dimanche 14 février 2016

Doctor Who : le dyptique des Daleks


C'est un article un peu particulier que je vous propose aujourd'hui, puisqu'il concerne Dr Who sans le concerner vraiment. Si vous avez un tant soit peu suivi la série ces dernières années, vous savez que le Docteur connait de nombreuses incarnations. Douze à l'heure actuelle, auxquelles s'ajoute un Docteur un peu bâtard, entr'aperçu sous les traîts de John Hurt, et qui serait à priori le 8.5-ème Docteur, chronologiquement situé avant Christopher Eccleston.
A tous ceux-là s'ajoute un dernier Docteur, le numéro... 1.5 !

diffusion initiale : les 23 aout 1965 et 5 aout 1966
nb d'épisodes : 2
DVD :
  1. > coffret The Dalek Collection (comprend Dr Who and the Daleks et Daleks, Invasion Earth : 2150 A.D., plus le documentaire Dalekmania en bonus) en VO ou coffret Doctor Who et les Daleks en VF
Docteur : Peter Cushing
Compagnons : Susan, Barbara, Ian, Louise, Tom Campbell

WELCOME TO HOLLYWOOD ! C'est en effet des 1965 que le phénomène Dr Who, alors en plein essor, débarque dans les salles de cinéma. C'est aussi la première fois que les aventures du Docteur et de ses Compagnons sont retransmises en couleurs, en Technicolor plus précisément, et en format widescreen (Techniscope). Le succès du premier film sera tel qu'un autre sera immédiatement mis en chantier, pour une diffusion dès l'année suivante. Cela aurait même dû être une trilogie, mais le deuxième long-métrage n'aura pas le succès escompté, alors qu'il a coûté bien plus cher à produire que le premier.
Pour ce qui est du scénario, le réalisateur Gordon Flemyng (physiquement, il ressemble comme deux gouttes d'eau à Serge Gainsbourg) et ses producteurs ne sont pas allés chercher bien loin. Ils ont récupéré les scripts de Terry Nation concernant les deux premières aventures mettant en scène les Daleks (The Daleks et The Dalek Invasion of Earth), alors véritables phénomènes de mode, et les ont adaptés pour en faire une comédie familiale.
De sacrés changements interviennent à partir de là. Premièrement, le héros est nommé Dr. Who. Je veux dire, c'est son nom. Alors que dans la série, sauf accident (par exemple, dans The War Machines (S3E10), l'ordinateur WOTAN l'appelle Dr. Who), c'est juste le Docteur, son vrai nom restant secret. Ce sera d'ailleurs là le thème du dernier épisode de la septième saison de la série actuelle.
Encore plus fort, ici le Dr. Who n'est pas un Seigneur du Temps mais un simple humain qui a inventé une machine à voyager dans le temps, le TARDIS donc, et qui va y voyager en compagnie de SES petites-filles Susan (Who ?) et Barbara (Who ?), et du petit-ami de cette dernière, Ian. Autrement dit, la famille Who s'en va faire un tour en TARDIS pour le week-end, et se retrouve sur une planète où cohabitent bien malgré eux les paisibles Thals, sortes de vikings pré-pubères aux moeurs hippies, et les Daleks qui, eux, sont fidèles à leur version télévisuelle. A ceci près qu'ici ils ne tirent pas de lasers qui inversent les noirs et blancs, mais à la place, ils projettent un gaz parfois paralysant et parfois léthal.

Ils sont aussi bariolés, profitant ainsi du passage à la couleur pour se trouver des grades en fonction de leurs teintes.
Pour le reste, les auteurs ont suivi à la lettre l'histoire des aventures télévisées, en supprimant les longueurs propres au format sériel et en y ajoutant un petit côté déconnade qui permet notamment à Roy Castle de mettre en avant ses grands talents de comique classique.
Le deuxième film est à première vue moins comique. Tout d'abord parce qu'il aborde l'invasion de la Terre et des sujets un peu plus sérieux comme l'aliénation mentale et l'occupation ennemie. Mais aussi et surtout parce que le sieur Castle y a été remplacé.
En effet, Ian et Barbara, version film, ont dû se trouver un petit nid douillet entretemps, puisqu'ils ne sont plus au casting. Ils ont été remplacés par deux rôles créés pour l'occasion : Louise, la nièce du Dr. Who, et Tom Campbell, un condé embarqué par pur hasard. Le spectateur n'y perd pas au change, puisque Jill Curzon (qui incarne Louise) est bien plus séduisante que sa cousine, et Bernard "Campbell" Cribbins tout aussi drôlatique que son prédécesseur. Cribbins, vous dites ? Un nom qui sera peut-être familier à ceux qui regardent la série actuelle, puisqu'il y joue Wilfred Mott, le grand-père de Donna Noble et Compagnon ponctuel du dixième Docteur (David Tennant).

Dans le deuxième long-métrage, le Dr Who et ses nouveaux Compagnons arrivent en 2150, une époque où l'Angleterre est envahie par les Daleks. Ces derniers se sont créé une armée de sbires zombifiés, les Robomen, et ont pour but de forer jusqu'au centre de la Terre pour y placer une bombe, ce qui leur permettra de piloter la planète en remplaçant son noyau par un moteur. Et le pire dans tout ça, c'est que cette histoire abracadabrantesque était déjà le synopsis de l'épisode originel !
Pas grand chose à redire par contre sur le jeu d'acteur, si ce n'est que Jennie Linden (Barbara) et Jill Curzon (Louise) ont des rôles vraiment minimaux, tandis que la petite Roberta Tovey, qui incarne une Susan beaucoup plus jeune que dans la série télé, est le petit génie de service, et accessoirement une vraie tête à claques.
Concernant les effets spéciaux et les cascades, le deuxième long-métrage est bien plus impressionnant que le premier. Impressionnant pour l'époque, s'entend. Par contre au niveau des costumes, c'est une catastrophe. Les Robomen façon long-métrage ressemblent à des évadés de Mad Max mitigés de la Fureur de Vivre.

Niveau bonus, R.A.S. Mais dans le mauvais sens du terme, cette fois-ci. Licenciés non pas par la BBC mais par Studiocanal, les DVD sont chiches en options. Le seul accompagnement, c'est un documentaire baptisé Dalekmania, qui retrace l'historique des deux films sans trop entrer dans les détails. Pire encore, il n'y a aucun moyen d'avoir un quelconque sous-titrage. C'est donc de la VO non sous-titrée à laquelle on a droit.
Vous allez me dire : "t'avais qu'à le prendre en français, puisque les deux films sont sortis en France (respectivement sous les titres Dr. Who et les Daleks et Les Daleks Envahissent la Terre)". Oui mais voilà, le premier n'est jamais sorti autrement qu'en VHS, et le DVD du deuxième (collection Cinéma de Quartier) est introuvable à l'heure actuelle, ou à des prix incalculables. Ce coffret reste donc le meilleur moyen de voir ce dyptique en dehors du canon, mais pas ininterressant pour autant. Bien tourné, bien joué et pas mal foutu pour l'époque.
Mise à jour : en octobre 2015, un coffret Doctor Who et les Daleks est paru en VF, ce qui en fait une alternative très intéressante pour les non-anglophones, même si je suppose qu'il fait l'impasse sur le documentaire.
L'épisode que je vous conseille : ben non, là je propose rien, forcément. Soit vous voyez les deux, soit pas du tout, mais vous faites pas les choses à moitié.

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