plus ou moins vite et surtout plus ou moins bien, mais pas uniquement suite au jeu des chaises musicales qui suit le départ des auteurs majeurs. Ou en tout cas, Crossgen le justifie éditorialement par un grand crossover maison, Negation War, qui va opposer bon nombre de héros des séries du Sigilverse aux badass de Negation. Prévu en cinq épisodes, l'évènement s'arrête net au numéro deux, suite à la banqueroute de l'éditeur.

Plusieurs séries, qui n'avaient pas participé à Negation War, sont également coupées dans leur élan, et à peine quelques mois après la liquidation judiciaire, Disney se porte acquéreur de certaines licences. Checker Books obtient quant à lui l'autorisation de publier plusieurs trade-paperbacks prévus chez Crossgen mais jamais publiés. Finalement, ce n'est qu'en 2010 que Disney utilisera ses acquisitions, via quelques comics publiés par sa nouvelle propriété, Marvel.

En France, l'éditeur a été largement diffusé par SEMIC, jusqu'à la banqueroute de 2004. Toutes les premières séries (Chronicles, Mystic, Meridian, Scion, Sigil, The First, Crux, Sojourn, Negation, The Path et Ruse) ont donc connu un début de diffusion, mais jamais de conclusion. The Crossovers et El Cazador ont aussi été publiées en partie. Notez que je n'ai pas lu (car pas trouvé) quelques comics du studio :

- le sketchbook de Chimera, qui ne me fait pas rêver plus que ça
- Crossgen Illustrated, un bouquin d'illustrations des premières séries
- les deux mini-séries Demon Wars, qui ne m'emballent pas non plus
- les épisodes 2 et 3 de Dragon's Lair, qui peuvent être sympas
- le preview de Snake Plissken Chronicles, qui reprend probablement le début de l'épisode un

Le bilan : 
A lire de toute urgence
Abadazad (mars 2004, 3 épisodes)
scénario : J.M. de MATTEIS
dessin : Mike PLOOG
Désespérée d'avoir perdu son petit frère à la fête foraine, la jeune Katie Jameson est devenue une adolescente difficile et torturée. Mais cinq ans plus tard, elle découvre que Matt est toujours vivant, prisonnier dans le monde féérique d'Abadazad. Hommage à peine voilé de John-Marc de Matteis à l'oeuvre de Franklin O. Davies tout autant qu'ôde à l'imaginaire et à l'enfance, cette mini-série hélas abandonnée par Crossgen était aussi l'occasion de profiter des magnifiques illustrations de Mike Ploog.

Brath (mars 2003, 14 épisodes + un Prequel)
scénario : Chuck DIXON
dessin : Enrique ALCATENA et Andrea di VITO
Brath MacGaren mène les clans unis d'Ure au combat contre les légions de l'empereur Quintillius Aurelius Galba Rex, qui tentent de conquérir son pays. Et grâce au Sigil qui lui offre la vision de l'avenir, il remporte de grandes victoires. Mais suite à la trahison d'un rival, il finit capturé et condamné à mort. Chuck Dixon fait une fois de plus parler son expérience, son récit se montrant épique en dépit d'une certaine rusticité. Le dessin puissant d'Andrea di Vito rend à la fois la grandiloquence des scènes de combat, nombreuses, et la magnificence de décors inspirés des paysages celtiques.

El Cazador (octobre 2003, 6 épisodes)
Paru en VF chez SEMIC, en grand format
scénario : Chuck DIXON
dessin : Steve EPTING
Seule survivante de l'abordage de son navire par des pirates sanguinaires, Cinzia Elena Maria Esperanza Diego-Luis Hidalgo prend le contrôle du bâtiment pirate et devient Lady Sin. Elle va dès lors se transformer en menace pour le capitaine Blackjack Tom, qui a enlevé sa famille. Basée sur le très fantasmatique monde de la piraterie, cette mini-série de Chuck Dixon s'éloigne de l'univers Crossgen traditionnel pour proposer une aventure épique, superbement mise en images par un Steve Epting au sommet de son art.

