jeudi 29 septembre 2016

Torchwood saison 1

diffusion initiale : du 22 octobre 2006 au 1er janvier 2007
nb d'épisodes : 13
DVD :

    > en VO, coffret Torchwood Series One (contient les 13 épisodes)
    > en VF, coffret Torchwood Saison 1 (contient aussi les 13 épisodes)


Docteur : y en a pas
Compagnons : Jack Harkness, Gwen Cooper, Owen Harper, Toshiko Sato, Ianto Jones et Suzie Costello

YOU GOTTA BE READY... Au départ, Torchwood est juste l'anagramme de Doctor Who, utilisée par Russell T. Davies comme nom de code lorsqu'il projette de relancer la franchise. Finalement, Torchwood est nommée, en tant qu'organisation, vers la fin de la première saison du show, et elle est au centre de tout un tas d'épisodes de la deuxième série. Et bon sang, elle envoie du bois !
En fin de saison une, on apprend qu'il s'agit d'une organisation secrète qui protège l'Angleterre (et le monde, mais surtout du côté de Londres) des menaces extraterrestres. Dans le spécial de Noël 2005, on découvre sa puissance de frappe et son absence de remords. La saison deux nous apprendra que c'est la reine Victoria qui l'a fondée, qu'elle existe à travers toute l'histoire de la Grande-Bretagne moderne, et qu'elle a failli détruire le monde en invoquant par mégarde des Cybermen. C'est pas top la classe, ça ?
Alors forcément, imaginez la déception lorsqu'arrive la série dédiée à cette équipe, et que l'on y découvre un tout petit groupe de personnes au fin fond de Cardiff, qui fait joujou avec du matériel alien sans se soucier des conséquences pour la planète, et qui passe le reste de son temps à s'entre-déchirer, voire à s'entre-tuer. Et même pas hyperboliquement, hein ! Dès le premier épisode - et désolé de vous spoiler si vous tombez là dessus par hasard - Suzie Costello trahit les siens, tente de tuer son boss et finit par se suicider.
Du coup, l'actrice Indira Varma (Ellaria Sand dans Game of Thrones), qui joue son rôle et qui avait été annoncée en grande pompe comme faisant partie du cast principal parce qu'elle était pas mal connue de l'autre côté de la Manche, en sera quitte pour un passage éclair. Et déjà, on sent le pétard mouillé faire un tout petit pshht... Ce n'est clairement pas l'ambiance que l'on imaginait, mais Davies voulait faire de son spin-off quelque chose de plus mature, de plus terre-à-terre.


En fait, si l'on devait résumer Torchwood, c'est CSI (Les Experts pour nous autres petits frenchies) Cardiff meets the X-Files. D'ailleurs, les deux héros seront ironiquement appelés Mulder et Scully lors du dernier épisode. Les deux en question, ce sont Jack Harkness et Gwen Cooper. Le premier était un compagnon plutôt marquant du Docteur durant la première série de Who, mais il perd ici son ton enjoué au profit d'une mélancholie pesante. Par contre, il est toujours aussi bisexuel, ce que le show ne se prive jamais de nous rappeler.
Parce que programme de deuxième partie de soirée oblige (et diffusé qui plus est sur la plus confidentielle BBC Three), Torchwood se permet bien plus que la série dont il est tiré. Il y est très souvent, et généralement de manière tout à fait gratuite, question de relations sexuelles, majoritairement homo ou bi, et tout le monde couche avec tout le monde, en gros. Le gore est également plus présent, avec notamment un épisode six pas piqué des vers et, de manière globale, de la sanquette présente à peu près dans tous les épisodes.
Alors bon, je veux pas jouer les vierges effarouchées, mais la sanquette et la bistouquette, c'est pas ça qui rend un show mature. C'est juste une petite provoc puérile à l'encontre de l'Angleterre bien-pensante, et c'est un peu ridicule. Heureusement, le show se rattrappe avec des thématiques plus adultes que ce que l'on trouve dans Who. Même si je suis rarement d'accord avec ce qui s'y dit, on y parle souvent du sens de la vie - avec notamment un épisode huit un peu trop porté sur le pathos mais intéressant en ce sens - ou de ce que l'on trouve après. Et puis il y a les images qui parlent encore mieux, comme Jack en figure christique à la fin de la saison.


Pour en revenir au cast, l'héroïne est donc Gwen Cooper. Et son interprête se nomme Eve Myles. Eve Myles, on l'a déjà vue dans Doctor Who, plus précisément dans The Unquiet Dead (S1E3), où elle avait fait forte impression. Il faut dire que l'actrice est extrêmement expressive, qu'elle joue à merveille toute une palette d'émotions avec un naturel assez bluffant, et qu'elle est le seul rayon de soleil de cette saison morose. En contrepoint, Gareth David-Lloyd, alias Ianto Jones, est aussi vivant qu'un mur de briques, mais c'est le rôle qui veut ça.
L'ennui, c'est que du coup, quand il doit jouer les émotions, comme dans le quatrième épisode, on n'y croit pas du tout. Toshiko Sato n'est pas non plus un personnage très marquant, mais le pire du pire reste Owen Harper. En théorie, Owen, c'est le personnage qu'on adore détester. Playboy sans scrupules et sans empathie, il se montre en fait, durant toute la saison, le parfait connard imbuvable que l'on aimerait tuer de nos propres mains. Et même s'il se montre parfois un tout petit peu supportable, il retombe toujours dans ses travers, avec par exemple un épisode onze assez minable durant lequel il évacue la frustration de s'être fait plaquer par la seule femme qu'il a jamais aimé, en participant à un Fight Club tout pourri.


Le premier épisode est donc une histoire de trahison pas très intéressante, servant juste à poser les personnages. Le seul truc un tant soit peu intéressant à son encontre et l'allusion de Jack à "son Docteur", dont on voit la main coupée (par les Sycorax) conservée dans un bocal dès l'opus suivant. Ce dernier s'intéresse d'un peu plus près à l'intégration de Gwen au sein de l'équipe, et à la difficulté qu'elle a à mener de front sa nouvelle carrière et sa vie de couple, là encore une thématique récurrente.
C'est aussi dans cet épisode que l'on en apprend plus sur les Weevils, des créatures qui hantent les bas-fonds de Cardiff et qui viennent de la Faille, celle-là même que Torchwood avait ouvert à la fin de la saison 2 de Doctor Who. Ce sera l'un des principaux ressorts dramatiques de cette saison, qui se concentre beaucoup sur Cardiff. On a donc un cadre très urbain, une ambiance morose et, en plus, une sorte de filtre bleu sur l'image qui rend le tout encore plus froid, ce qui renforce la chiantitude du programme, à l'opposé de la chatoyance de la série-mère.
Et pourtant, la S-F débridée de Who s'invite souvent à la fête, avec la Faille en toile de fond, donc, mais aussi avec la gestion des conséquences de Doomsday (S2E13) dans le quatrième épisode, où l'on découvre une demi-cyberwoman (ultra sexy malgré les bouts de métal !), ou encore avec une machine qui permet de voir le passé dans l'épisode précédent, et qui n'aurait pas dépareillé dans un épisode de Moffat. Le pinacle du fantastique est atteint dans l'épisode cinq, avec des fées flippantes et une curieuse allusion au Mara. Est-ce en référence à l'ennemi déjà vu par deux fois dans la série classique ? A priori non, ce serait plutôt en rapport avec le démon nordique.


Certains épisodes jouent une toute autre carte. Le sixième, par exemple, est un thriller glauque situé dans la - très jolie - campagne galloise et dénué de tout élément fantastique. C'est plutôt une relecture de Massacre à la Tronçonneuse. Autre originalité, quoiqu'utilisant un procédé similaire à Love & Monsters (S2E10), le neuvième épisode est raconté par un loser, à la première personne, avec Torchwood en tant que simples guests. Et si on n'y entend pas ELO, la bande-son peut néanmoins compter sur l'excellentissime Starman du regretté David Bowie. Plein de bons sentiments, cet opus se termine sur une scène un peu culcul mais mignonne.
Le reste est plus anecdotique. En dehors d'une guest flamboyante, le septième épisode n'est ni très intéressant, lui qui s'interroge pourtant sur le véritable rôle de Torchwood, ni très bien fait, en témoigne le maquillage calamiteux en début d'épisode. L'histoire suivante bénéficie d'un sacré coup de théâtre, mais les atermoiements des héros sont un peu pénibles.
L'épisode dix est par contre beaucoup plus intéressant, en ce sens qu'il fait débarquer, par la Faille encore une fois, des personnages des années 50 à notre époque. Leur adaptation à la vie moderne est assez fascinante à regarder, même si au final, ils ne servent que de faire-valoir pour approfondir les personnages de Jack, Gwen et Owen. Owen qui, justement, part de plus en plus en couille dans l'aventure suivante, celle du Fight Club, et qui continuera de s'enfoncer jusqu'à la fin de la saison.


