samedi 30 mars 2019

La sélection du trimestre

Nouvelle chronique ! Le comics du mois a fait long feu, et il est remplacé par un billet trimestriel qui fera l'impasse sur Mon Petit Poney (à moins qu'un jour, un chef d'oeuvre ne naisse au sein de cette saga) pour se concentrer sur le meilleur de ce que les éditeurs français ont traduit en provenance d'outre-Atlantique. Alors attention : ça ne signifie pas forcément que tout le reste est mauvais, loin s'en faut. Simplement, il s'agit ici de ce que JE considère comme étant au top du top, selon MES goûts. Et 2019 commence sur les chapeaux de roues, soyez-en sûrs !

LA SELECTION, DONC
    The BLACK MONDAY MURDERS tome 2, sorti le 22 février chez Urban (contient The Black Monday Murders 5 à 8, publié par Pronea)
par Jonathan HICKMAN au scénario et Tomm COKER au dessin        note : 4
Theodore James Dumas poursuit son enquête en interrogeant le docteur Gaddis, professeur d'économie et expert en occultisme, qui le conduit auprès de Mammon. Parallèlement, Viktor Eresko entre au conseil dirigeant de l'école unifiée Caina-Kankrin, en dépit de l'animosité que lui porte Grigoria Rothschild. La grande force du récit de Jonathan Hickman tient à ce qu'il mêle avec brio le monde de la finance et l'ésotérisme. Son rythme lent et ses personnages excessifs de stoïcité sont la marque, redondante et désagréable, de l'auteur, mais ils sont plus que compensés par les splendides dessins d'un Tomm Coker qui s'est tout bonnement réinventé.

    DESCENDER tome 6, sorti le 15 février chez Urban (contient Descender 27 à 32, publié par Studio 171, Inc.)
par Jeff LEMIRE au scénario et Dustin NGUYEN au dessin            note : 4,5
Il y a quatre mille ans, le professeur Osris, quittant sa planète pour explorer l'univers, rencontre les Ascendants, les êtres technoïdes dont découlent toutes les autres formes de vies. Aujourd'hui, Tim-21, le dernier de leurs descendants, est le seul à pouvoir empêcher la destruction de tout ce qui est. Après avoir laissé trainer son récit, Jeff Lemire emballe le rythme de son ultime arche narrative, si bien que le sentiment d'urgence est ce qui ressort le plus de cette spectaculaire conclusion. Qui plus est, les peintures de Dustin Nguyen sont tout bonnement fabuleuses, tant dans l'action que dans l'émotion.

    DIESEL, sorti le 18 janvier chez Kinaye (contient Diesel 1 à 4 et Diesel TPB*, publiés par Boom ! Box)
par Tyson HESSE                                note : 4
Il y a sept ans, Tungston Diesel est mort sous les yeux de sa fille. Aujourd'hui, Dee est garagiste au sein de la communauté aérienne de Peacetowne, en attendant d'en prendre le contrôle le jour de son dix-huitième anniversaire. Mais la veille de la succession, l'énorme vaisseau est attaqué par les soldats de Teppa, qui laissent derrière eux un étrange moteur volant. Tyson Hesse imagine un univers foisonnant, qu'il peuple de personnages intéressants, au premier rang desquels l'attachante héroïne qui se voit précipitée de mystères en mystères. L'humour et les graphismes séduisants finissent de convaincre. La mini-série initiale trouve sa conclusion dans le trade-paperback Ignition, qui contient les quatre derniers chapitres de l'histoire.

    GIANT DAYS tome 6, sorti le 27 février chez Akiléos (contient Giant Days 21 à 24, publié par Boom ! Box)
par John ALLISON au scénario et Max SARIN au dessin            note : 4
Le nouveau logement de Susan et ses amies a été cambriolé, et si ni Esther ni elle n'y ont perdu grand-chose, Daisy s'est fait voler des bijoux appartenant à ses parents, qui n'ont pas tant de valeur financière que sentimentale. Les trois jeunes femmes mènent leur propre enquête... Plus les épisodes passent et plus la série de John Allison fait mouche : les personnages gagnent petit à petit en profondeur, l'humour et le second degré typiquement anglais font sourire, quasiment de manière systématique, et les dessins de Max Sarin ne manquent pas de punch.

    GRASS KINGS tomes 1 et 2, sortis le 9 janvier et le 6 mars chez Futuropolis (contiennent Grass Kings 1 à 11, publié par Boom ! Studios)
par Matt KINDT au scénario et Tyler JENKINS au dessin            note : 4
Robert est le leader du Royaume de l'Herbe, une communauté qui vit en marge de la civilisation, et qui n'accepte pas que l'on empiète sur son territoire. Dépressif et alcoolique depuis la disparition de sa fille, sa vie bascule le jour où une jeune femme arrive devant chez lui à la nage. C'est d'abord une ambiance délicieuse que délivrent les sublimes aquarelles de Tyler Jenkins. Mais Matt Kindt écrit surtout un polar rural dense, structuré de manière à ce que, même au terme de la première arche narrative, on n'ait qu'une envie : lire la suite, quand bien même cette portion du récit se suffit à elle-même. La deuxième tranche est hélas moins efficace, tant sur le plan du scénario que de la régularité graphique.

