lundi 15 août 2016

Academy Comics : les mystères de la science de demain

Je n'ai pas souvent l'occasion de causer mangas, principalement parce que je n'y connais pas grand-chose, et parce qu'en plus, ça ne m'intéresse pas des masses. Une fois n'est pas coutûme, il va falloir que j'aborde le sujet de la BD nipponne, et pourtant, c'est bel et bien à un éditeur tout ce qu'il y a de plus américain que l'on va s'intéresser aujourd'hui. Avant que vous n'attrappiez une migraine, laissez-moi vous expliquer.

L'INSTANT VO (What else ?)
En 1986, Mark Paniccia, encore loin de sa future carrière d'éditeur-en-chef chez Marvel, se lance dans l'édition de comics en fondant sa structure Pyramid Productions. Après la diffusion d'une poignée de comics assez confidentiels, l'aventure peut être considérée comme un échec, mais l'homme s'entête et lance une nouvelle maison d'édition, New Century Comics, au tout début des années 90. C'est vers le manga qu'il se tourne alors, mais l'expérience est encore plus courte que la précédente.
Cela ne semble pas démotiver Paniccia, qui quelques années plus tard retente le coup. Acid Rain Studios se lancera sur la voie du comics gothique à tendance horrifico-sensuelle. Nous y reviendrons sans doute un jour, si j'arrive à trouver les comics de cet éditeur. Toujours est-il que l'entêtement du bonhomme finit par payer puisqu'en 1994, il décroche les droits d'exploitation de la licence Robotech auprès de son détenteur, Harmony Gold. Dans la foulée, la maison d'édition est rebaptisée Academy Comics.
Dès septembre de cette année-là, Academy propose ses premiers comics Robotech. Il y en a quatre, et en dehors du numéro zéro sensé résumer l'intégralité de la saga en une poignée de pages, le reste est la suite directe de ce que proposait le précédent licencié, Eternity Comics. En l'occurence, il s'agit donc de Return to Macross, qui continue au numéro 13 et s'intéresse à la période de transition entre le crash du SDF-1 et la première guerre Robotech ; d'Aftermath, qui reprend au numéro 7 et qui traite des conséquences de la guerre face aux Invids...


... Et de Robotech II : the Sentinels, qui repart au numéro 9 de sa troisième arche narrative, appelée Livre. Ce projet est mené par les jumeaux Jason et John Waltrip et s'inspire du dessin animé éponyme, qui devait relancer la licence mais qui ne fut jamais mené à terme. Le troisième Livre court sur vingt-deux épisodes en tout, et sera suivi d'un quatrième, composé de treize numéros plus un zéro. Le style des frères Waltrip, clairement inspiré par les animes des années 80, en fait le navire-amiral du nouvel éditeur.
Mais il ne sera pas dit qu'Academy se contente de récolter les fruits de ce que son prédécesseur a semé. Pour preuve, dès le mois suivant, l'éditeur publie Invid World, un récit auto-contenu qui sera l'instigateur d'une collection appelée Worlds of Robotech, et qui comptera six volumes. Chacun s'intéresse à l'une des espèces extraterrestres qui croisent la route des Sentinelles dans la série des Waltrip Bros. Plus surprenant : en novembre sort Hohsq's Story
, qui retrace en toute logique le parcours de Hohsq. Quand bien même il est une légende pour son peuple, on ne peut pas dire que le personnage soit excessivement connu en dehors des cercles initiés.