Heureusement, cette fin de saison est ce qui sauve (un peu) les meubles. L'avant-dernière histoire concerne les voyages temporels, Jack et Toshiko se retrouvant en plein coeur du blitz, et c'est le premier truc véritablement cool qui arrive à l'équipe. Vu l'histoire de Torchwood, qui existe depuis la fin du XIXe siècle, et étant donné que Jack est un voyageur du temps, on aurait aimé que la série se déroule à différentes époques, mais la prod en a décidé autrement, et c'est bien dommage.
La crise que doit gérer l'équipe dans le dernier volet de la saison est également sympa. C'est quasiment du calibre de ce qu'affronte le Docteur lui-même, et quand bien même la fin est un peu ridicule, l'enjeu est de taille et ça fonctionne bien. Et puis la toute fin de l'épisode, lorsque Jack disparait alors qu'on entend le bruit du TARDIS, c'est du bonheur ! Ca aurait dû s'arrêter là, en fait. Mais ça ne sera pas le cas...


De manière tout à fait exceptionnelle, je n'ai pas acheté le coffret VO. D'abord parce que j'avais déjà le coffret VF et que ça m'aurait ennuyé de payer une deuxième fois pour un truc que je n'apprécie pas, et deuxièmement, parce que contrairement à ce que fait France Télévisions, les DVD de Koba contiennent une piste en VOST (avec quelques fautes d'orthographe et quelques approximations dans la traduction, surtout concernant les jeux de mots) et pas mal de bonus, dont une partie des documentaires de tournage Torchwood Declassified.

L'épisode que je vous conseille : ben j'en ai pas, curieusement. Il n'y a pas vraiment d'épisodes kitch dans cette série, et c'est peut-être aussi un peu pour ça que je l'aime moins.

lundi 26 septembre 2016

Doctor Who série 2

diffusion initiale : du 15 avril au 8 juillet 2006
nb d'épisodes : 13 répartis en dix aventures
DVD :

    > en VO, coffret The Complete Second Series (contient les 13 épisodes)
    > en VF, coffret Saison 2 (contient aussi les 13 épisodes, mais c'est moins bien)


Docteur : David Tennant
Compagnons : Rose Tyler, Lady Cassandra O'Brien.Δ17, Mickey Smith et Jackie Tyler


ALLONS-Y, ALONSO ! Avec le recul, je me rends compte que ma critique de la première saison était un peu rude, même si tous les points étaient justifiés. J'ai simplement ômis de préciser que le facteur fun, primordial dans tout show, était bel et bien présent du début à la fin, et je vais essayer, pour cette deuxième saison, de me montrer le plus objectif possible. Ca va être plus facile, parce qu'elle est plutôt réussie.
Si Russell Davies est toujours au pouvoir, les scénaristes sont un peu plus nombreux cette fois-ci. Ils sont sept exactement, et hormis le producteur exécutif, on retrouve Mark Gatiss (Mycroft, vous vous souvenez ?) et Steven Mofatt. Les autres sont des petits nouveaux. Il y a Toby Whithouse, qui participe encore aujourd'hui à la série ; Tom MacRae, qui pour sa part n'a pas contribué à la licence depuis 2011 ; Matt Jones, qui a simplement écrit un épisode pour Torchwood par la suite ; et Matthew Graham, dont c'est la seule contribution.
Davies s'occupe une fois de plus des épisodes d'ouverture et de clôture, mais aussi d'une aventure un peu spéciale. Tourné en partie comme un document amateur, Love & Monsters ne voit Rose et le Docteur apparaître que de manière très ponctuelle, le récit se concentrant sur des gens qui ont croisé, au moins une fois dans leur vie, le Docteur, et qui en sont restés tellement marqués qu'ils cherchent absolument à suivre sa trace.
On l'aura compris, il s'agit avant tout d'une parabole sur les communautés de fans, un phénomène qui a particulièrement touché la série dans les années 60 et 70 et que Davies traite ici avec un regard à la fois bienveillant et un peu apitoyé. S'appuyant sur l'exceptionnelle performance de Marc Warren (Mr Teatime dans l'adaptation du Hogfather de Terry Pratchett), l'histoire peut aussi compter sur quelques acteurs savoureux, dont Peter Kay, grand ponte du burlesque outre-Manche et qui joue ici le grand méchant, ou Shirley Henderson, que vous connaissez sans doute pour son rôle de Mimi Geignarde dans la saga Harry Potter.
Ajoutez une bande-son qui contient du Elton John (heureusement très peu, rassurez-vous, c'est juste pour une vanne) et surtout du Electric Light Orchestra toutes les deux minutes, des références à la première saison comme s'il en pleuvait, et ça commence à avoir de la gueule ! Mais le plus original, c'est quand même le grand méchant. En effet, l'Abzorbaloff, tel est son nom, a été créé par... un gamin de neuf ans ! Suite à un concours dans l'émission Blue Peter, il a gagné le droit de voir son dessin devenir un vrai vilain de Doctor Who. C'est pas cool, ça ? Imaginez-vous dessiner le prochain badass qu'affrontera Julie Lescaut !


Et puis tiens, puisqu'on parle de Harry Potter (sisi, c'est juste quelques lignes plus haut, vous avez vraiment aucune mémoire ?), sachez que l'épisode d'ouverture réemploie plusieurs figures majeures de l'aventure The End of the World de la saison précédente, à savoir la Face of Boe, et Lady Cassandra (ainsi que ses robots-araignées). Quel rapport avec l'apprenti-sorcier ? Eh bien je l'ignorais parce que sa précédente apparition était exclusivement en images de synthèse, mais celle qui interprête Cassandra n'est autre que Zoe Wanamaker, l'actrice qui campe le professeur Bibine dans l'adaptation des romans de J.K. Rowling.
En dehors de ça, New Earth sert aussi à faire le contraste avec l'avenir assez pessimiste que Davies promettait à l'humanité dans The End of the World, même si cette nouvelle Terre, au premier abord paradisiaque, cache aussi de lourds secrets. Tout n'est pas réussi dans cet épisode d'ouverture, en particulier les masques des soeurs-chats et, de manière globale, les effets spéciaux, mais l'histoire est bien foutue et les passages où Cassandra change de corps sont rigolos. Pour l'anecdote, on apprend ici que le papier psychique sert aussi à recevoir des messages.


Du Harry Potter, j'en ai encore plein les poches, si ça vous dit, et là, c'est du croustillant ! Vous le savez, Tennant s'est notamment fait connaître grâce à la Coupe de Feu, où il interprêtait un méchant du nom de Barty Croupton Jr. Dans le film, on croise aussi son père, globalement dans le camp des gentils, et qui est joué quant à lui par Roger Lloyd-Pack. Eh bien ce bon vieux Roger va recroiser David, et cette fois-ci, les rôles s'inversent : Tennant est le héros tandis que Lloyd-Pack est John Lumic, le badass des épisodes Rise of the Cybermen et The Age of Steel.
Vous l'aurez deviné, ces deux opus nous causent du retour des Cybermen. Cela se passe dans une autre dimension, et c'est ce qui sert de prélude au dyptique final, mais nous y reviendrons. Les nouveaux Cybermen sont impressionnants en tout cas, et ils vont faire des dégâts considérables. Mais bon, c'est "pour de faux", vu que c'est pas "notre Terre", pas vrai ? En tout cas, ce two-parter comme celui qui cloture la saison sont réalisés par Graeme Harper, seul metteur en scène à avoir participé à la fois à la série classique et à la nouvelle !
Ce qui est amusant, c'est que la prod' a voulu ses nouveaux Cybermen aussi iconiques que les Daleks lors de leur première apparition. Moins humains qu'auparavant, ils font montre ici d'une capacité destructrice rare et, surtout, l'histoire a été construite strictement sur le même modèle que la légendaire aventure Genesis of the Daleks (S12E4), de sorte à faire un parallèle évident entre John Lumic et Davros. Si l'imagerie nazie n'est ici pas franchement présente, le totalitarisme de cette Terre secondaire passe par une technologie bien angoissante. Et tout comme Davros, Lumic est accompagné d'une éminence grise que l'on ne peut qualifier que de petite catin.


