samedi 12 mars 2016

Doctor Who saison 8



diffusion initiale : du 2 janvier au 19 juin 1971
nb d'épisodes : 25 répartis en cinq aventures
DVD :
    > coffret Mannequin Mania (contient Terror of the Autons 1 à 4)
    > The Mind of Evil 1 à 6
    > The Claws of Axos 1 à 4
    > Colony in Space 1 à 6
    > The Daemons 1 à 5
Docteur : Jon Pertwee
Compagnons : Jo Grant, le Maître


MASTER SEASON. A un jour près, la huitième saison de Doctor Who commence et se termine au même moment que la précédente. Elle aussi fait vingt-cinq épisodes, mais la principale différence avec la précédente, c'est que ces épisodes sont regroupés en cinq aventures plutôt qu'en quatre. Du coup, il n'y a pas de seven-parters comme disent les Anglais, et ces histoires, plus ramassées, ont un bien meilleur rythme.
Il y a donc peu de déchêts, même si certaines surnagent clairement. C'est surtout que, selon les cas de figures, les effets spéciaux, et en particulier le CSO, fonctionnent plus ou moins bien. Barry Letts, le producteur de la série à cette époque, était un fan inconditionnel de cette technique, et demandait qu'on en fasse l'usage à chaque fois qu'on le pouvait. Or, le procédé a aujourd'hui très mal vieilli, et si, avec un peu de bonne volonté, on peut croire sans trop de difficulté à l'intérieur du vaisseau d'Axos, l'apparition d'Azal sera probablement sujette à moqueries pour le spectateur d'aujourd'hui.


Au chapitre des nouveautés, signalons que le Docteur se voit accompagné, en cette année 1971, non pas de Liz Shaw mais de Jo Grant, incarnée par Katy Manning. Comme je le disais dans le pavé consacré à la précédente saison, Caroline John, l'interprête de Liz, a été renvoyée sans plus de cérémonie, ou tout au moins écartée du casting, et son personnage se voit remplacé par une nouvelle assistante, elle aussi recrutée par U.N.I.T. La différence, c'est que... Eh bien, tout est différent ! Là où Liz était elle-même une scientifique de haut vol, avec une certaine dose d'acidité dans les propos et une forte propension à faire doublon lorsqu'il s'agissait du domaine des sciences, Jo est une fille adorable et dévouée au Docteur, mais gaffeuse comme pas deux. Rien que durant la première aventure, elle manque de tuer trois personnes !
Mais la véritable star de cette huitième saison, c'est le Maître. En s'appuyant sur le constat que le Docteur et le Brigadier fonctionnaient dans la septième saison un peu à la manière du duo Sherlock Holmes / John Watson, la production décide d'introduire un Moriarty, un cerveau du même calibre que le héros mais doté de penchants néfastes. Le Maître est donc un autre enfant terrible de la race des Seigneurs du Temps, qui n'a d'autre but dans la vie que de faire le mal. On le verra tenter de conquérir la Terre par ses propres moyens ou avec l'aide de différents extraterrestres mal-intentionnés, et on se demandera pourquoi le conseil des Seigneurs du Temps le laisse agir là où ils ont puni le Docteur pour bien moins.


C'est le charismatique Roger Delgado qui incarne le Maître pour la première fois. Il a la gueule de l'emploi, comme on dit, ainsi qu'un sacré bagage d'acteur et une voix splendidement menaçante sous le vernis de la politesse. C'est ce qui fait un chouette contraste avec sa Némésis : le Maître est un gros enculé mais d'une politesse à toute épreuve, là où le Docteur retrouve des accents de l'incarnation de William Hartnell. Il se montre volontiers impoli, irrespectueux voire colérique, ou au moins frustré par son impuissance face aux manigances de son arch-ennemi. A l'inverse, on découvre que le Maître n'est pas qu'un conquérant d'opérette. Son personnage se fait plus subtil, et on finit par comprendre que ce qu'il recherche avant tout, c'est le respect, si ce n'est l'amitié, de son congénère.

Le personnage apparait dans tous les épisodes de la saison, affadissant quelque peu le côté "monster of the day" des précédentes aventures. On sait d'avance qui sera le méchant, quoi. Pour autant, il n'est pas le seul à en vouloir au Docteur et, par extension, à la Terre. La huitième saison s'ouvre par exemple sur son alliance avec les Nestènes, que l'on a découvert l'année précédente, et qui reviennent dans un opus moins inspiré que Spearhead from Space. Dans l'aventure suivante, il a mis au point une "machine" qui renferme en vérité une créature no-name, extraterrestre bien entendu, qui se nourrit des penchants néfastes de l'humanité. Il s'associera aussi avec les Axons, des sortes de poulpes anthropomorphiques qui peuvent changer d'apparence et ne sont en fait que la manifestation physique d'une seule créature, Axos.