Academy prend donc des risques, et le prouve encore en cette fin d'année en sortant coup sur coup les préludes à deux nouvelles mini-séries, Warriors et Clone. La première, excellente, fait le focus sur Breetai, le méchant Zentraedi devenu allié de l'U.E.F. Là, en l'occurence, il n'est même pas encore arrivé sur Terre, mais il en impose déjà. Clone prend quant à elle la suite d'Aftermath, et raconte les péripéties du SDF-Mordecai dans la galaxie d'Andromède. Ca sonne un peu hors-sujet, mais ce n'est pas si mal que ça.
L'année 1995 verra l'éditeur multiplier les mini-séries en parallèle des trois premières sagas (Aftermath prenant fin en milieu d'année, tandis que Sentinels repart sur un quatrième et dernier Livre). Academy Blues ou la vie des recrues sur l'île de Macross, Macross Missions qui détaille le parcours de l'Excalibur face aux Zentraedi, Mechangel qui se déroule juste après la deuxième Guerre Robotech, ainsi que plusieurs one-shots, viennent agrandir l'étal de l'éditeur.


Mais tout bascule en 1996, année où Academy perd le droit d'exploitation de la franchise. Paniccia avait dû sentir le vent tourner, car Academy achève tranquillement la publication de Return to Macross et ne produit que quelques one-shots et une ultime mini-série, dédiée à l'adaptation du dernier long-métrage animé. Seuls les frangins Waltrip en seront quitte pour achever leur série en catastrophe, sans avoir résolu le moindre des sub-plots qu'ils avaient lancé.

Academy tente justement de capitaliser sur ses artistes-vedettes, et en particulier sur Jason, en réimprimant la mini-série Metal Bikini parue à l'origine chez Eternity Comics, elle aussi, et en publiant un numéro zéro d'une nouvelle propriété intellectuelle appelée Amazon Gazonga, qui n'ira pas plus loin. En 1997, l'éditeur a cessé toute activité, et si un mystérieux comics nommé Noble A.R.M.O.U.R. Halberder, encore par les Waltrip, et une autre série baptisée Cyberknights sont encore sur le planning d'Academy Comics, difficile de savoir même si ces épisodes sont réellement parus.


L'aventure aura donc été de courte durée, et si l'on ne peut que supputer sur l'arrêt brutal de la collaboration entre Harmony Gold et Academy, on peut supposer que les ventes n'étaient pas au rendez-vous. On pourra éventuellement reprocher à la gamme, dans son ensemble et à quelques exceptions près, une faible qualité graphique, des gens comme Lani Kimmel ou Ryan Shelley n'ayant tout simplement pas leur place sur la scène professionnelle. Les couvertures peu engageantes n'ont sans doute pas beaucoup aidé non plus.
Inutile de préciser qu'en France, malgré un engouement croissant pour les mangas durant les années 90, les comics d'Academy n'ont jamais été traduits. Rien d'étonnant lorsqu'on constate que même l'adaptation, pourtant assez fidèle, de la première saison de Robotech par Comico n'a pas non plus eu cet honneur, alors qu'elle le méritait bien plus. Notez que je n'ai pas lu (car pas trouvé) quelques comics du studio :
- Noble A.R.M.O.U.R. Halberder, un one-shot par les frères Waltrip
- Cyberknights, un autre one-shot des Waltrip, si seulement il existe vraiment

Le bilan : 
A lire de toute urgence
Robotech : Booby Trap (mars 1996)
scénario et dessin : Sean BISHOP
En 1999, un gigantesque vaisseau spatial s'est écrasé sur Terre, mettant fin à l'ensemble des conflits qui secouaient le globe jusque-là, et provoquant le début d'une nouvelle ère de prodiges dûs à ce que l'on appela la Robotechnologie. Mais dix ans plus tard, une armada extraterrestre vient récupérer l'engin. Sean Bishop se charge, en solitaire, d'adapter le tout premier épisode de la série télévisée en comics, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est fidèle tant au déroulement de l'intrigue que du design des personnages et des vaisseaux. Dommage qu'il n'ait pas poursuivi sur cette voie...


A feuilleter à l'occasion
Amazon Gazonga #0 (octobre 1995)
scénario et dessin : Jason WALTRIP
Pour devenir de véritables amazones, les jeunes femmes d'Amazon City doivent réussir trois épreuves : capturer un jeune homme des tribus voisines, traverser la jungle et affronter un terrible monstre. Mais Gazonga, en dépit des incessants défis de sa rivale Devia, refuse de jouer le jeu. Jason Waltrip, une fois n'est pas coutûme sans son frère jumeau, développe une histoire une fois de plus inspirée par les dessins animés japonais de la décennie précédente. Sensuelle et ingénue, Gazonga ressemble à beaucoup d'autres créations de l'artiste, mais ses aventures sont amusantes.