A la fin du dyptique, Mickey Smith, le petit-ami de Rose, quitte l'équipage du TARDIS, qu'il avait rejoint deux épisodes plus tôt. School Reunion était d'ailleurs l'épisode des retrouvailles, non seulement entre la miss Tyler et son friend-with-benefice, mais aussi et surtout entre le Docteur et deux anciens Companions : Sarah-Jane Smith et K-9 ! Ainsi, non seulement cette saison 2 tease à mort sur la future série Torchwood, mais elle sert aussi à raviver la mémoire des fans dans l'espoir de construire quelque chose autour de ces deux stars déchues.
Passée une histoire qui rappelle un peu trop celle du spin-off non-officiel Downtime, cet épisode s'appuie sur un cast de folie, avec donc Elisabeth Sladen et John Leeson, mais aussi Anthony "Buffy the Vampire Slayer" Head en grand méchant. C'est en tout cas l'occasion d'évoquer le bon vieux temps, et cela donne lieu à une très amusante joute verbale entre Sarah-Jane et Rose. Du reste, la jalousie entre les compagnes sonne juste dans cette saison où le Docteur joue les tombeurs.
Dans l'épisode d'ouverture, il se faisait furieusement emballer par Rose, qui était certes sous l'influence de Cassandra, et dans The Girl in the Fireplace, il goûte aussi à la salade de langues avec nulle autre que Madame de Pompadour ! Scénarisé par Steven Moffat, cet épisode est certes bien barré, à base de chevaux dans un vaisseau spatial et de robots pendant la Renaissance, mais il dégage pas mal d'émotions, et aborde quelques thématiques, en particulier le passé du Docteur, que Moffat creusera lorsqu'il deviendra showrunner.
Dans le reste de l'actualité, on trouve aussi The Idiot's Lantern, qui revient sur les débuts de la télévision dans une atmosphère au départ assez flippante mais finalement râtée, la faute à une méchante insupportable. Un autre dyptique, qui voit la première apparition des Ood et qui interroge le spectateur, à travers le Docteur, sur ses convictions religieuses, est également à signaler. Et enfin, Fear Her, qui se déroule pendant les jeux olympiques de 2012 (pas encore passés à l'époque) et qui voit le Docteur faire montre de surprenants pouvoirs psychiques face à une fillette, et révéler à cette occasion qu'il a été "père, autrefois". Ce qui tendrait à prouver que Susan est potentiellement sa vraie petite-fille.


Cette saison a été construite autour de la relation entre le Docteur et Rose, qui est appelée à évoluer de manière drastique. Au cours de ces treize épisodes, le Docteur est celui qui déroule les grands plans sans se soucier des détails, tandis que Rose s'attarde sur l'aspect humain des problèmes que le duo rencontre. Ca, c'est pour les grandes lignes, parce qu'ils deviennent de plus en plus proches au fil du temps, et Mickey qui s'impose dans le TARDIS, voire Jackie qui se retrouve embarquée par mégarde, c'est autant de nouveaux éléments qui viennent contrarier leur étrange amitié.
Davies va en jouer tout au long de la saison, mais un autre fil rouge se dégage tout de même : Torchwood. La mystérieuse organisation, à peine évoquée durant la première saison et dont on a simplement vu les agissements lors du Christmas Special, est au centre du récit et devient un élément capital lors du dyptique de fin. Mais tout le long de cette saison, des allusions lui sont faites.
Tout commence lors du deuxième épisode, qui se situe dans l'Angleterre victorienne. Justement, le Docteur et Rose y retrouvent la reine Victoria, campée magistralement par Pauline Collins, une actrice qui avait déjà participé à la série classique dans l'aventure The Faceless Ones (S4E8), aux côtés de Patrick Throughton ! La monarque, en déplacement, fait face à une énième tentative d'assassinat, cette fois par des moines adeptes de Tigre & Dragon qui contrôlent un loup-garou !
Ca peut paraître ridicule écrit comme ça, mais l'ambiance est magistralement posée grâce à des décors somptueux, des costumes d'époque comme seule la BBC sait en produire, une bande-son qui déboîte et des effets spéciaux pas dégueus. Si bien que même les scènes de kung-fu ne semblent pas si hors-sujet que ça. Et la série se permet même de réécrire l'histoire en expliquant que l'hémophilie dont souffre la maison de Hanovre à compter de Victoria masque en fait la lycanthropie qu'elle a contractée en se faisant griffer par le loup-garou !


Quoiqu'il en soit, Tooth and Claw est donc l'épisode de la fondation de Torchwood. Le manoir où se déroule l'action s'appelle Torchwood Estate, et à la fin de l'épisode, Victoria déclare la guerre aux extraterrestres et chasse d'Angleterre le Docteur, qu'elle considère comme une menace pour l'empire. C'est dans le but de lutter contre ce type de dangers que Torchwood aura les pleins pouvoirs, et à partir de là, leur zone d'influence s'étale à travers toute l'histoire.
Dans l'épisode suivant, Mickey essaie d'obtenir des informations classées secret Torchwood, et si l'aventure suivante n'y fait pas mention, Torchwood est dans les news durant le premier dyptique de la saison. L'allusion est plus subtile dans l'épisode suivant, qui se déroule durant le sacre d'Elizabeth II, mais moins dans le deuxième two-parter, puisque l'équipe que rejoignent Rose et le Docteur s'appelle la Torchwood Archive. On utilisera ensuite les Torchwood Files dans Love & Monsters, et Fear Her mentionnera l'organisation dans un discret commentaire sportif à peine audible.
Mais c'est bien évidemment les deux derniers épisodes qui sont le plus représentatifs, puisqu'on y découvre enfin les locaux et le personnel de l'agence secrète. Et autant le dire tout de suite, c'est pas joli-joli. On comprend en effet que Torchwood n'hésite pas à flinguer des vaisseaux extraterrestres, même pacifiques, s'ils ont l'outrecuidance de survoler la Terre. L'organisation dissèque ensuite les potentiels cadavres et s'arroge le matériel qu'elle peut récupérer.


Science sans conscience n'est que ruine de l'âme, disait Rabelais, et comme dans toute histoire de science-fiction traitant du sujet, ces abus vont se retourner de manière quasiment karmique contre Torchwood, qui se retrouve envahie en même temps par les Cybermen et les Daleks ! Cette fois-ci, les Cybermen sont sur la vraie Terre, la notre, et les Daleks ont encore trouvé un moyen de revenir, en utilisant cette fois-ci la technologie des Time Lords. C'est la première fois qu'ils se battent les uns contre les autres, et ça vire rapidement au carnage.
Les Daleks surclassent rapidement les Cybermen, et de manière assez étonnante, ils se permettent même des vannes à l'encontre de leurs nouveaux souffre-douleur. Ce two-parter signe aussi le retour de Mickey Smith, et la fin de l'arche narrative concernant la Terre parallèle, sur laquelle restera finalement l'intégralité de la famille Tyler. Voilà qui signifie la fin de parcours de Rose Tyler (le tout sur la bande-son la plus déchirante de toute l'histoire de la série), peut-être le Companion le plus réussi de toute la série à ce stade, parce que c'est celui sur lequel les scénaristes se sont le plus appuyés, quitte à faire passer parfois le Docteur pour une sorte de mentor distant.
Celle qui remplacera bientôt Billie Piper, c'est Freema Agyeman et, chose amusante, elle apparaît dans la série sous un autre rôle, avant d'interprêter Martha Jones ! Elle est en effet la première à être convertie par les Cybermen, dans Army of Ghosts. Toujours au chapitre des compagnes de voyage, signalons que Doomsday se conclut sur l'apparition, très étrange, de Catherine Tate, qui préfigure l'épisode de Noël The Runaway Bride. En effet, Donna Noble sera la star de cet épisode, mais elle n'intègrera la série de manière régulière qu'un an plus tard !
Bref, c'est un peu le bordel, mais après tout, c'est pour démêler ce genre d'imbroglios qu'existe mon trombinoscope en début d'article. Au chapitre des petits détails qui tuent, signalons que c'est dans Army of Ghosts que le Docteur cherche pour la première fois à placer son célebre "Allons-y, Alonso !". On découvre aussi un nouvel usage du papier psychique, qui permet désormais d'ouvrir les serrures à verrouillage numérique (on se demande à quoi sert le tournevis sonique, au final). Et enfin, pour la première - et unique ? - fois dans ce dyptique sont mentionnés les Eternels, par opposition aux Time Lords. A l'heure où j'écris ces lignes, c'est la seule fois où la série en a parlé, mais sait-on jamais ?


