Les éditeurs nous gâtent en ce début d'année. Si
le super-héros n'est pas votre tasse de thé, ce n'est pas grave : vous
avez quand même moyen de trouver des tas de choses sympas dans votre
rayon comics. De l'espionnage, de la comédie romantique, du fantastique,
du polar, du conte pour (grands) enfants... Ce mois-ci, les genres sont
encore plus diversifiés avec Glénat, qui propose un guide sexuel
rigolo, ou avec Rue de Sèvres, qui termine la biographie de John Lewis.
Et si, vraiment, vous ne pouvez pas vous passer de spandex, Urban pense
aussi à vous avec le crossover entre l'homme chauve-souris et les
tortues ninjas.
LE COMICS (indé) DU MOIS (de février)
QUEEN & COUNTRY (intégrale 3, éditions Akiléos)
scénario : Greg RUCKA (Lazarus, Stumptown)
dessin : Brian HURTT (the Damned), Mike NORTON (Revival), Steve ROLSTON (Mek) et Chris SAMNEE (Capote in Kansas)
genre : James Bond avec une paire de seins
édité chez ONI PRESS aux USA (contient Queen & Country 25 à 32 +
Queen & Country : Declassified 1 à 3 + Queen & Country :
Declassified vol.* 2 1 à 3)
Tara Chace fait partie de la Section Spéciale des Renseignements
Britanniques. Elle est Vigie deux, aux côtés de son supérieur Tom
Wallace, Vigie un, et Edward Kittering, Vigie trois. Leur équipe est
envoyée par delà les frontières, aussi bien pour abattre un chef mafieux
au Kosovo que pour récupérer une liste d'agents infiltrés en
Afghanistan, ou encore pour prévenir une attaque biochimique. Il arrive
parfois que la victoire ait un goût amer, et c'est ainsi qu'Edward,
devenu l'amant de Tara, a perdu la vie lors de la précédente arche
narrative.
En plein conflit familial avec sa mère, Tara Chace retourne au
travail à la fois pour gérer la nouvelle Vigie trois, mais aussi pour
découvrir pourquoi le ministre des affaires anglais se trouve à St
Petersburg alors qu'il est sensé être à Paris. Par la suite, elle devra
aussi assumer un nouveau rôle et abattre une cible importante. Ce
troisième volume revient aussi, à travers les mini-séries Declassified,
sur le passé de Paul Crocker, le chef de la Section Speciale, et sur
celui de Tom Wallace.
Greg Rucka a toujours aimé les personnages féminins forts, et on
retrouve cette marotte sur quasiment toutes ses séries, de Stumptown à
Whiteout en passant par Felon. L'exemple le plus flagrant reste Lazarus,
où la force du personnage s'exprime qui plus est de manière physique,
mais déjà dans Queen & Country, on est devant une femme "qui en a".
Ici, l'auteur alterne les développements personnels et les intrigues
géopolitiques avec un brio sans cesse renouvelé.
Pour chaque arche narrative ou presque, Rucka a su s'entourer de
brillants dessinateurs, pour la plupart officiant alors dans l'écurie
Oni Press de manière exclusive. On a ainsi retrouvé Brian Hurtt sur The
Damned ou The Sixth Gun, et Chris Samnee sur Capote in Kansas par
exemple. Ce qui est sûr, c'est que leurs styles respectifs, et ceux des
autres artistes invités sur cette fin de série, fonctionnent
particulièrement bien sur cette histoire d'espionnage.
Au final, malgré une légère baisse de régime en milieu de saga,
Queen & Country est peut-être ce qui se fait de mieux en la matière.
On remerciera Akiléos de l'avoir réimprimé pour donner une chance à
ceux qui l'ont ratée la première fois d'en profiter enfin. On regrettera
par contre que le terme "intégrale" soit quelque peu galvaudé, puisqu'à
la manière de la première édition, cette compilation en trois volumes
exclut une toute petite partie de la saga, à savoir la troisième
mini-série Declassified, qui n'est pas scénarisée par Rucka.
DANS LE RESTE DE L'ACTUALITE
WRAITHBORN (tome 1, éditions Glénat)
scénario : Joe BENITEZ et Marcia CHEN (the Darkness, the Magdalena)
dessin : Joe BENITEZ (Weapon Zero, Lady Mechanika)
genre : fantastique au coin de la rue
édité chez WILDSTORM PRODUCTIONS aux USA (contient Wraithborn 1 à 6)
Melanie Moore hérite par inadvertance des pouvoirs du Wraithborn,
légués par son prédécesseur mourant. Encore novice, elle devient la
cible des Loas qui tentent d'asservir l'humanité. Mais certains humains
sont prêts à l'aider face aux créatures immortelles qui la menacent. On
retrouve sensiblement le même concept et la même construction, voire les
mêmes archétypes de personnages, entre cette mini-série de Joe Benitez,
qui a maintenant quelques années au compteur, et son ancienne série
Weapon Zero. Seul le contexte diffère, mais l'ensemble reste plaisant.