The Crossovers (février 2003, 9 épisodes)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, en SEMIC Book
scénario : Robert RODI
dessin : Alain MAURICET et Joe STATON
Les Crossover constituent une famille à part : le père est un super-héros, la mère une chasseuse de vampires, la fille une princesse d'un autre univers et le fils un espion extraterrestre. Et chacun ignore tout des autres, jusqu'au jour où leurs ennemis respectifs changent de partenaires de jeu. L'arrière-garde américano-européenne s'amuse à pasticher les super-héros de manière jubilatoire. Robert Rodi ne manque visiblement pas de talent pour les quiproquos humoristiques, et Mauricet conserve ses habitudes héritées de Cosmic Patrouille.

A feuilleter à l'occasion
Archard's Agents (janvier 2003, 3 épisodes)
scénario : Chuck DIXON
dessin : Mike PERKINS et Steve McNIVEN
Valet au service d'un héros de guerre qui est en réalité un imposteur, Edmund Bellings profite d'une malheureuse coïncidence pour assassiner son patron, avant de trouver refuge auprès du Consortium. Peter Grimes, lui, est passé d'une carrière de boxeur au service de Simon Archard, et il tente de prendre exemple sur lui. Chuck Dixon se charge de mettre en scène plusieurs personnages secondaires de la série Ruse dans leurs propres aventures. L'auteurs respecte à la lettre le contexte et l'ambiance mis en place par Mark Waid, et si Mike Perkins est peu innovant, Steve McNiven brille de mille feux lors du dernier épisode.

El Cazador : the Bloody Ballad of Blackjack Tom (avril 2004)
scénario : Chuck DIXON
dessin : Sergio CARIELLO
Avant de devenir le pirate le plus redouté des sept mers, Blackjack Tom était Thomas Cartwright, un simple pasteur qui, pour obtenir plus rapidement une congrégation, accepta de partir dans les Caraïbes pour évangéliser les autochtones. Jusqu'au jour où ces derniers se retournèrent contre lui. Plutôt que de donner une conclusion honorable à sa mini-série, Chuck Dixon préfère s'intéresser, pour ce one-shot, au principal antagoniste de Lady Sin. Il lui offre des origines intéressantes, que vient soutenir le dessin riche de Sergio Cariello.
Chimera (mars 2003, 4 épisodes + un Sketchbook)
scénario : Ron MARZ et Brandon PETERSON
dessin : Brandon PETERSON
Sara Janning est mineuse sur la planète de glace Serevan, aux frontières de l'empire chiméran. Elle endure un climat hostile et un travail épuisant dans le seul but d'échapper à la vigilance de l'empereur, qui recherche son génome à travers toute la galaxie. Mais un accident va la mettre dans le collimateur du tyran. Orientée space-opera, la nouvelle saga imaginée par Ron Marz débute sur les chapeaux de roue mais s'achève, visiblement dans la précipitation, après seulement quatre numéros. Brandon Peterson, également co-scénariste, y fait montre de plus de soin que d'habitude, mais le mélange entre dessin traditionnel et éléments en 3D a mal vieilli.

Crux (mai 2001, 33 épisodes)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, dans Crossgen Special
scénario : Chuck DIXON et Mark WAID
dessin : collectif
Atlantis a sombré depuis des millénaires, mais certains de ses habitants ont survécu. Guidés par Danik, un ancien atlante qui semble disposer de pouvoirs inconnus, ils luttent sur Terra Cognito contre les forces outre-dimensionnelles de la Negation. Oscillant entre thèses mythologiques et science-fiction, la série de Mark Waid s'avère un peu molle dans son déroulement. Les personnages attachants et le dessin séduisant de Steve Epting permettent malgré tout de passer un bon moment.

The First (novembre 2000, 37 épisodes + un Preview)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, dans sa série puis dans Crossgen Extra
scénario : Barbara KESEL
dessin : collectif
Divisés en deux maisons opposées, les Primaux, divinités de la dimension d'Elysium, s'interrogent sur l'apparition des Sigils, et sur la mort de l'un d'entre eux des mains du marqué Obo-San. Parallèlement, la nouvelle génération fomente un coup d'état. La cinquième série régulière de l'éditeur Crossgen s'avère passionnante : Barbara Kesel ne lésine pas sur les rebondissements, et le traît de Bart Sears, tout en rondeurs, est particulièrement plaisant dans ce contexte. Le fill-in par Andrea di Vito est également à mettre à son crédit, mais la fin est plus brouillonne.