Une fois de plus, le coffret VF, dans sa première version en tout cas, se compose de quatre disques, et ne contient ni bonus, ni même de piste VOST. Et il n'embarque même pas le Christmas Special. A contrario, l'intégrale en version originale contient le spécial et les treize épisodes, le tout sur cinq DVD. Le premier propose aussi, en bonus, la courte histoire Born Again, dont je vous ai parlé dans le précédent article. Et le coffret contient même une sixième galette, avec les treize Doctor Who Confidential de la saison et un journal vidéo de près d'une heure et demi concernant les débuts de David Tennant sur la série. Alors, quand est-ce que vous décidez de vous mettre à l'anglais ?

L'épisode que je vous conseille : The Idiot's Lantern. Comme si les "Feed me !" criards du Câble ne suffisaient pas, supporterez-vous de voir David Tennant porter la banane ? Moi, non.

vendredi 23 septembre 2016

Broken Halos : un ange passe

Nouveau chapitre consacré aux comics en VO, cet article va s'intéresser à un éditeur pas si éphémère que ça, mais qui n'a finalement édité que peu de comics. Mais promis, le prochain post sur le sujet s'attardera sur une grosse machine de guerre, histoire de compenser. En attendant, voici l'histoire de Broken Halos, ou du moins le peu que j'en sais.


L'INSTANT VO (What else ?)
C'est en 1987 que Tim Vigil, son frère Joe et quelques amis publient leur premier comics en indépendant. Il s'agit d'Omega, que les auteurs seront bientôt obligés de renommer Omen pour des raisons juridiques, Marvel Comics détenant les droits sur ce titre. Histoire super-héroïque relativement standard, Omega a au moins le mérite de mettre le pied à l'étrier aux Rebel Studios, le nom que donneront les auteurs à leur maison d'édition.
C'est surtout à l'aube de la décennie suivante que Rebel sera actif, publiant la série de science-fiction Darkstar, sa propre adaptation de la légende de Spring-Heeled Jack ou encore la revue anthologique Raw Media. Mais les deux séries qui font connaître leurs auteurs, ce sont EO et Faust. La première est encore une fois affiliée au genre de la science-fiction, tandis que la seconde est une réécriture de l'oeuvre de Dante Alighieri. Point commun entre toutes ces séries ? Elles sont réservées à un public mature, tripaille et sexe couvrant bon nombre de pages.

Néanmoins, contrairement à bon nombre de leurs consoeurs, ces sagas sont relativement bien écrites et, si nudité et gore sont parfois gratuits, ils appuient aussi souvent le propos du récit. Par la suite, le studio enchaîne avec Nightvision, Cuda B.C. ou 
Gunfighters in Hell. Les deux premiers trouveront une seconde vie, assez courte, chez Avatar Press quelques années plus tard, de même que Faust et Raw Media. Gunfighters in Hell, quant à elle, aura l'honneur d'un trade-paperback édité par Broken Halos, qui publie aussi un one-shot inédit appelé Original Sin.

Histoire mêlant ambiance western et univers démoniaque, Gunfighters in Hell est l'oeuvre de David Barbour et Joe Vigil. Le recueil débarque six ans après les débuts de la mini-série et deux ans après que le cinquième et dernier épisode soit paru. Il faudra encore attendre six ans pour que le duo, cette fois-ci accompagné par Tim Vigil, lui donne une conclusion (inachevée hélas à ce jour) : Sinbuck, du nom de la seule survivante de la mini originelle. Du reste, chez Broken Halos, c'est surtout Tim Vigil la star, plus que son frère.
En témoigne notamment l'anthologie Dark Utopia, débutée chez Rebel Studios mais qui bascule au numéro trois et s'achève quatre épisodes plus tard. Il s'agit d'une collection de dessins, du crobard à la version colorisée, signés Tim Vigil. Il y publie également quelques pages extraites de ses séries EO et Faust, ainsi que les débuts d'une nouvelle série, Mona Lisa. Une fois n'est pas coûtume, l'ambiance y est moins trash, et l'artiste fait montre de sacrés talents, dans un registre qui n'est pas sans rappeler les vielles séries d'EC Comics, Eerie et Creepy en tête. Mona Lisa aura également droit à un épisode spécial pour le Halloween de 2005, dernière production à ce jour de Broken Halos.


L'aventure aura donc duré sept ans, même si le site internet de l'éditeur est encore actif à ce jour, et propose d'acheter les bouquins des frères Vigil et de leurs potes. Broken Halo, au singulier cette fois, c'est aussi le nom d'une courte mini-série sans queue ni tête que Tim Vigil et Darrell Donald, le patron de la boîte, ont débuté en 1997, et qui se trouve être le tout premier ouvrage de la maison d'édition. Le numéro zéro qui a ouvert la voie n'était pas franchement prometteur, et la série a suivi le même chemin.
Seulement deux épisodes sont parus, et chose amusante, le premier est en couleurs alors que le second est en noir et blanc ! Mais le plus grave, c'est surtout que l'on perd le fil du récit (qui de toute façon n'est pas très intéressant) d'un épisode sur l'autre. Une Special Edition verra également le jour en 2003,
sous-titrée SE Model Search and Photography Submission Book. Même si je n'ai jamais eu l'occasion de mettre la main dessus, je suppose qu'il s'agit donc d'une série de pin-ups et de photos ayant servi à la réalisation de la mini-série.

Quoiqu'il en soit, c'est tout ce que l'éditeur a mis sur le marché. Bien évidemment, rien de tout cela n'a vu le jour en France, pas plus du reste que les premières productions de Rebel Studios. Et de manière générale, l'explication est toute trouvée puisque quasiment aucune de ces oeuvres n'est véritablement marquante.  Néanmoins, vous vous doutez que si je me suis emmerdé à écrire un article dessus, aussi court fût-il, c'est qu'il y a quand même matière à y regarder de plus près. Notez que je n'ai pas lu (car pas trouvé) quelques comics du studio :

- l'édition spéciale de Broken Halo, qui doit avoir de la gueule
- le trade-paperback de Gunfighters in Hell (j'ai même pas trouvé les épisodes originaux)
- le one-shot Gunfighters in Hell : Original Sin

Le bilan :
A feuilleter à l'occasion
Dark Utopia (aout 1998, 5 épisodes chez Broken Halos)
scénario t dessin : collectif
Depuis des générations, la famille von Warrene a utilisé les arts sombres pour s'extraire du cercle infini de la vie et de la mort. Mais aujourd'hui, les derniers descendants du clan en payent le prix fort, et même l'exorciste Mona Lisa aura du mal à triompher du démon qui accable ses clients. Débutée chez Rebel Studios, cette collection permet d'admirer les illustrations, pour la plupart magnifiques, de Tim Vigil. Outre les dessins inspirés par les séries Faust ou EO, entre autres, c'est aussi l'occasion de découvrir une aventure inédite de Mona Lisa.

Mona Lisa : All Saints' Evil (octobre 2005)
scénario : Darrell DONALD
dessin : Tim VIGIL
Durant la nuit de la Samhain, au Moyen-Age, plusieurs jeunes gens d'un petit village sont victimes de Jack-o'-Lantern, alors même qu'ils se riaient de sa légende. L'un de leurs amis demande alors à Mona Lisa, protectrice des âmes égarées, de venger leur atroce disparition. Dernière production de Broken Halos réalisée spécialement pour fêter Halloween, cet épisode spécial est une fois de plus scénarisé par Darrell Donald et dessiné par Tim Vigil. Un peu courte, l'histoire est plutôt bien construite et, surtout, admirablement dessinée.

