samedi 21 octobre 2017

Les folles tribulations d'Ariel et Randy

Pour une fois, nous n'allons pas seulement aborder un éditeur dans cet article, mais bel et bien une demi-douzaine, labels compris. Et pourtant, il s'agit bel et bien d'une seule et même série, d'une seule et même personne, et au final d'une review assez courte, encore une fois. Il faut dire que le sujet du jour souffre d'une certaine forme de bougeotte, qui induit une chronologie pas évidente.


L'INSTANT VO (What else ?)
Randy Queen est apparu spontanément sur le radar à comics en 1995. Après quelques illustrations pour Spawn ou Shadowhawk, c'est chez Top Cow Productions, inc. qu'il fait ses armes. Il signe un épisode de Cyberforce Origins, ainsi que la partie graphique d'une histoire courte, Nikki's Night Out, parue en back-up de la série Cyberforce. Il s'agit des péripéties d'une jolie jeune femme poursuivie par des monstres, et si le scénario est signé David Wohl, le ton et le décorum de ce court récit vont donner des idées à Randy Queen.

On le retrouve en 1996 chez Maximum Press, le studio de Rob Liefeld qu'il a monté indépendamment d'Image Comics. Queen est aux commandes de sa propre série, Darkchylde, présentée au travers d'un Preview en avril, puis lancée officiellement en juin. Elle s'étale sur trois numéros... avant un premier changement d'éditeur. Devant les difficultés de Maximum Press, la saga est rappatriée chez Image Comics, qui réédite les premiers numéros avec de nouvelles couvertures et conclut la mini-série avec deux autres épisodes.

Pour l'occasion, Randy Queen baptise son studio de production, Majesty Graphics, qui ne servira au final qu'à réaliser la série Darkchylde. Pour signaler le changement d'éditeur, un très court prologue parait dans les pages du Spawn de Todd McFarlane. Darkchylde, c'est l'histoire d'Ariel Chylde, une jolie blonde qui découvre, à l'occasion d'un évènement traumatique, qu'elle a la possibilité de matérialiser dans le monde réel les créatures ignobles qui hantent ses cauchemars. La bonne nouvelle, c'est que les démons sont à son service lorsqu'elle en a besoin. La mauvaise, c'est qu'une fois leur tâche accomplie, il est impossible de les rappeler !
Comme Randy Queen se rend compte, assez vite, que tous les lecteurs n'ont pas eu la chance de suivre une saga partagée entre deux éditeurs, il produit, sitôt la mini-série achevée, un épisode spécial récapitulatif. Darkchylde : the Diary tient autant du résumé des épisodes précédents que de l'artbook, les illustrations pleine page étant signées par quelques grands noms de l'industrie. Pour convaincre un nouveau public, il publie aussi un crossover avec la Painkiller Jane d'Event Comics, et un épisode 1/2 dans les pages du magazine spécialisé Wizard, qui ouvre sur une nouvelle mini-série.
Darkchylde : the Legacy voit Ariel tenter de retrouver le monstre qu'elle a lâché sur la ville... en en libérant un autre encore plus puissant. Cette fois-ci, c'est le studio Wildstorm Productions de Jim Lee qui accueille la saga. Les deux épisodes preview qui l'annoncent sont labellisés Homage Comics, tandis que la mini-série en trois numéros est directement éditée par la maison-mère. Cette dernière mettra également en chantier un Sketchbook, un numéro zéro qui approfondit quelque peu l'univers de la série, ainsi qu'un Swimsuit Special, soit une gallerie d'illustrations en maillot de bain, sous le label Homage.

En 1999, Wildstorm change de crèmerie à son tour, et avec lui, la franchise de Randy Queen. C'est l'occasion d'un nouveau Swimsuit Special, ainsi que d'une apparition dans la série des Battlebooks de William Tucci, sortes de Livres dont Vous Etes le Héros en version comics. Ceci étant, le concept ne plait pas trop à l'auteur, qui préfère rester loin des majors. Alors finalement, il décide de s'auto-éditer. L'année suivante, il crée Darkchylde Entertainment, qui sera consacré exclusivement à sa création.
C'est sous cet étendard que voient le jour la mini-série en six épisodes Dreams of the Darkchylde, ainsi que son désormais traditionnel épisode preview. Si ce dernier présente des croquis de Queen, le créatif n'est ici que scénariste. Il délaisse la planche à dessins, d'abord au profit de Brandon Peterson puis, devant son manque d'implication, de Ron Adrian. En 2000 sort également un crossover entre Darkchylde et la Witchblade de Top Cow.
Puis en 2001, l'égérie de Randy Queen revient dans une ultime mini-série, Redemption (avec son épisode preview bien entendu), qui compte deux numéros et un épisode spécial appelé Last Issue. Après ça, l'auteur lève sérieusement le pied. On ne le reverra qu'en 2005, avec un sketchbook à son nom et... une nouvelle mini-série, chez Dark Horse Comics. Manga Darkchylde n'a rien d'une production japonaise, ni d'une bonne bande dessinée du reste.
Mais Queen s'y essaie à un nouveau style graphique. Il l'abandonne bien vite, comme en témoigne le deuxième sketchbook qu'il édite l'année suivante. Finalement, le baroud d'honneur d'Ariel Chylde a lieu lors d'un ultime crossover, cette fois-ci avec le Darkness. Les liens avec le studio de Marc Silvestri, qui l'a fait débuter, seront restés forts, puisque l'artiste essaiera aussi d'y lancer un nouveau projet, Starfall, resté lettre morte en dépit d'un preview.
En France, c'est majoritairement Panini, via son label Génération Comics, qui a adapté une bonne partie de la série, ainsi queles premiers crossovers. A noter que je n'ai pas lu, car pas trouvé, quelques comics du studio : 
- Darkchylde : the Sketchbook
- Curves Ahead 2 : the Randy Queen (Underground) Sketchbook 2006

