Quelques belles intégrales voient le jour ce mois-ci. C'est le cas
d'Authority chez Urban Comics, de The Woods chez Ankama ou de Strangers
in Paradise chez Delcourt, qui terminent toutes trois leur publication,
mais c'est aussi et surtout le cas de la courte saga Bravo for Adventure
d'Alex Toth, qui trouve refuge aux éditions Paquet. En dehors de ces
volumineux ouvrages, le reste de la production est assez quelconque,
mais il n'y a rien de repoussant non plus. Avril est en tout cas un peu
plus calme que le premier trimestre, ce qui permet de souffler avant un
mois de mai qui s'annonce gargantuesque.
LE COMICS (indé) DU MOIS (d'avril)
The WOODS (tome 4, éditions Ankama)
scénario : James TYNION IV (Batman, the Backstagers)
dessin : Michael DIALYNAS (Lucy Dreaming, Amala's Blade)
genre : science-fiction
édité chez BOOM ! STUDIOS aux USA (contient The Woods 25 à 36)
Cela
fait un an que Calder est mort. Isaac Andrews, qui a acquis
d'incroyables pouvoirs depuis qu'il s'entraîne sous la tutelle d'Adrian
Roth, a peut-être trouvé le moyen de retourner sur Terre. Mais s'il
échoue à maîtriser la technologie qui contrôle la planète toute entière,
il risque de causer la mort de tous les humains qui y sont retenus
prisonniers. Alors il convoque ses amis pour l'arrêter, si jamais il
commettait l'irréparable. Hélas, le plan ne se déroule pas comme prévu
et Isaac devient l'avatar physique de l'ordinateur extraterrestre.
Au
départ, on n'aurait pas forcément donné chez de la série de James
Tynion. Le concept ne paraissait guère original, les premiers épisodes
concentraient beaucoup d'interrogations auxquelles l'auteur ne semblait
pas vouloir donner de réponses, au point que l'on se demandait s'il en
avait, et les premières planches de Michael Dialynas étaient peu
engageantes, la faute à une colorisation volontairement très froide.
Mais la saga est découpée en trois saisons de douze épisodes chacune, et
ces saisons sont divisées en trois arches narratives courtes, puisque
composées de quatre épisodes. Ce qui les rend nerveuses.
Il n'y a pas
de temps mort, et dès le début, Ankama a eu la bonne idée de diffuser
ces arches narratives deux par deux, afin que le lectorat français ne
reste pas sur sa faim. A ce rythme, on accroche rapidement aux
personnages malgré un casting très étoffé, et petit à petit, on
s'habitue aux tons de vert et de mauve qui recouvrent les dessins de
Dialynas. A tel point que cette troisième et dernière saison, présentée
dans son entièreté, tranche un peu lorsque l'auteur revient sur Terre et
les couleurs redeviennent "normales". Le final est en tout cas
spectaculaire, grandiloquent, mais il ménage quelques moments intimistes
qui provoquent l'émoi du lecteur.
DANS LE RESTE DE L'ACTUALITE
SONS of ANARCHY (tome 5, éditions Ankama)
scénario : Ryan FERRIER (D4VE, Curb Stomp)
dessin : Matias BERGARA (Cannibal, Supergirl)
genre : thriller
édité chez BOOM ! STUDIOS aux USA (contient Sons of Anarchy 19 à 22)
Jax
Teller a recruté au sein de son gang Dillon, le neveu de Bobby Munson,
qui pour sa part purge une peine de prison à Stockton. Mais le petit est
intenable, et il fait rapidement capoter la dernière opération des Sons
of Anarchy. Pire : il risque de déclencher une guerre ouverte avec les
Mayans. Prenant en mains le scénario de la série à la suite d'Ed
Brisson, Ryan Ferrier imagine une arche narrative débridée mais à vrai
dire un peu trop expéditive, et peu cohérente. Au dessin, Matias Bergara
n'est toujours pas au niveau de ses prédécesseurs.
