samedi 16 décembre 2017

Sorties comics de novembre

Ouf ! Ca a été bien compliqué de sortir cette chronique, et avec une semaine de retard qui plus est ! Heureusement, le mois de novembre était moins chargé que les précédents. C'est majoritairement Urban Comics qui fait le buzz cette fois-ci, mais c'est bien de chez Bliss que vient la bonne surprise, avec l'adaptation revue et complétée de l'anthologie Love Is Love. Signalons également quelques curiosités, comme les comics fantastico-pornographiques d'Avatar Press qui trouvent un écho en France via les éditions spécialisées Tabou, ou la traduction du crossover entre Darkman et Evil Dead chez l'Atelier d'Images. Un bonus du coffret DVD du film de Sam Raimi, qui a vu le jour grâce à une campagne de crowfunding !

LE COMICS (indé) DU MOIS (de novembre)
LOVE IS LOVE (éditions Bliss)

scénario et dessin : trop de monde pour pouvoir tous les citer
genre : all you need is love
édité chez IDW PUBLISHING aux USA (contient Love Is Love OS*)

Le 12 juin 2016, les Etats-Unis sont frappés en plein coeur par l'un des meurtres de masse les plus violents de son histoire : un homme armé pénètre dans l'enceinte du club d'Orlando le Pulse et tire dans la foule, blessant cinquante-huit personnes et en tuant quarante-neuf. Si l'opinion publique est sous le choc, les pouvoirs politiques continuent de soutenir le deuxième amendement de la constitution américaine.
Initiée par Mark Andreyko, l'anthologie éditée par IDW Publishing avec le soutien de DC Comics est un projet caritatif dont l'intégralité des bénéfices a été reversée aux familles des victimes et à des organisations de lutte pour les droits de la communauté LGBT+. Des dizaines d'artistes de comic-books y ont participé, ainsi que des personnalités issues de différents milieux, comme des acteurs de séries télévisées. Tous condamnent l'horreur de cette attaque et délivrent un message de tolérance universel, la plupart du temps avec beucoup de pudeur.
En France, c'est Bliss Comics qui se charge de traduire l'ouvrage, et les fonds seront reversés majoritairement à l'association SOS Homophobie. Qui plus est, plusieurs artistes hexagonaux ont apporté leur pierre à l'édifice, et la VF contient donc quelques histoires inédites. Rien que pour la démarche, Love Is Love devait être le comics de ce mois de novembre. Mais au delà du bien que l'argent de sa vente peut faire, il faut aussi souligner la qualité globale des récits.
 



 


DANS LE RESTE DE L'ACTUALITE
SEVEN to ETERNITY (tome 1, éditions Urban)

scénario : Rick REMENDER (Low, Tokyo Ghost)
dessin : Jerome OPENA (Uncanny X-Force, Fear Agent)
genre : le Judas de l'espace
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Seven to Eternity 1 à 4)

Adam Osidis a vu son père mourir sous ses yeux parce qu'il avait refusé de se soumettre à Garils Sulm, le Roi des Murmures. Pour sauver le reste de sa famille, le paria est sur le point de vendre son âme au tyran, contrairement à ce qu'il a toujours promis à son géniteur. Mais au même moment, la rebellion lance une attaque sur le trône... Rick Remender imagine un nouveau héros torturé par son passé. L'auteur a des marottes, et cela commence à devenir lassant. Mais son récit, curieusement structuré, donne malgré tout envie d'en savoir davantage, d'autant que Jerome Opena délivre des planches spectaculaires.

(3,5/5)

DESCENDER (tome 4, éditions Urban)

scénario : Jeff LEMIRE (Essex County, Royal City)
dessin : Dustin NGUYEN (Wildcats 3.0, Batman)
genre : la révolte des machines
édité chez STUDIO 171, Inc., un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Descender 17 à 21)

Telsa et le professeur Quon s'échappent du quartier général de la résistance robotique grâce aux nouveaux pouvoirs que s'est découvert Tim-21 en affrontant son jumeau maléfique. Mais le petit androïde n'est pas celui qu'il prétend être, et cela pourrait coûter cher à l'UGC, à moins que l'intervention inopinée d'Andy ne change la donne. Après une arche narrative exclusivement tournée vers le passé, Jeff Lemire repart vers l'avant, mais il ne semble pas vraiment savoir où il va et préfère multiplier les pistes. En outre, les peintures de Dustin Nguyen se montrent moins soignées, l'artiste ayant probablement du mal à soutenir le rythme.

(3/5)

STREET FIGHTER (tome 1, éditions Urban)

scénario : Andre GREENIDGE et Ken SIU-CHONG (Darkminds, Echo)
dessin : Kaare ANDREWS (Renato Jones), Andrew HOU, Hyung-Tae KIM (Planet Blood), Kevin LAU (Xin), Shane LAW, Alvin LEE (Agent X), Joe MADUREIRA (Battle Chasers), Rob ROSS (Battle of the Planets / Thundercats), Noi SACKDA (Exalted), Alan TAM (Vampi : Vicious Rampage), Arnold TSANG (Darkstalkers), Long VO (Vent), Adam WARREN (Dirty Pair)
genre : baston en carton
édité chez UDON ENTERTAINMENT CORPORATION aux USA (contient Street Fighter 0 à 6)

Plaque tournante du crime organisé, l'île-état de Shadaloo attire l'attention de beaucoup de monde, à commencer par les champions d'arts martiaux, qui se donnent rendez-vous pour le grand tournoi organisé par Mike Bison. Mais le dictateur intéresse également Interpol, qui a perdu l'un de ses agents sur place. Les transfuges d'Udon Entertainment Corporation sont parvenus à obtenir la licence du célèbre jeu vidéo de Capcom, et Ken Siu-Chong en respecte l'univers à la lettre. Par contre, la partie graphique est très irrégulière et certains artistes manquent de profondeur dans leur dessin. Sur cet aspect, ce sont les back-up qui sont les plus intéressantes.

(2,5/5)

STREET FIGHTER ORIGINES : AKUMA (éditions Urban)

scénario : Chris SARRACINI (Transformers, Fate of the Blade)
dessin : Joe NG (SoulCalibur IV, Red Sonja Goes East)
genre : les origines du Mal
édité chez UDON ENTERTAINMENT CORPORATION aux USA (contient Street Fighter Origins : Akuma OS*)

Après l'assassinat de leur père, Akuma et son grand frère Gouken ont suivi des chemins différents. Si l'aîné a choisi l'isolement, afin de tenter de protéger sa mère malade, son cadet a préféré s'entraîner dur et voir le monde afin, un jour, de pouvoir se venger. Personnage récurrent mais fort méconnu de la franchise vidéoludique de Capcom, Akuma a l'honneur d'un récit complet dédié à ses origines, sous les auspices d'un Chris Sarracini qui souhaite éviter tout manichéisme, sans y parvenir vraiment. Au dessin, Joe NG ne se montre pas particulièrement fin, lui non plus, mais il n'a pas de véritable défaut.

(3/5)

NAILBITER (tome 4, éditions Glénat)

scénario : Joshua WILLIAMSON (Ghosted, Birthright)
dessin : Mike HENDERSON (Smuggling Spirits, Banshee Origins)
genre : la nuit des longs couteaux
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Nailbiter 16 à 20)

Edward Warren s'est enfui au nez et à la barbe du FBI. Il s'est discrètement rendu à Atlanta, où vit une petite communauté de réfugiés de Buckaroo qui tente de vivre dans l'anonymat, loin de la fièvre médiatique. Mais justement, un tueur en série les massacre un à un, jusqu'à ce que la police locale abatte le principal suspect. On ne sait pas comment finira le récit de Joshua Williamson, mais le fait est que l'auteur fait en permanence évoluer sa série. Cependant, il sera sans doute compliqué de justifier les coups de théâtre qui s'y égrenent. Mike Henderson est pour sa part toujours aussi efficace et régulier.

(3,5/5)

CINEMA PURGATORIO (tome 2, éditions Panini)

scénario : Max BROOKS (the Zombie Survival Guide), Garth ENNIS (the Boys), Christos GAGE (Absolution), Kieron GILLEN (Uber), Alan MOORE (Watchmen)
dessin : Gabriel ANDRADE (Ferals), Raulo CACERES (the Extinction Parade), Ignacio CALERO (Stormwatch), Michael di PASCALE (Hero Worship), Nahuel LOPEZ (Belladonna), Kevin O'NEILL (the League of Extraordinary Gentlemen)
genre : c'était la deuxième séance
édité chez AVATAR PRESS aux USA (contient Cinema Purgatorio 5 à 8)

Si les films qui passent au Cinema Purgatorio sont toujours aussi étranges et dérangeants, la spectactrice qui en narre les plus spectaculaires passages s'y est tout de même attachée, au point de tomber amoureuse du directeur de l'établissement. Mais les employés eux-mêmes instillent un certain malaise... En toute franchise, les saynettes imaginées par Alan Moore auraient suffi. Non pas que les autres histoires de cette anthologie soient désagréables, bien au contraire, mais elles n'ont aucun rapport avec la thématique du récit principal, et tous les artistes ne se valent pas.

(3,5/5)

RED SONJA : le TRONE du FAUCON (éditions Graph Zeppelin)

scénario : Marguerite BENNETT (Animosity, Angela)
dessin : Diego GALINDO (the Dresden Files : Dog Men) et Ana MURILLO (Damsels)
genre : il est roux le bonheur ?
édité chez DYNAMITE ENTERTAINMENT aux USA (contient Red Sonja : the Falcon Throne 1 à 6)

A la mort du roi d'Hyrkanie, Sonja la Rousse refuse de prendre la couronne et laisse le royaume en péril, Khitai à sa porte ouest et Turan à l'est. Pourtant, un an plus tard, la fière guerrière, de retour chez elle, constate que sa contrée est désormais prospère et que l'ordre y règne. Pas totalement exempt de créatures fantastiques, le récit de Margerite Bennett privilégie malgré tout les mauvais penchants de l'humanité lorsqu'il s'agit de définir un nouvel adversaire à la célebre héroïne. Hélas, les lieux communs de cette histoire, et le style d'Aneke, pas suffisamment travaillé, rendent la lecture peu enjouée.