Sinbuck : Angel Eyes (juin 2005)
scénario : David BARBOUR
dessin : Joe et Tim VIGIL
Anna Sinbuck est la seule survivante du groupe de cow-boys qui s'est rebellé contre le Diable, et elle y a regagné son âme. Néanmoins, sa tâche n'est pas terminée : elle doit encore abattre les deux seigneurs-démons qui projettent de déclencher l'Armageddon. Des années après la mini-série Gunfighters in Hell, David Barbour et les frères Vigil reprennent en mains cet univers mêlant western et démonologie. L'histoire est plaisante bien que peu originale, et le dessin est plutôt agréable en dépit d'une colorisation datée, mais ce spin-off ne connaitra jamais de suite.

mardi 20 septembre 2016

Doctor Who : the Christmas Invasion (et ses préquelles)

diffusion initiale : les 18 novembre et 25 décembre 2005
nb d'épisodes : 3
DVD :

    > en VO, coffret The Complete Second Series (contient le Children in Need Special et le Christmas Special)
    > en VF, rien du tout


Docteur : David Tennant
Compagnons : Rose Tyler et Mickey Smith


INDEPENDANCE DAY. Sous l'égide de Russell Davies, les producteurs de la nouvelle série ont pris l'habitude, plutôt sympathique, de développer un épisode spécial pour Noël. En 2005, cet épisode de Noël était accompagné, voire même précédé, par deux formats courts un peu particuliers. Le premier d'entre eux fut diffusé le 18 novembre 2005, à l'occasion du Children in Need. Ce n'est pas la première fois que le Docteur participe à ce téléthon, puisqu'en 1983, la diffusion de The Five Doctors avait été décalée pour coïncider avec l'évènement, et dix ans plus tard, l'épisode Dimensions in Time avait été tourné exprès pour le gala de charité.
Cette fois-ci, on rogne un peu sur la longueur, l'épisode durant à peine un peu plus de huit minutes. Mais il est important dans la continuité de la saga, parce qu'il fait le lien entre la fin de la première saison et l'épisode de Noël. D'ailleurs, sur les huit minutes, près de deux sont utilisées pour résumer la fin de The Parting of the Ways (S1E13). Sur les six autres, le Docteur explique le principe de la régénération à Rose, puis il part complètement en couille, ce qui explique l'atterrisage catastrophe au début de The Christmas Invasion.
Ce mini-épisode, baptisé Born Again de manière informelle, représente donc la première apparition de David Tennant dans le costume du Docteur, même si on l'a entr'aperçu à la fin de The Parting of the Ways. Tennant, nombre d'entre nous l'ont découvert dans Harry Potter et la Coupe de Feu, la même année, et pour cette première apparition, il ne se foule pas beaucoup puisqu'il reprend exactement les mêmes tics et expressions faciales que Barty Croupton Jr.


On retrouve ensuite le Docteur, tout seul cette fois-ci, le jour de Noël... mais pas à la télévision ! Tout d'abord, il fait l'objet d'un épisode spécial sur Internet, plus précisément sur le service Red Button de la BBC, un site dit de "télévision interactive". Concrètement, Tennant - dans son costume traditionnel, ce qui place cet épisode chronologiquement après The Christmas Invasion - va briser le quatrième mur pour s'adresser directement au spectateur, qui fait office de Companion. Rose n'est pas là car, d'après le Docteur, il l'a laissée à un concert d'ABBA en 1979. Goûts de chiottes. En parlant de blagounettes, il y a une petite vanne délicieuse sur ITV à la toute fin du show.
Et donc, durant un peu moins d'un quart d'heure, Attack of the Graske (tel est le titre de l'épisode) alterne les séquences filmées qui déroulent l'histoire, et les séquences interactives durant lesquelles il faut choisir la bonne case ou le bon code pour l'emporter. Le récit comporte deux fins, l'une meilleure que l'autre, mais on peut bien évidemment recommencer la partie à l'envi. Les Graske qui donnent leur nom à cet opus sont des monstres originaux qui ressemblent un peu aux elfes de maison dans les films de Harry Potter, et que l'on reverra ensuite dans la série de Sarah-Jane Smith.


Et puis enfin, il y a The Christmas Invasion. Sur un scénario de Russell Davies, cette aventure de près d'une heure tourne bien entendu autour de Noël. Elle se déroule à Londres le 25 décembre 2005, alors que l'Angleterre et le reste du monde sont sous la menace de l'invasion des Sycorax. Et pas de pot, c'est ce jour là qu'a choisi le Docteur pour tomber malade. Du coup, ce n'est encore pas ce coup-ci que l'on se fera une idée précise de ce que vaut David Tennant, puisqu'il passe plus de la moitié du temps alité !
C'est alors sur Rose et ses proches que reposent les ressorts dramatiques de l'histoire. La jolie blonde est perplexe quant à ce nouveau Docteur qu'elle ne reconnaît pas et qui ne semble pas très efficace, et elle se sent trahie et abandonnée. Mickey, lui, est bien content de récupérer sa copine, même s'il comprend vite qu'elle a encore la tête dans les étoiles. Et Jackie aussi fait contre mauvaise fortune bon coeur, préparant le meilleur Noël possible pour sa fille tout juste revenue, quand bien même les rapports sont parfois conflictuels.
La dynamique familiale est non seulement intéressante, parce qu'elle développe les personnages secondaires, et tout à fait raccord avec l'imagerie de Noël. Donc ce sont Rose et Mickey, et dans une moindre mesure Jackie, qui prennent en charge le Docteur, tandis qu'un autre personnage secondaire se révèle : Harriet Jones, devenue premier ministre, et qui fait preuve d'une volonté thatcherienne. Le récit est totalement ethnocentré (une constante de la série depuis ses débuts : tout se passe en Angleterre et si solution il doit y avoir, c'est de Londres qu'elle viendra), et c'est elle qui représente notre planète face aux extraterrestres.


Spectaculaire, The Christmas Invasion repose également sur un sentiment d'urgence représenté notamment par la menace que laissent planer les Sycorax : ils contrôlent mentalement un tiers de la population mondiale et peuvent pousser au suicide ces personnes comme bon leur semble. Ajoutez un gros vaisseau qui se matérialise au dessus de Big Ben (en rénovation, parce qu'il a été partiellement détruit par les Slitheen durant la saison un) et un Docteur incapacité, et le poids que portent Harriet Jones et Rose sur leurs épaules devient un peu trop lourd à porter.
C'est là que le récit se débride : le Docteur se réveille et sa légèreté comme son assurance rendent le sentiment de désespoir obsolète. Le rythme s'emballe, les bons mots fusent et, même s'il conserve encore quelques tics de son incarnation de Barty Croupton, David Tennant montre enfin ses qualités d'acteur en faisant de son Docteur un personnage à la fois feu follet et très déterminé lorsqu'il le faut. Son visage figé lorsqu'il règle le problème du chef des Sycorax et sa colère froide envers Harriet Jones à la fin contraste avec son apparence fofolle lorsqu'il est de bonne humeur.
Il est enfin à noter que, pour la première fois, on voit Torchwood en action. Anagramme de Doctor Who, ce nom était celui qu'utilisaient Russell Davies et les producteurs comme titre de travail pour le relaunch de la franchise. On en avait vaguement entendu parler dans Bad Wolf (S1E12), mais cette équipe, dont on ignore encore à peu près tout, fait des siennes à la toute fin de l'épisode, en détruisant le vaisseau spatial ennemi.


Par défaut, le Christmas Special de chaque année est contenu dans le coffret de DVD de l'année suivante, en VO. Autrement dit, cette invasion de Noël est à retrouver dans le coffret de la série 2, plutôt que de la série 1. Parmi les bonus du disque qui contient l'épisode, on trouve aussi le mini-épisode du Children in Need. Par contre, Attack of the Graske n'a jamais fait l'objet d'une distribution physique, alors que le support permettrait sans problème d'y jouer. En VF, c'est beaucoup plus simple, puisqu'aucune des trois aventures n'a eu la chance de nous parvenir. Merci France 4.

