mardi 28 juin 2016

Defenders of Oasis

Defenders of Oasis
Shadam Crusader: Harukanaru Oukoku au Japon
machine : Game Gear

année : 1992
développeur : SEGA
éditeur : SEGA
joueurs : un
genre : RPG au tour par tour





On dit que l'histoire est un éternel recommencement. Prenez Ahriman, sorcier des ténèbres de son état. Le mec faisait ses trucs de sorcellerie tranquillou, jusqu'à ce qu'un gars du nom de Jamseed le condamne à errer dans les limbes. Ahriman parvient quand même à envoyer son fidèle serpent Zahhark pour buter un Jamseed devenu roi entretemps, et rebelote : mille ans de chaos, jusqu'au jour où débarque un certain Fallidoon, qui terrasse Zahhark et restaure la paix au royaume de Shanadar. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais maintenant, c'est l'empire maléfique d'Eflaat qui met une nouvelle fois le monde en péril. A ce stade du récit, vous commencez à trouver ça un peu redondant. Et vous n'avez pas tort : le premier chapitre s'ouvre sur la menace d'invasion des forces d'Eflaat. Mais le royaume de Shanadar a des ressources...

UN VRAI COUP DE GENIE
Vous incarnez le prince de Shanadar, et votre première mission consiste à quitter la quiétude de votre palais des mille et une nuits pour accueillir la princesse de Mahamood, venue en bateau pour prêter allégeance à votre royaume. Sauf qu'arrivé sur place, vous découvrez que la princesse a disparu. Y aurait-il un traître à Shanadar ? Heureusement, les kidnappeurs ne sont pas allés bien loin, et après un petit combat pas bien méchant, vous délivrez votre congénère. C'est ce moment que choisit Eflaat pour attaquer.

La ville est désormais aux mains de l'empire, et votre seule issue est la fuite. Vous essayez d'atteindre le port, enchaînant les combats et glânant au passage des points d'expérience et des dinars, les premiers permettant de grimper en niveaux d'expérience et donc d'améliorer vos statistiques, tandis que les seconds représentent la monnaie du jeu. Sur les quais, vous découvrez l'identité du traître : c'est le général Kohle, le chef de vos armées, et votre combat contre cette vermine s'achève dans la douleur. Heureusement, avant que le prince ne succombe aux assauts adverses, il est recueilli par la résistance.

Au quartier général des rebelles, il pourra compter sur l'aide de ses sujets, mais cela ne suffira pas à vaincre Kohle. Il va falloir utiliser la précieuse clé confiée par votre vizir mourant pour atteindre la salle des coffres du château. Vous y looterez quelques coffres, obtenant au passage de nouvelles pièces d'équipement que vous vous empresserez d'enfiler, mais surtout, vous y libèrerez le génie. Il a une sale gueule, mais c'est une entité puissante désormais à votre service. Il se bat à vos côtés et, s'il ne peut équiper d'armement ni prendre de niveaux d'expérience, vous pouvez utiliser sur lui quelques objets spéciaux pour améliorer ses points de vie et de mana.
Et puis surtout, le génie est une grosse brutasse au combat, capable en outre d'utiliser la magie. Notez qu'il est également possible d'utiliser certains de ses sortilèges en dehors des combats. L'un de ses sorts permet justement de contrecarrer les effets de l'épée magique de Kohle, rendant le combat contre ce premier boss enfin équitable. Vaincu, le général jure vengeance envers le prince, sa famille et son poisson rouge, puis finit par disparaître, signant au passage la fin de ce premier chapitre. En dehors de son cadre orientalisant, Defenders of Oasis ne fait pas preuve d'une quelconque originalité, mais il se montre solide et offre tout ce que l'on peut attendre d'un RPG de cette époque, notamment sur une simple portable.

ÎLE ETAIT UNE FOIS
Le deuxième chapitre démarre sur le bateau de la princesse de Mahamood. Vous y trouverez un marchand, qui vous permet de faire quelques emplettes et de revendre votre matériel usagé, mais surtout, vous y rencontrerez Saleem. Fils du capitaine, ce guerrier et danseur rejoint votre équipe. A niveau équivalent, il est supérieur au prince en tout point, mais pour l'instant, il commence beaucoup plus bas. Rapidement, vous débarquez sur une île en vue de vous ravitailler, et ce seront là vos premiers pas sur l'atlas. Comme on pouvait s'y attendre, ceux-ci seront régulièrement interrompus par des combats aléatoires, vous permettant d'engranger les points d'expérience.

Malheureusement, le temps que vous vous rendiez au village, la princesse se fait enlever - comme toute princesse digne de ce nom - et son bateau avec ! Vous n'avez plus de moyen de locomotion, vous êtes piégés sur cette île, vous allez mourir, vous allez devenir un plouc insulaire... Rassurez-vous, il existe peut-être une solution. Elle se trouve dans les tours abandonnées, un double dédale situé au fond de l'île et envahi de scorpions et autres golems. En prenant en compte les passages secrets et les murs en trompe-l-oeil, vous finirez par y trouver tout un tas d'inscriptions qui permettent au génie d'apprendre de nouveaux sorts.

Pour ce faire, il vous faudra auparavant avoir obtenu le miroir magique des mains du doyen de l'île. Au fond de la première tour se trouve Dagon, un boss aux attaques puissantes mais peu subtiles, dont vous aurez tôt fait de vous débarrasser, pour peu que vous ayez pris la peine de faire un minimum de level-up. Ce n'est qu'après l'avoir battu que vous accèderez à la deuxième partie du labyrinthe, qui abrite plein de coffres, mais aussi et surtout le mantra pour utiliser le sort de téléportation. Comme le conclut Saleem, vous voila sauvés de votre triste destin de pêcheur noirmoutrin. Rideau.

LE SEIGNEUR DES ANNEAUX
Grâce au sort, votre petit groupe peut maintenant se rendre immédiatement dans toutes les villes qu'il connait. Cela ne veut pas dire qu'on le laissera entrer n'importe où, et par exemple, pour pénétrer dans le château de Gylan, il va vous falloir obtenir quelque part un sauf-conduit. Le précieux papier en main, vous pourrez visiter ce nouveau labyrinthe, constitué d'une multitude de pièces fermées à clef. S'apprêtant à délivrer l'élue de son coeur, le prince tombe dans un piège et doit combattre une fois de plus le général Kohle. Ce sera heureusement la dernière fois, et il y gagnera non seulement la clef qui déverrouille presque toutes les portes du donjon, mais aussi un nouvel allié, Agmar. La princesse est sauve, et le petit groupe est enfin en complet.

