mardi 23 février 2016

Doctor Who saison 4




diffusion initiale : du 10 septembre 1966 au 1er juillet 1967
nb d'épisodes : 43 répartis en neuf aventures, 33 épisodes manquants (détails ci-dessous)
épisodes complètement manquants :

  1. > The Smugglers 1 à 4
  2. > The Power of the Daleks 1 à 6
  3. > The Highlanders 1 à 4
  4. > The Macra Terror 1 à 4
épisodes partiellement manquants :
  1. > The Tenth Planet 4
  2. > The Underwater Menace 1, 4
  3. > The Moonbase 1, 3
  4. > The Faceless Ones 2, 4, 5, 6
  5. > The Evil of the Daleks 1, 3, 4, 5, 6, 7
DVD :
  1. > coffret Regeneration (comprend tous les épisodes de régénération du Docteur à ce jour, dont The Tenth Planet, avec l'épisode 4 remonté sous forme de dessin animé)
  2. > coffret Lost in Time (comprend plein de petits bouts d'épisodes manquants, dont The Faceless Ones 1 et 3, et The Evil of the Daleks 2, plus tout un tas de scènes retrouvées d'épisodes disparus, on air ou en footage, en bonus)
  3. > The Underwater Menace 1 à 4, avec du télésnap pour les épisodes manquants
  4. > The Moonbase 1 à 4, avec du dessin animé pour moitié
Docteur : William Hartnell, Patrick Troughton
Compagnons : Polly Wright, Ben Jackson, Jamie McCrimmon, Victoria Waterfield

THE NEW DOCTOR ! Plus encore que la saison trois, cette quatrième saison est plombée par la disparition d'un très grand nombre d'épisodes. Rendez-vous compte, seuls dix des quarante-trois épisodes qu'elle comporte sont encore présents dans les archives de la BBC, et aucune des neuf aventures qu'ils constituent n'est complète.
Malgré tout, à l'occasion de l'édition de l'incroyable coffret Regeneration (je parlerai de l'objet en lui-même un peu plus bas), le dernier épisode de The Tenth Planet a été ressuscité sous la forme d'un dessin animé, dans la veine de l'aventure The Reign of Terror (S1E8) de la saison une. De même, les deux épisodes manquants de The Moonbase ont eu droit au même procédé, et ils ont été édités avec les deux autres épisodes complets dans un DVD en octobre 2013, le 21 pour être précis. Ceux de The Underwater Menace ont fait pour leur part l'objet d'un télésnap, s'ajoutant aux deux épisodes complets - dont un retrouvé en 2011 - dans un DVD édité en octobre 2015.
Il est fort dommage que cette saison ne puisse pas mieux passer à la postérité, tant elle va bouleverser, n'ayons pas peur des mots, le status quo de la série. Premièrement, le producteur Innes Lloyd et ses équipes ont fait le constat que les épisodes purement historiques fonctionnaient moins bien que les autres, aussi vont-ils tout simplement les abandonner en cours de saison. Le dernier de ce genre est The Highlanders.
A leur place vont être programmées des aventures qui se passent parfois à l'ère contemporaine, parfois dans le passé (ou les deux ; The Evil of the Daleks se passe même dans le passé, le présent et le futur), mais mettant en scène des anachronismes que le Docteur et ses Compagnons se chargeront de régler. Les deux dernières aventures de la saison sont de ce calibre, et leur ambiance est assez bluffante, un peu dans la veine d'un Twilight Zone mêlé des Avengers (la série télé, pas les héros de comics).

Mais le plus gros bouleversement, c'est le remplacement de l'intégralité du cast principal. Jusqu'ici, on avait découvert que les Compagnons étaient interchangeables, certains s'éloignant simplement du TARDIS, de leur propre fait ou non, d'autres périssant sous les assauts des ennemis du Docteur. Mais le Docteur lui-même, dans l'esprit des téléspectateurs de l'époque, restait cet immuable vieillard acariâtre, certes extraterrestre, certes intelligent, mais finalement pas si différent de la version cinématographique.
Avec l'arrivée de Patrick Troughton, c'est tout un pan de la mythologie whonie qui se découvre. Le Docteur peut changer d'incarnation. Mais à la différence de James Bond, ce n'est pas juste un autre visage que le spectateur se doit d'appréhender au titre de la sacro-sainte suspension d'incrédulité. C'est une véritable nouvelle vie qui commence pour le héros, qui trouve son explication dans les pouvoirs de régénération de sa race. S'il est grièvement blessé, le processus se déclenche de lui-même, et non seulement le Docteur jouit d'une nouvelle apparence, mais aussi d'un nouveau caractère, de nouvelles manières... mais des souvenirs de sa précédente incarnation.