(2/5)
ARCHANGEL (éditions Glénat)
scénario : Michael BENEDETTO (Drive) et William GIBSON (Neuromancer)
dessin : Al BARRIONUEVO (Martian Manhunter), Butch GUICE (Ruse) et Wagner REIS (Vampirella)
genre : historique / science-fiction
édité chez IDW PUBLISHING aux USA (contient Archangel 1 à 5)
Fils
du président américain et lui-même vice-président, Junior Henderson est
retourné dans le passé pour modifier l'issue de la seconde guerre
mondiale. Lorsque l'équipe envoyée par son opposante, Guadalupe Torres,
échoue à l'arrêter, il revient au capitaine Vince Matthews, de l'armée
américaine, et à Naomi Givens, de la Royal Air Force, d'empêcher la
création d'une réalité alternative abominable. Le célèbre romancier
cyberpunk William Ford Gibson s'essaie à l'écriture de comics avec une
mini-série très dense, plus en termes de personnages que de dialogues.
Nerveux, son récit tient en haleine, mais on regrette que Butch Guice ne
le dessine pas seul, ses remplaçants étant en deça.
(3,5/5)
JUPITER's LEGACY (tome 2, éditions Panini)
scénario : Mark MILLAR (M.P.H., Kick-Ass)
dessin : Frank QUITELY (Flex Mentallo, All Star Superman)
genre : super-héros
édité chez MILLARWORLD, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Jupiter's Legacy 2 1 à 5)
Pour
dénouer l'emprise que son oncle et son frère ont sur le monde entier,
Chloe Sampson a réuni une équipe de super-criminels avec l'aide de son
mari, lui-même hors-la-loi, et de leur fils. Parmi eux, nul autre que
Skyfox, le père de Hutch, qui fut un temps l'allié de Walter, avant que
ce dernier ne le trahisse. Bien entendu, la deuxième partie de la saga
est tout aussi spectaculaire que la précédente, Frank Quitely étalant
son coup de crayon explosif à chaque case. Mais on pourra reprocher à la
mini-série super-héroïque de Mark Millar son côté expéditif, de même
que son manque de profondeur.
(3,5/5)
LEGENDERRY : GREEN HORNET (éditions Graph Zeppelin)
scénario : Daryl GREGORY (Planet of the Apes, Dracula : the Company of Monsters)
dessin : Brent PEEPLES (Gold Key Alliance, the Last of the Greats)
genre : super-héros / steampunk
édité chez DYNAMITE ENTERTAINMENT aux USA (contient Legenderry : Green Hornet 1 à 5)
Tandis
que le jeune fils du Roi du Meurtre organise une guerre des gangs au
coeur des bas-fonds, pour se venger de sa belle-mère qui a pris le
contrôle du crime organisé, Britt Reid reçoit la visite du mystérieux
Chesterfield Grimes. Le Green Hornet a nouveau concurrent, qui ne le
porte pas dans son coeur. Enlevé, le récit de Daryl Gregory n'est pas
franchement cohérent, mais il se laisse suivre grâce à l'humour potache
que l'auteur lui infuse à travers ses dialogues. Néanmoins, le dessin
sans âme de Brent Peeples rend cette nouvelle aventure steampunk tout à
fait quelconque.
(2,5/5)
REDNECK (tome 1, éditions Delcourt)
scénario : Donny CATES (Babyteeth, the Paybacks)
dessin : Lisandro ESTHERREN (the Last Contract)
genre : fantastique
édité chez SKYBOUND ENTERTAINMENT, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Redneck 1 à 6)
La
famille Bowman vit en périphérie de la petite ville de Sulphur Springs,
au Texas. Plusieurs générations de vampires immortels s'y côtoient,
ayant appris à se cacher aux yeux des humains. Mais à la suite d'une
échauffourée avec le père Landry et ses sbires, le vieux Bartlett
déclenche involontairement une nouvelle guerre avec le voisinage. C'est
un curieux mélange qu'opère Donny Cates, entre le traditionnel univers
vampirique et le cadre de l'Amérique profonde dans lequel il situe son
espèce de récit policier. La rudesse des personnalités trouve un écho
dans le dessin brut de Lisandro Estherren, et dans le drame qui se joue
au fil des épisodes.
(3/5)
BRAVO pour l'AVENTURE (éditions Paquet)
(la version française est en couleurs ; l'édition noir & blanc est prévue pour le mois de mai)
scénario et dessin : Alex TOTH (Zorro, Creepy)
genre : aventure / policier
édité chez LIBRARY of AMERICAN COMICS, un label d'IDW PUBLISHING, aux USA (contient Bravo for Adventure TPB*)
Pilote
et cascadeur, ancien soldat devenu propriétaire d'une société de fret
aérien, Jesse Bravo est sur le point de faire faillite lorsqu'il reçoit
la visite du parrain de la pègre Nico Kardos, qui lui offre de l'argent
pour retrouver un mauvais payeur. L'as des as refuse le deal, mais il va
tout de même se retrouver mêlé malgré lui à cette vaste escroquerie.
