samedi 4 août 2018

Sorties comics de juillet

Le mois de juillet, c'est service minimum pour les éditeurs. Panini n'a rien à vendre concernant les indies, et les autres gros ne proposent qu'une nouveauté chacun, toutes concernant des séries en cours de parution ou dont c'est le dernier tome. Heureusement, les petites structures font de la résistance. Graph Zeppelin traduit pour la première fois en France un comics d'Overground, Wetta réimprime la Dernière Tentation de Neil Gaiman, Hi Comics nous inonde mois après mois de BD sur les Tortues Ninjas, les éditions Tabou continuent d'explorer le catalogue fantasti-cochon d'Avatar Press et Flamival reprend la franchise Ghostbusters là où Delcourt l'avait laissée.

LE COMICS (indé) DU MOIS (de juillet)
La DERNIERE TENTATION (éditions Wetta)
scénario : Neil GAIMAN (the Books of Magic, American Gods)
dessin : Michael ZULLI (the Sandman, Delicate Creatures)
genre : fantastique
édité chez DYNAMITE ENTERTAINMENT aux USA (contient The Last Temptation TPB*)

Afin de ne pas passer pour un peureux devant ses amis, Steven accepte l'invitation du mystérieux Monsieur Loyal du Théâtre du Réel, un lieu qui n'apparait que ponctuellement sur le passage des enfants quelque peu perdus. L'endroit est des plus glauques, et l'hôte des plus angoissants, mais l'adolescent ressort de cette expérience avec une toute autre vision de la vie. D'abord désabusé, persuadé n'avoir aucune chance d'échapper à son tortionnaire, il finit par trouver la volonté de se battre pour sauver son âme.
C'est sur une idée d'Alice Cooper que Neil Gaiman développa cette allégorie du passage à l'adolescence, sous la forme d'une mini-série publiée chez Marvel Music, une branche de la Maison des Idées qui connut une vie éphémère au début des années quatre-vingt-dix. Du reste, le récit sert en quelque sorte à illustrer l'album éponyme, paru chez Epic Records en 1994 et avec qui il partage son illustration de couverture. La mini en question a déjà été traduite en français, en noir et blanc, chez feu l'éditeur Bulle Dog, mais il s'agit ici de la version compilée et colorisée qui a vu le jour chez Dynamite Entertainment pour fêter ses vingt ans.
Ramassée, l'histoire place le célèbre artiste Alice Cooper, jamais nommé mais facilement reconnaissable, dans le rôle fort à propos de figure d'épouvante, grandiloquente mais finalement peu dangereuse. Entre l'épouvantail et le père-la-morale, sa théatralité vient en contraste du caractère fade et taiseux du personnage principal, et c'est cette antinomie qui donne son sel au récit. De la même manière, les dessins de l'irremplaçable Michael Zulli sont richement travaillés, mais ils manquent un peu de vie. C'est sans doute voulu, mais c'est surprenant.





DANS LE RESTE DE L'ACTUALITE
AMERICA (éditions Graph Zeppelin)
scénario : Jon HUGUES (Absent Captain, Herocorp Knights)
dessin : Ale GARZA (Ninja Boy) et Jason PEARSON (Body Bags)
genre : super-héros
édité chez OVERGROUND COMICS aux USA (contient America 1 à 4)

Depuis qu'elle a perdu son invincibilité, la super-héroïne America n'est plus la coqueluche des médias ni, à vrai dire, celle de son employeur. Contrainte de prendre des précautions qu'elle estime inutile, elle doit pourtant enquêter sur plusieurs casses en lien avec Herocorp. Le pitch de la mini-série de Jon Hughes aurait pu donner lieu à une réflexion plus ou moins intéressante sur la figure héroïque rabaissée au rang de simple être humain, mais il n'en est rien. Fade, souffrant de dialogues abominables, le récit ne peut même pas compter sur ses deux artistes, qui effectuent ici le minimum syndical.

(1/5)

NAILBITER (tome 6, éditions Glénat)
scénario : Joshua WILLIAMSON (Ghosted, Birthright)
dessin : Mike HENDERSON (Smuggling Spirits, Banshee Origins)
genre : thriller
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Nailbiter 26 à 30)

Tandis que Nicholas Finch est détenu et torturé par le Maître, Edward Charles Warren est abattu en pleine rue par un inconnu. Un peu plus tard, Shannon Crane est elle aussi grièvement blessée par l'agent Barker, puis c'est toute la ville de Buckaroo qui se retrouve la proie des flammes... Joshua Williamson peine toujours à conclure ses récits. Il parvient à faire grimper les enjeux de manière vertigineuse, mais la résolution des mystères de sa saga manque cruellement de cohérence. Par contre, Mike Henderson est d'une régularité exemplaire, et son style est très plaisant.

(3/5)

TEENAGE MUTANT NINJA TURTLES (tome 3, éditions Hi Comics)
scénario : Bob CURNOW, Kevin EASTMAN (Cage Hero) et Tom WALTZ (Silent Hill)
dessin : Kevin EASTMAN (Fistful of Blood), Mateus SANTOLOUCO (Fall of Cthulhu) et Charles-Paul WILSON III (the Stuff of Legend)
genre : arts martiaux / fantastique
édité chez IDW PUBLISHING aux USA (contient Teenage Mutant Ninja Turtles 25 à 28)

Avec Léonardo passé dans le camp d'en face et Casey Jones grièvement blessé, les Tortues Ninjas cherchent toute aide possible afin de contrecarrer les plans de conquête du Foot Clan. Elles vont devoir se trouver des alliés improbables, et quand bien même elles y parviendraient, arriveront-elles à temps pour sauver leur frère ? Kevin Eastman et Tom Waltz convoquent quasiment tous les personnages du gargantuesque casting de la saga pour un final de haute haleine, où les attermoiements laissent enfin place à une action trépidante. En outre, le dessin de Mateus Santolouco est nerveux et rend les scènes de combats très dynamiques.