(3/5)

HELLINA (tome 1, éditions Tabou) 

scénario : William CHRISTENSEN (Twilight), Doug MIERS (Grips), Jai NITZ (Dream Thief) et Mark SEIFERT (Shimmer)
dessin : Gabriel ANDRADE (Crossed +100), Francisco di AMORIM (God Is Dead), Rafa LOPEZ (Fevre Dreams) et Ricardo SILVA (the Dark One : Age of Darkness)
genre : oh oui maîtresse, fouette-moi !
édité chez BOUNDLESS COMICS, un label d'AVATAR PRESS, aux USA (contient Hellina volume* 2 1 à 3)

En tant qu'adjudicatrice de l'enfer, Hellina protège désormais l'humanité de ceux qui voudraient l'asservir, selon le décret passé par Lucifer lors de sa victoire sur les Cieux. Mais il reste encore des anges extrémistes pour bafouer l'accord, à moins qu'il ne s'agisse d'un complot venu d'en bas. Jai Nitz ressuscite la franchise Hellina, oubliée du catalogue d'Avatar Press depuis son crossover avec Pandora, quinze ans plus tôt. Son récit est plutôt bien construit, même s'il s'appuie sur des bases bien mystérieuses. Au dessin, Gabriel Andrade est séduisant, mais son remplaçant est plus approximatif.

(3/5)

FONDU au NOIR (éditions Delcourt) 

scénario : Ed BRUBAKER (Incognito, Kill or Be Killed)
dessin : Sean PHILLIPS (Criminal, Fatale)
genre : black screen of death
édité chez BASEMENT GANG, Inc., un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient The Fade Out 1 à 12)

Scénariste pour le cinéma, Charlie Parish se réveille dans la chambre de Valeria Sommers, la star de son prochain film, assassinée. Pour éviter d'être accusé, il nettoie la scène de crime et garde le silence sur ce qui a tout lieu d'être un complot. Mais le lendemain, c'est du suicide de l'actrice que tout le monde parle. Malgré son univers et ses personnages de film noir, le récit d'Ed Brubaker recèle bien plus de surprises qu'il n'y parait de prime abord, l'auteur jouant également la carte du complot fédéral dans une Amérique des années cinquante paralysée par l'anticommunisme. En tout cas, le dessin de Sean Phillips impose une atmosphère idéale.

(4/5)

DARKMAN CONTRE l'ARMEE des TENEBRES (éditions L'Atelier d'Images) 

scénario : Kurt BUSIEK (Astro City) et Roger STERN (Captain America)
dessin : James FRY III (Star Trek, Sonic the Hedgehog)
genre : évidé contre Evil Dead
édité chez DYNAMITE ENTERTAINMENT aux USA (contient Darkman Vs. Army of Darkness 1 à 4)

Même si le docteur Peyton Westlake a été remplacé dans son coeur, Darkman continue de veiller sur Julia Hastings, même lorsqu'elle entre en possession du Necronomicon et devient la Reine des Ténèbres. Pour contrer le sort, le justicier va devoir invoquer Ashley Williams. La rencontre entre les deux créations cultes de Sam Raimi vaut le coup d'oeil. Le scénario de la mini-série a été confié à deux auteurs légendaires, Roger Stern et Kurt Busiek, et le dessin au tout aussi réputé James Fry. Le résultat est très classique mais tout à fait convenable.

(3,5/5)

RAVENING (tome 1, éditions Tabou)

scénario : William A. CHRISTENSEN (Pandora), Barry GREGORY (Dreamwalker), Jai NITZ (Green Hornet) et Mark SEIFERT (Avengelyne)
dessin : Albert HOLASO (Razor), Jack JADSON (Warriors of Mars), Rick LYON (Wrath of the Furies) et David MOWRY (Angels of Destruction)
genre : ne suce que si l'on s'en sert
édité chez BOUNDLESS COMICS, un label d'AVATAR PRESS, aux USA (contient The Ravening volume *2 1 à 4)

A la mort de leurs pères respectifs, Izzy Morcego et Corrie Volmaan deviennent les dernières représentantes de leurs maisons, et les autres clans de vampires les voient comme vulnérables. Mais le danger n'est pas qu'intérieur : les satyres de Nandi Lopez sont également sur le pied de guerre. Même si elle réédite, en couleurs, la quasi-totalité de la précédente saga en guise de back-up, la série de Jai Nitz n'en reprend ni les personnages, ni l'intrigue. A la place, l'auteur y développe un univers partagé avec les autres licences dont il s'occupe. Le récit est fort primaire, mais le dessin de Jack Jadson, qui fait la part belle au sexe et au sang, fonctionne bien.

(2,5/5)

STRANGERS in PARADISE (intégrale 2, éditions Delcourt)

scénario et dessin : Terry MOORE (Rachel Rising, Motor Girl)
genre : une femme avec une femme
édité chez ABSTRACT STUDIOS aux USA (contient Strangers in Paradise Omnibus*)

Aidée par David, Katchoo se débarrasse enfin de l'ombre menaçante des Parker Girls, et plus particulièrement de son ancienne maîtresse Darcy Parker. Elle découvre également que Tambi et Bambi, les deux colossales jumelles, sont ses soeurs. La deuxième partie de l'imposante intégrale américaine met les deux héroïnes aux prises avec une organisation criminelle de grande ampleur. Terry Moore change de registre, donc, mais il n'en oublie pas pour autant de faire évoluer les histoires de coeur de ses différents protagonistes, et le mélange des genres est parfait. En outre, ses planches sont toutes plus belles les unes que les autres.

(4/5)

* OMNIBUS : recueil qui regroupe l'intégralité d'une série
* OS : one-shot, récit auto-contenu
* VOLUME : numéro d'identifiant d'une série

PAS LU, PAS PRIS (et pas près de le prendre)
ASSASSIN's CREED : UPRISING, édité chez Titan Comics aux USA et chez Les Deux Royaumes en France
DARK SOULS tome 2, édité chez Titan Comics aux USA et chez Hachette en France
FAITH tome 3, édité chez Valiant aux USA et chez Bliss en France
FLETCHER HANKS : OEUVRES COMPLETES (Turn Loose our Death Rays and Kill Them All), édité chez Fantagraphics aux USA et chez L'An 2 en France
HOTEL TRANSYLVANIE (Hotel Transylvania), édité chez Papercutz aux USA et chez Jungle en France
NINJAK tome 4, édité chez Valiant aux USA et chez Bliss en France
PORCELAINE tome 3 (Porcelain), édité chez Read Publishing aux USA et chez Delcourt en France
PRAY for ANGELS, édité chez Think Alike aux USA et chez Réflexions en France
les SIMPSON : SUPER COLOSSAL volume 2 (Simpson Comics), édité chez Bongo aux USA et chez Jungle en France
SPINNING, édité chez First Second aux USA et chez Gallimard en France

samedi 9 décembre 2017

Epic fail

La semaine dernière, le petit frère de la Machine Idéelle a crashé. C'est le PC dont je me sers pour écrire mes chroniques, et de fait, je n'avais plus rien : tout ce que j'ai pu faire sur la Machine Idéelle, toutes les notes que j'avais prises et transférées sur ce PC, ont été perdues.
Le disque est à priori irrécupérable. Fort heureusement, j'avais fait des sauvegardes deux semaines auparavant. Je n'avais donc "que" deux semaines de notes à rattraper. C'est ce que je suis en train de faire.

Néanmoins, cela implique que mon billet sur les sorties de novembre est repoussé à la semaine prochaine, voire à la suivante selon l'état d'avancement.
Et après ça, le blog se met de nouveau en veille pour la trêve des confiseurs.

En outre, 2018 sera plus léger encore en articles. Déjà cette année, je suis passé d'un article tous les trois jours à un par semaine. Mais même à ce rythme, j'ai eu toutes les peines du monde à tenir jusqu'en décembre. L'écriture des posts en soi ne dure pas longtemps, mais les recherches, visionnages ou parties (de jeux vidéo) en amont sont assez chronophages. Et le fait est que j'ai de moins en moins de temps à leur consacrer.
Donc à compter de janvier, je ne m'impose plus de dates de publication précises. Ça sortira quand ça sortira. Je pense qu'il y aura au minimum un article sur les sorties comics tous les mois, mais pour le reste, on verra.

Allez, je m'y remets.

samedi 2 décembre 2017

Star Trek III : the Search for Spock

Star Trek III : the Search for Spock
année de parution : 1984
trouvable à l'heure actuelle en : coffret DVD et blu-ray de la "trilogie Star Trek" (soit les épisodes 2, 3 et 4)
featuring : William Shatner (Kirk), Leonard Nimoy (Spock), DeForest Kelley (McCoy), James Doohan (Scottie), Nichelle Nichols (Uhura), George Takei (Sulu), Walter Koenig (Pavel Chekov), Robin Curtis (J.G. Saavik) et Christopher Lloyd (commandant Kruge) entre autres
date stellaire : 8210.3

A la suite du combat contre Khan, la zone entourant la planète Genesis est déclarée interdite par Starfleet. L'amiral Kirk et toute sa troupe vont pourtant braver tous les interdits et risquer leur carrière, d'abord en volant l'Entreprise censé être démantelé au profit d'un nouveau modèle plus performant, puis en se rendant sur Genesis. Leur but : retrouver Spock, qui est certes mort dans l'épisode précédent mais qui va mieux, merci pour lui.
Star Trek II a été un succès, contrairement à son prédécesseur. Et la Paramount n'a pas hésité bien longtemps avant de lui donner une suite. Pourtant Nicholas Meyer, le réalisateur du deuxième opus cinématographique, refuse de reprendre sa casquette. Ce sera donc... Leonard Nimoy (l'illustre interprète de Spock pour ceux qui ont du mal à suivre) qui prendra le rôle. Chose qui convient parfaitement, puisque le film est centré sur son personnage.
L'intrigue est de fait assez limpide, pour ne pas dire maigrelette. Ce troisième volet souffre des mêmes tares que le premier, à savoir une intrigue qui s'étire et, par voie de conséquence, des longueurs assez insoutenables. Malgré tout, les thèmes qu'il développe, et notamment celui sur l'amitié, il les développe plutôt bien.
Ce sont surtout les héros qui deviennent de moins en moins crédibles. On se demande ce qu'a pris DeForest Kelley (64 ans à l'époque) pour tenir encore debout, et ses rides commencent à sérieusement se creuser. Le reste du crew a lui aussi pris un coup de vieux depuis les années 60, et leurs pérégrinations spatiales manquent d'entrain.
Signalons malgré tout une photographie assez chouette pour l'époque, et des modèles de vaisseaux et effets spéciaux fort convaincants. Rien de très surprenant en cela, puisque c'est ILM qui en est l'auteur. Qui donc ? Industrial Light & Magic, autrement dit la boîte d'effets spéciaux de George Lucas himself ! La boucle est bouclée, puisque c'est Star Trek qui a défriché la voie pour Star Wars, et Star Wars qui a permis que Star Trek devienne une franchise cinématographique.