(3,5/5)
SANS NUANCE (éditions Glénat)
scénario : Matt FRACTION (Casanova, Fear Itself) et Chip ZDARSKY
dessin : Chip ZDARSKY (Sex Criminals, Prison Funnies)
genre : le sexe et l'humour potache pour les nuls
édité chez MILKFED CRIMINAL MASTERMINDS, Inc., un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Just the Tips OS*)
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais
oser le demander, et même tout ce que vous ne vouliez surtout pas savoir
! Les Sexperts répondent à bien des questions et dévoilent d'étonnantes
astuces pour pimenter vos relations. Avec ce hors-série au format d'un
guide de poche, les créateurs de la série Sex Criminals font étalage de
leur humour graveleux, et si certaines blagues passent mal, l'ensemble
est plutôt amusant. On se demande par contre en quoi consiste la
contribution de Chip Zdarsky, la partie graphique étant minimaliste.
(3/5)
I HATE FAIRYLAND (tome 1, éditions Urban)
scénario et dessin : Skottie YOUNG (the Wonderful Wizard of Oz, Rocket Raccoon & Groot)
genre : conte de belles fées gores
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient I Hate Fairyland 1 à 5)
Gertrude rêvait de vivre d'intenses aventures au pays de la magie :
voilà la petite fille exaucée. Elle se retrouve bloquée à Fairyland, et
le seul moyen d'en échapper est de trouver la clef. Après vingt-sept ans
d'errance, Gertrude a toujours l'apparence d'une fillette, mais elle
est devenue extrêmement aigrie. Il semblerait que Skottie Young ait
décidé de se défaire de son image d'expert en contes de fée. Mélangeant
de manière particulièrement fluide humour potache et violence graphique,
sa série met en scène une anti-héroïne attachante et se montre très
plaisante à suivre.
(4/5)
BIRTHRIGHT (tome 4, éditions Delcourt)
scénario : Joshua WILLIAMSON (Ghosted, Johnny Monster)
dessin : Andrei BRESSAN (Green Lantern : New Guardians, Sword of Sorcery)
genre : sword and sorcery en famille
édité chez SKYBOUND ENTERTAINMENT, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Birthright 16 à 20)
Sameal s'est révélé être bien plus qu'un sorcier de Terrenos : il
est le grand-père de Mikey et Brennan, et il tente de sauver ses
descendants, menacés non seulement par l'esprit du Dieu-Roi Lore mais
aussi par les autres mages reclus sur Terre. Plus les épisodes se
succèdent et plus la série de Joshua Williamson se montre efficace.
Cette nouvelle arche narrative est explosive, et bien servie en cela par
les illustrations d'Andrei Bressan, mais elle n'en oublie pas pour
autant de surprendre, par quelques révélations capitales pour la suite
de la saga.
(4/5)
SUNSTONE (tome 4, éditions Panini)
scénario et dessin : Stjepan SEJIC (Rat Queens, Death Vigil)
genre : Strangers in Paradise en cuir moulant
édité chez TOP COW PRODUCTIONS, inc., un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Sunstone 4)
Lisa emménage chez Allison, tandis que son amie Anne s'intéresse de
plus en plus aux pratiques sado-masochistes. Un intérêt qui se trouve
décuplé lorsque, en remerciement du tatouage qu'elle lui a confectionné,
Lisa l'intègre dans l'un de ses romans, au grand dam d'Ally. Le
discours de l'héroïne est quasiment celui de l'auteur : Stjepan Sejic se
laisse quelque peu aller à la facilité lors de ce quatrième acte qui
s'appuie sur le non-dit et la dynamique d'un potentiel ménage à trois.
Une relâche qui se ressent aussi au dessin, mais heureusement, la
conclusion rattrappe tout le reste.
(3,5/5)
REVIVAL (tome 7, éditions Delcourt)
scénario : Tim SEELEY (Hack / Slash, Loaded Bible)
dessin : Mike NORTON (Battlepug, Trinity)
genre : polar fantastique avec une ninja amish
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Revival 36 à 41)
Les soeurs Cypress sont désormais en cavale, et Louise Cale, qui
agit désormais en tant que gouverneure par intérim, est prête à tout
pour les retrouver. Parallèlement, les Passagers qu'elle a capturé
comprennent que s'ils veulent survivre, ils doivent l'éliminer. Pas de
répit pour le tentaculaire casting de la série de Tim Seeley, qui
multiplie les scènes spectaculaires... quitte à sérieusement ébranler la
crédulité de son lectorat. Toujours aussi soigneusement dessinée par
Mike Norton, cette pénultième arche narrative est néanmoins un peu
brouillonne.