Metal Bikini (avril 1996, 5 épisodes + un numéro 0)
scénario et dessin : Jason WALTRIP
Le professeur Kurosawa présente sa nouvelle invention devant un parterre de militaires : une armure volante lourdement armée. Mais il a oublié ses notes, et il demande alors à sa petite-fille Kenji de les lui amener. La séduisante jeune femme s'exécute... La recette est un peu toujours la même : Jason Waltrip s'inspire ouvertement des dessins animés japonais des années 80 pour produire une mini-série décousue et racoleuse. Mais son dessin tout en courbes et le rythme effrené qu'il lui imprime rend son histoire prenante. A noter qu'il s'agit de la réédition de la mini-série parue chez Eternity Comics.

Robotech : Macross Missions (juillet 1994, 3 épisodes)
scénario et dessin : William JANG
Ken Sato fait partie d'une unité de pilotes de Destroïds à bord du Daedalus, et découvre de la plus rude des manières les affres de la guerre contre les Zentraedi. Mais sous la houlette du docteur Helen Lee, les robots de combat vont être lourdement réaménagés afin de répondre plus efficacement à la menace. La mini-série de William Jang, dont chaque épisode porte, curieusement, un nom différent du précédent, est efficace dans tous les compartiments. L'histoire mêle action et dialogues de manière particulièrement fluide, et le dessin est soigné, même si les dernières pages semblent un peu réalisées à la va-vite.

Robotech : Star Runners - Carpenter's Journey (septembre 1996)
scénario et dessin : Jason & John WALTRIP

Alors que la Force Expéditionnaire Robotech est coincée sur Tirol, le major Carpenter et ses équipes retournent en urgence sur Terre pour prévenir le gouvernement de l'arrivée prochaine des Robotech Masters. Mais en chemin, leur vaisseau est attaqué par les Invids. Chaînon manquant entre le comics consacré aux Sentinelles et la deuxième partie de la saga télévisée, Super Dimension Cavalry Southern Cross, ce one-shot réalisé une fois de plus par les frères Waltrip est plutôt intéressant, et dessiné avec soin.

Robotech Warriors (novembre 1994, 3 épisodes + un numéro 0)
scénario :  Bill SPANGLER
dessin : Byron PENERANDA et Jonard SORIANO
Enquêtant sur la présence d'Invids sur la planète Rel'Nar, Breetai est fait prisonnier par les autochtones, avant de servir de distraction à ennemis jurés. Mais on ne joue pas impunément avec un Zentraedi, comme ne tarderont pas à l'apprendre les envahisseurs. Bill Spangler est obligé de recourir aux ellipses temporelles pour faire tenir son récit sur trois épisodes, mais cela ne rend sa mini-série que plus nerveuse. Les dessins de Byron Peneranda sont toujours aussi efficaces, mais Jonard Soriano, qui s'occupe des back-up, est moins à l'aise.

Worlds of Robotech (octobre 1994, 6 épisodes)
scénario et dessin : Jason & John WALTRIP

Un groupe de soldats de Karbarra attaque le monde des Invids, afin de tuer le Régent. Parallèlement, les dernières amazones encore vivantes cherchent à fuir Praxis, sur le point d'exploser. Sur la planète Spheris, Shard et Beryl rêvent de liberté, quitte à prendre les armes contre l'oppresseur... En marge de leur série sur les Sentinelles, les frères Waltrip développent six numéros spéciaux qui concernent les mondes traversés par les héros, et qui s'attardent sur des points de l'intrigue qu'ils n'avaient pas eu le temps d'exploiter. L'ensemble est de bonne facture.

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