samedi 25 novembre 2017

Skyblazer sur Super NES

Skyblazer

Karuraou au Japon

machine : Super NES

année : 1994
développeur : Ukiyotei
éditeur : Sony ImageSoft
joueurs : un
genre : action / plate-forme



Il y a bien longtemps, le démon Raglan affronta le Pantheon Mystique, et il était sur le point de l'emporter lorsqu'il fut banni par le sorcier Skylord. Balayé comme un gros étron par une moto-crotte, le vilain jura qu'il se vengerait, mais les années passèrent et se transformèrent en siècles, sans qu'aucune menace ne vint troubler la quiétude du Pantheon. Raglan n'était plus qu'une chiure de mouche de bas de page à la fin de la définition de "loser", jusqu'au jour où il fut libéré de sa prison mystique. Encore faible, il conjura Ashura, seigneur de la guerre, pour conquérir le monde en son nom histoire de pas trop se casser les couilles, des fois qu'il resterait un magot pour lui faire subir le même sort que par le passé. Courageux mais pas téméraire, le Raglan...

Mais ça fait belle lurette que Skylord est mort, et ses descendants ont quasiment tous disparu, à l'exception d'un certain Sky, un petit bonhomme en tunique jaune et aux capacités physiques exceptionnelles. Il latte ses adversaires à coups de poings et de pieds, y compris dans les airs, il saute comme un cabri et peut s'accrocher à peu près à toutes les parois. Et il se sert de ces aptitudes remarquables pour éliminer les sbires d'Ashura qui ont envahi la forteresse où était planquée Ariana. Mais la jeune et jolie sorcière est malgré tout capturée par Ashura en personne, qui laisse Sky pour mort. Heureusement, notre héros est recueilli par l'Ancien, qui le soigne et lui file au passage un mot de passe servant à reprendre sa progression là où il l'a laissée.

LET THE SKY FALL
Sky se retrouve alors sur la carte du monde, où vous pouvez naviguer à loisir entre deux destinations. Il est possible de refaire à loisir un niveau déjà terminé, même si dans la pratique, l'intérêt en est tout relatif. Il n'y a pas d'objets à collectionner comme dans un Mario par exemple, mais il y a tout de même des items à attraper, et même un sacré paquet. On trouve tout d'abord des diamants, en petit ou en grand format. Au bout de cent diamants récoltés, vous gagnez une vie supplémentaire. Sinon, vous pouvez aussi directement mettre la main sur de plus rares one-up.
Pour restaurer votre santé, indiquée par la jauge verte située en haut à gauche de l'écran, vous trouverez des fioles vertes, qui là encore existent aussi en grands modèles. Enfin, la jauge rouge de droite représente votre magie. Vous en consommez lorsque vous réalisez une attaque spéciale, et vous pouvez la remplir de nouveau au moyen d'espèces de burettes, encore une fois petites ou grandes. A chaque ennemi abattu, vous ferez apparaître une ou plusieurs de ces options, en dehors des vies supplémentaires, que l'on trouve en fouillant les niveaux, généralement peu accessibles.

Après le niveau d'introduction sous une pluie battante et une musique digne des Mille et Une Nuits, vous devrez traverser les Bois de Faltine, accompagnés par une bande-son plus occidentale mais non moins rythmée. Le niveau est amusant, les feuilles des arbres servant en quelque sorte de plates-formes momentanées vous permettant de grimper toujours plus haut, jusqu'à survoler la canopée. Ensuite arrive le premier véritable donjon, le Temple Infernus. Il y fait chaud et l'atmosphère sonore se fait plus dense. Vous y traverserez des puits de lave jusqu'à atteindre le premier boss, Ifrit. Ce mauvais génie est transparent et ne peut être touché, seule sa lampe étant vulnérable à vos attaques. En le battant, vous gagnez un nouveau pouvoir, le Comet Flash.

SKY IN THE SKY WITH DIAMONDS
Vous ne vous en servirez pas tout de suite, parce que le prochain niveau se déroule dans les cieux, selon un scrolling imposé façon shoot'em up. Sauf que les contrôles sont moins aisés que dans un shmup, puisqu'il ne suffit pas d'incliner la croix directionnelle vers le haut pour remonter : il faut marteler le bouton de saut. Or, comme il faut aussi utiliser le bouton d'attaque pour éliminer les nombreux monstres qui croisent votre route, la maniabilité durant cette phase de jeu - heureusement assez courte - devient vite hasardeuse.





Vous finissez par arriver à la tour de la Tarolisque, un niveau qui, comme son nom l'indique, fait la part belle à la verticalité. Il faudra sauter de plates-formes en plates-formes, certaines étant piégées ou ne restant qu'une fraction de secondes sous vos pieds, et ça, ce n'est que pour les phases en extérieur. Celles en intérieur vous demanderont de faire usage de votre nouveau pouvoir, et d'éviter de vous faire écraser par les murs qui font des va-et-vient. Au sommet, un nouveau boss vous attend. La Tarolisque n'est pas bien dangereuse si vous faites bon usage du Comet Flash, mais elle grossit - merci le mode 7 ! - à chaque coup encaissé. En la battant, vous gagnez le pouvoir de vous soigner.

Après un niveau bonus en simili-3D durant lequel vous pouvez vous gaver de diamants et donc de vies supplémentaires, vous vous retrouvez sur un nouveau continent, où vous enquillez directement sur le niveau suivant, le château du Pétrolithe. Vous devrez vous méfier du sol glissant et des murs qui cherchent à vous écraser, puis affronter un redoutable boss qui tente lui aussi de vous réduire en crèpe. Mais si vous parvenez à vous en débarrasser, vous obtiendrez l'un des meilleurs pouvoirs du jeu : l'Aura Fire, qui part dans toutes les directions à la fois.
Ensuite, vous allez traverser des rondins au dessus de l'eau des chutes du tourment envahies de piranhas, jusqu'à atteindre l'antre de Kharion. Ce palais est envahi d'eau, et vous devrez donc vous y déplacer majoritairement en nageant en suivant des courants aquatiques dont vous pourrez modifier le sens en activant les nombreux leviers qui jonchent votre parcours. Vous finirez par atteindre la salle du boss, Kharyon se présentant sous la forme de quatre mollusques à abattre de préférence simultanément. Votre victoire vous rapporte un nouveau pouvoir, qui vous permet de figer le temps.


YOU'RE A SKY FULL OF STARS
Il ne vous servira guère à traverser la rivière de sable de Shinol qui obstrue ensuite votre parcours, mais il est bien pratique pour franchir le passage des tornades éternelles, où des canons vous bombardent tandis que des scies circulaires tournoient autour des blocs sur lesquels vous devez monter. Finalement, vous atteignez la forteresse aérienne de Kh'Lar, où vous devrez cette fois-ci chevaucher les courants d'air. Vous atteindrez péniblement l'antre du boss. Kh'lar se divise en trois, un seul de ces clones étant vulnérable à vos attaques. En le battant, vous gagnez le surpuissant Lighting Strike.

Notez que sur la carte du monde, vous pouvez incliner la croix analogique vers le haut lorsque vous êtes au dessus du passage des tornades éternelles. Vous aurez droit à un nouveau stage bonus, de nuit celui-là, puis vous pourrez obtenir l'accès à un niveau caché : le bateau vers nulle part. Vous êtes sur une barque et vous devez résister à la série de vagues qui s'abat sur vous. A la clé, un cran de plus à votre jauge de vie. C'est peu, mais ça pourra faire la différence. En attendant, vous revenez gentiment dans la région et vous poursuivez votre route.
La route en question vous conduit à travers la Forteresse Shirol, un autre stage en mode pseudo-shmup, mais à travers des couloirs truffés de piques. En suivant, les cavernes de Shirol vous demande de traverser un véritable lac de lave à l'aide de plates-formes qui se déplacent le long de cordes. Vous finirez, après bien des déboires, par atteindre un nouveau boss. Shirol - parce que je pars du principe que les noms dans les niveaux sont ceux des boss - est un mélange étonnant entre un éléphant, une tortue et une chauve-souris. Il n'est vulnérable que lorsque sa trompe / tête de tortue est de sortie, et en le battant, vous gagnez un pouvoir qui vous rend deux fois plus puissant.
Arrive enfin la chance de gagner votre ultime pouvoir : le phénix de feu, qui vous permet de voler tant que vous martelez la touche de saut. Mais pour en arriver là, il va vous falloir entamer l'ascension excessivement délicate de la Grande Tour. C'est presqu'une revue d'ensemble de toutes les saloperies que vous avez croisées jusqu'alors, et à son sommet, vous devrez affronter le grand dragon. Le dernier pouvoir en poche, vous franchirez le dernier niveau bonus, sous un ciel crépusculaire. Vous voilà enfin aux portes de l'enfer...
La citadelle de Raglan est difficile d'accès, puisque c'est une ascension imposée par un scrolling vertical qui vous permet d'y entrer. Ensuite, vous devrez y affronter la majorité des boss déjà vaincus, avant de défier Ashura. Celui-là même qui avait kidnappé Ariana, et vous la délivrez du reste lorsque vous battez le boss. Mais votre quête n'est pas finie : il vous reste à triompher de Raglan en personne. Curieusement, ce n'est pas la partie la plus difficile du jeu, si vous avez le bon timing. Votre victoire signe la fin du jeu, Sky se barrant dans les cieux sous sa forme de phénix pendant que la sorcière se désole de n'avoir pas pu lui faire une turlutte pour le remercier. Triste conclusion...

