samedi 4 février 2017

Torchwood : Children of Earth


diffusion initiale : du 6 au 10 juillet 2009
nb d'épisodes : 5
DVD :

    > en VO, coffret Torchwood : Children of Earth (contient les 5 épisodes)
    > en VF, coffret Torchwood : les Enfants de la Terre (contient aussi les 5 épisodes)


Docteur : y en a pas
Compagnons : Jack Harkness, Gwen Cooper, Owen Harper et Rhys Williams

EVERYTHING CHANGES. La BBC est une chaîne publique et, comme France Télévisions chez nous, elle joint les deux bouts grâce à la redevance télé et à la publicité. Pourquoi je commence mon article comme ça ? Parce qu'en 2009, le gouvernement britannique décide de baisser le taux de la taxe de manière drastique, et la Beeb se retrouve obligée de se serrer la ceinture. Pour le département du divertissement, cela représentera de nombreuses coupes budgétaires, et pour la production de Doctor Who, des coupes franches.
La saison cinq de Doctor Who est décalée d'un an et remplacée par plusieurs épisodes spéciaux, et si la saison trois de Sarah Jane Adventures n'est pas impactée parce que le show ne coûte pas cher, Torchwood se voit amputé d'une dizaine d'épisodes ! Autant dire que cette troisième série est au rabais, mais la prod' décide de faire contre mauvaise fortune bon coeur en faisant des cinq épisodes restants une seule et même histoire. Une histoire qui se déroule sur cinq jours, et qui sera diffusée... en cinq jours !
La bonne idée, c'est de programmer cette diffusion au début du mois de juillet, lorsque le show aura peu de concurrence. Et effectivement, les figures d'audience sont du jamais vu pour Torchwood, qui passe de trois à six millions de téléspectateurs et tutoie les scores de la série-mère ! Il faut dire que d'autres facteurs expliquent cet incroyable succès. D'abord, Torchwood a débuté sur la confidentielle BBC3, puis est passé sur BBC2. Cette troisième saison est diffusée sur BBC1, le navire-amiral du groupe de télévision publique. Et puis surtout, le dernier facteur déterminant, c'est tout simplement... que l'histoire est bonne !
Après deux saisons en demi-teinte, Torchwood lâche les chevaux et dispose pour cette histoire de tous les ingrédients nécessaires à sa réussite. A commencer par un cast resserré (forcément, vu l'hécatombe de la saison précédente). Si j'ai toujours des réserves quant au talent de Gareth David-Lloyd (mais on s'en fout, il crève), John Barrowman demeure un acteur charismatique qui va passer par tout un tas d'émotions durant ces cinq épisodes. Eve Myles est tout simplement parfaite, comme d'habitude, et Kai Owen est le pitre de service. C'est lui qui interprète Rhys, le mari de Gwen devenu membre officieux de l'équipe pour l'occasion. Outre l'humour nécessaire qu'il apporte à ce récit par ailleurs plombant, nous y reviendrons, il représente aussi un aspect plus humain, que ses compères ont tendance à délaisser.
Ces deux facettes sont extrêmement importantes, parce que face à Torchwood se dresse une menace inhumaine au possible.
Spoiler :
Les 456, d'après la fréquence radio sur laquelle ils communiquent, sont une race extraterrestre dotée d'une technologie très avancée, au point qu'ils parviennent sans effort à contrôler simultanément l'esprit de tous les enfants de la planète (d'où le titre) afin de leur faire dire ce qu'ils veulent. Et ce qu'ils veulent, c'est justement une bonne proportion de ces enfants pour s'en servir... de drogue ! Les 456, c'est un peu les 4400 mais en version junkie.
Et donc, les différents gouvernements sur Terre, et en particulier le Royaume Uni bien entendu, vont devoir répondre à des questions éthiques d'une intensité rarement vue dans une série en prime time. Il va être question de rafles, de sacrifices du plus petit nombre pour sauver le plus grand, de désinformation et de propagande, et ces décisions sont d'autant plus lourdes à prendre, et dégueulasses au final, que l'enjeu est ridicule : je rappelle que pour les 456, les gamins ne sont qu'un moyen de se défoncer.

L'épée de Damoclès est déjà lourde au dessus de la tête du groupe, mais elle le devient encore plus lorsque le gouvernement britannique, plutôt que de demander l'aide de Torchwood, préfère tenter de le détruire afin qu'il n'interfère pas dans les négociations. Et il ne lésine pas, en envoyant la meilleure tueuse de ses black ops, en pulvérisant le QG de l'équipe, en essayant par tous les moyens de tuer Jack ou, à défaut de le contenir...