Mais pour sceller définitivement le sort d'Ahriman, il faut trois anneaux. L'un d'eux se trouve dans la tombe du sage, mais avant de parvenir jusqu'à lui, encore faut-il savoir comment entrer. La solution se trouve sans doute dans la cachette des voleurs, pas bien loin de la tombe, et hélas gardée par Ali Baba en personne ! Sitôt l'anneau finalement obtenu, le prince se fait dépouiller comme un malpropre. Là y en a marre : il est temps de reconquérir Shanadar ! Un peu de repos ne serait pas de refus, tout de même... Surtout que pour reprendre votre palais, il faudra affronter votre père et votre génie, tous deux tombés sous la coupe de votre Némésis. C'est sur une note amère que s'achève le quatrième chapitre.

Mais le suivant sera pire ! Pour empêcher la résurrection d'Ahriman, le prince et ses potos retournent à Gylan, où ils affronteront d'entrée de jeu le redoutable Al-Karria. C'est un mal pour un bien, puisqu'il vous abandonne la clef de l'empire avant de s'enfuir. Cette clef vous permet d'accéder aux tréfonds du château, où vous attendent d'abominables créatures. A deux doigts d'arrêter l'empereur d'Eflaat, vous êtes de nouveau bloqués par Al-Karria, qui se transforme en monstre. Skylla peut vous tuer d'un seul regard, mais si vous le tuez, vous atteindrez enfin l'empereur...





VOUS REVIEZ D'UN AUTRE MONDE ?
Uniquement pour assister à la résurrection d'Ahriman ! Au passage, le démon remercie son serviteur en le tuant, grand classique, et détruit vos anneaux. C'est moins classique, et ça fait un peu chier. Vous récupèrerez tout de même leurs cendres, sait-on jamais... Reste à se rendre dans la dimension d'Ahriman, mais comment faire ? Eh bien en passant par la tour de Jiklart bien entendu ! Si vous parvenez jusqu'à son sommet, vous aurez encore à combattre le Roc. Et si vous en triomphez, l'oiseau légendaire acceptera de vous conduire à tout moment vers l'autre monde.

L'autre monde, c'est rien moins que le dernier donjon du jeu, et il pique les yeux ! Vous y affronterez toute une litanie de boss, dont Zariche, à moins que vous ne passiez à la droite de sa statue. Mais quoi qu'il arrive, vous devrez le battre au moins une fois. Salwa, lui, devra être combattu quatre fois de rang, sans pouvoir vous soigner ! Taarmaty doit pour sa part être vaincu trois fois, avec la possibilité de vous remettre de vos émotions entre deux bastons, et Dolge quatre fois, là encore avec un repos possible.


Juste avant la dernière salle, vous devrez encore passer outre Akmanaf. Mais à ce moment-là, vous devez être bien puissants, comme vous pourrez le constater en ouvrant le menu de statut. Il ne vous reste désormais plus qu'à défier le seigneur des ténèbres en personne. Ahriman est une vraie plaie, comme il sied à un boss final, mais si vous parvenez à le battre, vous assisterez à son bannisemment par le génie. Les quatre amis se séparent, le prince épouse la princesse et devient roi... Bref, tout est bien qui finit bien.

EN RESUME :
SCENARIO : pour un RPG, on ne peut pas dire que Defenders of Oasis brille en la matière. En contrepartie, le jeu bénéficie d'un cadre un minimum original, car rares sont ses congénères à exploiter les contes des Mille et Une Nuits.
GRAPHISMES : avec son design mignon et ses couleurs pétaradantes, le titre de SEGA ne manque pas d'atouts. Certes, il ne s'agit que d'un petit jeu sur huit bits, loin des cadors de l'époque sur consoles de salon, mais il assure le spectacle sur son support.
ANIMATION : bon là, forcément, on atteint les limites du truc. Les animations sont limitées aux déplacements sur l'atlas, tandis que les combats sont statiques, à l'exception de quelques clignotements.
SON : il n'y a pas énormément de musiques, mais elles sont à peu près toutes agréables. Les bruitages sont un peu lourds, mais les voix digitalisées utilisées pour les derniers boss sont rigolotes.
JOUABILITE : le système de combat est très limité. Assurément, les amateurs de RPG actuels trouveront ceci franchement redondant, mais au moins, on ne peut pas se plaindre de problèmes de gameplay. Les sorts sont par contre imbitables.
DIFFICULTE : le niveau de difficulté est pour le moins élevé. Il va falloir passer par de longues séances de level-up avant d'espérer en voir le bout. Et on va pas se mentir, c'est clairement une manoeuvre pour allonger la durée de vie du titre. Mais on lui pardonne.
DUREE DE VIE : la quête est assez courte, la faute sans doute à la limite de capacité du support. La bonne nouvelle, c'est que la progression est enregistrée automatiquement dès que l'on éteint la machine. Ce qui évite de pleurer lorsque les piles sont baisées au bout d'un quart d'heure.
VERDICT : des jeux de rôle au tour par tour sur Game Gear, il n'y en a pas des tonnes. En dépit de ses quelques défauts, ou disons du moins de son esprit roots, Defenders of Oasis est probablement l'un des meilleurs.
POURQUOI CETTE VERSION : rapport au fait que le jeu n'existe que sur Game Gear, peut-être ? Meuh non, je vous prends pas pour des cons...

samedi 25 juin 2016

Docteur amateur, première partie

Outre les épisodes officiels et les productions non-licenciées utilisant majoritairement des personnages secondaires, Doctor Who a aussi connu la ferveur de fans très motivés, prêts à rendre hommage à leur série avec peu de moyens mais pas mal de débrouillardise. Les quatre articles que je vais dédier au sujet sont très loin d'être exhaustifs, mais j'essaierai de dresser un portrait le plus fidèle possible de ces objets méconnus.