EN RESUME :
SCENARIO : pas excessivement développé, mais l'univers du jeu est plutôt bien pensé. Reste que mon côté fleur bleue est très déçu qu'il n'y ait pas de petit bisou à la fin.
GRAPHISMES : Ukiyotei a parfaitement respecté le cahier des charges. Le jeu est joliment détaillé, très coloré et il fait la part belle aux effets de distortion dont la console s'est faite une spécialité.
ANIMATION : alliée de ces beaux graphismes, l'animation est parfaitement fluide, y compris lorsque beaucoup d'éléments sont affichés simultanément à l'écran. Ca rame un peu lors du déclenchement des sorts, par contre.
SON : pas désagréables avec leurs sonorités orientales, les pistes musicales sont hélas assez peu nombreuses, et donc rapidement redondantes. Les effets sont également un peu lourds.
JOUABILITE : le personnage principal répond bien et il est plutôt agile. C'est dommage que ses coups ne portent pas plus loin, mais comme on trouve très facilement des recharges de magie, on abuse des coups spéciaux pour compenser.
DIFFICULTE : certaines phases de plate-forme sont assez périlleuses, d'autant plus lorsqu'on s'approche du dernier tiers de l'aventure. Mais il n'y a rien d'insurmontable.
DUREE DE VIE : la quête de Sky vous entraîne à travers une tripotée de niveaux, chacun d'une longueur tout à fait respectable. Néanmoins, l'intégralité de l'aventure tient sur trois ou quarte heures en ligne droite.
VERDICT : privilégiant l'action, Skyblazer est l'une de ces petites pépites de la Super NES dont on regrette qu'elles n'aient jamais accouché d'une série plus importante.
POURQUOI CETTE VERSION : le jeu n'existe que sur cette console. 'nuff said.

samedi 18 novembre 2017

Menteurs, menteurs : un abrégé de l'histoire de Liar Comics

C'est le dernier Instant VO de l'année, et j'avais prévu pour l'occasion un article conséquent sur un gros éditeur. Faute de temps pour lire tout son catalogue, je me rabats sur une bien plus petite structure, et de fait, cette ultime review de 2017 ne sera, une fois de plus, pas bien longue. Espérons que le planning de 2018 sera plus léger en sorties récentes, mais en attendant, discutons un peu de Liar Comics.


L'INSTANT VO (What else ?)
A l'origine, Sharon et Matthew Scott, conjoints à la ville, travaillent ensemble pour le micro-studio Immortelle, qui est la structure d'édition de la série Cynder, de David Hernandez. On reparlera peut-être un jour du studio dans un article regroupant les tout-petits des années 90, mais en attendant, ce qu'il y a à en retenir, c'est que le premier travail du couple Scott est un épisode annuel de Cynder, sur lequel Sharon est coloriste et Matthew, scénariste.

C'est aussi et surtout le seul fascicule de la saga à paraître non pas sous la bannière d'Immortelle Studios, mais de Liar Comics. Cette nouvelle structure, commanditée par les Scott, porte un nom basé sur la définition plus ou moins tronquée de ce qu'est une histoire : relation entre évènements, non-vérité, fiction... un mensonge. C'est ce que l'on peut lire au sommet de la couverture de Ward : a Bullet Series, toute première parution de la maison d'édition. Composée de trois opus, la mini-série est actuellement très difficile à dénicher, si bien que je n'ai pas beaucoup d'informations à son sujet.

Toujours est-il qu'elle est suivie par le fameux épisode annuel de Cynder dont je parlais juste au dessus, puis de Makebelieve, un one-shot signé par deux parfaits inconnus : Dean Poisso au scénario et Paul Barbabosa au dessin. A priori, ce sera leur seul fait d'armes, et on ne peut pas dire qu'il soit particulièrement marquant. Si l'on devait déjà résumer le cycle de vie de Liar Comics, on constaterait que le studio est déjà plus ou moins voué à l'échec, sans grand nom à son casting ni grande qualité dans ses premiers travaux.
Heureusement, en 1997, le couple Scott imagine la saga qui va permettre la survie de son éditeur : More than Mortal. C'est surtout Sharon qui est à l'oeuvre, son scénario dépeignant une jeune femme du Moyen-Age, Derdre, qui se découvre être la réincarnation de Brigid, la mythique protectrice de l'Irlande. Certes, le synopsis ne vole pas haut, mais l'héroïne est plutôt attachante et le cadre, original et enchanteur. Toutes proportions gardées, le mysticisme qui se dégage de la mini-série en quatre numéros renvoie quelque peu aux ballades écossaises de Charles Vess.Toutes proportions gardées, parce que la partie graphique est confiée à Steve Firchow. Passé par Top Cow Productions, le Néo-Guinéen sait poser une ambiance, mais ses personnages sont des espèces d'armoires inexpressives qui gâtent un peu la sauce. Pourtant, c'est encore lui qui s'occupe du dessin de la deuxième mini-série, Truth & Legends, qui fait la part belle à l'apprentissage de Derdre auprès d'une sororité guerrière que l'on croirait tout droit expatriée de Themyscira. Finalement, la troisième mini-série, More than Mortal Sagas, est peinte par un Romano Molenaar dont c'est le tout premier travail en dehors des Pays-Bas. Le trait n'est pas encore sûr, mais l'histoire, qui se consacre cette fois-ci à Brigid, est plutôt prenante, quoique de facture très classique.
Néanmoins, la situation financière de Liar Comics devient vite chancelante, la bulle spéculative entourant le milieu des comic-books ayant depuis peu éclaté, et l'auto-édition n'est plus guère envisageable. Qu'à cela ne tienne : les Scott entament un partenariat avec Image Comics en début d'année 1999, et ce mariage de raison est présenté à l'occasion d'un crossover entre deux franchises fortement inspirées par les récits médiévaux, More than Mortal et Lady Pendragon. Cela ne fait que quelques temps que la série de Matt Hawkins est entrée dans le giron d'Image, et l'alliance coule presque de source.
En effet, Brigid est la représentante toute trouvée de l'Irlande catholique, et Guenièvre, la veuve du roi Arthur, peut logiquement représenter l'anglicanisme. C'est donc sous le couvert d'une guerre de religion qui perdura des siècles que se tient la rencontre, et à partir de là, les nouvelles aventures de Brigid et Derdre vont également faire écho au passé ou au folklore du vert pays. C'est ainsi que la suite de la toute première mini-série aborde la noire période de la famine, ici représentée par une entité surnaturelle et maléfique. L'arche narrative ne connaitra jamais de fin, le studio ayant arrêté les frais à l'orée de l'an 2000, mais l'idée était là.
Entretemps, une autre mini-série, Otherworlds, s'intéresse aux rites païens de l'époque celtique, et notamment à la fameuse nuit de Samhain qui a donné naissance, des siècles plus tard, à la fête d'Halloween. Scénarisée par Brian Holguin, cette histoire en quatre parties s'appuie également sur tout un tas d'autres mythes, mais le fait est qu'elle peut compter sur une atmosphère absolument délicieuse, que l'on doit à... Steve Firchow ! Le retour ! Et même s'il n'a pas perdu tous ses défauts, reconnaissons que l'artiste y démontre de réels progrès.
D'ailleurs, on le trouve aussi au dessin d'un projet totalement annexe : The Keeper, un récit basé sur les mythes de Papouasie, qui ne dépassera hélas pas le stade de l'épisode preview. Mais pour en revenir à More than Mortal, la saga de Sharon Scott hérite en dernier lieu d'un spin-off qui s'intéresse à la jeunesse du père Morand, personnage secondaire de la série principale. The Witchfinder nous conte ainsi l'époque où il était inquisiteur, nouvelle occasion de survoler le passé trouble de la religion. C'est une thématique qui revient souvent chez Liar Comics.
Ce sera la dernière parution de l'éditeur, mais pas la dernière apparition de More than Mortal, puisqu'on retrouvera, brièvement, la série sous la bannière d'Avatar Press. En France, seul SEMIC s'est penché sur l'oeuvre des Scott, en publiant la première mini-série et le double crossover. Dernièrement, Réflexions semble vouloir reprendre la publication. A noter que je n'ai pas lu, car pas trouvé, quelques comics du studio : 
- les trois épisodes de Ward : a Bullet Series
- Makebelieve, qui semble tout aussi rare

Le bilan : 
A lire de toute urgence
Lady Pendragon / More than Mortal et inversement (mai 1999, 2 épisodes)
Paru en VF chez SEMIC dans le magazine Lady Pendragon n°3
scénario : Matt HAWKINS, Matthew SCOTT et Sharon SCOTT
dessin : Dan NORTON
MacCallister, terroriste à la tête d'un groupuscule de l'IRA, est parvenu à voyager jusqu'au Moyen-Age au moyen d'une rune magique. Il compte profiter de sa supériorité technologique pour provoquer le duel entre Guenièvre, la Lady Pendragon gardienne du protestantisme, et Brigid, la protectrice de l'Irlande catholique. Il était évident que les deux franchises se rencontreraient, tant elles ont de points communs. Sharon Scott a le mérite de placer ce crossover sous le signe de la guerre de religions qui a embrasé les îles anglo-saxonnes durant des siècles, et le dessin cartoony de Dan Norton allège le récit.

A feuilleter à l'occasion
The Keeper Preview (juillet 1999)
scénario : Steve FIRCHOW et Sharon SCOTT
dessin : Steve FIRCHOW
Alec MacPhail a recueilli un jeune orphelin du nom de Duncan qui est depuis devenu un homme à la fois athlétique et brillant. De retour sur l'île de Bougainville qui l'a vu grandir, le colosse est capable d'invoquer le Gardien, un géant constitué d'énergie qui intéresse au plus haut point un mercenaire au visage balafré. Le dernier-né des projets communs de Sharon Scott et Steve Firchow est diamétralement opposé, en terme d'ambiance, aux précédents. Le concept ne dépassera pas le stade du preview, et c'est regrettable tant le style de l'artiste semble s'être bonifié avec le temps.