    I HATE FAIRYLAND tome 4, sorti le 18 janvier chez Urban (contient I Hate Fairyland 16 à 20 + I Hate Image OS*, publié par Image Comics)
par Skottie YOUNG                            note : 4
Même l'enfer n'a pas voulu de Gertrude ! Renvoyée à Fairyland, l'éternelle fillette va devoir affronter une créature encore plus destructrice qu'elle : Cloudia, ressuscitée par la sorcière Horribella, n'a désormais d'autre but que de détruire son ancien royaume, et elle a le pouvoir d'accomplir ses rêves. Skottie Young ne pouvait décemment pas faire monter les enchères au-delà de la mort de son héroïne... Pourtant, c'est ce qu'il s'attèle à faire durant cette ultime arche narrative ô combien hilarante, et bien entendu spectaculaire. Le rythme effréné et les dessins cartoony sont tous deux vecteurs de la réussite de la série.

    JANE, sorti le 20 février chez Glénat (contient Jane OS*, publié par Archaia Entertainment)
par Aline BROSH McKENNA au scénario et Ramon PEREZ au dessin        note : 4,5
Ayant perdu ses parents très jeune, Jane est recueillie par sa tante, qui ne la porte pas dans son coeur. Alors, dès qu'elle le peut, elle quitte ce foyer si peu chaleureux pour s'installer à New York, où elle est engagée en tant que nounou de la petite Adele, dont le père, veuf, est souvent absent. Inspiré par le Jane Eyre de Charlotte Brontë, le récit d'Aline Brosh McKenna en modernise le cadre mais en conserve la teneur, en particulier la richesse des principaux personnages, qui deviennent de plus en plus attachants à mesure que les pages défilent. Sans doute est-ce dû, en grande partie, au talent graphique de Ramon Perez.

    KILL or BE KILLED tome 4, sorti le 6 février chez Delcourt (contient Kill or Be Killed 15 à 20, publié par Basement Gang, Inc.)
par Ed BRUBAKER au scénario et Sean PHILLIPS au dessin            note : 4
Dylan a découvert que le démon qui l'a pris sous son aile est en réalité une malédiction familiale, qui a déjà coûté la vie à deux de ses proches. Petit à petit, sa santé mentale se fissure, et il finit dans un hôpital psychiatrique. Au même moment, le mystérieux justicier encagoulé refait parler de lui, en abattant un policier en service. Les parallèles que fait Ed Brubaker entre sa propre structure narrative et celle de son anti-héros auront peut-être été la meilleure partie de son récit fantastico-policier, avec les illustrations riches en détails de Sean Phillips. La conclusion de leur série est en tout cas surprenante, et plutôt bien troussée.

    MAESTROS, sorti le 23 janvier chez Hi Comics (contient Maestros 1 à 7, publié par Image Comics)
par Steve SKROCE                            note : 4
Assassiné par le sorcier Mardok, le Maestro laisse pour seul héritier le fils banni qu'il a eu avec une terrienne du nom de Margaret. Willy Kahzar retourne donc sur Zainon en roi, mais ses réformes novatrices vont lui attirer de très nombreux ennemis, au premier rang desquels le conseil des mages qui a conspiré à la mort de son père. La mini-série de Steve Skroce ne manque pas de punch, et l'univers bigarré tout autant que les personnages plus grands que nature qu'il y dépeint lui donnent un certain cachet. En outre, le style graphique, particulier mais fourmillant de détails, de l'artiste, rend la lecture très agréable.

    MECH ACADEMY tome 3, sorti le 6 mars chez Casterman (contient Mech Cadet Yu 9 à 12, publié par Boom ! Studios)
par Greg PAK au scénario et Takeshi MIYAZAWA au dessin            note : 4,5
Le vaisseau-mère des Sharg s'apprête à pénétrer l'atmosphère terrestre, et pour le Commandement Central, seul Hero Force II est en mesure de les arrêter. Mais plutôt que de sacrifier leurs robots pour alimenter le colosse, les cadets préfèrent désobéir aux ordres et prendre le problème à bras le corps. Greg Pak ne laisse aucune chance à ses lecteurs de reprendre leur souffle ! Nerveuse comme seuls quelques bons mangas de science-fiction peuvent l'être, sa série s'achève avec brio, sous les crayons toujours aussi acérés de Takeshi Miyazawa, qui ne ménage pas les traits vifs et les cadrages spectaculaires.

    SCOTT PILGRIM tome 1, sorti le 20 février chez Hi Comics (contient Scott Pilgrim 1 & 2, publié par Oni Press)
par Brian Lee O'MALLEY                            note : 4
Musicien raté, geek fan de jeux vidéo, mais également expert dans toutes les formes de combat, Scott Pilgrim doit vaincre les sept anciens petits amis maléfiques de sa nouvelle compagne, la très cool mais fort mystérieuse Ramona Flowers, s'il veut continuer à sortir avec elle. Délirante, remplie à ras bords de références à la contre-culture geek et de dialogues absurdes à mourir de rire, la mini-série de Brian Lee O'Malley est rapidement devenue une oeuvre culte, à juste titre. Si le style graphique peut difficilement laisser indifférent, le scénario est accrocheur.

ET LE GLOSSAIRE
* OS : one-shot, récit auto-contenu
* TPB : trade paperback, recueil de fascicules ou d'épisodes numériques

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