Les années 80, premières expérimentations et grosses déconnades

La toute première tentative, en tout cas la première recensée, c'est Time Waits for no Man, en 1977. Réalisé par Kevin Jon Davies et des amis de son école de Tottenham, il s'agit d'un film d'animation, sans son (la vidéo que l'on trouve sur Youtube est accompagnée par une bande-son technoïde), qui met en scène de manière parodique le quatrième Docteur, alias Tom Baker, et Leela.
On y croise aussi un Sutekh sur son trône, sur le point de tirer la chasse, mais aussi un Morbius comme dessiné par Picasso ou encore une boîte de nuit tenue par les Daleks et où de nombreux monstres de la série classique se frottent sur la piste de danse. Un délire de quelques minutes seulement, pas très bien fait et sans queue ni tête, mais qui trace la voie pour les productions à venir. La vidéo est trouvable ici.
C'est en 1984 que les choses s'accélèrent, avec trois groupes amateurs qui se lancent en même temps dans la partie. Celui qui officiera le moins longtemps est la Beeblebrox Company, avec seulement deux films à son actif : Dark Alliance et Theta-G. Les deux mettent en scène un quatrième Docteur interprété cette fois-ci par Sir Laurence Klein. Dans le premier, il est accompagné par Sarah-Jane Smith, jouée pour les besoins de l'histoire par deux actrices différentes.
Cette histoire, composée de deux épisodes d'un gros quart d'heure chacun, se déroule au vingt-neuvième siècle et oppose nos deux héros à une alliance entre les Daleks, le Maître et des Cybermen d'un ridicule à pleurer, entre autres. Très mal jouée, illogique et bordélique au possible, elle est tout de même plus réussie que la deuxième. La seule vidéo de Theta-G disponible sur le Net est de tellement mauvaise qualité que l'on n'y comprend rien, mais ce que l'on peut y voir ne donne franchement pas envie de s'y plonger.
Dark Alliance part 1   Dark Alliance part 2   Theta-G
En 1984 toujours, la Federation fait ses grands débuts. Ce groupe de fans, l'un des plus larges à l'époque, propose tout d'abord l'aventure All Doctors Great and Small, crossover improbable entre Who et le soap vétérinaire All Creatures Great and Small, dans lequel avaient joué Patrick Troughton et Peter Davison notamment. Malheureusement, la mauvaise qualité du son de la vidéo que l'on trouve sur la Toile ne permet pas de profiter pleinement de l'humour affiché par cette histoire plutôt posée, voire statique.
L'année suivante, alors que le show de la BBC est menacé d'annulation, la Federation lance S.A.V.E.W.H.O., dans lequel tous les Docteurs et une bonne partie des Companions historiques, ainsi qu'un paquet de méchants et même John-Nathan Turner, sont parodiés. L'idée est de détourner des scènes mythiques de la série et d'organiser un faux appel aux dons pour la sauver. En 1986, le groupe revient avec Doctor Who and the Holy Grail, un nouveau crossover, cette fois avec le chef d'oeuvre des Monty Python.
En 1989 enfin, la Federation produit Who on TV, mais hélas, je n'ai pas pu trouver la vidéo de cette aventure. De manière globale, on peut dire qu'il ne s'agit que de gros délires d'une bande de potes pas vraiment taillés pour les Oscars, et réalisés avec trois bouts de ficelle. On retrouvera la Federation lors de la décennie suivante, et encore celle d'après, donc j'aurai l'occasion de vous en reparler.
All Doctors Great and Small   S.A.V.E.W.H.O.   Doctor Who and the Holy Grail
Concrètement, ces premiers exemples sont sans aucun doûte dans le registre de la comédie, voire de la parodie. Mais le dernier studio dont je vais vous parler pour cette année 1984, c'est la Seattle International Films. Déjà, on s'en doute grâce à l'appellation, il s'agit cette fois-ci d'un groupe américain. Et puis surtout, s'ils n'ont pas beaucoup plus de moyens que leurs cousins brittons, ils prennent l'exercice au sérieux, eux. SIF va mettre en scène quatre aventures du Docteur, avec une petite particularité.
Il s'agit des aventures du septième Docteur, à l'heure où le canal officiel n'en est qu'à six. Mieux encore, SIF imagine que cette nouvelle incarnation sera une femme ! L'actrice Barbara Benedetti est particulièrement convaincante dans le rôle, sa très grande taille et son accoutrement de Monsieur Loyal au féminin lui octroyant une certaine forme d'assurance qui sied bien au personnage. Elle est accompagnée par Carl Evans, un Londonien du XIXe siècle que l'on croirait cousin des Three Stooges, tant son interprète est doué pour les mimiques comiques.
Leur première aventure commune s'intitule The Wrath of Eukor. Elle se déroule dans une forêt et, en dépit d'un cast limité et de piètres effets spéciaux, elle mériterait presque de faire partie de la chronologie officielle du Docteur. Le constat est presque aussi bon pour Visions of Utomu, en 1986, qui se déroule de toute évidence sur Peladon. Plus humoristique mais toujours aussi bien joué, il souffre par contre de décors médiocres.
Quoiqu'il en soit, il est tout de même bien meilleur que Pentagon West : a Doctor in the House, en 1987, une histoire peu entraînante durant laquelle le Docteur et Carl ne font quasiment que de la figuration, au profit d'une bande d'étudiants et de leur prof devenu fou. En 1988 enfin, arrive Broken Doors, un bon épisode dans la veine de The Celestial Toymaker. Plus court que les précédents (vingt minutes contre une demi-heure d'habitude), il voit le Docteur faire usage des Jelly Babies de sa quatrième incarnation, et il se termine par la régénération de l'héroïne... en homme !
Chose amusante : jamais durant les quatre on ne voit l'intérieur du TARDIS. Contrairement aux autres groupes amateurs, SIF a sans doute préféré ne pas perdre de temps avec un décor aussi chiant à reproduire. Depuis 1988, le groupe n'a plus rien produit, en tout cas rien en rapport avec le Docteur, et c'est bien dommage, parce que c'est vraiment le top du top de cette décennie. Barb Benedetti, quant à elle, a connu quelques seconds rôles au cinéma.
Wrath of Eukor   Visions of Utomu   Pentagon West   Broken Doors
En 1985, 1988 et 1989, le groupe Ad-Lib Productions réalise les trois épisodes de la trilogie Labyrinth of the Blud Devils. Malheureusement, les vidéos sont aujourd'hui introuvables, donc je ne m'y attarderai pas. Toujours en 1985, Wet Paint Productions s'aventure, à priori pour la seule et unique fois, sur le terrain de Doctor Who, avec The Two Doctors and the Anti-Matter Menace.
On est de nouveau sur le ton de la parodie à deux sous, le troisième Docteur s'associant à son incarnation suivante, à Romana et à K-9 pour retrouver, sur ordre du Gardien Blanc, la clé du temps qu'a dérobé Omega, associé pour l'occasion à Davros et à ses Daleks. Rigolo malgré ses faibles moyens, cet épisode vaut surtout pour sa scène de course-poursuite tournée en accéléré, façon Benny Hill.
The Two Doctors and the Anti-Matter Menace
L'année suivante, un nouveau groupe du nom de MUM Productions fait ses grands débuts. Il produira huit aventures entre 1986 et 1997, mais hélas, il semblerait qu'aucune ne soit disponible à l'heure actuelle sur Internet... De 1987 à 2004, un autre groupe appelé Planet Film Productions sévira également dans le milieu, avec sept films à son actif, mais là encore, une bonne partie de ses oeuvres est introuvable. En tout cas, les deux réalisées dans les années 80 ont disparu de la Toile. On reparlera donc d'eux dans le prochain article.
En attendant, on termine cette décennie avec Attack of the Square Daleks, en 1989. Un objet filmique curieux, de sept minutes, durant lequel un gars déguisé en Docteur période Tom Baker et une petite fille (sa fille peut-être ?) incarnant Romana trainent un jouet à l'effigie de K-9 et se battent contre des Daleks cubiques, comme on pouvait s'y attendre vu le titre, mais aussi contre le Moine. Mal joué, d'une qualité déplorable, il donne vraiment l'impression d'avoir gâché de la pellicule.
Attack of the Square Daleks
Et c'est donc sur une mauvaise note que s'achève ce premier panorama. De manière générale, le manque de moyens et, soyons francs, le manque de talent, ne donneront pas matière à s'attarder trop longtemps sur ces productions. Qui plus est, bon nombre d'entre elles souffrent de la faible qualité, tant visuelle que sonore, des VHS sur lesquelles elles ont été enregistrées à l'origine. Intéressez-vous tout de même aux quatre opus de SIF si vous le pouvez, ils en valent la peine.

