L'INSTANT VO (What else ?)
Pour commencer, Vault Comics est un éditeur récent, et encore en activité. Il a été fondé dans le Michigan en 2016, par Adrian et Damian Wassel, qui partagent les fonctions managériales de leur société avec leur père, Damian Senior, et un cousin du nom de Nathan Gooden. Aucun des quatre n'a particulièrement baigné dans le milieu du comic-book, mais la structure familiale, rare dans ce business, attire rapidement le regard des médias. Le coup de projecteur est de courte durée, mais nous allons voir qu'il a permis de sortir de l'ombre quelques pépites.
Le bilan :
A lire de toute urgence
scénario : F.J. Desanto et Todd FARMER
dessin : Federico DALLOCCHIO
Il y a dix ans, les Etats-Unis ont financé un programme de soldats cybernétiquement améliorés, mais devant l'instabilité des sujets, il a fallu fermer l'opération très rapidement... et se débarrasser des preuves. Mais il reste encore des agents dormants à travers le monde entier, et John Ravane est chargé de les arrêter avant que le gouvernement ne soit obligé de déclencher l'opération Failsafe. F.J. Desanto et Todd Farmer imaginent un polar techno-politique qu'ils placent volontairement dans un futur proche pour mieux dénoncer les dérives du tout sécuritaire. L'approche est efficace, le rythme est haletant et les dessins de Federico Dallocchio sont impressionnants de réalisme.
scénario : Ram VENKATESAN
dessin : Sumit KUMAR
Lorsqu'Alain Pierrefont débarque à Calicut, au dix-huitième siècle, avec la Compagnie des Indes, il croit pouvoir oublier son passé et reconstruire sa légende. Mais le vampire ignore que le jeune prince Vikram de Zamorin est protégé par Bishan, un être immortel aux pouvoirs incroyables. La correspondance épistolaire qui sert de point de vue et change à chaque épisode n'est qu'une des très bonnes idées qui parsèment la mini-série de Ram V. Le mélange entre fantasmagorie occidentale et mythologie hindoue en est une autre, et la perfection des dessins de Sumit Kumar renforcent la puissance évocatrice de cet univers si plaisant.
scénario : David BOOHER et Adrian WASSEL
dessin : Nathan GOODEN et Nick ROBLES
Chasseur de primes sans grand avenir, Ben Madsen est engagé par un certain Miles Sullivan, de la sûreté du territoire, pour appréhender un dangereux fugitif décrit comme bioterroriste. Il s'agit en réalité de Nyx, un criminel extraterrestre qui semble totalement inarrêtable. La mini-série d'Adrian Wassel et David Booher, bien qu'inachevée, est construite sur un rythme suffisamment enlevé pour accrocher le lecteur du début à la fin. Le concept est vendeur, les personnages savoureux en dépit d'interactions parfois surprenantes, et le dessin de Nick Robles n'est pas désagréable.
scénario : Dan WATTERS
dessin : Val RODRIGUES
Héros de batailles uniquement remémorées à travers les mythes du monde entier, la Sentinelle est réveillée de sa torpeur à chaque fois que le monde de l'Homme et celui de la nature entrent en conflit. L'agent Abigail Hester est justement chargée de contrecarrer l'invasion de champignons destructeurs qui menace l'humanité toute entière. En dépit d'une narration un peu lourde, Dan Watters fait passer son message écologique de belle manière, à travers une mini-série qui ne se repose pas uniquement sur son engagement, mais qui a aussi des atouts plus traditionnels à faire valoir, en particulier l'agréable style protéiforme de Val Rodrigues.
scénario : Ricardo MO
dessin : Tony GREGORI
Gravement malade, Sullivan Husk a fait un pacte avec les démons : sa santé recouvrée contre l'amour de sa femme. Depuis, il utilise une application sur son téléphone pour transformer l'amour de ses nombreuses conquêtes en chance. Mais les conséquences ne sont pas négligeables, d'autant plus lorsque sa fille, dont il ignorait l'existence, fait irruption dans sa vie. En dépit du coup de crayon de Tony Gregori, nerveux mais disproportionné, la mini-série de Ricardo Mo est plutôt agréable. Le concept est original, l'univers est cohérent, les personnages sont attachants, le récit est bien construit et le final, bien qu'expéditif, mérite à lui seul la lecture.
