vendredi 18 mars 2016

Doctor Who saison 9



diffusion initiale : du 1er janvier au 24 juin 1972
nb d'épisodes : 26 répartis en cinq aventures
DVD :
  • > Day of the Daleks 1 à 4
    > coffret Peladon Tales (contient The Curse of Peladon 1 à 4)
    > coffret Beneath the Surface (contient The Sea Devils 1 à 6)
    > The Mutants 1 à 6
    > coffret Myths & Legends (contient The Time Monster 1 à 6)


Docteur : Jon Pertwee
Compagnons : Jo Grant, le Maître, Krasis


EX-TER-MI-NATE. AGAIN. La nouvelle série Doctor Who a tendance à conclure chacune de ses saisons sur un épisode hors norme, une sorte de gros baroud d'honneur avec des situations over-grosbillesques. La série dite classique avait plutôt tendance à s'ouvrir sur des aventures épiques, en témoignent l'excellent Spearhead from Space qui démarrait la saison sept, ou Terror of the Autons la saison précédente, qui marquait non seulement le retour des Nestenes, mais aussi et surtout l'apparition du Maître.
Cette neuvième saison ne déroge pas à la règle, avec Day of the Daleks qui présente, on s'en doute d'après le titre, le retour tant attendu des poivrières à roulettes. On rappellera que le créateur des Daleks, Terry Nation, avait tenté de vendre ses créations à Hollywood histoire de surfer sur leur succès télévisuel, ce qui avait conduit à deux films que j'ai déjà chroniqués un peu plus haut. Mais du coup, la BBC n'avait plus le droit de les utiliser, et ce n'est que cinq ans après leur dernière apparition que les arch-ennemis du Docteur reviennent à l'écran, suite à un accord passé avec Nation.
Day of the Daleks est également une chouette histoire de voyage entre deux lignes temporelles : l'époque présente (en fait il s'agit d'un léger futur, genre trois-quatre ans plus tard que l'époque où il est diffusé) et celle d'une Londres colonisée par les Daleks dans un lointain avenir. L'occasion également de découvrir les Ogrons, des bestioles pas vraiment marquantes à vrai dire, sortes de sbires décérébrés des Daleks, mais surtout de faire une parabole à propos de la collaboration sous un régime dictatorial.


Sous l'impulsions de Barry Letts, coproducteur clairement orienté à gauche, cette saison sera d'ailleurs le théâtre de plusieurs réflexions, philosophiques ou sociétales. Dans Day of the Daleks toujours, il sera également question de répondre à la fameuse question philosophique : "si vous pouviez remonter dans le passé, tueriez-vous Hitler ?".
L'épisode suivant, The Curse of Peladon, diffusé alors que la Grande-Bretagne étudie son entrée dans la zone économique européenne, parle justement d'une petite planète isolée de type médiéval, en pleine négociations en vue de son entrée dans la Fédération Galactique, qui regroupe la Terre, mais aussi Mars ou Alpha du Centaure. On y retrouve donc les Guerriers de Glace, Mars oblige, et cette fois-ci ils n'ont pas le mauvais rôle. Notons aussi, pour l'anecdote, que le roi de Peladon est joué par nul autre que David Troughton, le fils de Patrick qui interprêtait le second Docteur !
Et puisque décidément, c'est la saison des retours, le Maître revient dans cette saison, et cette fois-ci de manière un peu moins systématique. Il réapparait dans The Sea Devils, en compagnie des démons des mers éponymes qui sont en fait des cousins aquatiques des Siluriens, que l'on avait découverts deux saisons auparavant. L'aventure The Mutants permet quant à elle un nouveau voyage en TARDIS, où l'on découvre la planète Solos, colonisée au trentième siècle par l'empire terrien. Il y sera question du colonialisme justement, et rien d'édulcoré puisque l'on y aborde la ségrégation puis la purge raciale. Pour une série familiale et avant tout destinée aux enfants, qui plus est à une époque où l'intolérance était encore lourdement de mise dans la vraie vie, Doctor Who fait figure de précurseur.
La dernière histoire, The Time Monster, est également intéressante à plus d'un titre. Elle signe une nouvelle apparition du Maître (et la pénultième de Roger Delgado), nous fait voyager dans Atlantis à la manière des vieux épisodes de la série, lorsque le Docteur n'était pas bloqué sur Terre dans le présent (encore que, nous avons vu que les scénaristes n'ont pas tenu cette règle très longtemps), et s'amuse à traficoter avec le voyage temporel. Les fameux points fixes dans le temps, dont la nouvelle série ne cesse de nous rebâcher les oreilles, trouvent ici une explication pas trop fumeuse, et on y découvre aussi, même si cela était parfois vaguement évoqué auparavant, que le TARDIS a une sorte de conscience propre, d'essence plus ou moins féminine.