(3,5/5)

STREET FIGHTER II (tome 2, éditions Urban)
scénario : Ken SIU-CHONG (Dark Minds, Echo)
dessin : Jeffrey CRUZ (RandomVeus, Sinbad : Rogue of Mars)
genre : arts martiaux
édité chez UDON ENTERTAINMENT aux USA (contient Street Fighter II Turbo 1 à 6 sans les back-up* + une histoire courte tirée de Street Fighter Remix #0*)

Alors que les préparatifs du prochain tournoi Street Fighter vont bon train, et que Shadaloo organise des épreuves qualitificatives afin de connaître les finalistes, chaque participant se remémore ce qui l'a conduit à participer, qu'il s'agisse de rêves de gloire ou d'esprit de justice. Ken Siu-Chong est toujours aux commandes de la franchise, et il poursuit son récit là où il l'avait arrêté. Cette première moitié de la saga sert principalement à récapituler les origines des personnages, et l'approche est très scolaire. En outre, le style de Jeffrey Cruz est excessif dans ses angles de vue, et de fait peu lisible.

(2/5)

JAMES BOND (tome 4, éditions Delcourt)
scénario : Andy DIGGLE (the Loosers, Hellblazer)
dessin : Luca CASALANGUIDA (Rebels)
genre : espionnage
édité chez DYNAMITE ENTERTAINMENT aux USA (contient James Bond : Kill Chain 1 à 6)

Sur le point de confondre l'agent double Rika van de Havik, James Bond découvre qu'elle travaille pour la CIA. Mais une fusillade fait capoter l'arrestation, et en suivant la piste du sniper, l'agent secret remonte jusqu'à une organisation néo-nazie. Ce n'est pourtant que la face émergée de l'iceberg... La nouvelle équipe créative à la tête de la licence fait des merveilles. Andy Diggle imagine une histoire riche en rebondissements et toujours aussi trépidante, tandis que Luca Casalanguida se charge brillamment de la mettre en images, grâce à un style nerveux et incisif.

(4/5)

UNHOLY (éditions Tabou)
scénario : William CHRISTENSEN (Pandora), Brian PULIDO (Lady Death), Mark SEIFERT (Avengelyne) et Christian ZANIER (Rising Stars)
dessin : Ron ADRIAN (Darkchylde), Gabriel ANDRADE (Ferals), Raulo CACERES (the Extinction Parade), Francisco di AMORIM (Hellina Vs. Pandora), Rick LYON (Wrath of the Furies), Matt MARTIN (Snowman) et Christian ZANIER (Ghost)
genre : mystique / érotique
édité chez AVATAR PRESS aux USA (contient Unholy 1 à 5)

Abordée par l'ange guerrière Yael, la jeune Christine Ellis découvre que son père n'est pas un simple pasteur mais un être terrible au service de démons qui souhaitent conquérir le Paradis. Après son ascension, la jeune femme rejoint le petit groupe des Impurs pour empêcher le plan d'Hellina de se concrétiser. Dans le grand plan d'ensemble qui consiste à ressusciter les vieilles licences d'Avatar Press sous la forme d'un univers cohérent, la mini-série de Christian Zanier est centrale, mais il manque plusieurs clefs pour l'appréhender correctement. Raulo Caceres se montre très cru dans sa représentation graphique, tant de la violence que de la sexualité.

(2,5/5)

GHOSTBUSTERS (tome 5, éditions Flamival)
scénario : Erik BURNHAM (A-Team : War Stories, Scarlet Spider)
dessin : Erik BURNHAM (Back to the Future) et Dan SCHOENING (Mega Man)
genre : fantastique / humour
édité chez IDW PUBLISHING aux USA (contient Ghostbusters volume* 2 1 à 4)

Cela fait maintenant trois mois que les Ghostbusters ont disparu, enlevés par de puissants fantômes et amenés dans une autre dimension. Ron Alexander est libéré de prison pour diriger une nouvelle équipe de remplaçants, tandis que le groupe originel tente de retourner sur Terre. Erik Burnham reprend sa série pratiquement là où il l'avait laissée. Jouant désormais avec deux quatuors de héros, il leur impose des enjeux colossaux qui donnent lieu à une histoire trépidante, qu'appuie le trait nerveux de Dan Schoening. Les back-up inspirées par le dessin animé The Real Ghostbusters sont un petit plus sympathique.

(3,5/5)

* #0 : numéro spécial qui sert de prélude à une série
* BACK-UP : histoire courte publiée en fin de fascicule, qui peut être ou non liée à l'histoire principale
* TPB : trade paperback, recueil de fascicules ou d'épisodes numériques
* VOLUME : numéro d'identifiant d'une série

PAS LU, PAS PRIS (et pas près de le prendre)
les INDESTRUCTIBLES tomes 1 & 2 (the Incredibles), édité chez Titan Comics aux USA et chez Hachette en France
LOCKE & KEY intégrale 3, édité chez IDW Publishing aux USA et chez Hi Comics en France (déjà chroniqué lorsque l'éditeur s'appelait Milady Graphics)

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