(3,5/5)
HEAD LOPPER (tome 2, éditions Ankama)
scénario et dessin : Andrew MacLEAN (God Hates Astronauts, ApocalyptiGirl)
genre : heroic-fantasy sans filtre
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Head Lopper 3 & 4)
Dans sa quête visant à éliminer Barra, Norgal est interrompu par
deux sorcières qui veulent le sacrifier à la bête infâme dont elles ont
la charge. Cela n'empêchera pas le trancheur de têtes de s'occuper du
sorcier des marais, et de quiconque désirera s'emparer de la tête
d'Agatha. Uniquement pensée pour divertir, la mini-série d'Andrew
MacLean s'achève comme elle a commencé : dans le bruit et la fureur. Le
style très particulier de l'artiste donne corps à ce récit nerveux et
efficace.
(4/5)
The WICKED + the DIVINE (tome 2, éditions Glénat)
scénario : Kieron GILLEN (Avengers, Darth Vader)
dessin : Jamie McKELVIE (Suburban Glamour, Phonogram)
genre : gloubiboulga de mythologie et de pop-culture
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient The Wicked + the Divine 6 à 11)
Laura explore toutes les pistes possibles pour découvrir qui a
assassiné Lucifer, et elle aborde chaque dieu du Panthéon en essayant de
lui soutirer des réponses, en vain. S'agirait-il du gambit de
Prométhée, qui, selon la légende, permettrait à un humain de voler le
pouvoir du dieu qu'il a tué ? Plus décousue dans son approche que la
précédente arche scénaristique, celle-ci permet à Kieron Gillen de faire
le tour de son casting, sans pour autant en dévoiler trop sur
l'intrigue de fond. Au dessin, Jamie McKelvie expérimente plusieurs
formes de narration et se montre brillant.
(4/5)
SONS of the DEVIL (tome 1, éditions Glénat)
scénario : Brian BUCCELLATO (Detective Comics, Cannibal)
dessin : Tony INFANTE (Love Is Love)
genre : thriller fantastique ni stressant ni fantastique
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Sons of the Devil 1 à 5)
Orphelin trainé de famille d'accueil en famille d'accueil, Travis
Crowe est devenu un homme aigri, sujet à la colère et poursuivi par la
justice pour son comportement violent. Il apprend un jour qu'il est le
fils de David Daly, le gourou d'une secte qui a pactisé avec le diable.
Et il n'est pas le seul enfant du Malin... La maxi-série de Brian
Buccellato est non seulement peu inventive, mais son personnage central
est tellement détestable en lui-même que l'on ne ressent aucune empathie
envers lui. De fait, on ne s'intéresse guère à ses mésaventures,
d'autant qu'elles sont à peine mieux que griffonnées.
(1,5/5)
TONY CHU (tome 12, éditions Delcourt)
scénario : John LAYMAN (Detective Comics, Mars Attacks)
dessin : Rob GUILLORY (Howard the Duck, WWE)
genre : policier fantastique tragicomique
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Chew 56 à 60 + Chew : Demon Chicken Poyo OS*)
Mason Savoy s'est sacrifié pour que Tony Chu acquière ses talents
et, surtout, ses connaissances. La fin du monde approche, et l'agent de
la R.A.S. est le seul à pouvoir l'empêcher, mais à quel prix ?
Acceptera-t-il de jouer le jeu de son ancien mentor, quitte à tout
perdre ? John Layman fait voler en éclats les derniers secrets de la
série, et n'hésite pas à se débarrasser de personnages majeurs pour
clore la saga. Spectaculairement illustrée par un Rob Guillory fidèle au
poste, cette ultime arche narrative manque hélas de cohérence avec
celles qui l'ont précédée.
