samedi 16 mars 2019

Gigawing en arcade

Gigawing

machine : arcade
système : Capcom CPS-2
année : 1999
développeur : Takumi Corporation
éditeur : Capcom
joueurs : deux
genre : manic shooter


Créé par les dieux, le Médaillon a le pouvoir de donner la vie... ou de la détruire. C'est son utilisation qui a conduit à la seconde guerre mondiale, entre autres, et désormais un autre conflit s'engage pour la survie de l'humanité. D'un côté, une armada quasi-infinie de machines de guerre toutes plus létales les unes que les autres. De l'autre, vous joueurs, pilotes de l'un - ou deux, le jeu acceptant la coopération - des quatre chasseurs mis à votre disposition et présentés de manière très stylisée durant l'intro. OK, on s'arrête deux minutes ? On est bien d'accord qu'on va se battre pour un médaillon ? Pour une breloque qu'on pourrait trouver chez Tati Or ? Alors bon, c'est vrai que le coup de l'invasion extraterrestre dans les shmups, c'est un peu lourdingue au bout de la quatre-vingt-quatrième fois, mais là, question enjeu, on a l'impression d'utiliser un char d'assaut pour tuer une mouche. Et en même temps, quand on voit la gueule de la mouche...
De manière un peu plus concrète, vous aurez accès à Raijin, piloté par Sinnosuke et disposant, à pleine puissance, d'un tir en cône dit 3-Way; à Widerstand, piloté par Stuck et qui projète un tir concentré vers l'avant plus deux bombes qui explosent à mi-distance ; à Porchka, piloté par Isha et dont le tir, plus large, est accompagné de deux missiles latéraux ; et enfin à Carmine, piloté par Ruby et dont l'énorme puissance de frappe est concentrée sur un seul et unique tir frontal assez large. Autrement dit, comme dans de nombreux shoot'em up, il faudra faire un compromis entre puissance brute et rayon d'action, les vaisseaux se pilotant par ailleurs de la même manière. A noter, par contre, que l'ordre des premiers niveaux varie en fonction du vaisseau choisi.

COUSCOUS-BOULETTES
Chaque stage est précédé d'un commentaire de la part du pilote que vous aurez choisi. Place ensuite à l'action à travers ce manic shooter - une catégorie de shoot'em up destinée aux furieux du pad, avec des trouzaines de boulettes à éviter - vertical. Lorsque la partie débute, on se dit que le visuel n'est clairement pas ce que Takumi, développeur du jeu, a voulu mettre en avant. On est pourtant sur CPS-2, le système d'arcade le plus abouti de Capcom à l'époque, mais le début du premier niveau a de faux airs de 1943 Kai, toutes proportions gardées. Quelques effets, comme le scrolling multi-plans lorsqu'on passe au dessus des nuages ou l'alternance de couleurs lorsque l'alerte est donnée, se font jour de ci de là, sans pour autant éblouir le joueur. N'oublions pas que nous sommes alors en 1999, que la 3D est reine y compris dans les salles enfumées, Radiant Silvergun étant né l'année précédente, et que nos pixels d'amour se doivent donc de se montrer irréprochables s'ils veulent perdurer. Notons malgré tout que ce dépouillement, si l'on peut dire, permet une grande lisibilité de l'action, les boulettes ennemies, bleu ou rose pétants, se détachant particulièrement bien sur ces décors un peu ternes.
Au delà de ces considérations purement esthétiques, Gigawing ne se distingue pas non plus particulièrement par son gameplay. Il s'agit avant toute chose d'esquiver les attaques adverses au moyen du stick directionnel, et de marteler la première touche d'action pour faire feu sur l'assaillant. La plupart des ennemis abattus libèrent des étoiles, plus ou moins grosses selon leur importance, et qui font donc plus ou moins grimper votre score. Certains adversaires abandonnent parfois un bonus de puissance, symbolisé fort logiquement par la lettre P, qui peut augmenter comme on s'en doute la puissance de votre tir principal, et ce sur trois niveaux. La longueur relativement importante des niveaux permet de se familiariser sans trop de difficultés avec le pilotage de base. Arrive alors le premier boss, simple formalité pour peu que, comme moi, vous n'essayiez pas en même temps de l'abattre et de prendre un screenshot de votre victoire ! Vous n'avez que soixante secondes pour en triompher si vous voulez le bonus, mais c'est largement suffisant, même en se limitant à lui tirer dessus "bêtement".