L'aventure éditoriale de la franchise d'Alex Toth, débutée dans une
publication américaine mais imaginée pour le marché français, puis
repoussée pendant des années et finalement abandonnée après deux
numéros, est pour le moins complexe. Cela n'enlève rien à sa qualité,
l'auteur étant aussi à l'aise avec les ombrages que son maître à penser,
Milton Caniff. Néanmoins, le déroulé du récit est sans surprises.
(3,5/5)
La TRILOGIE BLACK SUMMER NO HERO SUPERGOD (éditions Hi Comics)
scénario : Warren ELLIS (Ministry of Space, Global Frequency)
dessin : Garrie GASTONNY (City of Dust) et Juan Jose RYP (Clone)
genre : super-héros
édité chez AVATAR PRESS aux USA (contient Black Summer 0 à 7, No Hero 0 à 7 et Supergod 1 à 5)
John
Horus a un rêve dans la vie : restaurer l'état de droit qui ne prévaut
plus en Amérique. Et il a également les capacités de le faire, puisqu'il
est le plus puissant des Sept Armes, un groupe de super-héros financé
par le gouvernement. Joshua Carver est quant à lui un justicier des rues
qui fait tout pour se faire remarquer des forces de Carrick Masterson.
Son but n'est autre que d'intégrer la Front Line, et cela tombe bien
puisque le groupe de héros est en sous-effectif. Les différentes
puissances de la planète se sont créé leurs propres super-héros, des
divinités qui sont considérées comme l'arme de dissuasion ultime.
Décorrelées les unes des autres, les constituantes de la trilogie
thématique imaginée par Warren Ellis pour Avatar Press sont agréables,
en particulier les deux premières grâce au style de Juan Jose Ryp, mais
elles n'apportent rien au genre.
(3/5)
INJECTION (tome 3, éditions Urban)
scénario : Warren ELLIS (Planetary, Transmetropolitan)
dessin : Declan SHALVEY (28 Days Later, Moon Knight)
genre : science-fiction / mystique
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Injection 11 à 15)
Brigid
Roth est missionnée par le FPI de Maria Kilbride pour enquêter sur les
étranges signaux qui émanent du Cercle de Mellion, un site mégalithique
écossais où semble avoir été commis un crime. L'experte en informatique
finit par découvrir que l'Injection est responsable de ce dérèglement
mystique. A mesure que les épisodes passent, Warren Ellis dessine une
carte détaillée des forces en présence, en donnant de la voix à chacun
de ses héros lors d'une arche narrative qui leur est dédiée. L'ensemble
est plaisant, même si le dessin de Declan Shalvey est pour le moins
clivant.
(3,5/5)
STRANGERS in PARADISE (intégrale 3, éditions Delcourt)
scénario et dessin : Terry MOORE (Motor Girl, Echo)
genre : drame / policier
édité chez ABSTRACT STUDIOS aux USA (contient Strangers in Paradise TPB* 2)
Cela
fait maintenant un an que Francine a abandonné Katchoo pour vivre un
mariage qu'elle espère heureux. Son amie est devenue une artiste de
grande renommée, mais le FBI continue d'enquêter sur les Parker Girls et
se rapproche d'elle... La dernière partie de la fresque au long cours
de Terry Moore est un peu plus hachée. Le troisième volume alterne les
arche scénaristiques tourmentées, à la limite du surréalisme, et celles,
plus concrètes, qui font réellement avancer le récit. Ceci étant, la
partie graphique est toujours au top, et les personnages demeurent
attachants en toutes circonstances.