Lady Death : the Wild Hunt (avril 2004, 2 épisodes)
scénario : Brian PULIDO
dessin : Jim CHEUNG
Après la bataille du pont-frontière, Lady Death a juré la perte de son père, le roi des Eldritch, qui en retour la traque sans relâche. Désormais chargée de défendre les peuples libres, quand bien même leur reconnaissance ne lui est pas assurée, Hope doit également sauver sa famille. A la suite directe de sa précédente série, Brian Pulido propose un récit plus décousu mais également plus nerveux, magistralement mis en images par un Jim Cheung au sommet de sa forme. Hélas, la banqueroute de l'éditeur entraîne l'arrêt brutal de la série.

Masters of the Universe : Dream Halloween (octobre 2002, 2 épisodes)
scénario : Val STAPLES
dessin : Elza FONTANA et Emiliano SANTALUCIA
Musclor défend les habitants d'Eternia contre les Guerriers du Mal menés par sa Némésis, le redoutable Skeletor. Mais lorsque ce dernier met sur sa route le maître des cauchemars Scare Glow, le prince doit s'appuyer sur les compétences de ses amis pour se sortir de ce mauvais pas. Val Staples respecte à la lettre les codes du dessin animé, et ces deux histoires courtes parues pour Halloween - et dont les bénéfices reviennent intégralement à une fondation - sont également dessinées avec beaucoup de fidélité au design original des personnages.

Mystic (juillet 2000, 43 épisodes)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, dans sa série puis dans Crossgen Special
scénario : Tony BEDARD et Ron MARZ
dessin : collectif
Délurée et insouciante, la séduisante Giselle acquiert une marque, le Sigil, qui lui confère la capacité de maîtriser tous types de magies. Ce faisant, elle s'attire l'inimitié des guildes de sorcellerie qui dirigent le monde, et qui auraient dû hériter des pouvoirs qu'elle détient. Fer de lance du tout jeune univers de Crossgen Comics, Mystic est curieusement la série qui s'y intègre le moins. Cependant, la reprise en mains par Tony Bedard et Aaron Lopresti est nettement plus efficace.

Negation (janvier 2002, 27 épisodes + un Prequel)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, dans Crossgen Extra
scénario : Tony BEDARD et Mark WAID
dessin :  collectif
Officier charismatique, Obregon Kaine a pris la direction du groupe de prisonniers de la Negation, malgré son absence de pouvoirs. Le groupe est soumis à toutes sortes d'épreuves par le Chambellan Komptin, et lorsqu'il tente de s'évader, l'arbitre Qzrt intervient. Oppressante et désespérée, cette série ne plaira pas à tout le monde, malgré le talent de conteur de Tony Bedard (bien aidé il est vrai par Mark Waid). Paul Pelletier est pour sa part un peu trop classique, mais il devient de plus en plus spectaculaire à mesure que les épisodes passent.

Negation War (avril 2004, 2 épisodes)
scénario : Tony BEDARD
dessin :  Paul PELLETIER
Après avoir observé les porteurs de Sigil piégés dans son univers, Charon lance l'intégralité de son armada à la conquête de ce qu'il appelle l'univers brillant. Alors que les Primaux sont en première ligne de défense, c'est sur ses marqués que Danik compte pour défaire la Négation. Tony Bedard est chargé de réaliser le premier crossover massif de l'univers Crossgen, après en avoir raconté les prémisses. Avec le fidèle, et toujours aussi brillant, Paul Pelletier, il déclenche les grandes manoeuvres, mais son récit sera tué dans l'oeuf par la banqueroute de l'éditeur.

The Red Star volume 2 (février 2003, 2 épisodes)
scénario : Christian GOSSETT et Bradley KAYL
dessin : Christian GOSSETT
Suite à ce que leur a révélé Pravda, Maya et Urik Antares ont décidé de renoncer à leurs idéaux et de partir à l'assaut de la forteresse d'Imbohl, pour libérer les âmes de ceux que le tyran a massacré. Mais ils sont traqués, à travers la faille menant au pénitencier, par plusieurs vaisseaux de l'Etoile Rouge. C'est cette fois-ci vers Crossgen Comics que Christian Gossett se tourne pour produire ce nouveau chapitre de la franchise Red Star. Les visuels sont toujours aussi réussis, mais le récit manque un peu d'entrain et, après seulement deux épisodes, la mini-série change d'éditeur.