mercredi 22 juin 2016

Doctor Who saison 26



diffusion initiale : du 6 septembre au 6 décembre 1989
nb d'épisodes : 14 répartis en quatre aventures
DVD :

    > Battlefield 1 à 4
    > Ghost Light 1 à 3
    > The Curse of Fenric 1 à 4
    > Survival 1 à 3


Docteur : Silvester McCoy
Compagnons : Dorothy "Ace" McShane, Alistair Gordon Lethbridge-Stewart



LAST BUT NOT LEAST. Andrew Cartmel a de grands plans pour la série. Et si le producteur John Nathan-Turner a envie de partir vers de nouvelles aventures après cette vingt-sixième saison, son script-editor se verrait bien rester. Il veut faire du Docteur une figure de puissance et d'autorité, sorte de grand manitou des Time Lords au même titre que Rassilon ou Omega, et il a aussi des idées pour Ace, qu'il veut amener sur la voie de la sagesse pour la transformer petit à petit en Time Lady.
Les fans n'auront pas le temps de crier à la retcon, car le directeur des programmes de la BBC va mettre un coup d'arrêt définitif à la plus vieille saga de science-fiction de la télé britannique, et cette année 1989 est celle de la fin du programme. Au départ, l'idée était juste de le mettre en veille durant quelques années, mais l'Histoire en décidera autrement. Ne restent donc plus que ces quatre dernières aventures pour se faire une idée de ce que Who aurait pu devenir.
D'aucuns avancent que les têtes pensantes de la chaîne publique, tous plus ou moins WASP's, ne croient pas du tout en un programme de science-fiction pour le début des années 90, en tout cas pas à ce budget. D'autres évoquent même la honte des producteurs à mettre à l'antenne un tel programme. Mais in fine, ce sont les audiences qui déclinent, chose peu surprenante lorsqu'on se retrouve face à Coronation Street.
Et puis bon, on va pas se mentir, certaines histoires frôlent le ridicule, quand elles ne l'embrassent pas à pleine bouche et avec la langue. Ainsi en est-il de Battlefield, l'aventure inaugurale de cette ultime saison, qui voit les chevaliers du Cycle Arthurien se battre avec des pistolets laser tandis que la fée Morgane tente de déclencher une ogive nucléaire pour se débarrasser de Merlin, autrement dit du Docteur.



Affreusement mal jouée, cette aventure aurait pourtant pu être bien sympa, puisqu'elle renvoyait directement à l'ère de U.N.I.T. On y recroise le Brigadier, désormais à la retraite, et même la voiture Bessie fait son retour ! Avec des tournages en extérieur magnifiques et un certain budget alloué, en témoignent les séquences en hélico, ainsi que le retour de Jean Marsh (Lady Joanna dans The Crusade (S2E6), mais surtout Sara Kingdom dans The Daleks' Master Plan (S3E3)) en guest, on aurait pu s'attendre à un petit chef d'oeuvre qui rend hommage au passé de la série.
Las, le surjeu et le message un peu grossier sur la non-violence ne fonctionnent pas. Autre exemple de ratage ? Il suffit de se tourner vers l'aventure suivante. Situé dans une Angleterre victorienne admirablement retranscrite et bénéficiant d'une bonne ambiance à suspense, bien servie par une musique organique de bon ton mais hélas un peu gâchée par les éléments de science-fiction, Ghost Light démarre tout de même sur les chapeaux de roue. Malheureusement, le scénario est tout simplement imbitable. Mais sans blaguer, même les acteurs ne comprennent pas ce qui se trame, et le réalsateur a été obligé d'appeler le scénariste pour qu'il lui explique certaines scènes !
C'est aberrant, et c'est d'autant plus dommage que cette aventure est directement liée au passé d'Ace. Elle explique, ou elle tente d'expliquer, comment la jeune femme s'est retrouvée là où elle en est, et ce n'est que le premier pas vers son évolution. Une évolution spectaculaire qui aura lieu dans The Curse of Fenric, qui la voit non seulement devenir femme et accepter son passé, mais aussi se détâcher de cette figure paternelle qu'incarnait le Docteur. Un Docteur qui se montre pour le coup extrêmement manipulateur, prêt à briser son "élève" si cela peut lui permettre de triompher.






