More than Mortal : Otherworlds (juillet 1999, 4 épisodes)
scénario : Brian HOLGUIN
dessin : Steve FIRCHOW
Se réfugiant d'un orage dans une abbaye en ruines, la nuit de Samhain, Derdre et le père Morand poursuivent la légendaire Dame en Blanc apparue devant eux et se retrouvent en plein coeur des Autres Mondes, piégés à tout jamais, à moins que leur salut ne vienne du mystérieux Thomas Rhymer. C'est Brian Holguin, grand amateur d'ambiances mystiques, qui prend en charge l'ultime itération de la licence de Sharon Scott chez Image Comics. La quête initiatique de son héroïne est des plus agréables à suivre, et une fois n'est pas coutûme, le dessin de Steve Firchow lui convient parfaitement.

More than Mortal Sagas (1998, 3 épisodes)
scénario : Matthew SCOTT et Sharon SCOTT
dessin : Romano MOLENAAR
Lorsqu'Erin était sous la menace des envahisseurs, le druide Wynne a créé Brigid afin qu'elle devienne la championne de son peuple. Mais aujourd'hui, ses aspirations vont plus loin que la seule volonté de protéger les siens, et son mentor va commettre l'irréparable pour lui prouver la futilité de son état d'esprit. A moins que ce soit autre chose qu'une leçon ? Le couple Scott remonte le temps à mesure qu'il égrène les mini-séries, et celle-ci peut faire plus ou moins figure de récit des origines. Elle bénéficie en tout cas d'une ambiance toute particulière, grandement dûe aux peintures d'un Romano Molenaar hélas pas encore très régulier.

The Witchfinder (septembre 1999, 3 épisodes)
scénario : Robert LUGIBIHL, Matthew SCOTT et Sharon SCOTT
dessin : Romano MOLENAARPour traquer les sorcières qui ont infiltré le village de Cladash, le père Morand demande l'aide de l'inquisiteur Hopkins. Mais bien vite, il se rend compte que le jugement du maître est pour le moins lapidaire, et il finit par se dresser contre son mentor. Sharon et Matthew Scott délivrent une préquelle à la série More than Mortal, à travers ce récit traîtant, une fois n'est pas coutume, des dérives de l'Inquisition. Peu originale, la mini-série est par contre joliment dessinée par Romano Molenaar, de plus en plus sûr de son trait.

samedi 11 novembre 2017

Docteur amateur, troisième partie

Outre les épisodes officiels et les productions non-licenciées utilisant majoritairement des personnages secondaires, Doctor Who a aussi connu la ferveur de fans très motivés, prêts à rendre hommage à leur série avec peu de moyens mais pas mal de débrouillardise. Ceci est le troisième des quatre articles que je compte consacrer au sujet, et on a un bon paquet de choses à voir cette fois-ci.

Les années 2000 : profusion et professionnalisation

Pour commencer, signalons le retour en force d'un groupe déjà installé depuis deux décennies : la Federation. Dès l'an 2000, ils reviennent avec dans leur carton Traumaturge, puis Reclamation en 2005. A priori, les deux sont introuvables à l'heure actuelle. Mais souvenez-vous : à compter des années 90, la troupe comique s'était lancée dans la série des Six Minutes, des histoires courtes à vocation humoristique.
La Federation va encore en produire cinq durant les années 2000, avec plus ou moins de réussite. Si The Six Minute Guide to Fanwank est un gros bordel imbitable et ultra mal joué mais un peu rigolo, The Six Minute Holiday est pour sa part assez bien fait. Concentré sur le sixième Docteur et Peri, il joue sur les paradoxes temporels et fait aussi participer le cinquième doc. Qui plus est, les acteurs sont relativement ressemblants, en dehors de Peri qui a violemment pris des centimètres. Dans un registre bien fendard et avec grosso modo les mêmes acteurs, The Six Minute Larry Pinger's Show parodie l'émission de Jerry Springer : une émission de témoignages où Peri et Mel se disputent les faveurs du sixième Docteur !
Toujours sur le ton de l'humour, The Six Minute Croc Hunter of Doom voit le sixième Docteur s'allier au Croc Hunter, sorte de Crocodile Dundee un peu nul qui finit du reste bouffé par une plante carnivore. Notons que pour l'occasion, le thème de la série est remixé avec des intonations des Mille-et-Une Nuits, et c'est sans doute ce qu'il y a de meilleur à en retenir. Et pour finir, The Six Minute Grave Wisdom est un peu particulier. D'abord parce qu'il est beaucoup plus sérieux, voire un peu angoissant puisqu'il se déroule sur une île envahie de zombies. Mais surtout, parce que c'est le prélude à... un crossover !
La page de la Federation consacrée aux Six Minutes

En effet, à compter de 2002, il n'est pas rare que deux - ou plus - groupes amateurs co-produisent une aventure mélangeant leurs différentes visions du Docteur. C'est le cas donc de Shadowcast, qui réunit les efforts de la Federation et de Chronicles of Who, un groupe tout neuf dont je reparle un peu en dessous. Bien tourné, réalisé avec soin et de toute évidence avec un gros budget, il met en scène Sixth et Peri version Federation, qui tentent de sauver un vaisseau en perdition du côté de Pluton. Le tout dure à peu près une heure et a plutôt de la gueule.
L'année suivante, The Pub with No Doors rassemble carrément une demi-douzaine d'équipes amateurs ! Tournée dans un pub en marge d'une convention de fans, cette courte histoire, d'un peu moins de huit minutes, met en scène les Docteurs de chaque groupe, fin bourrés, qui se disputent pour savoir qui est la version officielle. L'ensemble est assez rigolo, mais il faut bien tendre l'oreille : tourné en conditions réelles dans un bar bruyant, le film souffre d'un très mauvais son.
Plus sérieux, Pudsai a été réalisé en 2008, à l'occasion du Children in Need. Je vous ai déjà parlé de cet évènement caritatif, mais c'est ici l'occasion de noter que les équipes de la BBC ne sont pas les seules à s'engager sur ce téléthon. Sur un peu plus de dix minutes, on voit le Maître piéger un à un les Docteurs des différentes prods, un peu comme ce qui avait été fait en 1993, de manière très officielle, dans Dimensions in Time. Hélas, les effets merdiques et le trop grand nombre d'acteurs impliqué rendent l'aventure peu agréable.
Shadowcast    The Pub with No Doors   Pudsai

Outre Shadowcast, Chronicles of Who développe aussi ses propres aventures à compter de l'an 2000. Pour autant, il ne font pas montre d'une grande imagination, puisqu'ils reprennent - avec leur bénédiction - le format des Six Minutes de la Federation. La différence, c'est que le Docteur n'est en rien impliqué. The Six Minute Master : the Sinister Smell of Success, une aventure muette, montre le Maître hors cadre en dehors de sa main, faire des blagues potaches à tout le monde.
The Six Minute Bill Filler : Agent of U.N.I.T. se déroule quant à lui sur deux épisodes, et met donc en scène l'agent Bill Filler, tout droit tiré de The Claws of Axos (S8E3). Beauf comme pas deux, le gars poursuit un Axon qui se fait passer pour son meilleur pote, le tout dans une ambiance des seventies américaines magnifiée par une bande-son funky à souhait. Amusante, cette histoire bénéficie en outre de quelques effets spéciaux corrects, et le costume d'Axon est relativement bien fait.
Les films sont trouvables sur la page de la Federation

En 2000, on retrouve également Julian Smith, alias Julian Vicari, le gamin qui avait réalisé Reassembly of the Daleks la décennie précédente. Il signe cette fois-ci, toujours avec son frère, Death to the Cybermen puis Retribution of the Daleks deux ans plus tard. Dans les deux cas, seuls les trailers sont disponibles sur la Toile, mais le fait est que ça suffit largement : les deux frangins jouent mal, c'est réalisé avec trois bouts de ficèle et quelques jouets, le Docteur en kimono et son allié, Slade, en jean-baskets, sont peu crédibles. Pour info, le deuxième est supposé être la suite spirituelle de Remembrance of the Daleks (S25E1).
Death to the Cybermen  Retribution of the Daleks
Homegrown Productions est aussi de retour durant cette décennie. On avait à peine eu l'occasion de les évoquer la dernière fois, mais leurs quatre aventures de ce début de millénaire sont disponibles. La première est Access Denied, qui court sur deux épisodes pour un total d'à peu près trois quarts d'heure. Le neuvième Docteur, alias Vasilios Alagiannis, habillé un peu comme McCoy mais en plus enveloppé (et en plus con parce qu'il est à la fois prétentieux et pas très bon acteur), traque des pirates informatiques avec l'aide de son assistante, l'agent fédéral Amanda Myers. Il se trouve que les bandits sont à la solde de la Rani, qui veut déclencher une guerre informatique. L'ensemble est pas ouf.
L'année suivante, Hidden Secrets nous apprend qu'Amanda vient en fait du futur, et c'est justement dans cet avenir qu'elle et le Docteur se rendent, accompagnés cette fois-ci par un certain Pedro. Le héros y finit possédé par le Maître. L'aventure s'étale sur trois épisodes, ce qui fait un peu moins d'une heure en tout. Si le TARDIS est mieux réalisé et, globalement, les effets spéciaux légèrement meilleurs, l'ensemble est toujours aussi mal joué et le rythme est particulièrement lent.
Après plusieurs années d'absence, Homegrown revient en 2008 avec Lost & Found, épisode unique d'une vingtaine de minutes qui représente la première partie d'une trilogie. Le Doc y est cette fois accompagné d'une certaine Sandra, plutôt mignonne en aparté, et il affrontent un "displacer". Un peu comme les Anges Pleureurs, cette créature peut déplacer les gens dans le temps, ce qui donne lieu à un bel imbroglio temporel. Pour autant, l'histoire est plutôt pas mal. Mieux rythmée, mieux jouée (avec un Docteur plus humain, en outre), dotée de meilleurs effets spéciaux et d'une musique d'accompagnement plus légère qu'auparavant, elle annonce un certain renouveau.
Hélas, l'enthousiasme retombe dès la deuxième partie, Zophren, qui ne dure que treize minutes trente. C'est largement suffisant, tant les effets spéciaux sont désastreux. C'est que l'équipe a visé un peu trop haut : le Docteur, accompagné d'une énième alliée baptisée Chloe, se rend cette fois-ci sur la planète Janus et y est poursuivi par les Zophrens, des vers géants capables de contrôler l'esprit d'autrui. Un tel scénario nécessite forcément un gros budget, que le groupe n'avait pas, d'où l'énorme déception à l'arrivée. Le dernier épisode de cette trilogie n'arrivera qu'en 2011, donc on en reparlera dans le dernier article.
Access Denied   Hidden Secrets  Lost & Found   Zophren
 