(3/5)
Le JARDIN des SOUVENIRS (éditions Delcourt)
scénario : Mark WAID (Irredeemable, Empire)
dessin : Paul AZACETA (Grounded, Outcast)
genre : polar qui ne dit pas son nom
édité chez BOOM ! STUDIOS aux USA (contient Potter's Field 1 à 3 + Potter's Field : Stone Cold OS*)
Avec l'aide d'agents recrutés dans tous les corps de métiers,
l'énigmatique John Doe se charge bénévolement de mettre un nom sur les
tombes anonymes du cimetière de Hart Island. Contrairement à ses
principes, il accepte d'aider une jeune femme qui cherche à découvrir la
vérité sur sa soeur jumelle, assassinée. Mark Waid fait une fois de
plus preuve d'une efficacité redoutable : en à peine trois épisodes, il
met au point un polar nerveux et débarrassé de tout superflu, ce qui
correspond parfaitement à la mise en images d'un Paul Azaceta en grande
forme. Le dernier épisode est plus anecdotique.
(3,5/5)
WAKE UP AMERICA (tome 3, éditions Rue de Sevres)
scénario : Andrew AYDIN et John LEWIS
dessin : Nate POWELL (Swallow Me Whole, Any Empire)
genre : devoir de mémoire couché sur papier
édité chez TOP SHELF PRODUCTIONS, un label d'IDW PUBLISHING, aux USA (contient March 3)
Une explosion à l'église baptiste de Birmingham entraîne une vague
de violences inédite à travers toute la ville, et le Mouvement pour les
Droits Civiques ne semble en mesure de l'enrayer. Néanmoins, John Lewis
et ses pairs organisent dans la petite ville de Selma un mouvement de
protestation visant à permettre à tous les Afro-Américains de voter.
Andrew Aydin conclut sa biographie illustrée du combat de John Lewis en
faveur du droit de vote pour tous, avec toujours autant de pudeur en
dépit des faits ignobles qu'il relate. Au dessin, Nate Powell fait lui
aussi montre de sobriété, rendant justice à la puissance des mots.
(4/5)
BATMAN et les TORTUES NINJAS (tome 1, éditions Urban)
scénario : James TYNION IV (the Woods, the Backstagers)
dessin : Freddie E. WILLIAMS II (Captain Atom, J.S.A. All-Stars)
genre : crossover à sens unique
édité chez DC COMICS et IDW PUBLISHING aux USA (contient Batman / Teenage Mutant Ninja Turtles 1 à 6)
Transportés à Gotham City par la machine transdimensionnelle de leur
ennemi Krang, les Tortues Ninjas et Splinter doivent à tout prix
trouver le moyen de retourner chez eux sous peine de redevenir de
simples animaux. Mais ils doivent aussi et surtout arrêter le Foot Clan,
lui aussi téléporté, et ils auront pour cela besoin de l'aide de
Batman. James Tynion IV fait la part belle au bestiaire de Batman,
rendant ce crossover quelque peu déséquilibré. Néanmoins, les deux
univers s'accordent étonnamment bien, et le dessin de Freddie Williams
donne aux personnages une certaine prestance.
(3/5)
RACHEL RISING (tome 7, éditions Delcourt)
scénario et dessin : Terry MOORE (Strangers in Paradise, Echo)
genre : sorcière, sorcière, prends garde à ton derrière
édité chez ABSTRACT STUDIOS aux USA (contient Rachel Rising 37 à 42)
Zoe a un plan pour se débarrasser de Malus, mais il tombe à l'eau
lorsque, par accident, elle se blesse grièvement. C'est alors Lilith qui
va trouver la solution à leur problème commun, tandis que Rachel part
assassiner celui qui l'a laissée pour morte. S'il ne s'interdit pas un
prochain retour, en témoigne la dernière page, Terry Moore conclut ici
sa série, et à vrai dire, le dénouement manque de panache. Il semblerait
que l'auteur l'ait quelque peu expédié, mais on se consolera en
admirant ses dessins.
(3,5/5)
* OS :
one-shot, récit auto-contenu
* VOLUME : numéro d'identifiant d'une série
PAS LU, PAS PRIS (et pas près de le prendre)
BART SIMPSON tome 13 (Simpson Comics), édité chez Bongo Comics aux USA et chez Jungle en France
les CENT NUITS de HERO (the One Hundred Nights of Hero), édité chez Little, Brown & Co aux USA et chez Casterman en France
CUL-de-SAC tome 2, édité chez Andrew McMill aux USA et chez Urban en France
DIVINITY II, édité chez Valiant aux USA et chez Bliss en France
MONSTER, édité par Rebellion en Angleterre et Délirium en France
NINJAK tome 2, édité chez Valiant aux USA et chez Bliss en France
ROSALIE LIGHTNING, édité chez St Martin's Press aux USA et chez l'Association en France
SNOOPY & les PEANUTS tome 18, édité chez Fantagraphics aux USA et chez Dargaud en France
X-O MANOWAR INTEGRALE tome 1, édité chez Valiant aux USA et chez Bliss en France
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