Concernant le reste du cast, il y a aussi du mouvement, même si cela reste moins impressionnant. La secrétaire sexy Polly Wright et le marin bagarreur Ben Jackson, qui s'étaient introduits en douce dans le TARDIS en fin de saison 3, font officiellement leur apparition en tant que Compagnons durant le premier épisode de celle-ci, The Smugglers. La première est bien entendu un peu potiche, comme toutes celles qui l'ont précédé, mais c'est hélas l'époque qui veut ça. Avant-gardiste à plus d'un titre, Dr Who est un peu à la peine lorsqu'il s'agit de la condition féminine. Le rôle de Ben Jackson n'est à vrai dire pas beaucoup plus mémorable. La véritable attraction de ce début de saison sera Patrick Troughton, plus léger, plus sympathique que son prédécesseur, mais qui, à l'écran, phagocyte le temps de parole de ses jeunes collaborateurs. Moins paternaliste que Hartnell, il fait le pitre sans arrêt (il a la gueule de l'emploi, il faut dire) et détourne l'attention du spectateur des seconds rôles qui l'entourent.
Les deux jeunes gens ne resteront finalement que jusqu'à la fin de l'aventure The Faceless Ones. Entre temps, Jamie McCrimmon a rejoint l'équipage dans The Highlanders. Highlander (pas comme Connor McLeod hein, c'est juste qu'il vient de cette terre d'Ecosse) lui-même, il aurait pu poser les mêmes problèmes que Katarina en son temps, à savoir l'incompréhension du personnage vis-à-vis d'une technologie et de faits dépassant de très loin son époque. Au lieu de ça, il s'adapte fort bien, et Frazer Hines, l'acteur qui interprêtera son rôle trois ans durant (le plus long run d'un Compagnon), est brillant malgré son jeune âge.
Victoria enfin, arrivée en fin de saison durant l'arc The Evil of the Daleks, aura peu de visibilité : seul un épisode de cette histoire a survécu, et elle y tient simplement le rôle d'une jouvencelle à délivrer, façon Peach. Son physique fait en tout cas mentir l'adage selon lequel les Anglaises seraient toutes repoussantes.

Autre nouveauté de cette saison, le casting d'adversaires s'enrichit. Les Daleks sont bien entendu de la partie, à deux reprises qui plus est (The Power of the Daleks, et The Evil of the Daleks), mais de nouvelles têtes font leur apparition. Ni les Atlantéens (les habitants d'Atlantis, quoi), ni les gros crabes appelés Macras, pas plus que les Caméléons (des extraterrestres qui prennent l'apparence d'humains pour envahir l'aéroport de Gatwick !) ne connaitront un avenir tout tracé malgré tout.
Les Macras auront certes droit à un relaunch lors de la troisième saison de la nouvelle série, où ils ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. Mais les antagonistes des épisodes The Tenth Planet et The Moonbase sont bien plus marquants, puisqu'il s'agit ni plus ni moins que des deux premières apparitions des... Cybermen !
Au départ, il s'agit d'humains venus d'une planète jadis opposée à la Terre (une sorte de jumelle positionnée de l'autre côté du Soleil) qui se seraient cybernétisés pour triompher de la mort. Ils ont fait de leur planète une sorte de vaisseau géant qu'ils peuvent diriger, mais la planète s'éteint et, pour la recharger, ils ont besoin de l'énergie de la Terre. Au passage, ils comptent intégrer l'humanité à leur forme de vie communautaire. Ce sera le succès immédiat, et tenace, pour ces créatures qui reviendront dès lors très régulièrement. Si les Daleks sont une invention de Terry Nation, les Cybermen sont à mettre au crédit de Kit Pedler.

Concernant les bonus, il y a bien peu à dire. Le coffret Lost in Time contient, en plus des épisodes sauvegardés, les versions sonores des épisodes manquants de The Moonbase ainsi que des prises de vue et des documents en 8mm de très mauvaise qualité concernant les aventures perdues. Les prises sonores de The Moonbase ont permis la re-création des épisodes perdus sous forme de dessin animé. Alors bon, c'est pas du Walt Disney, mais ça permet enfin de profiter pleinement de cette histoire de "base under siege", un grand classique de la série à cette époque.
Notons tout de même qu'il s'agit d'une histoire se déroulant sur la Lune, et ce deux ans avant l'alunissage d'Apollo XI ! Autre détail qui a son importance : le cast de seconds rôles comprend un vrai Français (plutôt qu'un Anglais qui cherche à parler français) en la personne d'André Maranne, que l'on avait pu voir dans les films de la Panthère Rose aux côtés de Peter Sellers. Dans cette aventure, les Cybermen jouissent d'un nouveau design bien plus réussi, mais ils sont battus comme des merdes par... du Jex Vitres !
Retrouvé en 2011, l'épisode 2 de The Underwater Menace a mis quatre ans avant de voir le jour en DVD, accompagnant le troisième, qui était déjà présent dans le coffret Lost in Time. Les deux autres ne survivent que sous forment de télésnap, et il faut bien reconnaître que le procédé n'est pas terrible lorsqu'il n'y a pas beaucoup de photos.
En tout cas, The Underwater Menace est une aventure assez curieuse, et globalement pas très agréable. Surjouée de manière très théâtrale, l'histoire mixe science approximative et mysticisme éculé et, si les décors ont globalement de la gueule, les costumes sont par contre ridicules. A signaler quand même, une scène plutôt réussie sensée se passer sous l'eau.
Le coffret Regeneration par contre, est incroyable. Présenté sous la forme d'un livre volumineux au format italien (rectangulaire, plus large que haut), ses pages excessivement épaisses abritent les DVD de chaque régénération, et expliquent en détails la période de chaque incarnation. Le DVD contenant The Tenth Planet affiche, en plus des trois épisodes retrouvés, le quatrième sous forme de dessin animé. Aucun documentaire n'est par contre inclus.
L'épisode que je vous conseille : The Tenth Planet. D'une part parce que ce fut longtemps le seul à être entièrement compréhensible sans avoir recours à Wikipedia. Ensuite, parce qu'il s'agit de la dernière apparition de William Hartnell. Et enfin et surtout, parce que les Cybermen, dans leur première incarnation, sont à mourir de rire. Imaginez des gars grands et secs recouverts de papier alu et encagoulés, avec des ustensiles sur la tête en papier mâché et armés d'un gros projecteur qui tue. Maintenant, imaginez-leur une voix robotisée de crécelle. Imaginez enfin qu'ils appuient systématiquement la mauvaise syllabe lorsqu'ils parlent, et vous tenez là sans aucun doute la moins crédible des menaces qui aient pesé sur le Docteur. Et pourtant...

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