Encore en 2000, et encore en provenance de la décennie précédente, The Projection Room revient avec trois nouvelles histoires. Masterplan court sur quatre épisodes, pour un total de près de deux heures ! C'est le même acteur, Chris Hoyle, qui incarne le huitième Docteur, mais là où ça devient compliqué, c'est lorsqu'il meurt : il se régénère en Gordon England, alors qu'on avait vu précédemment que ce dernier était supposé être la dixième incarnation du héros. Et il est où le numéro neuf, alors ? En outre, le Doc est accompagné de Flynn Wright, une nana qu'on n'avait pas encore rencontré jusque-là, et de Devlin Y'Eri.
Ce dernier était un queer qui accompagnait Ninth précédemment, là c'est un prisonnier en cavale (qui se réfugie dans une "Police Box", uhuh ^^) qui n'a jamais rencontré le Docteur. Compliqué ? Pourtant, cet épisode est censé être la suite d'A Stitch in Time, et on y revoit tant les précédents compagnons que les principaux ennemis du Doc, à savoir le Maître, les Daleks, les Cybermen et Davros, tous plus ou moins unis pour péter la gueule de leur adversaire et conquérir l'univers. Le premier veut retrouver son TARDIS, les deuxièmes cherchent un leader depuis que le dernier a disparu, les troisièmes veulent profiter de ce vide pour s'allier aux deuxièmes, mais le dernier revient pour tout foutre en l'air.
Si c'est pas clair, c'est hélas normal. En dépit de quelques bonnes idées et de Daleks et Cybermen absolument parfaits, le mauvais jeu d'acteur du Maître, les effets, spéciaux et même pyrotechniques, assez médiocres et les trucs bizarres, comme le Docteur qui roule en Escort ou le rip-off de Pretty Woman quand Devlin change de fringues, concourent à une bien mauvaise aventure.
Heureusement, Gene Genius, en 2004, rattrape le coup et fait même pencher la balance de l'autre côté. Sur trois épisodes d'une durée totale de près d'une heure, on retrouve le charme des années soixante, la période Pertwee avec un certain John Field qui se fait passer pour Third, la moumoute en cadeau. Et ça ne s'arrête pas là : il roule dans la jumelle de Bessie, et on retrouve aussi le Brigadier, interprété par... Gordon England ! Tenth, oui. Chose amusante, Chris Hoyle est aussi au générique, dans un second rôle assez important.
Le Docteur mène l'enquête sur une équipe de scientifiques qui a semble-t-il été infiltrée par le Maître, et effectivement, sa Némésis est non seulement là, mais elle est en outre à l'origine d'une nouvelle série de Cybermen, qui vont affronter UNIT durant quasiment toute la dernière partie. Cette baston n'est pas ce qui se fait de meilleur, mais le vrai coup de génie de cette aventure, c'est d'avoir en featuring... Sylvester McCoy et Sophie Aldred, alias Seventh et Ace ! Les vrais !! Et s'ils ne sont au départ que narrateurs, ils sont aussi le deus ex machina qui va résoudre toute l'affaire ! Absolument génial.
Et puis il y a The Schrödinger Effect, un seul épisode d'une demi-heure dans lequel Chris Hoyle est de nouveau le Docteur et où il retrouve Charlotte. Attaqué à travers le temps, il subit aussi les assauts temporel dans une autre dimension, où il est interprété par  David Hobson. Donc Hobson n'était pas Ninth mais une version parallèle de Eighth ? Ceci expliquerait cela. En tout cas, même si les effets spéciaux ne sont pas encore tout à fait à la hauteur, cette histoire rivalise d'ingéniosité avec les épisodes officiels, et la petite participation de Colin Baker est un plus non négligeable.
Masterplan   Gene Genius   The Schrödinger Effect

Last but not least dans la série des revenants de l'an 2000, BTR Productions est le plus prolifique de tous les groupes puisqu'il signe à lui seul treize épisodes, en à peine six ans ! Lui aussi a repris le concept des Six Minutes à son compte : The Six Minute Survivor, c'est comme un épisode de Koh Lanta, mais avec des Daleks, des Cybermen et Davros ! Comment le Docteur survivra-t-il à tout ça ? Peut-être grâce à son TARDIS en forme de... 4x4 ! The Six Minute U.N.I.T. Files : the Curse of the Vampire est plus sérieux, mais aussi plus chiant. L'agent de UNIT Andrew Walton y affronte un vampire dans un délire gothico-mystique qui passe mal.
The Six Minute Doctor's Birthday est un épisode muet durant lequel le Docteur est poursuivi par un Dalek le jour de son anniversaire. Un petit côté Benny Hill très sympa. Et The Six Minute Guy Cubed voit Zautrino s'entraîner face à un badass à l'image de Guy. De fait, il s'inscrit dans la continuité développée par BTR, et dont il faut que je vous parle un peu plus en détails. Car outre ces Six Minutes, le groupe a développé une tripotée d'histoires.
Ces histoires sont regroupées en quatre saisons de six épisodes, sauf la troisième qui en comporte huit. Le truc, c'est que tous n'ont pas été encore réalisés, et on ne sait même pas à l'heure actuelle s'ils vont l'être un jour. Il existe donc une chronologie, mais elle est pour l'instant partielle. En outre, quasiment toutes ces histoires sont des fictions audio, à l'exception de Rapture : the Heavens, cinquième épisode de la première série (S1E5 si vous préférez). Comme je ne m'intéresse qu'aux oeuvres audiovisuelles, je ne parlerai donc pas du reste.
En tout cas, notre S1E5 s'étale sur trois épisodes d'un peu moins d'un quart d'heure chacun. Il met en scène le Docteur, interprété par Matthew Kopelke et accompagné par Jennifer Langard, campée par une actrice assez peu brillante. Les deux sont à la recherche d'un virus détenu par des malfrats, et en dépit de quelques notes d'humour, cette aventure est une vraie purge, qui se conclut par une scène de baston anti-climax au possible.
Heureusement, outre les épisodes principaux, BTR a aussi tourné des scènes annexes, regroupées sous l'appellation Short Trips & Side Steps. Et si, là encore, des fictions audios existent, on trouve pas mal de vidéos. Du bon et du moins bon. Deep Undercurrents présente le Docteur, mal en point, et une espèce de clodo, qui cherchent tous deux à dé-zombifier Guy, le compagnon tout juste recruté par le héros. Imbitable et chiant. Time to Go Home voit un Doc en costume trois pièces aider un extraterrestre à regagner son vaisseau. Très sympa malgré l'absence totale d'effets spéciaux.
Dans The Welcoming, Guy accueille le nouveau compagnon, Zautrino, qui va se faire tester par le TARDIS. Efficace, et le nouveau perso est sympa. Weary Death est un épisode en noir et blanc durant lequel le Docteur refuse de connaitre par avance son futur. Plutôt pas mal, et original. Dans A Quiet Beach Somewhere, le Doc et Guy sont piégés dans une boucle temporelle. Le résultat est assez flou et un peu larmoyant. Le Christmas Comedy Special, quant à lui, porte bien mal son nom mais ce drame est tout de même vachement bien foutu.
Kindred Spirit est complètement déconnecté du reste, puisqu'il se concentre sur l'agent de UNIT Rainor Vance, apparu dans la chronologie de BTR, qui découvre que sa soeur trahit ses secrets. Et dans Ekka Winds, le mystérieux Informateur tente de donner des conseils à Guy et à sa copine, Isobel. Dans les deux cas, on est devant quelque chose qui ne peut être vu sans avoir suivi l'histoire principale. Alors je sais, mon article commence un peu à ressembler à un inventaire, mais on n'en est encore qu'à l'an 2000 ! Il reste neuf ans à traiter.
Toutes les productions de BTR sont regroupées là
  
Mais attendez un peu : en 2000, le groupe OTW Productions fait lui aussi son trou. Pour sa seule et unique incursion dans l'univers de Doctor Who, l'équipe s'essaie elle aussi aux Six Minutes, avec The Six Minute Time Slacker. Et quand on voit le résultat, on comprend qu'ils n'aient pas eu envie de continuer. Leur Docteur branleur qui zone dans son appartement pourri avec un mec de UNIT venu lui demander de l'aide ne donne vraiment pas envie de s'intéresser à lui. Mal jouée et souffrant d'effets spéciaux moisis, cette bouffonnerie ne vaut que pour sa scène de fin, durant laquelle le Doc est tué par le Dalek qui trainait dans son frigo - et qu'il n'avait pas nourri - pour se régénérer en Jar Jar Binks. Là encore, la vidéo se trouve sur le site de la Federation.
L'année suivante (enfin !), c'est un groupe que l'on n'avait plus vu depuis les années 80 qui fait son grand retour : la Beeblebrox Company. Ou plutôt son petit retour, puisque tout ce que l'on peut en voir, c'est un Six Minute et le trailer d'un épisode plus disponible. The Prisoner and the Time Lord est, logiquement, un crossover entre le Prisonnier et Doctor Who. Le numéro 54 (ce n'est pas le six ?) a besoin de l'aide du Doc pour s'échapper, mais c'est tout ce que j'en sais. Quant à The Six Minute Mini-Con 1984, c'est un mélange de reportage et de scènes jouées, filmé sans son durant une convention presque vingt ans plus tôt ! Dans cette histoire, le quatrième Docteur est attaqué par un Dalek et un Cyberman lors de l'évènement. Tout cela est très dispensable. Et c'est toujours sur le site de la Federation qu'on le trouve.
The Prisoner and the Time Lord