L'une des rares aventures du Docteur entièrement tournées en extérieur (avec Spearhead from Space (S7E1)), The Curse of Fenric est une pièce agréable, pourvue de jolis décors et de costumes crédibles. Autant les histoires de pure S-F. ne rendent pas franchement bien, autant les épisodes "historiques" sont une marque de fabrique de la BBC. Mais bref, pour en revenir à l'évolution de la relation entre Ace et le Docteur, Survival est un autre exemple tendant à prouver que quelque chose s'est cassé.
Très intéressante, cette histoire peut réellement être considérée comme le prototype de la série actuelle, notamment parce qu'elle se déroule dans un cadre urbain contemporain qui renvoit directement à l'épisode d'ouverture - et à de nombreux autres - du relaunch. Malgré tout, les costumes des hommes-léopards que le Docteur y affrontent et les Animatronics de chats font très peluches, absolument pas crédibles et confèrent à cette dernière aventure un côté franchement kitch.
Si elle voit revenir une dernière fois le Maître, du reste vite grillé malgré les efforts pour rendre cette apparition mystérieuse lors du premier acte, la Némésis du Docteur est finalement assez anecdotique au regard de ce qui se joue pour les deux acteurs principaux. Il sera d'abord question d'Ace, qui doit désormais faire face à ses débuts puisque l'action se déroule en partie à Perivale, la ville où elle est née.
Mais surtout, c'est une nouvelle pierre sur le chemin de toute-puissance du Docteur, tel que l'imaginait Andrew Cartmel. Cette saison, le Doc a tenu tête à deux entités toutes-puissantes, la Lumière dans Ghost Light et Fenric dans The Curse of Fenric, et il les a toutes deux vaincues. Ici, il va carrément résister à l'appel de la planète des hommes-léopards, qui rend les esprits sauvages et auquel même le Maître n'a pas su résister.






















Déjà entr'aperçue dans Silver Nemesis (S25E3), la toute-puissance du Docteur s'exprime logiquement face à des adversaires eux-mêmes sans limites, mais cette grosbillisation a quelque chose d'exagéré. L'idée de la production est claire : on ne sait pas tout sur le Docteur, et sous ses airs de pitre dépassé par les évènements, se cache un gros badass. Là encore, c'est tout l'enjeu de la nouvelle série.
Point de détail qui a son importance, le Docteur nous ressort le coup de la prise qui tue. A l'époque de Jon Pertwee, son karaté vénusien lui permettait, à la manière de Spock dans Star Trek, de paralyser un adversaire d'une simple pression sur l'épaule. Cette saison, et par deux fois, il fera usage d'une autre technique pour parvenir au même résultat : appuyer son index sur le front du gars d'en face. Moralité, le Docteur ne se bat qu'en cas d'extrême urgence, mais il peut vous mettre au tapis avec trois fois rien.






















Mais après tout, le Maître avait aussi des pouvoirs d'hypnose, même si la tradition s'est perdue au fil du temps. En tout cas, l'idée est bel et bien de faire du héros un Time Lord au dessus de la moyenne. Problème si Cartmel avait pu mener son plan à bien : le Docteur ne peut pas être un contemporain de Rassilon ou Omega, sauf si le Maître l'est aussi, puisqu'ils étaient à l'université ensemble. Quant à Ace en Time Lady, c'est tout simplement une impossibilité génétique.
Au chapitre des DVD's, il faut savoir que quasiment toutes les aventures de cette saison, exception faite de Ghost Light, sont des éditions spéciales qui s'en cachent. Ce n'est pas marqué sur la jaquette, mais elles contiennent à chaque fois deux disques. Et pour deux d'entre elles, le second disque présente l'aventure remontée en un seul film d'une heure et demi / deux heures. Les bonus sont globalement très nombreux.

L'épisode que je vous conseille : Survival, pour les peluches d'hommes-léopards, mais aussi pour la sentence du Docteur qui fait vraiment grandiloquente. "Si on se bat comme un animal, on meurt comme un animal." C'est un message fort, mais qui, dans le contexte, tombe un peu à l'eau.

dimanche 19 juin 2016

Un peu de sourcing pour commencer

Ca en a pas l'air comme ça, mais je compte à terme balancer des tas de tests de vieux jeux vidéo. Alors c'est vrai, forcément, le blog est pas encore bien vieux et il n'y en a pas encore des tonnes, mais j'en ai un peu plus de mille en projet ! Des jeux qui m'ont marqué durant ma jeunesse, mais aussi d'autres que j'ai toujours rêvé de posséder sans en avoir l'occasion, ou encore d'autres dont je n'avais jamais entendu parler.
Dans les deux derniers cas, j'utilise pour m'aider à faire mon marché la presse vidéoludique de l'époque, ou la presse "rétroludique" d'aujourd'hui. La seconde, je l'achète au cas par cas, généralement sur le site des éditions Pix'n Love, acteurs majeurs dans le domaine. Je commence à avoir une sacrée collection, et dans l'ensemble, il s'agit d'ouvrages de relativement bonne qualité.
Le site se trouve à cette adresse.

Quant aux vieux magazines, j'ai malheureusement dû m'en débarrasser il y a belle lurette, mais heureusement, je peux compter sur un site fabuleux, Abandonware Magazine, qui a eu en 2002 l'idée un peu folle d'héberger les versions numériques de tous les mags de la grande époque, telq que Tilt, son petit frère Consoles + ou encore le grand Player One.
Le site se trouve à cette adresse.

Grâce à tout ça, je fais de temps en temps mon petit marché, et j'arrive encore aujourd'hui à découvrir des bijoux méconnus.























jeudi 16 juin 2016

Doctor Who saison 25



diffusion initiale : du 5 octobre 1988 au 4 janvier 1989
nb d'épisodes : 14 répartis en quatre aventures
DVD :

    > Remembrance of the Daleks 1 à 4
    > coffret Ace Adventures (contient The Happiness Patrol 1 à 3)
    > coffret Cyberman Set (contient Silver Nemesis 1 à 3)
    > The Greatest Show in the Galaxy 1 à 4


Docteur : Silvester McCoy
Compagnons : Dorothy "Ace" McShane, Richard



BLACK IS BLACK. Si elle s'est maintenue à flot, la précédente saison a tout de même essuyé la critique non seulement de la presse, mais aussi et surtout des fans de la première heure, qui regrettent tant la starisation du programme (Bonnie Langford et Silvester McCoy sont des célébrités à l'époque, et de nombreux guests le sont également) que l'aspect ridicule de certaines histoires.
Alors pour cette nouvelle saison, Andrew Cartmel décide de prendre le contrepied de ce qu'il a fait jusque là, et va entraîner, avec l'aide de ses équipes, la série vers ses plus sombres recoins. En outre, comme ce bon Docteur fête aussi son quart de siècle d'existence à la télévision, son script editor met les petits plats dans les grands en annonçant le retour des Daleks et des Cybermen. Sur quatre aventures, en voilà déjà deux qui promettent !
Le seul problème, c'est que la prod' décide encore une fois de changer le jour de diffusion, et cette fois-ci, ils partent sur le mercredi. Ca n'a l'air de rien dit comme ça, mais Doctor Who se retrouve alors en frontal avec Coronation Street, un autre monument de la télé britannique. Car si Who détient le record de longévité pour une série de science-fiction, Coronation Street détient le record de longévité tout court, avec plus de huit mille épisodes à ce jour !