L'épisode que je vous conseille : Attack of the Graske, éventuellement, parce que c'est quand même une histoire pour les tout-petits, avec un monstre pas vraiment méchant et des enjeux globalement très faibles. Mais bon, on n'est pas non plus dans le registre du nanar.

samedi 17 septembre 2016

Doctor Who série 1

diffusion initiale : du 26 mars au 18 juin 2005
nb d'épisodes : 13 répartis en dix aventures
DVD :

    > en VO, coffret The Complete First Series (contient les 13 épisodes)
    > en VF, coffret Saison 1 (contient aussi les 13 épisodes, mais c'est moins bien)


Docteur : Christopher Eccleston
Compagnons : Rose Tyler, Mickey Smith, Adam Mitchell et Jack Harkness


GUESS WHO'S BACK ? En 2005, après un peu plus de quinze ans d'absence sur un format régulier (autrement dit si on ne compte ni les épisodes spéciaux ni le téléfilm), Doctor Who fait son grand retour sur les petits écrans britanniques. Il s'agit à la fois d'une volonté réelle des pontes de la BBC, à ce moment-là très motivés, de voir la figure de proue de la S-F anglaise revenir dans leur grille, mais aussi et surtout du lobbying forcené d'un homme, d'un simple fan du Docteur qui a monté tout un plan pour le ramener à la vie.
Cet homme, c'est Stephen Russell Davies, qui se fait appeler Russell T. Davies dans sa vie professionnelle. Au service des productions pour enfants de la BBC depuis 1985, Davies devient scénariste au début des années 90. Pour le revival de Doctor Who, il tiendra ce poste sur huit des treize épisodes, ainsi que celui de producteur exécutif (au sens anglo-saxon du terme, qui diffère un peu de celui de la France). Pour la faire courte, il porte quasiment à bout de bras le programme, avec pour seul "supérieur" le producteur Phil Collinson.
Les autres scénaristes de cette saison sont également des fans. Le premier est Mark Gatiss. Je vous en ai pas mal parlé parce qu'il a réalisé plusieurs spin-off non-officiels précédemment (et il deviendra Mycroft Holmes dans la série Sherlock (oui, c'est un running gag)). On trouve ensuite Robert Shearman, puis surtout Paul Cornell, romancier d'assez grande envergure et scénariste de comics, y compris pour Marvel et DC. Quant au dernier de la bande, il s'agit de nul autre que Steven Moffat. Le gaillard est déjà à l'origine de l'épisode spécial The Curse of Fatal Death, dont je vous ai déjà causé, et il prendra peu à peu du galon au sein de la licence.
Maintenant que les présentations sont faites, que dire de cette réinvention ? Beaucoup de choses, et pas que des bonnes, loin s'en faut. Le Docteur, pour commencer. Avec son accent du nord (de l'Angleterre, mais ça fait à peu près le même effet que l'accent ch'ti en France) à couper au couteau et son physique particulier, dirons-nous, Christopher Eccleston aurait pu devenir un instant classic. Malheureusement, Davies a décidé d'en faire un personnage quelconque. Il est fringué casual, même si on le qualifiera de capitaine de U-Boat, et il n'a rien qui le distingue suffisamment pour passer à la postérité.
Sans verser dans la clownerie d'un Colin Baker, il aurait pu bénéficier d'un look un peu plus original, mais c'est une réelle volonté de la prod' d'en faire un personnage plus consensuel. C'est dommage, parce qu'il ne marque pas. Et pourtant, Eccleston joue bien. Il est capable de passer du rire aux larmes en une fraction de secondes, son visage très expressif rendant toute émotion immédiatement palpable sans qu'il n'ait de mot à prononcer, et il joue pas mal là dessus.


D'autant que son personnage est intéressant. Au fil de la saison, on comprend que depuis sa huitième incarnation, le Docteur en a vu de belles. Il a notamment participé à la dernière Guerre du Temps entre les Time Lords et les Daleks, et même s'il n'en révèle pas beaucoup, on sent que ça l'a marqué. Il est assez aigri, parfois colérique, le plus souvent sans pitié. Et derrière cette façade austère, on sent aussi la peine, la solitude qu'il étreint et qu'il tente de repousser (en se cherchant un nouveau Companion) à la fois.
Bref, c'est un personnage intéressant, que les auteurs poussent souvent dans ses retranchements. Il est parfois borderline au niveau du comportement, et c'est à mettre en contraste avec l'attitude de son Companion. Rose Tyler est interprêtée par Billie Piper, l'équivalent local de Vanessa Paradis. Enfant-star, la blondinette était déjà une vedette avant d'intégrer le cast de Doctor Who, avec à son actif une carrière en demi-teinte d'actrice, chanteuse et danseuse. Du reste, son recrutement est alors sujet à l'inquiétude de la part des fans de la première heure, comme celui de Bonnie Langford en son temps.
Et comme Bonnie Langford, la jolie damoiselle (à l'époque, parce que je viens de voir une photo récente et ça pique les yeux) va déjouer les pronostics en se révélant un atout-maître. Non seulement elle apporte une visibilité à la série au delà de la cible traditionnelle de fans de S-F middle-age, mais elle joue plutôt pas mal. Et pourtant, le premier contact avec elle est plutôt rude. Dans le premier épisode de la série, Rose, elle se vautre assez lamentablement. Mais on voit vite qu'elle n'est pas la seule, tout le monde ayant une grosse tendance au surjeu dans cette histoire.


C'est que cet épisode d'ouverture est tout simplement mauvais. Certes, il fait le lien avec l'ancienne série en remettant le pied à l'étrier aux Autons (et aux Nestenes), aussi impressionnants que lors de leur première apparition, trente-quatre ans plus tôt. Certes, il ramène le tournevis sonique dans l'univers de Doctor Who. Et certes, il reprend le légendaire thème d'ouverture dans une version moderne et malgré tout fidèle aux origines. Et puis on y découvre un nouveau TARDIS d'inspiration steampunk, tout droit tiré d'un roman de Jules Verne.
Ca fait beaucoup de bons points, et ce ne sont pas les seuls. On s'attardera notamment sur le rôle du Companion, désormais central dans le récit. C'était déjà un peu ce qu'avaient essayé de faire les producteurs de l'ancienne série avec Ace, mais il faut bien reconnaître que Rose est beaucoup plus ancrée dans la réalité, sans compter qu'elle a une famille qui prend de la place dans l'histoire. Et avec des épisodes de 45 minutes contre 25 pour l'ancienne série, la psychologie des personnages et les liens entre eux ont le temps d'être bien plus développés.
Ce qui ne nuit en rien au rythme effréné du récit, le Docteur et son assistante (ou plutôt ses assistants puisque Mickey, le petit ami de Rose, fait lui aussi un bref passage dans le TARDIS et deviendra un personnage semi-régulier) courant encore et toujours au devant du danger. Quand ce n'est pas le danger qui leur court après. Tant qu'on y est, signalons aussi qu'une bonne partie de cet épisode est tournée en extérieur, ce qui permet de profiter du cadre londonnien moderne, et que les effets spéciaux sont pour la plupart pas trop mauvais, même s'ils ont bien vieilli si on les regarde aujourd'hui.