Le bilan : 
A lire de toute urgence
Darkchylde : the Diary (juin 1997)
Paru en VF chez Panini dans le magazine Darkchylde n°3
scénario : Randy QUEEN
dessin : collectif
La jeune et séduisante Ariel Chylde raconte sa vie et ses difficultés à maîtriser son incroyable pouvoir dans son journal intime. Elle y détaille à la fois sa vie scolaire, ses déboires sentimentaux et, surtout, ses aventures rocambolesques. Conçu par Randy Queen comme une véritable histoire sous forme de journal intime, et permettant de résumer la mini-série The Descent, cet épisode spécial est en réalité une galerie d'illustrations réalisée par quelques grands artistes, parmi lesquels Jim Lee ou Tony Daniel.

Painkiller Jane / Darkchylde (octobre 1998)
Paru en VF chez Panini dans Génération Comics n°2
scénario : Brian AUGUSTYN
dessin : J.G. JONES
L'invincible Painkiller Jane découvre l'univers cauchemardesque d'Ariel Chylde, capable de donner vie à ses peurs les plus profondes. Or, il se trouve que le royaume du rêve est en proie aux manigances d'un psychiatre fou à lier, qui veut faire des deux jeunes femmes ses concubines. Plutôt qu'un stérile affrontement entre super-héroïnes, Brian Augustyn préfère se diriger vers une alliance contre nature entre deux univers très distincts. Pour autant, ou peut-être grâce à cela, le résultat est très agréable, et le style peint de J.G. Jones est un régal.

A feuilleter à l'occasion
Curves Ahead : the Randy Queen (Underground) Sketckbook (2005, 2 épisodes)
dessin : Randy QUEEN
Les deux numéros de Curves Ahead : the Randy Queen (Underground) Sketchbook présentent des illustrations de l'artiste concernant bien entendu sa principale création, Darkchylde, mais aussi les principales séries de Marvel Comics, et même quelques franchises de moindre importance. Randy Queen a toujours eu un véritable talent pour représenter les femmes, et les monstres. Entre ces deux extrêmes, il s'essaie aussi au super-héros plus traditionnel, mais il faut bien reconnaître que ce n'est pas le meilleur de ce que ces sketchbooks proposent.

Darkchylde (juin 1996, 5 épisodes + un Preview)
Paru en VF chez Panini dans le magazine Darkchylde n°1 à 3
scénario et dessin : Randy QUEEN
Ariel Chylde manque de se faire violer par son beau-père et découvre alors qu'elle est capable d'invoquer les démons de ses cauchemars. Elle va s'en servir pour se débarrasser du monstre qui la traque, mais elle va rapidement comprendre la limite de son pouvoir : elle est incapable de rappeler les créatures qu'elle a appelé. En dépit de quelques errances graphiques, la mini-série de Randy Queen est plutôt agréable, dans un registre assez proche de la série télévisée Buffy : the Vampire Slayer.

Darkchylde Summer Swimsuit Spectacular (aout 1999)
dessin : collectif

Le Darkchylde Summer Swimsuit Spectacular est un épisode spécial qui présente une galerie d'illustrations réalisées non seulement par les artistes de la série, Randy Queen et Ron Adrian, mais également par plusieurs grands noms du comic-book. Deuxième galerie d'illustrations en autant d'années, ce numéro spécial est effectivement spectaculaire, en ce sens qu'il bénéficie du talent de Jim Lee, Joe Chiodo ou J.G. Jones, entre autres. Il prouve néanmoins que Randy Queen tire sur la corde, si le doute était permis.

The Darkness / Darkchylde (mai 2010)
scénario et dessin : Randy QUEEN

Infectée par un virus extraterrestre alors qu'elle était dans le coma, la jeune Madison Keller est petit à petit devenue la nouvelle maîtresse des cauchemars, cruelle et insensée. Pour la vaincre dans son propre royaume, Ariel Chylde demande l'aide de la détentrice de la Witchblade... mais c'est Jackie Estacado qui répond à l'appel ! Après toutes ces années à combattre la maladie, Randy Queen est revenu aux affaires pour un crossover halletant. En dépit de quelques erreurs de proportions, son style reste majestueux, et le scénario de ce crossover est moins primaire qu'il n'y parait de prime abord.

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