Autant dire que face au légendaire soap, c'est un miracle que Who parvienne encore à tenir. Mieux, ses audiences remontent. Alors certes, ouvrir la saison avec les Daleks fait du bien, mais cela ne fait pas tout. La réponse à cette légère remise en forme tient peut-être au nouveau ton donné à la série. Le Docteur se montre désormais plus roublard, presque flippant par moments, et il n'hésite pas à sacrifier des pions s'il estime que cela peut faire avancer sa cause.
C'est ainsi qu'on le voit manipuler la Némésis d'argent qui donne son titre à l'aventure où les Cybermen font leur retour. Et pas juste la manipuler pour qu'elle soit gentille et qu'elle s'en aille, non : le Docteur commet un véritable génocide, en annihilant la flotte entière des Cybermen. Pire encore, ce n'était pas la première fois qu'il faisait la blague cette saison, puisqu'en ouverture, il retourne la tête de Davros et le pousse à détruire le monde des Daleks !
Certes, il s'agit là d'éradiquer les menaces que représentent respectivement les Cybermen et les Daleks, mais force est de constater que la méthode employée n'est pas catholique. Une bonne fois pour toutes, le Docteur est un extraterrestre et son système de valeurs n'est pas le même que le notre. Une thématique qui fera son grand retour dans la nouvelle série.
A ses côtés, Ace revendique également un côté un peu plus "grim 'n' gritty" que celles qui l'ont précédée, et se réjouit sans cesse de devoir employer la force brute pour parvenir à ses fins. Est-ce l'époque qui veut ça ? En tout cas, les deux acteurs se font plaisir, tant dans leurs compositions qu'en réalisant la plupart de leurs cascades. Et la série, si elle y perd en légèreté, y gagne par contre en nervosité. D'autant qu'elle peut aussi compter sur une équipe d'artificiers déchaînée !



Remembrance of the Daleks ouvre donc la saison, et de bien belle manière, avec un pré-générique à gros budget comme la série en a rarement vu (une seule fois en fait, au début du procès que représente la saison 23). Il plane ensuite comme une aura de mystère, y compris sur l'identité de certains protagonistes, et même si tout n'est pas logique, on sent que les auteurs ont voulu rendre hommage aux précédentes apparitions des poivrières, avec notamment la guerre entre les Daleks de l'empereur et les rebelles.
Et pas qu'à eux, du reste, la preuve : l'histoire commence dans une décharge, la même décharge que l'on découvrait au tout début du premier épisode. Et elle est sensée se dérouler en 1963, soit l'année de lancement du show. D'ailleurs, il y a une scène géniale qui met en abîme la série, lors de laquelle Ace allume la télé et le présentateur annonce ce qui a tout lieu d'être Doctor Who, mais sans le nommer. Ca évite les incohérences, mais les fans n'auront pas de doute.
Mais attention : ce grand jeu de dupes en forme d'hommage n'est pas exclusivement tourné vers le passé, même s'il explique enfin la relation compliquée entre Davros et l'empereur dalek. Non, il regarde aussi vers l'avenir, puisque les arch-ennemis du Docteur vont faire une évolution spectaculaire. Ils peuvent désormais... grimper les escaliers !



Tournée au coeur de Londres, ce qui occasionna certains problèmes avec la police, du reste, cette aventure bénéficie de bonnes cascades, de bonnes explosions et même de bons effets spéciaux. The Happiness Patrol, qui la suit, n'a pas la même chance. Son histoire de dictature de la joie aurait pu être brillante, mais il aurait fallu des personnage un peu plus crédibles qu'une gestapo en mini-jupes et talons aiguilles, et un robot-Haribo qui vous tue avec des bonbons fondants... Reste que le coup du TARDIS repeint en rose, c'est assez rigolo.
Silver Nemesis promettait quant à elle autant que l'histoire des Daleks. Hélas, le pari n'est qu'à moitié tenu. Partiellement tourné dans un joli château qui ressemble à Windsor, cet opus souffre à la fois d'effets spéciaux minables, d'acteurs qui jouent très mal et d'une histoire difficile à suivre, la faute à beaucoup trop de parties impliquées. Sans compter quelques trucs bizarres comme ces flingues qui tirent comme des uzis.
Pour leur défense, il faut tout de même savoir que les acteurs n'ont quasiment pas eu de période de répétitions, ce qui explique peut-être les dialogues ratés, comme celui où le héros est appelé Doctor Who. Et puis il y a du bon tout de même. Les Cybermen ont plutôt de la gueule, on trouve un vrai groupe de jazz à la bande-son, pour les amateurs du genre, et on peut même voir d'anciennes gloires de la série, notamment le Brigadier, en touristes. Ah, et puis on trouve même parmi les guests Leslie Franch, qui a failli obtenir le rôle du premier Docteur, qui a échu finalement à William Hartnell.






















Pour conclure la saison, on trouve The Greatest Show in the Galaxy. L'histoire se déroule dans un cirque, et chose amusante, elle a été tournée sous une tente. Non pas pour correspondre aux besoins du scénario, mais parce que les locaux de la BBC étaient fermés depuis qu'on avait découvert de l'amiante à l'intérieur ! Plein de personnages over-the-top, le récit bénéficie d'une ambiance angoissante qui contraste merveilleusement. Et puis on y trouve une bonne dose de rap des années 80, façon New Kids on the Block.
Concernant les DVD, il y a globalement pas mal de choses intéressantes. A ce propos, préférez en cas d'achat l'édition spéciale de Remembrance of the Daleks, qui contient le reportage Davros Connections, retraçant l'histoire du grand vilain, non pas selon la chronologie de ses apparitions, mais selon sa propre chronologie, en y incluant ses interventions dans les nombreuses histoires audio qui existent outre-Manche.