En 2001 toujours, d'autres équipes font leur come-back. C'est le cas de Half-a-Dozen Lemmings, dont deux des trois aventures sont une nouvelle fois introuvables. When Doctors Collide, la seule à être encore présente sur le Net, dure à peine trois minutes et se présente comme une bouffonnerie mettant en scène deux Docteurs qui s'allient bon gré mal gré pour sauver le monde. C'est aussi le cas de Timebase Productions, ses deux histoires ayant elles aussi disparu du web. Et c'est encore le cas de Trickshot Film Productions, son Cyberman Signing étant tout aussi invisible. Par contre, les trois autres groupes de cette année-là, tous nouveaux dans le milieu, ont encore quelque chose à dire de nos jours.
Pour commencer, Cheapo Productions signe à priori six histoires durant cette décennie. A priori, parce que les deux dernières sont introuvables, et on ne trouve même pas d'informations concernant ne serait-ce que leur date de sortie. Les histoires de Cheapo ne se suivent pas, et ne mettent pas en scène une incarnation originale du Docteur, mais préfèrent s'inscrire tant bien que mal dans la chronologie officielle, même si les acteurs principaux ne ressemblent que très vaguement à ceux dont ils reprennent le rôle.
De Trident, il ne reste plus que le premier épisode, qui met en scène le cinquième Doc et Ace, qui voyagent dans le temps afin d'empêcher les Cybermen de conquérir le futur. Si les badass sont assez bien faits, les effets spéciaux et le jeu d'acteurs très moyens ne sont guère convaincants. En outre, la vidéo que l'on trouve est de très mauvaise qualité, et comme la suite n'est plus disponible, on se passera volontiers de ces piètres débuts. D'autant que la suite est bien meilleure.
The Holy Terror s'intéresse à numéro deux, accompagné par Ben, Polly et Jamie. Le quatuor se retrouve piégé sur la planète d'un Père Noël fou furieux contrôlé secrètement par les Ice Warriors. En dépit d'un aspect cheap, plutôt bien assumé, cette histoire est fidèle à l'ambiance de la série durant la période Troughton. Présentée en noir et blanc, l'aventure dure quatre épisodes, d'un total d'un peu plus d'une demi-heure.
Dans The Ghost Pirates, le deuxième Docteur est de retour, mais seul Jamie l'accompagne cette fois-ci. Lui aussi en noir et blanc, lui aussi composé de quatre parties et durant un peu moins d'une heure, cet épisode voit le duo partir à la recherche d'un mystérieux navire fantôme, où il va retrouver l'insupportable Meddling Monk en bien mauvaise posture. Là encore, on sent le manque de moyens, mais le cadre est agréable et l'action est au rendez-vous.
Samhain, enfin, présente peut-être bien une incarnation originale du héros, même s'il ressemble à Ninth qui aurait pris un peu du bide. Le format plus ramassé, de deux épisodes d'une demi-heure chacun, ainsi que le générique reprenant celui de la nouvelle série, peuvent le laisser supposer en tout cas. Et même si la troupe ne s'est guère améliorée en terme de jeu d'acteurs, le cadre (une église de la campagne anglaise) et l'ambiance de cette histoire de fantômes, la rendent plutôt agréable à regarder. Hélas, les effets spéciaux désastreux et le manque de cohérence de la deuxième partie lui nuisent grandement.
When Doctors Collide   Trident   The Holy Terror   The Ghost Pirates   Samhain

VortX Studios se lance également en 2001, et signe son propre Six Minute. The Six Minute Timely Intervention est un objet filmique assez lunaire, durant lequel le Docteur, débonnaire mais sûr de lui, sauve la vie d'une jeune femme menacée par une créature cybernétisée. Cette histoire est elle aussi disponible sur la page de la Federation. L'année suivante, The Plague of Lychwood est la première véritable aventure de VortX, depuis Assassin que le groupe avait co-produit en 1999 avec les Thames Valley Time Lords.
L'acteur principal de la saga de VortX s'appelle F. Harrold, et dans ce premier opus, il a un petit air de Jean Moulin avec son chapeau noir et son écharpe rouge. Avec le capitaine de UNIT Victory Holoway, il enquête sur l'apparition de Cybermats qui transmettent un virus mortel aux passants d'une petite forêt. Il finira par découvrir que le Maître est derrière la réapparition des Cybermen. Un peu bordélique mais pas mal fichue, cette première tentative est convaincante.
Deux ans plus tard, Flight of the Daleks entraîne le Doc (qui a plus une gueule de prof d'histoire ici) et Victory, accompagnés pour l'occasion par une certaine Sophie, au coeur d'une guerre entre les Daleks et les Cybermen, qui se sont crashés sur Terre. Terriblement mal fait, mélange de 3D rudimentaire et de scènes mal jouées, c'est la seule fausse note du groupe. Il faudra encore quatre ans avant de découvrir Ghosts, où le Docteur (qui a maintenant une barbe digne d'un rabbin) parcourt la banlieue londonienne en compagnie de la jolie Sadie, en quête de fantômes. Lesdits fantômes sont assez flippants, d'ailleurs !
The Plague of Lychwood   Flight of the Daleks   Ghosts

Toujours en 2001, Westlake Films propose Future Investment, une aventure de trois quarts d'heure répartis sur quatre épisodes. C'est un imposant Docteur roux et son jeune compagnon Jon qui tentent d'empêcher la crise économique qui a dégénéré en guerre nucléaire à l'aube du XXIe siècle. Même si l'équipe n'est pas professionnelle, on sent un certain soin apporté à l'ensemble. La première partie, située à l'époque victorienne, a été tournée dans un cadre ad hoc, celui du bled reconstitué dont je vous avais déjà parlé il y a quelques temps et dont j'ai oublié le nom. Les costumes sont pas mal, les figurants nombreux, les effets pas si dégueulasses que ça compte tenu du budget, et les gars ont même pensé à redoubler les plans larges.
On sent les gars investis, quoi. Dans The Nemesis of Doom, c'est l'humour qui a le beau rôle, le Maître et son assistant Dymwitt traquant le Docteur et, parce qu'il s'est relooké (en mode Chris Eccleston), ils ne le reconnaissent pas ! Auton Diaries 2 joue lui aussi dans le registre de la comédie, et je vous en ai déjà touché un mot puisqu'on le trouve en bonus du DVD d'Auton 3, chez BBV ! C'était même ce qu'il y avait de meilleur à retenir de cette galette, mais j'ignorais que c'était un groupe amateur qui l'avait produit.
Deconstruction, pour sa part, est un petit chef d'oeuvre. Deux épisodes en noir et blanc - sauf les séquences de souvenirs, ce qui est plutôt malin - pour un total d'un peu plus de vingt minutes, pour un drame quasiment muet durant lequel un mineur sur un astéroïde exploité par une quelconque corporation terrienne tente d'empêcher une invasion de Cybermen. Le cadre, et surtout l'excellent jeu d'acteur en font un "must see".
The Terror of Rassilon n'est plus trouvable à l'heure actuelle, mais Time Distortion, si. Cette courte aventure (un quart d'heure pour deux épisodes) voit le Docteur et son acolyte William traquer un Time Lord renégat qui fout le boxon au Moyen-Age. Si la réalisation est assez sommaire, il est amusant de constater que le Doc de cet épisode était le Maître dans The Nemesis of Doom, tandis que William était le héros rouquin de Future Investment ! Enfin, The Pertwee Diploma est une nouvelle farce, d'à peine cinq minutes, qui imagine une école qui permet d'apprendre le style si particulier du troisième Docteur, de la catch-phrase qui tue à l'aïkido vénusien, en passant par l'hypnose.
Future Investment  The Nemesis of Doom  Auton Diaries 2
Deconstruction  Time Distortion  The Pertwee Diploma

Oui, OK, nous n'avons traversé que deux deux ans pour l'instant. Mais rassurez-vous, c'était les plus chargés, et en 2002, déjà, il n'y a rien de nouveau sous le soleil. L'année suivante, c'est DAM Productions qui se lance dans le grand bain. En dehors de sa participation à Pudsai, le groupe signe deux histoires. Chimera dure vingt-cinq minutes, sur deux épisodes, et présente deux Docs piégés dans une autre dimension par le tout-puissant Chimera. Dans ce monde, les Daleks ne sont que des accessoires, et Doctor Who est une série télé !
Eh oui, cette aventure, non dénuée d'humour, a été tournée durant l'évènement anniversaire de la série, en aout 2003. Ce n'est pas le chef d'oeuvre du siècle, mais c'est plutôt pas mal foutu, en dépit d'effets spéciaux minimalistes. On ne reverra plus DAM avant la fin de la décennie, au cours de laquelle l'équipe produit la très courte histoire Eternity Burns. En à peine deux minutes, le plus jeune des deux héros de l'aventure précédente fait le point sur sa vie et sur son avenir. C'est très dispensable, mais c'est plutôt mignon. L'équipe est aussi à l'origine de nombreuses histoires au format audio.
La page de DAM Productions
Quasiment tous les autres films que nous allons voir à partir de maintenant sont des one-shots : chacun est dû à une équipe spécifique, qui n'a pas renouvelé l'expérience durant cette décennie, en tout cas pas à ma connaissance. Ainsi, Foiled Productions réalise à compter de 2003 la mini-série Dr Hall, huit épisodes qui durent entre quarante secondes et trois minutes trente, et au contenu totalement absurde : le docteur Mark Hall croit qu'il voyage dans le temps et l'espace à bord de son TARDAS, une poubelle plus petite à l'intérieur qu'à l'extérieur, et qui est en réalité déplacée par son ami, suffisamment complaisant pour imiter le bruit caractéristique du vrai TARDIS. Rien que pour le générique a capella, le visionnage vaut le détour !
En 2003 toujours, Loancroft Productions est à l'origine de Pursuit of the Daleks. Cette aventure en quatre épisodes d'une vingtaine de minutes chacun est particulièrement léchée. L'équipe a mis les moyens question effets spéciaux, même si la séquence des dinosaures rappelle furieusement (volontairement ?) les incrustations d'images que l'on voyait dans la série durant les années soixante-dix. Et même si les acteurs ne sont pas foncièrement bons, le cadre absolument magnifique et la réalisation générale en font un bon produit.
La page de Foiled Productions   Pursuit of the Daleks