(3,5/5)
The AUTHORITY (intégrale 2, éditions Urban)
scénario : Mark MILLAR (Chrononauts), Tom PEYER (Captain Kid) et Doselle YOUNG (the Monarchy)
dessin
: Arthur ADAMS (Monkeyman & o'Brien), Gary ERSKINE (City of
Silence), John McCREA (the Atheist), Dustin NGUYEN (Descender), Frank
QUITELY (New X-Men) et Gary WESTON (the Twelve)
genre : super-héros
édité chez WILDSTORM PRODUCTIONS aux USA (contient The Authority 13 à 29)
La
planète elle-même est devenue incontrolable et rejette désormais toute
présence humaine. Seul le Docteur peut sauver l'humanité : il faut dire
que c'est l'un de ses prédécesseurs, qui a mal tourné et qui est le
responsable du chaos. Par la suite, les gouvernements du monde entier,
terrorisés à l'idée de perdre leur pouvoir, se sont ligués afin
d'éradiquer Authority. Ils utilisent pour ce faire une créature
littéralement invincible, avant de mettre en place leur propre groupe de
pantins. La série, désormais gérée par Mark Millar, reste au sommet du
genre super-héroïque, mais cette ultime arche narrative, souvent
dérangeante, pêche un peu par une trop grande diversité artistique,
quand bien même tous les dessinateurs sont talentueux.
(4,5/5)
ARMY of DARKNESS (tome 1, éditions Réflexions)
scénario : Andy HARTNELL (Dangel Girl, Rokkin)
dessin : Nick BRADSHAW (Wolverine, Guardians of the Galaxy)
genre : horreur / humour
édité chez DYNAMITE ENTERTAINMENT aux USA (contient Army of Darkness : Ashes 2 Ashes 1 à 4)
A
peine de retour de son voyage temporel, Ashley Williams apprend de
l'Alchimiste qu'il est revenu trop tôt. Le Necronomicon ex Mortis n'a
pas encore été exhumé, et pour s'en débarrasser définitivement, il va
devoir le ramener dans sa tombe. Mais le voyage est compliqué par la
résurrection de son double maléfique. Suite directe de l'ultime partie
de la trilogie Evil Dead, la mini-série d'Andy Hartnell est tout aussi
incohérente et délurée que le long-métrage. L'humour est malgré tout
moins efficace que sur pellicule, et le dessin de Nick Bradshaw, très
cartoony, est à la limite de l'illisible par moments.
(2,5/5)
RETOUR vers le FUTUR (tome 4, éditions Flamival)
scénario : John BARBER (Action Man) et Bob GALE (Daredevil)
dessin : Emma VIECELI (the Avalon Chronicles, Hamlet)
genre : science-fiction / humour
édité chez IDW PUBLISHING aux USA (contient Back to the Future 12 à 17)
Marty
McFly est de retour dans son présent, mais quelques subtils éléments
manquent à l'appel, et ses souvenirs ne correspondent pas forcément au
passé qu'on lui décrit. Se posant mille questions, il reçoit un jour la
visite d'un soi-disant ami du nom de Marcus Irving, qui se trouve être
un rival du docteur Brown. Les péripéties temporelles des deux héros ne
sont pas forcément faciles à suivre, mais le récit de Bob Gale et John
Barber est dans l'ensemble agréable, passé un premier épisode qui ne
rend pas service à son protagoniste principal. Le dessin d'Emma Vieceli
fait mouche, quoi qu'il en soit.
(3/5)
* TPB : trade paperback, recueil de fascicules ou d'épisodes numériques
PAS LU, PAS PRIS (et pas près de le prendre)
BLOODSHOT intégrale, édité chez Valiant aux USA et chez Bliss en France
la CITE sans NOM tome 2 (the Nameless City), édité chez First Second aux USA et chez Rue de Sèvres en France
HYPERCAPITALISME (Hypercapitalism), édité chez The New Press aux USA et chez Delcourt en France
JUDGE
DREDD : les AFFAIRES CLASSEES tome 3 (Judge Dredd : the Complete Case
Files), édité chez Rebellion en Angleterre et chez Délirium en France
NOUS AVONS FAIT de NOTRE MIEUX (the Best We Could Do), édité chez Harry Abrams aux USA et chez Hachette en France
PSYCHOLOGIX (Psychology), édité chez WW Norton & Company aux USA et chez Les Arènes en France
le SCULPTEUR (the Sculptor), édité chez First Second aux USA et chez Rue de Sèvres en France
WARHAMMER 40.000 tome 3 (Warhammer 40.000 : the Fallen), édité chez Titans Comics aux USA et chez Soleil en France
X-O MANOWAR tome 1, édité chez Valiant aux USA et chez Bliss en France
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