Ruse (novembre 2001, 26 épisodes)
Paru partiellement en VF chez SEMIC au format italien
scénario : Scott BEATTY et Mark WAID
dessin : Butch GUICE, Jeff JOHNSON, Mike PERKINS et Paul RYAN
Détective génial mais complètement misanthrope, Simon Archard est blasé de tout, jusqu'au jour où il tombe sur une affaire inextricable, avec une Primale à l'origine du crime. Mais l'assistante de l'enquêteur semble elle aussi pleine de ressources, quand bien même son patron l'ignore - ou feint de l'ignorer. Mark Waid et Butch Guice nous proposent une superbe relecture des aventures de Sherlock Holmes dans ce nouvel univers, victorien dans l'âme. Pour le coup, les Sigils passent au second plan, l'aspect policier étant mis en avant et soutenu par d'admirables dessins.

Scion (juillet 2000, 43 épisodes)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, dans sa série puis dans Crossgen Universe
scénario : Ian EDINGTON et Ron MARZ
dessin : collectif
Sur la planète Avalon, les royaumes de Heron et Raven se livrent une guerre millénaire, devenue au fil du temps un tournoi entre les princes des deux dynasties. Le jeune prince Ethan de Heron, marqué d'un Sigil, blesse grièvement son rival Bron lors de cette joute... Profitant du graphisme incroyablement séduisant du phénomène Jim Cheung, cette série est la plus intéressante des quatre de départ, d'autant plus que Ron Marz y développe, outre le contexte médiéval-fantastique relativement classique, des personnages et un message plutôt consistants. Hélas, la fin déçoit.

Sigil (juillet 2000, 42 épisodes)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, dans sa série puis dans Crossgen Special
scénario : Chuck DIXON, Barbara KESEL et Mark WAID
dessin :  collectif
Chasseur de primes intergalactique en provenance de la planète Tanipal, constamment poursuivi par les extraterrestres Sauriens, Samandhal Rey hérite d'un Sigil lui permettant de manipuler la matière. Cela ne lui permettra pourtant pas de sauver sa compagne, Roiya Sintor. Proposant un univers space-opera relativement original et qui ouvre la porte à de très nombreuses possibilités, la série de Barbara Kesel est un peu dans l'ombre des trois autres. En outre, l'abandon rapide du dessinateur principal lui cause du tort. Elle se stabilise sur la fin.

Snake Plissken Chronicles (juin 2003, 4 épisodes + un Preview)
scénario : William O'NEILL
dessin :  Tone RODRIGUEZ
De retour de New York, Snake Plissken se met en cheville avec son ancien collègue Marrs. Le duo pourrait gagner trente millions de dollars, s'il parvient à dérober la voiture dans laquelle est mort le président Kennedy, et qui est actuellement en exposition dans un casino. William O'Neill délivre une mini-série haute en couleurs, à l'image tout autant du film de John Carpenter que de sa propre série, Violent Messiahs. Et c'est une fois de plus Tone Rodriguez qui passe à la planche à dessin, son style demeurant agréable malgré de nombreuses imperfections.

Sojourn (aout 2001, 34 épisodes + un Prequel)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, dans Crossgen Universe
scénario : Chuck DIXON, Ian EDINGTON et Ron MARZ
dessin :  collectif
Ressuscité par le biais d'un puissant Sigil, Mordath le tyran est de retour sur les Cinq Provinces. Face à lui se dresse une chasseuse ivre de vengeance, Arwyn, et son compagnon, le légendaire archer borgne Gareth. Mais que peuvent deux simples humains face à un monstre immortel ? Le ton employé par Ron Marz est résolument désespéré, conférant à cette série de dark fantasy une ambiance unique. Le graphique assisté de Greg Land y ajoute en authenticité, et en dépit de la chape de plomb qui s'en dégage, Sojourn demeure très plaisante à suivre.

Spookshow International (novembre 2003, 9 épisodes)
scénario : Rob ZOMBIE
dessin :  collectif
El Superbeasto le colossal héros masqué et sa soeur Suzi X, espionne de renom, font partie de l'A.S.S., l'agence qui répond à toutes les menaces, qu'il s'agisse de robots géants et invincibles, d'une invasion martienne ou encore du kidnapping d'une strip-teaseuse par le maître du Mal, le Docteur Satan. Débutant à la manière des Contes de la Crypte mais incapable d'en atteindre les critères de qualité, l'anthologie fantastique de Rob Zombie bascule à mi-parcours sur un concentré d'humour absurde et de sensualité gratuite, bien servis par les dessins cartoony de la plupart des artistes impliqués.