jeudi 11 février 2016

Doctor Who saison 3




diffusion initiale : du 11 septembre 1965 au 16 juillet 1966
nb d'épisodes : 45 répartis en neuf / dix aventures, 27 épisodes manquants (détails ci-dessous)
épisodes complètement manquants :

  1. > Mission to the Unknown
  2. > The Myth Makers 1 à 4
  3. > The Massacre of St Bartholomew's Eve 1 à 4
  4. > The Savages 1 à 4
épisodes partiellement manquants :
  1. > Galaxy 4 1, 2 et 4
  2. > The Daleks Master Plan 1, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 11, 12
  3. > The Celestial Toymaker 1 à 3
DVD :
  1. > coffret Lost in Time (comprend plein de petits bouts d'épisodes manquants, dont The Daleks Master Plan 2, 5 et 10 et The Celestial Toymaker 4, plus tout un tas de scènes retrouvées d'épisodes disparus, on air ou en footage, en bonus)
  2. > The Ark 1 à 4
  3. > The Gunfighters 1 à 4
  4. > The War Machines 1 à 4
Docteur : William Hartnell
Compagnons : Vicki Pallister, Steven Taylor, Katarina, Dorothea "Dodo" Chaplet, Sara Kingdom

HECATOMB ! C'est une véritable hécatombe que subit cette troisième saison de la série. Une hécatombe en terme d'épisodes tout d'abord. Si, jusque là, quelques aventures manquaient par-ci par-là, ici ce sont quatre épisodes complets et trois partiels qui sont impactés, si bien que seuls trois épisodes subsistent dans leur entièreté (et encore, le documentaire inserré dans le DVD de The War Machines témoigne de la difficulté à rassembler tous les morceaux de chaque aventure).
La raison, selon la légende, est que la politique de destruction des épreuves dans les années 70 et l'absence de copies de sauvegarde, font que ce sont des milliers de programmes qui ont disparu, dont 106 épisodes de Doctor Who. Depuis, quelques épisodes sont retrouvés de temps en temps, mais rarement en intégralité. Le fait que la série ait été diffusée dans un grand nombre de pays, anglophones mais pas uniquement, fait qu'on en retrouve même encore aujourd'hui.
Hécatombe aussi au niveau des acteurs, le turnover en matière de compagnons étant assez impressionnant. Après dix épisodes, Vicki décide de rester à Troie à la fin de l'aventure The Myth Makers. En échange, une Troyenne, Katarina, embarque à bord du TARDIS, mais elle ne restera que jusqu'au milieu de l'histoire suivante. Les scénaristes ne savaient pas quoi faire d'un personnage aussi arriéré, techniquement parlant, aussi la jeune femme est-elle sacrifiée dès le premier tiers de The Daleks Master Plan, lors d'un moment unique : la toute première mort d'un Compagnon.
Difficile, du coup, de se faire une idée de sa caractérisation, d'autant que seul un des huit épisodes dans lesquels elle est apparue demeure intact.
Encore plus courte fut la carrière de Sara Kingdom, officier de sécurité du 41e siècle apparue et disparue durant cette même aventure. Elle ne voyage qu'une fois à bord du TARDIS, et pas complètement de son plein gré, si bien que les experts de la série hésitent encore souvent à la considérer comme un véritable Compagnon. Elle aurait pourtant pu être un personnage intéressant, se méfiant du Docteur et n'hésitant pas à tuer lorsque le devoir l'y contraint. Elle meurt de vieillesse accélérée à cause de la machine des Daleks, le destructeur temporel.
Steven, lui, restera un peu plus longtemps aux côtés du Docteur. Il sera rejoint, à la fin de l'aventure The Massacre of St Bartholomew's Eve, par Dorothea "Dodo" Chaplet, une jeune hipster au langage peu châtié, ce qui ne manque pas d'irriter le Docteur. Elle reprend le rôle de la fille dynamique qui se met souvent dans de mauvaises situations, sans le brio de celles qui l'ont précédée. Steven quittera la série au terme de The Savages, décidant de rester sur la planète des Sauvages et des Anciens pour leur servir d'intermédiaire. Dodo ne restera qu'un serial de plus, et c'est à la fin de The War Machines qu'elle refuse de quitter l'Angleterre de 1966, tandis que le Docteur repart seul vers de nouvelles aventures...
Seul ? Oui et non, car deux passagers clandestins se sont introduit dans le vaisseau sans qu'il s'en rende compte. J'en parlerai plus avant lorsque j'aborderai la quatrième saison, puisqu'à vrai dire, ils n'ont pas encore fait officiellement leur entrée en tant que Compagnons, pour l'instant. Et puis surtout, ça rentrait plus dans ma fresque du dessus !