scénario : Ryan O'SULLIVAN
dessin : Andrea MUTTI
Contrairement à l'auteur à succès Arthur Proctor, Henry Henry n'a aucun talent d'écrivain, si l'on en croit son agent. Mais sa rencontre avec la Muse, il accepte tacitement de devenir le Conteur, dernier descendant d'une lignée d'humains qui ont combattu les horreurs du Plan de l'Effroi. Jouant avec le quatrième mur, Ryan O'Sullivan délivre une mini-série excessivement bavarde, portée par un anti-héros qui révèle petit à petit une horreur hélas bien plus ordinaire qu'il n'y paraît de prime abord. Plus malin que ce qu'il promettait, le récit jouit des somptueuses illustrations d'un Andrea Mutti au sommet de sa forme.
scénario et dessin : Natasha ALTERICI
Pour avoir refusé l'autorité d'Odin, la valkyrie Brynhild a été condamnée par le père des dieux à souffrir une malédiction éternelle. Mais la jeune viking Aydis, elle-même rejetée de son clan parce qu'elle a embrassé une autre jeune femme, s'est donné pour mission de la libérer. Le périple est ardu, et peuplé de puissants adversaires. En utilisant le contexte d'une mythologie patriarcale, Natasha Alterici peut développer un message de tolérance puissant tout en faisant preuve de beaucoup de finesse. Malin, son récit surprend cependant par ses premiers visuels griffonnés, à mille lieues de ce que les couvertures promettaient, mais heureusement vite remplacés par des peintures plus douces. La deuxième partie est moins fine, au scénario comme au dessin.
scénario : Danny LORE
dessin : Jordi PEREZ
Il arrive que des créatures s'échappent des cauchemars et entrent dans le monde physique. Lorsque tel est le cas, on fait appel aux angents de l'Annexe Morphéenne, et la juge-inspectrice Daher Wei est la plus expérimentée d'entre eux. Elle est chargée par l'influent Emerson Chase de retrouver la femme de ses rêves...Le principe d'un thriller de science-fiction tient dans un twist simple, qui implique des rebondissements impossibles dans un polar traditionnel. C'est le cas de la mini-série de Danny Lore, qui repose sur le concept d'êtres imaginaires qui prennent vie dans la réalité, et qui s'appuie également sur le dessin très particulier mais très stylisé de Jordi Perez.
scénario : Jon TSUEI
dessin : Audrey MOK
Fille aînée du roi de Parsa, Sera mène les troupes de son père face aux armées de son oncle maléfique, Shaheen, lorsqu'elle est soudain transportée dans une autre dimension. Là, Mitra le Yazata confie à la jeune princesse la mission de retrouver les étoiles royales, sans quoi le monde des humains cessera d'exister. On saluera tout d'abord le travail d'Audrey Mok, dont le style s'inspire pour beaucoup de l'univers manga. Solides et agréables à l'oeil, ses dessins retranscrivent de belle manière l'univers et les personnages imaginés par Jon Tsuei. Un décorum d'heroic-fantasy inspiré par les contes des Mille-et-Une Nuits.
scénario : Mike MORECI
dessin : Hayden SHERMAN
Billy Bane a été la Voix du Créateur, le plus grand prêcheur de tout l'univers et celui qui a convaincu l'union planétaire de placer Devolous Yam au poste de Leader Galactique. Depuis, le tyran a mis à mal des populations entières, et son ancien porte-parole est convaincu par la jeune Molly Sue et ses visions d'aller l'abattre. La série de Mike Moreci est pour le moins bavarde, et l'univers de science-fiction qu'il développe n'a rien de très original. Mais il parvient à rendre ses personnages attachants, et Hayden Sherman met en scène cet avenir désenchanté de belle manière, bien qu'avec force traits et hachures.
scénario : Collin KELLY et Jackson LANZING
dessin : Nathan GOODEN
Pleurant depuis des années son fils décédé, Shannon Kind est soudainement projetée sur Zojaqan, un royaume irréel où elle va devoir venir en aide aux paisibles Zoja, victimes des armées innombrables de la Vague Brutale. Ce faisant, elle provoque leur rapide évolution, mais à quel prix ? La fable imaginée par Collin Kelly et Jackson Lanzing évite autant que faire se peut de se montrer moralisatrice, mais elle n'en manque pas moins d'explorer les fondements de la religion, avec un final apocalyptique à la clef. Au dessin, Nathan Gooden est très surprenant, mais efficace.