A cette occasion, il réparera même le TARDIS du Docteur et fera un petit tour avec lui. Du coup, il peut être considéré à juste titre comme un Companion, au même titre que Sara Kingdom six ans auparavant. Officiellement, la seule à voyager avec le Docteur cette saison, c'est tout de même Jo Grant. Ceci à la faveur d'un ingénieux twist scénaristique. Rappelons à toute fin utile que, par décision du conseil, le Docteur est exilé sur Terre dans les années 70, ses pairs ayant détruit l'un des appareillages de son véhicule spatio-temporel et l'ayant privé de tout souvenir concernant la réparation de cet ustensile. Mais histoire d'éviter la répétitivité, la prod' imagine qu'un jour, le conseil utilise le Docteur à son corps défendant afin de contrecarrer les plans du Maître.
Colony in Space se déroule sur la planète Uxarieus en l'an 2472, où une colonie de Terriens hippies s'est installée alors que la compagnie minière I.M.C. compte en exploiter les richesses. Le Maître, lui, veut l'arme ultime inventée par les autochtones, des créatures primitives mais qui, jadis, disposaient d'un grand savoir. On parle donc en général de la plus longue période du Docteur sur Terre, mais c'est en faisant abstraction de cette aventure qui retrouve le feeling des épisodes en noir et blanc.


Dernière menace affrontée par le Docteur, les Daemons, ou plus exactement LE Daemon nommé Azal. Exceptés ses effets spéciaux bancals, l'aventure éponyme a pas mal de points intéressants. D'abord, elle est principalement tournée on location et assez peu en studio, et a donc, comme Spearhead from Space avant elle, un certain cachet conféré par le grain des caméras 8mm des années 70. Ensuite, parce qu'elle s'appuie sur une atmosphère surnaturelle en décalage avec le background de la série, même s'il y aura finalement une explication "scientifique" : Azal est un extraterrestre de la race des Daemons, un peuple antédiluvien qui s'est installé très tôt sur Terre pour l'étudier et qui a donné naissance, dans l'imaginiare collectif, aux divers panthéons et démons.
Quoi qu'il en soit, ni Azal, ni Axon (en dehors d'un caméo dans la série K-9), ni le parasite mental entr'aperçu dans The Mind of Evil, pas plus que les primitifs de la planète Uxarieus, ne revienddront faire des misères au Docteur. Les seuls à avoir ce privilège seront les Autons / Nestènes, comme je le disais précédemment, et bien sûr le Maître, dont les apparitions seront heureusement plus sporadiques.

Au delà des effets spéciaux qui, finalement, restent anecdotiques dans ces vieux épisodes (ou plutôt : qui ont tellement mal vieilli qu'on jettera un voile pudique sur le sujet), la majorité de ces aventures est de qualité. Terror of the Autons, même si de qualité inférieure à la première apparition des Nestènes (notoirement considérée comme l'un des tout meilleurs Doctor Who de toute l'histoire de la série, et à juste titre), regorge de scènes d'anthologie. The Mind of Evil peut s'appuyer sur un très bon pitch et un cadre magnifique (un château transformé, pour les besoins de l'histoire, en prison). The Claws of Axos repose sur un twist bien malin et son casting inclut quelques seconds rôles brillants comme Peter Bathurst et Paul Grist (aucun lien de parenté avec le génial auteur de comics, du moins pas à ma connaissance). Et Colony in Space a le bon goût de se rapprocher, en terme d'ambiance, des épisodes fondateurs.

Ceux qui veulent tout savoir sur le bon Docteur auront qui plus est la joie de profiter des très nombreux bonii contenus dans les différents DVD. Certaines séries d'articles thématiques, comme par exemple Now and Then, qui compare les lieux de tournage à l'époque et aujourd'hui, viennent un peu plus enrichir notre connaissance de la fabrication de ce pan de l'histoire télévisuelle britannique. Chaque DVD contient aussi le making-off de son aventure, commenté par certains de ses intervenants et regorgeant d'anecdotes de tournage souvent poilantes, ainsi que plein d'autres featurettes bien sympas.

L'épisode que je vous conseille : Comme je l'écrivais plus haut, il y a peu de déchêts dans cette saison. Mais je vous conseillerais quand même The Daemons, parce que l'apparition d'Azal vaut le coup d'oeil.

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