L'épisode que je vous conseille : The Happiness Patrol. Parce que quand même, le bonhomme en fraises Tagada est génial, et la milice des secrétaires de direction aussi. Et le bluesman dépressif aussi. Et puis merde, quoi, le TARDIS repeint en rose ?!

lundi 13 juin 2016

Wartime


diffusion initiale : le 5 juin 1988
nb d'épisodes : one-shot
DVD :
    > Wartime


Docteur : y en a pas
Compagnons : Benton

C'est encore d'une histoire un peu à part que je vais vous parler aujourd'hui. En effet, il s'agit d'un spin-off de Doctor Who, un peu comme K-9 avant lui, à la différence près que celui-ci n'est pas officiel : il n'a pas été produit par la BBC mais par Reeltime Pictures, sous licence. Fondée par Keith Barnfather en 1984, cette société est surtout connue pour ses documentaires tournant autour de Doctor Who. Il faut dire que Barnfather est l'un des membres fondateurs de la Doctor Who Appreciation Society, une association de fans qui n'était certes pas la première, mais qui était la plus vaste et la mieux organisée.
Et l'histoire de Wartime est à peu près identique : ce n'est pas le premier film amateur sur Doctor Who, mais c'est, à l'époque, le seul à avoir reçu l'aval de la BBC. Pour ce faire, ses producteurs ont dû ruser, puisque la chaîne refuse catégoriquement que l'on utilise son héros. Reeltime se tourne donc vers un personnage secondaire, que l'on croisait partout dans les années 70 mais que l'on n'avait plus vu depuis un bail, le sergent Benton. Ou plus exactement le Warrant Officer Benton, un grade qui ne correspond pas à grand chose chez nous.


John Levene reprend son rôle et, s'il a vieilli et pris des rides, il n'a toujours pas appris à faire l'acteur. Il est donc tout aussi peu convaincant qu'à la grande époque de U.N.I.T., mais qu'importe, puisque tout le monde joue aussi mal que lui. Tout le monde, c'est à dire en tout et pour tout sept acteurs, dont deux enfants ! Ca souligne quand même l'amateurisme de cette production, mais c'est peut-être aussi ça qui fait son charme.
Parmi ces sept acteurs, on trouve tout de même Levene, donc, mais aussi Michael Wisher, qui interprêtait la toute première version de Davros dans Doctor Who, et qui joue ici à visage découvert. On trouve aussi Nicholas Briggs, auteur, acteur, réalisateur et compositeur de plusieurs Doctor Who modernes, et qui à l'époque n'était qu'un fan parmi d'autres. D'ailleurs, l'équipe de Reeltime contient plusieurs personnes qui seront par la suite impliquées dans la "vraie" série. A noter que le DVD embarque la version révisée de 1997 de Wartime, où l'on peut aussi entendre la voix de Nicholas Courtney, alias le Brigadier.


Tourné entièrement on location, c'est à dire en extérieur par opposition à la série régulière qui, dans sa grande majorité, est filmée en studio, ce téléfilm bénéficie du coup de jolis décors, ceux de ruines au milieu de la forêt situées pas bien loin de Bolton, dans le comté du Grand Manchester. Si bien que sur la grosse demi-heure que dure l'histoire, on a droit à dix bonnes minutes de balade dans les bois, avec pour seule compagnie le chant des oiseaux !
Le tout enregistré sur une vidéo de piètre qualité comparable à celle d'un porno allemand des années 80. Un téléfilm vraiment réalisé avec trois bouts de ficelle, donc, mais qui peut plaire justement grâce, ou à cause, de ça. Après tout, ce sont des fans qui ont réalisé "leur Doctor Who", et on peut leur passer quelques défauts de jeunesse. Reste que Reeltime Pictures existe toujours à l'heure actuelle, j'ai d'ailleurs eu l'occasion de discuter par mail avec leur actuel directeur (je voulais savoir quand sortait le DVD), qui est très sympa.
Un mot quand même sur le quoi-t-est-ce que ça cause ? Lors d'une mission, Benton se retrouve inexplicablement plongé dans son passé, où il va revivre la perte de son père, tombé au champ d'honneur lors de la seconde guerre mondiale, et celle de son frère, décédé tragiquement alors qu'ils jouaient tous deux dans les ruines, enfants. Assailli par les fantômes de son passé, le Warrant Officer est aussi, sans le savoir, sous la menace d'un ennemi bien réel...


A l'époque, Wartime est sorti directement en VHS en 1987, mais il a semble-t-il eu l'honneur d'une diffusion dans quelques cinémas Outre-Manche quelques mois plus tard. Il est ensuite ressorti, en 97 et toujours sur cassette, dans une version remastérisée. Il aura fallu attendre septembre 2015 pour que le DVD voie le jour, et c'est une semi-déception. On y trouve certes quelques documentaires qui montrent l'avant Wartime (autrement dit les tentatives amateurs qui l'ont précédé), le making-off du téléfilm et l'après (l'héritage du film, ce qu'il a apporté au monde du fandom), mais la galette est tout de même assez vide. Notamment, on ne trouve aucune piste sous-titrée. Ca reste très compréhensible à condition d'avoir un niveau minimum d'anglais, mais ça bloquera sans doute pas mal de monde.

L'épisode que je vous conseille : bon Kévin, je te le redis pour la dernière fois, quand y a qu'un épisode, je peux pas te conseiller lequel choisir

vendredi 10 juin 2016

Broadway Video : la dernière séance

L'article sur les comics VO d'aujourd'hui sera nettement plus court que les précédents, et pour cause, puisqu'il vous parle d'un éditeur qui n'a pas duré longtemps. Un éditeur qui, une fois n'est pas coutûme, n'a aucun lien avec Image Comics mais avec... une boîte de production pour la télévision !


L'INSTANT VO (What else ?)
Fondée en 1979, Broadway Video produit de nombreux shows télévisés dont le fameux Saturday Night Live, créé en 1975 par Lorne Michaels. Elle tire son nom de l'adresse de ses bureaux, sur Broadway. Le Saturday Night Live va donner naissance à plusieurs "spin-off" au fil des ans, parmi lesquels les Late Night with..., différentes personnes s'étant succédé à sa présentation. Dans les années 90, Broadway Video se diversifie et commence à produire des films, sous le label Braodway Video Film.
La société continuera à multiplier ses marques durant cette décade, avec une société de sous-traitance pour la post-production de films et séries (Broadway Video Post-Production), une autre spécialisée dans l'acquisition de licences et le partenariat avec d'autres groupes (Broadway Video Ventures) et une autre dédiée à la distribution (Broadway Video Enterprises). C'est cette dernière qui va donner naissance, en 1995, à Broadway Comics, une ligne de comic-books dont les rênes sont confiées à Jim Shooter.