L'année suivante, Planet Film Productions présente The Trial of Davros, mais il est hélas impossible d'en retrouver trace à l'heure actuelle. Ce n'est pas le cas, par contre, de Communion of the Daleks. Hélas. Commis par Loose End Productions, cette histoire d'une petite demi-heure met aux prises Jake Radcliffe, un ado un peu rebelle qui se révèle être petit-fils de collabo, et les Daleks menés par un Davros qui a échoué à faire alliance avec Margaret Thatcher. Ouatte ze phoque ? Oui, moi-même je ne comprends pas le cheminement intellectuel qui a pu mener à ça, mais de toute façon, c'est tellement mal joué et mal filmé que même avec un meilleur scénar', on aurait zappé.
A contrario, Possibilities, de Megropolis 1 Productions, ne dure qu'un quart d'heure et n'est pas exceptionnelement bien interprété non plus, mais cette curieuse histoire - qui met en scène les première, neuvième et dixième incarnations du Docteur perturbés lorsqu'ils revivent des scènes (devenues cultes pour les fans) de leur passé - laisse planer une sérieuse aura de mystère, bien amenée par une réalisation efficace. La fin nous laissera un peu... sur notre faim.
En 2005, le groupe The Web Chick tourne The Voice of Evil. Une fois de plus, il m'a été impossible d'en retrouver trace sur internet. Au même moment, Cheeky Monkey Pictures s'attelle à Tyranny of the Daleks. Le Docteur, crédité en tant que Doctor Who du reste, et Romana atterrissent  (à bord d'un TARDIS à l'apparence d'arbre !) sur une planète où les Thals aident les barbares locaux à combattre les Daleks et leurs Robomen. Là non plus, tout n'est pas parfait. Les costumes de monstres sont calamiteux, et les effets spéciaux, en particulier les modèles 3D, sont très grossiers. Mais l'aventure est cohérente et bien tournée, les acteurs sont beaux (cette Romana est encore plus mimi que l'originale !) et en dehors de quelques détails, comme ces NES Zappers et Super Scopes utilisés comme armes de poings, l'ensemble est très plaisant.
Communion of the Daleks   Possibilities   Tyranny of the Daleks

En 2006, c'est X-5 qui se lance dans la partie, avec Professor Who. Je n'en dirai pas plus, puisque cette aventure n'est plus disponible non plus. Parallèlement, NickeRMel Productions enclenche la série des Teenage Doctor. Les cinq épisodes de cette saga, d'un quart d'heure en moyenne, suivent un Docteur régénéré en ado, duvet et boutons en prime. Deux gros moustachus en guise de compagnons, des délires comme la mère et la fille du héros qui lui rendent visite lors du cinquième opus, de l'humour lorsque le TARDIS est sauvé d'un virus grâce à... AVG (!), mais de manière globale, les moyens dérisoires et le jeu peu inventif des deux rôles principaux - le père et le fils dans la vie réelle - ne sont guère convaincants. Reste une ambiance désenchantée assez rare dans les projets amateurs liés à la saga de la Beeb, et qui lui permet donc de se distinguer.
Exception à la règle énoncée un peu plus haut, Trinity Productions est à l'origine de plusieurs projets liés à Who. Dans la majorité des cas, il s'agit de parodies d'épisodes existants, mais en 2006 et 2007, deux aventures hors continuité ont vu le jour. Elles mettent là encore en scène un Docteur assez jeune, accompagné d'un soldat de UNIT tout aussi juvénile. Double Trouble voit ce duo s'allier à son doublon d'un univers parallèle afin d'empêcher la fin du monde, le tout sur trois épisodes d'une douzaine de minutes chacun. Paru plus tard, A Forbidden Friendship montre la rencontre fortuite entre les deux jeunes gens, et leur alliance contre les monstres d'une planète primitive. Seul le premier épisode, d'une demi-heure, est disponible. Les deux histoires souffrent d'incrustations vidéo de très mauvaise qualité, ainsi que d'un surjeu assez pénible.
The Teenage Doctor   Double Trouble   A Forbidden Friendship

En 2007, 501st Legion Productions réalise The Traveller : UNIT, une aventure introuvable à ce jour, de même que Deadworld, signé Daleks Fear Me TV la même année. Pas mieux pour Dr Who and the Villains of the 85th Century, crédité l'année suivante à JCB Film & TV. Par contre, c'est également en 2008 que Doctor Puppet Films se lance dans le bain. Il s'agit de la deuxième et dernière exception à la règle.
Le principe qui sous-tend Genesis of the Moleks, c'est de suivre les pérégrinations d'une marionnette à l'effigie de Tenth, doublée du reste par un acteur à la voix et aux intonations proches de Tennant. Le gars se retrouve sur une planète peuplée d'animaux parlants, menacés par les Daleks qui veulent les transformer en hybrides. Plutôt rigolote, cette histoire de sept minutes environ est suivie d'un spin-off, The Christmas Planet, durant lequel le Docteur amène l'un des animaux sur la planète de Noël. C'est mimi, ça dure même pas quatre minutes et ça se finit en chanson. The Doctor's Destiny, enfin, présente un nouveau Docteur, barbu, qui sauve une humaine tout ce qu'il y a de pas poilue sur une lointaine planète. Là pour le coup c'est pas super poilant, mais c'est extrêmement bien fait.
Genesis of the Moleks   The Christmas Planet   The Doctor's Destiny
En 2008 également,  Glass Planet Studios et Dream Out Loud Productions co-réalisent Victimsight. Sur trentre-huit minutes tout pile, le sosie de Tenth est accusé de meurtre par une agence gouvernementale qui utilise une technologie avancée pour ranimer le cerveau des morts et découvrir qui les a assassinés. Jeune recrue de cette agence, Anna Thoms va découvrir que celui qu'elle a contribué à arrêter n'est en rien coupable, et que tout est l'oeuvre de la Rani. Fort bien interprêtée, cette histoire est très bien tournée malgré l'absence de moyens, et démontre la volonté de professionnalisation qui marque certaines équipes de fans à la fin de cette décennie.
Victimsight

C'est le cas y compris pour les toutes petites productions comme celle de Mike Vincent, Timelord : Last Legs. A l'origine, il devait s'agir d'un long-métrage, mais des raisons de santé ont contraint l'auteur a abandonner en cours de route, et il ne reste donc plus de ce projet que cette première partie, d'un quart d'heure. Elle suit le Docteur dans son ultime incarnation, la treizième, qui cherche à comprendre ce qui l'a justement poussé à se régénérer. S'appuyant sur de bons effets spéciaux et un jeu d'acteurs plutôt convaincant, cette histoire se suffit à elle-même, finalement.
Dans un registre assez similaire, Alan et Glynnis Boyd sont à l'affiche de Timestorm, une websérie en trois épisodes, de trois à huit minutes chacun. Frappés par une tempête temporelle, le Docteur et sa compagne Georgina sont projetés à travers le temps et essaient de retrouver le TARDIS, qui s'est dématérialisé devant eux. Malheureusement, la qualité n'est pas franchement au rendez-vous, dans ce cas-ci. Les incrustations d'images de synthèse très grossières et l'abominable jeu d'acteur ne donnent guère envie de s'y intéresser.
Par contre, une autre websérie qui fonctionne quant à elle plutôt bien, c'est Alternate Empire, par Julian Bane. Les cinq épisodes, d'une durée d'environ dix minutes chacun (le dernier est plus court), imaginent un Docteur un poil pompeux et sa compagne Samantha, envers qui il entretient plus qu'une simple amitié, projetés sur une planète contrôlée par les Sith. Eh oui : il s'agit d'un crossover avec Star Wars ! Et si le surjeu est légèrement de mise, cet improbable mélange fonctionne à vrai dire pas si mal qu'on aurait pu le craindre. Par la suite, Bane se mettra aux histoires audio.
Timelord : Last Legs   Timestorm   Alternate Empire

Le groupe Plymouth.Who réalise quant à lui The Other Side, d'après le nom de l'émission télévisée qui s'intéresse au paranormal. Et justement, l'équipe de tournage croise la route du Docteur, dans un bâtiment décrépit envahi de fantômes. Correctement réalisé et pas trop mal joué, cet épisode d'un peu plus de trois quarts d'heure est relativement rigolo. Toujours en 2009, Robert Ritchie est à l'origine de Restoration of the Daleks, une petite histoire de moins de dix minutes, dans laquelle Davros recrée ses Daleks. C'est court, mais tourné à la perfection et très bien interprété.
Cette année-là est aussi celle où le groupe S.K.P.B. reproduit Mission to the Unknown, le fameux épisode orphelin disparu des archives de la BBC (S3E2). Collant au plus près au script de Terry Nation, et bénéficiant d'un jeu d'acteurs plutôt pas mal, l'histoire, d'une petite demi-heure, est très agréable à suivre malgré un manque de moyens évident.
Mais la véritable pièce d'orfèvrerie de cette décennie, c'est Fire and Ice, par The Fan Film Network. Ce petit bijou d'une heure dix s'intéresse à la vie ordinaire d'Alice Hemingway, brusquement bousculée par l'apparition fortuite (ou pas ?) du Docteur, qu'elle manque de renverser alors qu'il poursuivait un dinosaure. Le héros est ici en arrière-plan du récit pendant une bonne moitié de l'aventure, et pourtant, c'est sans doute le film amateur le plus fidèle à l'ambiance de la série que j'ai eu la chance de voir. Les effets spéciaux sont tout à fait convaincants, le combat de fin entre les Ice Warriors et UNIT ne manque pas de punch, et surtout, les acteurs sont juste parfaits. Un bijou, je vous dis !
The Other Side   Restoration of the Daleks   Mission to the Unknown   Fire and Ice

L'arrivée du nouveau millénaire montre donc une évolution assez flagrante du monde du fanfilm. Le matériel évolue et la qualité s'en ressent. Les conventions de fans se multiplient et permettent l'émergence ou le mélange de groupes amateurs. Cela crée en outre une sainte émulation qui tire la qualité vers le haut. Et puis surtout, la série fait son retour à la moitié de la décennie, et le statut de ces oeuvres amateurs s'en trouve changé : de gardiens du temple au moment où le show traversait le désert, les fans redeviennent suiveurs. Mais, pour toutes les raisons citées au dessus, ils cherchent aussi à égaler, voire à dépasser, leur modèle.