INSPIREZ, EXPIREZ...
Le deuxième niveau débute au dessus d'une gare baignée d'une ambiance sonore tout aussi nerveuse que le niveau précédent, et va vous demander de traquer un train lourdement armé, en le détruisant wagon par wagon. Les très nombreux adversaires de base vous permettront d'engranger les bonus de points à une vitesse impressionnante, et les lettres P sont également légion, si bien qu'il ne vous faudra que peu de temps avant d'attendre votre puissance optimale. Si jamais l'adversité devient trop importante, vous avez aussi à votre disposition, en quantité limitée bien entendu, des smart bombs qui nettoient l'écran de tous ses ennemis et vous offrent de plus gros bonus. Vous pourrez refaire le plein en récoltant les options B. Arrive enfin le deuxième boss, et là, vous vous rendez compte que votre approche gros bourrin risque de ne pas suffire à l'abattre. C'est qu'en fait, il vous manque une clef, une information que je ne vous ai pas encore délivrée, bougre de salopard que je suis.
En maintenant enfoncée la touche dédiée au tir, vous avez en effet la possibilité de créer un champ de force qui a la faculté d'absorber puis de renvoyer les tirs adverses. Et plus vous vous faites canarder, plus il renverra de boulettes. Les ennemis ainsi détruits libèrent non pas des étoiles mais des symboles en forme de boucliers, dorés eux aussi. Mais surtout, cette technique permet à la fois de se protéger momentanément et de faire de gros dégâts. La seule limite est la jauge d'énergie RR située en bas à droite de l'écran, et qui se vide lorsque vous utilisez le champ de force. Vous devrez alors attendre quelques secondes avant qu'elle ne se remplisse à nouveau.
Maintenant que vous connaissez toutes les subtilités de gameplay de ce Gigawing, traverser le reste des niveaux ne sera qu'une formalité, si je puis dire. Le bouillonnant troisième stage est marqué par l'apparition d'un boss de mi-parcours, lui-même annoncé par un court monologue, suffisamment bref pour ne pas casser le rythme de l'action. Le boss est quant à lui un gros navire qui vague sur la lave, et qui me fait immédiatement mentir à propos du champ de force, puisque certains de ses tirs, et notamment les missiles à tête chercheuse, ne peuvent pas être renvoyés. Vous devrez donc continuer de zigzaguer pour vous en sortir vivant.
Vous voilà désormais aux abords d'un continent flottant, et l'opposition se fait de plus en plus tenace. En fait, si vous n'utilisez pas abondamment le champ de force, voire les smart bombs, vous ne saurez rapidement plus où donner de la tête, tellement ça arrive de partout. Assez tôt dans le niveau, une vieille connaissance vient vous faire un petit coucou. Mais quel est donc ce mystérieux vaisseau qui passe son temps à vous polluer la vie ? Vous ne le saurez pas tout de suite. En attendant, vous devrez faire affaire avec un gros robot qui fait office de boss pour ce stage.
Pour finir, eh oui, pour finir déjà, vous survolerez la pyramide flottante qui tient lieu de dernier stage. Vous y affronterez, grosso merdo aux deux tiers du parcours, le vaisseau d'une nonne qui cherche à obtenir la paix en détruisant tout ce qui bouge, mais le principal ennemi est d'un tout autre calibre. Le frère jumeau du Grand Condor des Mystérieuses Cités d'Or dispose d'une panoplie complète d'attaques mortelles, mais si vous parvenez à en triompher, vous afficherez un score absolument démentiel !
Ne vous reste alors plus qu'à affronter le boss final, un gigantesque vaisseau que vous devrez détruire petit bout par petit bout. Bien entendu, chaque portion dispose de ses propres attaques, c'est le principe même de ce que l'on appelle les boss à tiroirs. Suite à votre victoire... rien. A moins que vous n'ayez accompli l'intégralité du parcours sans perdre la moindre vie, auquel cas vous allez affronter le véritable boss de fin, un tout petit gaillard mais du genre mahousse costaud ! C'est en réalité le mystérieux pilote qui vous traque depuis le tout début du jeu, et si vous parvenez à le vaincre, vous pourrez assister à la véritable fin du jeu.

EN RESUME :
SCENARIO : il a le mérite d'exister. De manière globale, les shoot'em up ne sont pas réputés pour leur synopsis, et Gigawing aura bien du mal à se targuer d'être au-dessus du lot.
GRAPHISMES : très coloré et doté d'environnements plutôt variés, le titre de Takumi Corporation souffre néanmoins de graphismes un peu fadasses. Le CPS-2 est loin d'être à bout de souffle.
ANIMATION : en contrepartie d'une certaine faiblesse graphique, l'animation demeure d'une fluidité exemplaire, même lorsque des nuées de boulettes masquent la moitié du décor et des sprites ennemis !
SON : la bande-son est plus ésotérique et moins bourrine que celle de la plupart des manic shooters, et cela aurait pu être un sacré bon point... si ce n'étaient les bruitages qui l'occultent totalement.
JOUABILITE : le principe est excessivement simple, et il ne faut pas longtemps pour prendre en mains les vaisseaux, chacun apportant qui plus est ses propres spécificités. Par contre, l'orientation horizontale n'est pas ce qui se fait de mieux pour un shoot à défilement... vertical !
DIFFICULTE : le principe même du manic shooter est une difficulté en soi, et même les joueurs aguerris ne sont pas forcément capables de lire les chemins pour éviter les boulettes. Gigawing n'est peut-être pas le plus chaud des danmakus, mais il s'en rapproche dangereusement.
DUREE DE VIE : OK, il n'y a que cinq stages, et deux boss complémentaires. Mais il faut parvenir à réaliser une boucle sans perdre la moindre vie pour obtenir la meilleure fin, et ce sont des heures d'entraînement pour parvenir, peut-être, à un tel résultat.
VERDICT : le shmup de Takumi n'a pas beaucoup de défauts, mais ils peuvent être rédhibitoires. La lisibilité de l'écran est délicate et la difficulté pratiquement impossible, ce qui limite grandement le public potentiel. Pour les amateurs, c'est un sacré challenge.
POURQUOI CETTE VERSION : la version Dreamcast n'apportant strictement rien de plus, si ce n'est une localisation européenne, on lui préfèrera l'original, tout droit sorti des salles enfumées.

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