Dis donc, mais ça fait quasiment que des qualités, tout ça ?! Oui mais voilà, il y a tout d'abord cet abominable surjeu qui rend les personnages comme Mickey ou Jackie, la mère de Rose, particulièrement antipathiques. Et au delà, on a l'impression, malgré tout ce que j'ai cité plus haut, de ne pas vraiment regarder Doctor Who. Ca ressemble éventuellement à "Benny Hill fait de la science-fiction", mais pas à ce qui a existé jusque-là. Forcément, pour nous autres Français, qui n'avons pas connu les épisodes classiques, cette analyse peut semble triviale, vu qu'on n'a pas de points de comparaison.
Et puis c'est un problème inhérent à tout reboot, d'autant qu'un gap de seize ans sépare les deux versions. Il fallait moderniser la série tout en conservant les spécificités du personnage et de son univers. Oui, c'est vrai, sauf... que ce n'est pas un reboot. C'est la suite, pas vraiment directe, de la franchise des années 60 à 80. Et si cette dernière a connu plusieurs visages (no pun intended comme on dit...) selon les équipes aux commandes, la nouvelle saga se devait d'en retrouver les fondamentaux, ce qu'elle ne parvient pas à faire.
En tout cas pas dans cet épisode d'ouverture. Les choses vont évoluer dès l'aventure suivante, qui se déroule dans une station spatiale, dans un lointain futur. Très orientée S-F, avec des tas de streums et une profusion d'effets spéciaux, cette histoire tournée uniquement en studio développe le côté secret d'un Docteur blessé (on y découvre que les Time Lords ont perdu la Guerre du Temps et que le Docteur est le dernier vivant), et Billie Piper est déjà bien plus convaincante dans son jeu.
C'est aussi un épisode qui se permet quelques réflexions sur l'avenir de notre planète, sur un ton un peu grinçant qui, pour le coup, correspond parfaitement à ce nouveau Docteur plus cynique que ses prédécesseurs. Et puis chose amusante, les épisodes de cette première saison sont tellement décorellés en terme d'ambiance que la prod' s'est crue obligée de mettre un résumé de l'épisode précédent pour ne pas perdre ses spectateurs en cours de route. C'est sûr que les nouveaux venus sont un peu perdus au début, souvenez-vous de vos premiers épisodes !


De fait, la suite se déroule dans l'Angleterre victorienne. Là pour le coup, on retrouve toute la magie des épisodes en costumes d'époque, grande spécialité de la BBC. C'est cet épisode qui est scénarisé par Mark Gatiss, et c'est la première fois que l'on y parle du Grand Méchant Loup, qui va devenir le fil rouge de cette saison. L'allusion est faite par une certaine Gwyneth, jouée par Eve Myles. L'actrice a visiblement fait bonne impression, puisqu'elle sera l'héroïne principale du spin-off Torchwood, dès l'année suivante !
Ensuite, on a droit au premier épisode en deux parties. C'est de nouveau Russell Davies au scénario, ça se passe de nouveau à Londres dans le présent, et ça verse de nouveau dans le ridicule avec pêle-mêle un cochon cosmonaute, des méchants extraterrestres qui passent leur temps à péter, un Docteur qui se prend sa première baffe par Jackie Tyler, ou encore les premiers pas de l'insupportable Harriet Jones, appelée à un grand destin quelques temps plus tard. On y mentionne vaguement UNIT, on y fait une petite dédicace à Blue Peter (l'émission pour enfants qui a toujours suivi Doctor Who), et on y joue toujours aussi mal.
A croire que c'est fait exprès... Les effets spéciaux sont pas foufous, en particulier les séquences sur fond vert, l'histoire du Méchant Loup est vaguement mentionnée à travers un simple graffiti sur le TARDIS... Bref, on a l'impression que les épisodes de Davies sont bâclés. A côté de ça, Dalek, le volet suivant scénarisé par Bob Shearman, impressionne malgré des effets spéciaux là encore pas top. D'abord parce qu'il marque, on s'en doute, le retour des poivrières à roulettes (ou plutôt de la poivrière, parce qu'il n'y a qu'un Dalek, comme le titre l'indique), mais pas que.
C'est surtout que les révélations y pleuvent concernant la guerre du temps. Là, on comprend que ce qui s'est passé en coulisses est d'une gravité sans nom. Et tout l'épisode gère les conséquences psychologiques de cette guerre, à la fois sur le héros qui est le dernier des Time Lords, mais aussi sur le Dalek qui est lui aussi l'ultime représentant de sa race. Les certitudes du Docteur sur sa Némésis vont à plusieurs reprises être bousculées par le comportement de ce Dalek, qui vole, certes (ça a été présenté comme une révolution alors que ça avait déjà été fait dans la série classique), mais surtout qui pense et qui s'émeut.


Curieusement, cette carcasse finit par transmettre des émotions au spectateur à travers le réticule de visée qui lui sert d'oeil ! Et son coup d'éclat final permet de comprendre, enfin, à quoi servent les petites sphères qui parcourent l'armure des Daleks ! Deux petites anecdotes sur cet épisode : on y voit un casque de Cyberman, alors que ces créatures n'apparaîtront pas de la saison. Et pour poursuivre avec le fil rouge, le pilote de l'hélico que l'on voit au début s'identifie en tant que Bad Wolf 1.
Davies revient aux manettes pour un épisode plutôt sympa, enfin, et qui met en scène quelques personnes dignes d'être signalés : Bruno Langley, qui joue le très éphémère (et de toute façon assez inutile) compagnon Adam Mitchell, et surtout l'inénarrable Simon "Shaun of the Fucking Dead !" Pegg dans le rôle du méchant. Critique ouverte des médias de masse, cette aventure sert, même si on ne le sait pas encore, de prologue au dyptique final de la saison.
Entretemps, on découvrira l'émouvant épisode signé Paul Cornell, qui joue admirablement sur les paradoxes temporels et bénéficie de très bons effets spéciaux, et les deux épisodes, eux aussi excellents, de Steven Moffat. Se déroulant durant la seconde guerre mondiale, il délivre une atmosphère angoissante, et surtout, il marque l'apparition du capitaine Jack Harkness, qui devient un Compagnon formidable. Hyper-sexué, cet agent temporel devenu bandit a la carrure d'un Han Solo, dont il s'inspire indubitablement. Enfin, on trouve un épisode de Davies (aïe !), qui voit déjà le retour des Slitheen (les extraterrestres péteurs du premier two parter, re-aïe !) et du Méchant Loup (écrit en gallois, aïe !)... Et pourtant, il s'agit d'un excellent opus, qui ménage quelques explications sur le TARDIS pour le néophyte, et qui surtout propose une réflexion intense sur les conséquences des actions du Docteur.
Cela faisait longtemps que la série ne s'était pas intéressée au sujet, et il est bon de le remettre en avant de temps en temps. A vrai dire, la saison aurait dû s'arrêter là. Hélas, il y a encore deux épisodes, qui vont donner une conclusion à la saga du Grand Méchant Loup. Débutant sur un futur télévisuel qui pastiche des émissions comme Big Brother (Loft Story), le Maillon Faible et What Not to Wear, le premier reprend les décors du septième épisode et se conclut sur un cliffhanger de folie, qui donne lieu à la première véritable punch line du Docteur, de celles qui vous filent des frissons quand il les prononce, vous voyez ce que je veux dire ?
Malheureusement, The Parting of the Ways, qui signe la conclusion, va venir tout gâcher. Pourtant, il s'agit d'un final spectaculaire, qui deviendra la marque de fabrique de la série pour les années à venir. Le truc qui vous asseoit sur le cul tout en vous faisant dresser les poils. Seul tout petit problème : on y bite rien ! Le final verse dans le délire métaphysique et Rose apparaît en mode bien vénère, deus ex machina d'une histoire mal construite (parce que sinon, elle n'aurait pas besoin de sortir un lapin de son chapeau pour trouver sa résolution) et anti-climax au possible.
Bilan en demi-teinte pour cette première saison, donc. Le néophyte (comme beaucoup de monde en France, c'est par cette saison que j'ai mis le pied à l'étrier) se laissera sans doute embarquer par cette S-F débridée, même s'il ne comprend pas tout. A revoir ces épisodes avec l'expérience de l'ancienne série, je pense que les fans de la première heure ont été plus mitigés. Certes, revoir le Docteur fait plaisir, mais il a beaucoup changé, et pas forcément en bien. Reste que cette saison fait passer à la postérité deux ou trois bricoles comme la proclamation des ombres, sorte de loi intergalactique énoncée dès l'épisode d'ouverture, ou le papier psychique, un gadget que le Docteur utilisera souvent et que l'on découvre dans l'épisode 2.

Concernant les DVD, la saison se trouve en intégrale des deux côtés de la Manche. Le coffret en VO contient cinq disques : les quatre premiers regroupent les épisodes en VO sous-titrée anglais plus des tas de bonus, tandis que le cinquième embarque tous les épisodes de la première saison de Doctor Who Confidential, une série de docs de dix-quinze minutes sur les coulisses du show. Le coffret VF, lui, ne contient que quatre disques, aucun bonus et pas de VOST. A vous de voir, moi j'ai choisi mon camp.