Shooter, c'est pas vraiment un débutant. Scénariste et occasionnellement artiste chez DC Comics durant les années 60, il part pour la maison d'en face après avoir arrêté ses études, à l'orée de la décennie suivante. Chez Marvel, il sera parfois crédité en tant qu'auteur, mais c'est surtout son rôle d'éditeur qui deviendra prépondérant. A la fin des années 70, il devient même éditeur en chef à la suite d'Archie Goodwin, et c'est sous son règne que les Uncanny X-Men de Chris Claremont ou les Avengers de Roger Stern connaîtront le succès.
Mais son interventionnisme le brouille avec bon nombre de créateurs, qui partent alors pour la Distinguée Concurrence. Shooter est viré en 1987, mais il rebondit assez vite et, à la fin des années 80, il monte la société Voyager Communications, qui édite des comics sous le label Valiant Comics. Il sera une fois de plus renvoyé par la direction trois ans plus tard, suite à quoi il crée Defiant Comics, un éditeur qui ne tiendra pas longtemps. Nous en reparlerons. Finalement, en 1995, l'association est faite avec Broadway.

Les deux premiers titres lancés par Broadway Comics sont des anthologies, lancées en novembre et décembre 1995. Dans la première, Powers that Be, le super-héros extraterrestre Cor partage l'affiche avec la bad girl justement nommée Fatale, mais l'association ne dure qu'un numéro ! Fatale est bifurquée sur l'autre magazine, et la série de Cor, Star Seed, prend l'intégralité du sommaire, au point que la revue sera rebaptisée à son nom après six numéros.


La deuxième anthologie s'appelle Shadow State, et elle fait donc apparaître pour la deuxième fois Fatale, aux côtés de la curieuse série 'Till Death Do Us Part. Encore une fois, Fatale ne restera pas longtemps (deux numéros cette fois-ci). L'autre moitié du magazine devient donc l'histoire centrale, et elle est amusante en ce sens qu'elle se divise en deux parties. 'Till Death Do Us Part, donc, qui conte les péripéties d'un petit bandit amateur de comics qui se retrouve transformé en super-héros...
... et Image Isn't Everything, qui se trouve être la BD que lit l'anti-héros, et qui moque ouvertement le style bêbête et le dessin disproportionné de certaines productions d'Image Comics, en particulier de ce que produit Rob Liefeld. D'ailleurs, le titre dit tout le mal que pense Jim Shooter de ces nouvelles stars au succès injustifié, selon lui. Et Fatale dans tout ça ? Et bien au final, elle a droit à sa propre mini-série en six épisodes, qui débute en janvier de l'année suivante.


Entre temps, Broadway Video Enterprises, la maison-mère, a commandé à Shooter un comics spécial destiné à ses meilleurs clients, pour les fêtes de fin d'année. Produit à peu d'exemplaires et ayant coûté fort cher à produire, Miracle on Bradway est logiquement le comics le plus rare de l'éditeur, même si Shooter a eu la riche idée de le proposer à la lecture sur son blog. L'histoire, un peu con-con, mêle dans un conte de Noël moderne l'intégralité des personnages de Broadway, déjà apparus dans les anthologies ou à venir !
En mai 1996, l'éditeur réalise un autre épisode spécial, Babes of Broadway, qui regroupe des illustrations des personnages féminins de la firme dans des poses plus ou moins lascives. Enfin, en juillet de cette même année débute la série Knights on Broadway, dont le pitch est assez original. Mais l'aventure est de courte durée et, avant que Shooter n'ait pu rapatrier les licences de Defiant , Broadway Comics est vendu à Golden Books, qui fait faillite peu après.


Voilà qui signe la fin de cette courte histoire, simple goutte d'eau d'à peine un an dans la longue carrière de Jim Shooter. En France, autant vous dire que l'éditeur est passé complètement sous le radar de tout le monde. Déjà que Valiant a à peine été survolé, alors imaginez ce que SEMIC pensait d'une telle étoile filante...
J'ai trouvé tout ce que Broadway Comics a produit. Vous me direz, c'était pas bien compliqué.
Le bilan :
A feuilleter à l'occasion
Fatale : Inherit the Earth (janvier 1996, 6 épisodes)
scénario : Janet JACKSON, Joe JAMES, Jim SHOOTER et Pauline WEISS
dessin : J.G. JONES
Traquée sans relâche par la Confrérie et sa branche dissidente d'Utah, Fatale a le pouvoir d'absorber les facultés et les connaissances de quiconque entre en contact avec elle. Cette capacité est d'autant plus efficace lorsqu'elle embrasse la personne. En plein milieu des années 90, il était évident que Jim Shooter succomberait, comme bon nombre de ses concurrents, à la mode de la Bad Girl. Celle qu'il présente dans cette mini-série bénéficie d'un scénario relativement accrocheur, et du dessin encore un peu hésitant mais déjà remarquable de J.G. Jones.

Knights on Braodway : I Remember the Future (juillet 1996, 3 épisodes)
scénario : Janet JACKSON, Joe JAMES, Jim SHOOTER et Pauline WEISS
dessin : Geof ISHERWOOD
Tamara Bryn Neil est née avec une intelligence hors norme et la faculté de voir le futur. Un avenir apocalyptique, qui la pousse dès son plus jeune âge à inventer l'ultime source d'énergie et les moyens de l'appliquer pour sauver le monde. Terrifiée, sa mère refuse de croire en ses divagations. Le quartet d'auteurs de Broadway Comics s'attache ici à mettre en place une histoire de science-fiction difficilement crédible mais finalement assez originale, et dessinée de manière très correcte par Geof Isherwood. Hélas, elle s'arrête brusquement suite à la cessation d'activité de l'éditeur.

Powers that Be / Star Seed (novembre 1995, 9 épisodes)
scénario : collectif
dessin : Geof ISHERWOOD, J.G. JONES, John ROSS et Andrew WENDEL
En tant que fils d'extraterrestre, Cor bénéficie des incroyables pouvoirs de son père. Mais s'il ne prend pas régulièrement un médicament spécifique, il peut mourir d'un simple rhume. Or, ses réserves s'épuisent, alors qu'un ennemi surpuissant se fait jour. Première série de Broadway Comics, Powers that Be devait être une anthologie. Et effectivement, le premier numéro présente deux séries, mais c'est rapidement Star Seed qui prend l'avantage et devient le titre majeur, au point que le comics sera rebaptisé dès le septième numéro. La série, sans révolutionner le genre, est assez agréable.