Spoiler :
Il faut dire que le gouvernement a un passé avec les 456. Il leur avait déjà fourni il y a des années une poignée de gosses en échange de leur départ de la planète. Et qui c'est qui avait effectué la livraison ? Le gars Harkness en personne, qui était un bel enfoiré à cette époque... et qui l'est encore aujourd'hui, puisqu'il ne va pas hésiter bien longtemps à faire quelques sacrifices pour sauver la partie.
Ce que l'on découvre, c'est qu'il a une fille, Alice, aujourd'hui devenue adulte, et qu'elle-même a un fils en bas âge, à qui elle fait croire que Jack est son oncle, parce qu'il est difficile de lui expliquer pourquoi papi a l'air plus jeune que maman. Elle a toujours vécu éloignée de Jack, et elle aurait dû le rester, parce que le sacrifice en question, c'est son fils. Pour détruire les 456, Jack a besoin de l'une de leurs victimes, et la seule à portée de main est son petit-fils.
Au final, c'est une victoire à la Pyrrhus (hey, deux expressions avec des Grecs morts dans le même paragraphe) pour Jack, qui perd à la fois son petit-fils, sa fille qui ne lui parlera plus jamais, et Ianto. Si bien qu'au final, il préfère se barrer dans l'espace, et Gwen et Rhys se retrouvent tous les deux comme deux cons. Ou plutôt tous les trois, parce qu'on apprend aussi que Gwen est enceinte. Ca y est, c'est bon, j'ai passé tous mes spoilers.
Pour en revenir au gouvernement, c'est une figure connue qui menace Torchwood. En effet, l'officier ministériel chargé de négocier avec les 456 et d'abattre les enquiquineurs de Harkness n'est joué par nul autre que Peter Capaldi. On arrête pas de le voir, ce gars-là : après son passage en Pompeïen dans Doctor Who, le voilà en méchant dans le spin-off. Manquerait plus qu'il devienne le rôle-titre de la série-mère, tiens...
Parmi les guests, on aurait pu trouver Martha Jones mais à priori, elle est en lune de miel. A sa place, on découvrira Loïs Habiba, petite employée ministérielle et contact secret de Torchwood au sein du gouvernement. Mignonne, la petite tient le rôle d'une lanceuse d'alertes et c'est elle qui a le fin mot ! Au cast, on retrouve aussi Nicholas Briggs, le gars qui fait les voix des Daleks et des Cybermen, et qui a le rôle ici du pire des salopards.
Non honnêtement, une fois n'est pas coutûme, le roster est impeccable... à une exception près : Lucy Cohu, qui interprète Alice, sourit tout le temps. Sans déconner, on dirait Stevie Wonder. La meuf elle a la banane en permanence, qu'elle soit contente, contrariée, en colère, en panique ou désespérée. Même à la fin, quand elle pleure, on a l'impression qu'elle rigole et on a envie de lui mettre des tartes.

Mais hormis cela, il n'y a pas grand-chose à reprocher à Children of Earth. Les décors en extérieur sont plutôt sympas, ceux en intérieur font un peu cheap, par contre. Le côté gay friendly est un peu mis de côté au profit d'une relation plus subtile, et du coup plus intéressante, entre Jack et Ianto. Et les enjeux de cette histoire sont tels qu'ils donnent un sentiment d'urgence extrêmement efficace de bout en bout.
Des badass qui auraient donné du fil à retordre même au Docteur, un gouvernement dépeint comme une bande de salopards prêts à toutes les mesures, surtout les plus ignobles, pour conserver leurs sièges, des héros qui démontrent tout au long de l'aventure leurs failles, la notion de famille en tant que fil rouge et des rebondissements dans tous les sens : pas de doute, cette troisième saison est clairement cinq ou six crans au dessus de celles qui l'ont précédée.
Par contre, il y a matière à redire concernant le DVD. Une fois de plus, j'ai conservé le coffret VF, qui contient une piste en VOST et le Declassified dans ses bonus, mais il faut reconnaître qu'il y a pas mal de coquilles dans la traduction, aussi bien sur les épisodes en eux-mêmes que sur le documentaire. Malgré tout, je n'y ai pas vu l'intérêt de me reprendre la saison en VO, faut quand même pas pousser.

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