Ce véritable capharnaüm s'explique en grande partie par la trosième et plus importante hécatombe qui frappe la série : celle de son équipe de production. Verity Lambert, productrice depuis les débuts de la série, quitte le navire juste après Mission to the Unknown, non sans avoir laissé à son remplaçant, le caractériel John Wiles, le soin de réaliser The Daleks Master Plan, un long serial en douze parties qu'elle a produit mais qui attend d'être diffusé. Ce sera déjà trop pour Wiles, qui ne s'entend pas avec William Hartnell et se barre avant la fin de la saison.
Son remplaçant sera Innes Lloyd, qui restera jusqu'au milieu de la saison 5. Son constat est simple : les épisodes historiques subissent des pertes d'audience que les épisodes de science-fiction ne connaissent pas, d'autant moins lorsqu'ils comportent des Daleks. Oubliées donc les reconstitutions, même si quelques épisodes de la sorte susisteront encore durant la saison à venir. Lloyd leur préfère des épisodes contemporains au show, autrement dit situés dans les années 60, et mettant en scène des menaces crédibles. La premère de ces aventures nouvelle génération est The War Machines, qui implique un super-calculateur baptisé WOTAN (Will Operating Thought ANalogue) qui prend le contrôle de l'esprit humain et crée des machines de guerre pour envahir Londres, puis le monde, en toute simplicité. Hum... J'ai écrit "crédible" ? C'était sous-entendu "pour l'époque", bien entendu. Ou "pour la série".

Du reste, même si cette saison est en grande partie expurgée, elle recèle quelques pépites. The Daleks Master Plan est l'une des meilleures aventures mettant en scène les poivrières sur roulettes. Une histoire épique à travers le temps et l'espace, des jeux d'alliances incroyables, des retournements de situation en pagaille, et le retour du Moine, "l'autre Gallifreyen". Espérons qu'un jour, on en retrouve toutes les parties manquantes. A noter que l'épisode en une seule partie, lui aussi manquant, Mission to the Unknown, est un prologue à cette vaste histoire et ne met en scène ni le Docteur, ni ses Compagnons !
De même, The Gunfighters est un excellent western en huis clos. Bourré d'humour et démontrant tous les talents d'acteurs de Peter Purves (qui interprête Steven), il retrace le fameux "duel" de O.K. Corral entre les frères Earp et la famille Clanton. Et il n'a pas à rougir face à d'autres westerns plus sérieux de la même époque. Doctor Who était peut-être en perte de vitesse pour sa troisième saison, mais il lui reste quelques sacrés atouts.

Je n'aborderai pas trop le jeu d'acteur des différents protagonistes, principalement parce qu'on n'a pas vraiment le temps de s'y faire : à peine arrivés, déjà débarqués. Hartnell demeure solide malgré de plus en plus d'hésitations dans ses répliques, Peter Purves fait montre d'une large gamme de mimiques tout au long de la saison.
Pour le reste, Jackie Lane (Dodo) a un visage assez étrange, un peu comme celui d'un trisomique (lunaire et les yeux plissés) et un accent à couper au couteau - merci les sous-titres - ce qui la rend assez désagréable, et tant Adrienne Hill (Katarina ; un lien de famille avec Jackie Hill ?) que Jean Marsh (Sara) ne sont restées assez longtemps pour marquer leurs rôles respectifs.
Notons par contre une amélioration sensible des conditions de tournage. De très nombreuses prises de vue en extérieur viennent agrémenter les épisodes, et le budget décor semble avoir fait un petit bond en avant, tant certains environnements sont recherchés.
Au chapitre des bonii enfin, les DVD sont une nouvelle fois irréprochables. De nombreuses scènes coupées viennent compléter le menu du précieux coffret Lost in Time, permettant une meilleure vue d'ensemble de la période Hartnell. Et les documentaires, souvent pertinents, qui accompagnent chaque épisode, permettent d'en apprendre plus sur le behind the scenes et l'ensemble du whoniverse.
L'épisode que je vous conseille : assurément The War Machines. Imaginez des Daleks mais en moins réussis, qui ne parlent pas mais qui font des BZZZ à n'en plus finir, qui clignotent pire qu'un sapin de Noël, et qui attaquent avec des jets de vapeur ou des coups de bras en carton. C'est ça que l'ordinateur le plus puissant du monde a prévu pour conquérir Londres ?

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