Février est le mois des amoureux, avec la Saint Valentin pour passage
obligé. Cela tombe bien puisque côté comics, des couples se reforment.
C'est ainsi que Mark Millar retrouve Frank Quitely, avec qui il avait
repris l'Authority de Warren Ellis, ou que Rick Remender et Greg
Tocchini reconstituent leur duo des années après leur Last Days of
American Crime. Ce mois-ci est également celui des valeurs sûres,
Invincible et Rachel Rising en tête, mais hélas aussi des
semi-déceptions, notamment Roche Limit et Graveyard Shift.
LE COMICS (indé) DU MOIS (de février)
JUPITER'S LEGACY (tome 1, éditions Panini)
scénario : Mark MILLAR (Kick Ass, Wanted)
dessin : Frank QUITELY (the Authority, All-Star Superman)
genre : super-héros désoeuvré cherche bonne action à accomplir
édité chez MILLARWORLD, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Jupiter's Legacy 1 à 5)
Dans
les années 30, Sheldon Sampson, fortement marqué par la Grande
Dépression, rêve d'une île perdue où il pourra obtenir de quoi sauver
les Etats-Unis. Il parvient à convaincre son frère et plusieurs amis de
le suivre dans son impossible quête, et effectivement, il parvient à son
but. Il devient l'Utopien, le plus puissant des super-héros, et son
équipage gagne également des capacités hors normes. Durant plus de
cinquante ans, ils vont tous former l'Union et aider leur nation à
lutter contre toutes les menaces qui l'accablent.
Ils seront
également des modèles pour tous... sauf pour leurs enfants. L'Utopien et
son épouse ont eu deux enfants, qui se perdent dans les vapeurs
alcoolisées du star system ou enchaînent overdose sur overdose, tandis
que leur père maintient contre vents et marées une morale rigide qui non
seulement l'éloigne un peu plus de ses enfants, mais pousse également
les autres héros, au premier rang desquels son propre frère, à
questionner ses objectifs. Tout ceci va petit à petit conduire à un coup
d'état dans la communauté super-héroïque, mais ce n'est que le début de
l'histoire...
Oui, parce qu'à chaque fois que Mark Millar met la
main sur les super-héros, il prend un malin plaisir à les déconstruire
pièce par pièce, avant de les remonter. En témoignent ses Kick Ass ou sa
vision d'Authority. Et forcément, ses archétypes à lui en ressortent
magnifiés, parce qu'on se demande bien ce que serait un super-héros sans
ses fêlures. Et donc en l'espace de cinq petits numéros, Millar fait de
ses personnages des êtres pour la plupart abjects, avant de leur donner
l'occasion de briller comme aucun Superman n'en serait capable. C'est
un peu rapide, mais cela fonctionne assez bien.
Et pour le seconder
dans cette tâche, il s'est une nouvelle fois adjoint les talents de son
compatriote écossais, Frank Quitely. Les deux ont justement bossé
ensemble sur Authority. Les points communs entre les deux oeuvres sont
d'ailleurs assez nombreux, en particulier l'orientation pro-active des
super-héros, mais côté dessin, le style de Quitely a évolué vers quelque
chose de plus fluide, de plus simple. Il reste bien entendu très
spectaculaire, tant dans son design que dans son découpage, mais son
dessin est ici épuré. Ce qui ne fait qu'accentuer un peu plus la
nervosité de l'action, si le besoin s'en faisait sentir.
DANS LE RESTE DE L'ACTUALITE
ROCHE LIMIT (tome 1, éditions Glénat)
scénario : Mike MORECI (Burning Fields, Hoax Hunters)
dessin : Kyle CHARLES ('68), Ben HOLLIDAY et Vic MALHOTRA (X-Files)
genre : thriller S-F au fin fond du trou du cul de l'espace
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Roche Limit 1 à 5)
Sur
la colonie de Roche Limit, Sonya recherche sa soeur, qui ne donne plus
de nouvelles depuis quelques temps. Elle va pouvoir compter sur l'aide
d'Alex Ford, un traficant de drogue qui se trouve être l'ancien petit
ami de la disparue. Mais cette dernière est au centre d'un terrible
complot... Plus ou moins inspirée par le Total Recall de Paul Verhoeven,
la mini-série de Mike Moreci ne dévoile ses vérités qu'au
compte-gouttes et finit par se prendre les pieds dans le tapis. Au
dessin, Vic Malhotra adopte un style plus recherché que précédemment,
mais pas encore tout à fait abouti.