Niveau casting, la série se repose sur ses acquis. Jon Pertwee est toujours ce Docteur à la fois dandy et bagarreur, porté sur l'action et... le meurtre gratuit ? A l'occasion du final de Day of the Daleks, le héros abat froidement un ennemi, certes, mais un ennemi qui ne le menaçait en rien, ni ne menaçait qui que ce soit. A l'époque, cette scène d'une poignée de secondes a beaucoup choqué, et même à l'heure actuelle, elle fait l'unanimité contre elle parmi les fans.
Parmi le supporting cast, les soldats de UNIT prennent un peu moins d'importance. Il faut dire que deux des cinq aventures se déroulent hors de notre monde, une troisième en partie en dehors de notre temps, et même The Sea Devils, pour contemporaine qu'elle soit, se passe au bord de l'eau et implique du coup la Navy plutôt que l'armée de terre. Ce qui est rigolo, c'est que ce sont de vrais soldats (en dehors des rôles principaux, s'entend) et de vrais véhicules de la Royal Navy qui ont été utilisés sur le tournage, certaines scènes de haute tenue se déroulant dans une cloche de plongée ou dans un hydroglisseur.
Jo Grant, à contrario, est partout et tout le temps présente auprès du Docteur. On sent que les liens entre les deux acteurs, Pertwee et Katy Manning, sont forts, et cela se traduit à l'écran par quelques scènes intimistes où l'on en viendrait presque à soupçonner une idylle, pourtant impensable à l'époque, entre le héros et sa Compagne. Quant au Maître, le jeu très théâtral de Roger Delgado impressionne toujours autant.


La réalisation de ces cinq aventures est dans l'ensemble assez propre. The Sea Devils bénéficie de beaucoup de scènes tournées on location, avec des cascades assez impressionnantes et des costumes convaincants. A l'opposé, The Curse of Peladon a quasiment été entièrement réalisé en studio, les bastons sont assez molles et les costumes pas terribles, mais son ambiance unique fait ressortir le meilleur du maigre budget dont il a été pourvu.
The Time Monster est dans la moyenne haute, et l'une de ses scènes est mémorable en ce sens qu'elle implique les deux TARDIS, celui du Docteur et Celui du Maître, imbriqués l'un dans l'autre. Difficile à expliquer, ce paradoxe rend par contre superbement à l'écran, et m'a permis de tricher encore une fois quelque peu concernant les Compagnons du Docteur. En effet, seule Jo voyage réellement avec lui, mais par le biais de cet imbroglio temporel, le Maître et son Compagnon à lui, le prêtre atlante Krasis, se retrouvent en quelque sorte Compagnons malgré eux du Docteur. Ou inversement.

Et puis il y a Days of the Daleks. Les pauvres Daleks ont mal choisi leur ré-entrée dans le monde du Docteur, tant cette aventure est décevante. Et pas uniquement parce que le Docteur tue, mais aussi et surtout parce qu'il est vraiment cheap. Trois pauvres Daleks et une poignée d'Ogrons, pour une invasion, ça fait pas bézef. Du coup, le DVD a le bon goût d'intégrer une version remontée et aux effets spéciaux remis au goût du jour, de ces quatre épisodes. Les DVD's des trois premières aventures de cette saison sont du reste fort riches en bonus en tous genre, tandis que ceux des deux dernières histoires sont quasiment vides.

L'épisode que je vous conseille : Days of the Daleks, donc. Sisi, avouez que trois robots, même lourdement armés, qui tiennent en respect toute une escouade d'humains, c'est what the fuck ?

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