L'épisode que je vous conseille : Aliens of London. Le cochon qui court sur deux pattes et les monstres qui pètent, c'est trop pour moi.

mercredi 14 septembre 2016

Night Slashers en arcade

Night Slasher


machine : arcade

année : 1993
développeur : Data East
éditeur : Data East
joueurs : trois
genre : beat them up




Pour les vampires, il faut de l'ail. Pour les loups-garous, l'argent fonctionne bien. Et les zombies, une balle dans la tête. Les bonnes recettes, on les a. Et puis un jour, les mutants, les monstres et les morts-vivants se mettent à envahir le monde et on oublie toutes ces recettes. Et on se fait massacrer. Le peu d'humains qui survivent ne va pas durer longtemps. Et d'un seul coup, trois inconnus - parmi lesquels vous pourrez choisir votre avatar à loisir - surgissent de nulle part avec de nouvelles recettes. Ou plutôt avec une seule et unique recette valable pour tout le monde : la bonne vieille tarte à la phallange. Et avec une certaine grandiloquence.


'CAUSE THIS IS THRILLER NIGHT
Défonçant l'entrée de l'hôpital délabré avec leur mini-van, les trois justiciers vont ensuite défoncer la gueule des autochtones à coups de pieds et de poings. Les mécréants qui se rapprochent un peu trop finissent avec leurs prunes atrophiées au niveau de leurs amygdales, et en cas de surnombre, il est également possible de placer des coups dans les airs, plutôt efficaces pour s'extraire de la masse. Dans les situations les plus difficiles, en appuyant simultanément sur les boutons de saut et d'attaque, vous pouvez déclencher une attaque spéciale qui consomme une portion de votre jauge de vie, mais uniquement si elle parvient à toucher.

Mais ce n'est pas tout. Contrairement à de nombreux autres beat'em up, Night Slashers dispose d'un troisième bouton. Celui-ci déclenche une super-attaque à chaque appui, d'une puissance telle qu'elle nettoie l'écran de toute présence hostile, comme les smart bombs d'un shoot'em up. Par contre, elle coûte la bagatelle d'un tiers de la jauge de santé ! Et il est également possible de déclencher une attaque totalement différente en pressant le bouton de Super lors d'un saut. Le résultat sera néanmoins identique sur votre jauge de santé. En dehors de leurs talents spécifiques, nos héros sont également capables, lorsque vous jouez à deux ou à trois, de déclencher une attaque de groupe qu'il me sera difficile de vous présenter pour cause de pratique solitaire de ce jeu.


Et puis vous pouvez aussi compter sur le décor lui-même. En détruisant les barils gentiment posés sur votre chemin ou en les ramassant directement au sol, vous obtiendrez diverses choses : des diamants et autres lingots qui ne font que rapporter des points, de la nourriture qui restaure votre jauge de santé, et d'autres types d'objets comme les attachés-cases par exemple, que vous pouvez ensuite balancer à la gueule de vos adversaires. L'avantage, c'est que la valise renferme elle-même des objets, tels que le Stinger qui double la puissance de votre prochain coup ! Pour récolter un item et éventuellement pour le jeter, il faut passer dessus et appuyer sur le bouton d'attaque.


En fin de niveau, vous rencontrerez le docteur psychopathe à l'origine de l'infection. Pensiez-vous qu'il s'agissait du boss de ce niveau ? Que nenni. Juste derrière, vous devrez affronter le véritable gardien de l'hôpital, qui n'est autre que le cousin germain du monstre de Frankenstein. Après l'avoir battu, vous découvrez le visage de votre véritable ennemi, qui vient vous défier, mais pas de trop près quand même, des fois que vous lui mettriez une bouffe dans la gueule. Et justement, c'est ce que vous aviez en tête. Alors ne traînons pas et passons directement à la suite.



AND NO ONE'S GONNA SAVE YOU
Vous arrivez dans une forêt embrumée et, après avoir latté une poignée de zombies mal dégrossis, vous vous mettez en chasse du carrosse de votre Némésis lors d'une séquence en scrolling automatique. Malheureusement, il finira par vous échapper, lorsque se dressent en travers de votre route des émules pervertis de Pinocchio et Gepetto. Pétez-leur les dents et vous débarquerez dans un cimetière, où vous affronterez le boss du stage, un golem. Le niveau se conclut sur votre victoire, et vous pouvez participer à un premier mini-jeu, une version gore du whack-a-mole !

Ensuite, vous vous retrouvez dans le donjon décrépit d'un palais, que vous explorerez de long en large en prenant garde non seulement aux monstres, mais aussi aux peintures qui prennent vie. Vous devrez affronter une armure ensorcelée en guise de boss de mi-parcours, et le fameux Dracula en fin de niveau, celui-là même qui vous défiait de le vaincre. C'est désormais chose faite, mais l'aventure ne fait que commencer. Pour empêcher la fin du monde, il va falloir sceller deux portails mystiques.

Le premier se trouve en Egypte, un stage très court qui vous oppose à une poignée d'adversaires avant le combat contre les pharaons maudits. Vous reprenez ensuite l'avion pour sceller le deuxième portail, mais vous êtes agressés dans les airs par les armées du Mal. Vous y retrouverez même une vieille connaissance, qui vous défiera sur la carlingue de l'appareil. Finalement, vous pénètrerez dans l'aéronef adverse et y latterez la momie qui fait office de boss. Les portails sont clos, et avant de vous lancer vers l'ultime combat, vous participerez à un nouveau mini-jeu qui s'appuie sur du button mashing.


C'est dans une sorte d'usine que vous attendent les derniers adversaires, en très grand nombre, vous devrez affronter tour à tour de nombreux boss passés ainsi qu'un petit nouveau, l'hélicoptère spectral, et finalement, vous atteindrez la créature à l'origine de tous vos problèmes, la Mort en personne ! Mais la battre ne suffira pas : il reste encore un dernier niveau, très rapide une fois de plus, qui sert uniquement à vous présenter le boss final, le roi Zarutz. Si vous parvenez à le battre, vous devrez encore trouver le moyen de vous échapper lors d'une nouvelle séquence à défilement automatique, après quoi vous pourrez admirer la fin du jeu.


EN RESUME :
SCENARIO : heureusement que le ridicule ne tue pas, parce que le coup des super-héros contre la Nuit des Morts-Vivants, on ne peut pas dire que ce soit très crédible. Mais c'est un bon prétexte pour se défouler.
GRAPHISMES : là encore, on verse assez naturellement dans le kitch. Les trois héros semblent tout droit sortis d'un mauvais dessin animé des années 80, et les couleurs criardes tranchent avec l'ambiance de film d'horreur.
ANIMATION : l'animation est relativement fluide, mais on a l'impression parfois qu'il manque des frames. C'est notamment frappant, si je puis dire, lors des séquences en scrolling auto.
SON : les thèmes sont assez nombreux, mais ils se ressemblent tous. Ils sont malgré tout nerveux à souhait, et avec de gros bruitages qui tâchent, on obtient une partie sonore efficace à défaut d'être originale.
JOUABILITE : foncièrement, le principe est le même que celui des trois quarts des beat'em up. Le bouton dévolu aux coups spéciaux ne révolutionne pas le genre, mais les nombreuses techniques de combat rendent le système plutôt riche.
DIFFICULTE : la courbe de progression est assez douce, même si certains types de monstres irritent un peu. Mais c'est surtout dû à un problème de détection des collisions, qui est handicapant en particulier lors des mini-jeux et des séquences à défilement imposé.
DUREE DE VIE : sept niveaux, cela pourrait passer pour raisonnable. Mais deux d'entre eux sont très rapides à franchir, ce qui fait que Night Slashers est dans la moyenne basse du genre en la matière.
VERDICT : voilà, Data East a son beat'em up. Il n'est ni pire ni meilleur que beaucoup d'autres, et c'est précisément parce qu'il n'a pas su se démarquer qu'aujourd'hui, tout le monde ou presque l'a oublié. Mais il fait passer un bon moment, dans l'ensemble.
POURQUOI CETTE VERSION : jusqu'à preuve du contraire, Night Slashers est une exclusivité du monde de l'arcade. Et il n'y aura pas de preuve du contraire, parce que je ne me trompe jamais.