(2,5/5)
EVIL EMPIRE (tome 1, éditions Glénat)
scénario : Max BEMIS (Oh, Killstrike !, Polarity)
dessin : Ransom GETTY (Guarding the Globe) et Andrea MUTTI (Empire of the Dead)
genre : thriller politique qui fout son petit boxon
édité chez BOOM ! STUDIOS aux USA (contient Evil Empire 1 à 4)
Sam
Duggins veut convaincre la chanteuse engagée Reese Greenwood de
soutenir sa candidature à l'investiture américaine. Parallèlement, son
principal adversaire, Kenneth Laramy, avoue publiquement avoir assassiné
sa femme et enjoint le peuple à l'anarchie. Un concept prenant et une
mise en scène pleine de petites originalités font de la nouvelle série
de Max Bemis une lecture agréable, que Ransom Getty, plus en forme que
jamais, se charge de mettre en images. Son remplaçant sur la fin de
l'arche narrative, Andrea Mutti, est tout aussi talentueux.
(3,5/5)
DEAD LETTERS (tome 2, éditions Glénat)
scénario : Christopher SEBELA (Ghost, Alien Vs. Predator)
dessin : Chris VISIONS (Constantine : Hellblazer, Scarlet Witch)
genre : polar mystico-dépressif qui pique les yeux
édité chez BOOM ! STUDIOS aux USA (contient Dead Letters 5 à 8)
Sam
Whistler a un nouveau patron, et une nouvelle mission : découvrir où se
cachent les Saints de Nulle Part qui massacrent les habitants d'Ici, et
les éradiquer. Mais pour ce faire, l'agent de Dieu va devoir s'allier à
de redoutables personnages, dont... son frère ! Le scénario mis en
place par Chrisopher Sebela est plein de rebondissements, et si la
logique n'y est pas toujours de mise, le spectacle est assuré. Ce en
dépit du dessin de Chris Visions, dont le style griffonné nuit en
particulier aux scènes d'action.
(3/5)
GRAVEYARD SHIFT (éditions Glénat)
scénario : Jay FAERBER (Copperhead, Near Death)
dessin : Fran BUENO (Noble Causes, Dynamo 5 Annual)
genre : love story aux dents longues
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Graveyard Shift 1 à 4)
Lors
d'une intervention de police, l'unité de Liam se retrouve face à un
vampire, qui finit abattu. Peu de temps après, le groupe est décimé par
les congénères de la victime. Seul Liam en réchappe, mais sa fiancée,
Hope, n'a pas cette chance : elle a été mordue, et elle est désormais un
vampire. Avec un casting très resserré, Jay Faerber transforme une
banale histoire de vampires en jolie fable romantique. Il s'y montre
malgré tout très expéditif, mais sa mini-série reste assez plaisante à
lire. Moins impressionnantes que ses couvertures, les pages intérieures
de Fran Bueno sont tout de même très agréables à l'oeil.
(3/5)
UBER (tome 3, éditions Panini)
scénario : Kieron GILLEN (Iron Man, Phonogram)
dessin : Gabriel ANDRADE (Ferals) et Daniel GETE (Absolution)
genre : récit de guerre mâtiné de portnawak
édité chez AVATAR PRESS aux USA (contient Uber 12 à 17)
A
la mort de Winston Churchill, Stéphanie et ses équipes scientifiques
redoublent d'efforts pour créer de nouvelles sortes de tanks humains.
Mais en parallèle, les forces nazies semblent systématiquement
développer des contre-offensives sur mesure. Ce qui laisse à penser
qu'il y a une taupe dans les rangs alliés. Petit à petit, la série de
Kieron Gillen perd de son intérêt, même s'il tente au fur et à mesure de
raviver de nouvelles pistes. Le récit semble à sens unique, et la
direction qu'il prend laisse peu d'espoir quant à une conclusion
satisfaisante. Au dessin, Gabriel Andrade puis Daniel Gete prennent le
relais de Caanan White.
(3/5)
INVINCIBLE (tome 17, éditions Delcourt)
scénario : Robert KIRKMAN (the Walking Dead, the Astounding Wolf-Man)
dessin : Ryan OTTLEY (Death Grub) et Cory WALKER (Superpatriot : America's Fighting Force)
genre : super-héros en pleine guerre des mondes
édité chez SKYBOUND ENTERTAINMENT, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Invincible 91 à 96 sans la back-up*)
Même
si quelques mois seulement se sont écoulés entre leur disparition et
leur retour, Robot et Monster Girl sont en réalité restés plusieurs
siècles dans la dimension des Flaxiens. Aujourd'hui, le fruit des
erreurs qu'ils y ont commises s'apprête à frapper la Terre, et cela
tombe mal à l'heure où Invincible a perdu ses pouvoirs. Robert Kirkman
utilise intelligemment ses deux artistes en leur offrant à dessiner une
époque chacun, et l'intersection du récit au présent et des flashbacks
est une technique classique mais efficace. Ce que l'auteur est en train
de faire de ses personnages est également malin.
(4/5)
VELVET (tome 2, éditions Delcourt)
scénario : Ed BRUBAKER (Captain America, Sleeper)
dessin : Steve EPTING (el Cazador, Hammer of God)
genre : James Bond avec une paire de seins
édité chez BASEMENT GANG, Inc., un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Velvet 6 à 10)
Tentant
de comprendre qui, au sein de l'ARC-7, lui a tendu un piège, Velvet
Templeton s'arrange pour faire évader Damian Lake, le chef des
renseignements à l'époque où elle était agent de terrain. L'homme a
passé une vingtaine d'années dans un hôpital psychiatrique, enfermé sur
la demande de ses anciens employeurs. S'il la travaille comme un polar,
Ed Brubaker sait qu'il est sur une série d'espionnage et joue de tous
les codes propres au genre pour délivrer un récit dense en mystères et
en action. Il peut compter sur un Steve Epting magnifique pour le
seconder.
(4/5)
GHOSTED (tome 4, éditions Delcourt)
scénario : Joshua WILLIAMSON (Birthright, Nailbiter)
dessin : Vladimir KRSTIC (Sherlock Holmes), Juan Jose RYP (Lady Death) et Goran SUDZUKA (Outlaw Nation)
genre : Robin des Bois meets S.O.S. Fantômes
édité chez SKYBOUND ENTERTAINMENT, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Ghosted 16 à 20)
Markus
Schrecken s'est allié au Maestro et a kidnappé l'amie de Jackson
Winters afin de contraindre le maître-voleur à l'aider. Il souhaite en
effet ouvrir un portail vers la dimension de la Mort afin de dérober les
pouvoirs de la gardienne de l'après-vie. C'est un final plutôt
spectaculaire qu'organise Joshua Williamson, même si une fois de plus,
une bonne partie de son histoire demeure peu crédible. Au dessin,
Vladimir Krstic assume plutôt bien l'héritage de ceux qui l'ont précédé,
son style à la Paul Azaceta délivrant une ambiance surprenante.
(3,5/5)
RACHEL RISING (tome 5, éditions Delcourt)
scénario et dessin : Terry MOORE (Strangers in Paradise, Echo)
genre : ma sorcière bien aimée
édité chez ABSTRACT STUDIOS aux USA (contient Rachel Rising 25 à 30 sans les back-up*)
Rachel
a compris que l'empoisonnement n'était pas un suicide mais une
tentative de meurtre. L'ennui, c'est qu'elle ne sait pas qui en est
responsable, et même avec l'aide de Zoe, ses recherches quant à ce qui
lui est arrivé restent vaines. Sur une série au long cours, Terry Moore a
souvent tendance à alterner les arches narratives puissantes et les
moments plus calmes. Nous sommes ici dans un petit creux, mais c'est
l'occasion pour l'auteur de développer ses personnages, et de les rendre
encore plus attachants, si cela était possible.
(3,5/5)
LUMBERJANES (tome 1, éditions Urban)
scénario : Grace ELLIS et Noelle STEVENSON (Runaways, Sleepy Hollow)
dessin : Brooke ALLEN (Wild Ocean, Bill & Ted's Most Triumphant Return)
genre : scout toujours prêt, même pour les trucs chelous
édité chez BOOM ! BOX, un label de BOOM ! STUDIOS, aux USA (contient Lumberjanes 1 à 4)
Dans
le camp des Lumberjanes, cinq girl-scouts vivent des aventures
rocambolesques au milieu des créatures magiques qui infestent la
contrée. Il semblerait qu'un être vil ait pris possession des esprits
d'autres scouts, qu'il a transformé en monstres sanguinaires. Si elle
est réalisée par des femmes et s'appuie sur un casting exclusivement
féminin, tout le monde pourra trouver son compte avec cette série aux
héroïnes attachantes et aux péripéties prenantes. Reste que le graphisme
de Brooke Allen est assez clivant : certains apprécieront, d'autres
non.
(3,5/5)
LOW (tome 1, éditions Urban)
scénario : Rick REMENDER (Fear Agent, Captain America)
dessin : Greg TOCCHINI (the Last Days of American Crime, Demonwars : Eye for an Eye)
genre : dôme sweet dôme
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Low 1 à 6)
Le
monde n'en a plus pour longtemps, et l'humanité vit recluse dans des
dômes sous-marins. La famille Caine représente le plus grand espoir du
dôme de Solus, jusqu'au jour où elle est attaquée par des pirates venus
d'un dôme voisin. Le père est tué et les deux filles enlevées, mais leur
mère garde espoir de les retrouver. Même en situant son récit dans un
cadre original, Rick Remender n'évite pas les rapprochements avec Black
Science. La cellule familiale qui explose face à une adversité
monstrueuse semble être une thématique qui lui plait. Mais Low est
finalement intéressant sur le long terme, et le dessin de Greg Tocchini
est tout simplement parfait.
(4/5)
The SIXTH GUN (tome 6, éditions Urban)
scénario : Cullen BUNN (the Damned, Deadpool)
dessin : Tyler CROOK (Petrograd) et Brian HURTT (Hard Time)
genre : le bon, la brute et la sorcière
édité chez ONI PRESS aux USA (contient The Sixth Gun 30 à 41)
Pour
avoir utilisé le pouvoir de son pistolet de manière inappropriée, Becky
Montcrief se voit affligée d'une malédiction que seules peuvent guérir
les tribus unies par la Voix du Tonnerre. Mais l'épreuve ne sera pas de
tout repos, d'autant que d'autres shamanes ont été engagés par Missy
Hume pour détruire l'âme de la jeune femme. Urban Comics a décidé de
publier deux arches narratives d'un coup. C'est donc les sixième et
septième recueils américains que rassemble ce volumineux ouvrage. Le
premier est une chouette quête initiatique menée de mains de maîtres par
les deux auteurs réguliers, tandis que le second est un véritable jeu
de massacre hélas un poil gâché par un dernier épisode un peu fade signé
Tyler Crook au dessin.
(4/5)
* BACK-UP : histoire courte publiée en fin de fascicule, qui peut être ou non liée à l'histoire principale
PAS LU, PAS PRIS (et pas près de le prendre)
the CUTE GIRL NETWORK, édité chez Roaring Book Pressaux USA et chez Glénat en France
PORCELAINE tome 2 (Porcelain), édité chez Read Publishing aux USA et chez Delcourt en France
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