mercredi 11 mai 2016

Doctor Who saison 19


diffusion initiale :  du 4 janvier 1982 au 31 mars 1982
nb d'épisodes : 26 répartis en sept aventures
DVD :

    > coffret New Beginnings (contient Castrovalva 1 à 4)
    > Four to Doomsday 1 à 4
    > coffret Mara Tales (contient Kinda 1 à 4)
    > The Visitation 1 à 4
    > Black Orchid 1 et 2
    > Earthshock 1 à 4
    > coffret Time-Flight / Arc of Infinity (contient Time-Flight 1 à 4)


Docteur : Peter Davison
Compagnons : Adric, Tegan Jovanka et Nyssa


A NEW BEGINNING. A compter de cette année 1982, au demeurant une excellent année si ce n'est la meilleure d'entre toutes, Doctor Who va subir des changements drastiques, déjà entamés la saison précédente mais poursuivis ici de manière bien plus importante. Tout d'abord, vous remarquerez que cette saison fait peu ou prou le même nombre d'épisodes que la précédente alors qu'elle s'étale sur bien moins de mois. La raison, c'est que la diffusion se faisait avant une fois par semaine, le samedi, tandis qu'elle s'effectue maintenant bi-hebdomadairement, le lundi et le mardi. Etonnamment, cela n'entraine aucune chute d'audience, et même, Doctor Who occupe une plus grande part de marché suite à cette révolution.
Mais la plus grosse révolution, c'est quand même le changement de Docteur. Sept ans qu'il était là, le père Baker ! En comparaison, Peter Davison a l'air d'un jeune puceau, alors qu'il a déjà, à cette période, une longue carrière derrière lui à la télévision anglaise. Le contraste a été saisissant, pour les spectateurs actuels, lors du passage de David Tennant à Matt Smith, alors imaginez ça multiplié par deux ou trois ! L'ordre de tournage n'est pas l'ordre de diffusion. Tourné après trois autres aventures de la saison, celle d'ouverture nous montre une régénération pour une fois compliquée, qui entraîne une certaine schyzophrénie chez le Docteur. C'est bien pensé, d'autant que Davison en profite pour rendre hommage aussi bien aux hésitations de Throughton qu'au côté acariâtre de Hartnell. Il hésite sur une écharpe, mais opte finalement pour une espèce de tenue de croquet du XIXe siècle.


Un look finalement assez cool, avec un petit côté sportif pour trancher avec Baker, qui n'était pas forcément un Action Man. Du reste, durant deux aventures distinctes, Peter Davison fera montre de ses talents pour le cousin anglais du base-ball. Quant à la légendaire branche de céleri, il faut savoir qu'il ne la subit pas dès le début. Ce n'est qu'une facétie de plus à mettre à l'actif de John Nathan-Turner, le producteur baroque de la série à cette époque.
Le Docteur demeure le personnage central du show, mais une place plus importante est faite à ses Compagnons. Ils ont chacun droit à leur part de gloire, même si le TARDIS a tout de même une facheuse tendance à se retrouver surpeuplé. Pas facile pour un scénariste de donner la part belle à quatre personnages principaux, et il n'est pas rare que l'un d'entre eux se retrouve exclu, pour mieux pouvoir briller lors du show suivant. D'ailleurs, une aventure sur deux se consacre à un Compagnon en particulier : Castrovalva est le quart d'heure américain d'Adric, Kinda celui de Tegan et Black Orchid celui de Nyssa.
Et donc, selon qu'ils sont mis en lumière ou non, certains Compagnons gagnent en prestance. Ainsi, Adric est un peu moins une tête à claques dans Castrovalva, de même que Tegan, qui se montre là moins hystérique. C'est pour mieux merder dès l'aventure suivante, mais au moins, leur image se sera un peu adoucie aux yeux du public. Mais quand même, trois Compagnons, c'est trop : il faut en enlever un. C'est Adric, le sidekick le moins aimé de toute l'histoire de la série, qui y a droit, et il est débarqué de manière brutale. En effet, c'est le premier Compagnon à mourir depuis la très éphémère Katarina et la très controversée Sara Kingdom dans The Daleks' Master Plan (S3E3), mais le pire dans tout ça, c'est que lui est véritablement mort pour rien ! Un epic fail digne du personnage mal-aimé.


La mort d'Adric, à la fin de l'aventure Earthshock, est l'occasion pour la série de tenter quelque chose de nouveau : il n'y a pas de générique de fin, le casting défile sous un silence de plomb, et devant l'image fixe du badge brisé de l'adolescent. L'effet est classique mais fonctionne pas mal, on en viendrait presque à regretter le bonhomme. Et ce n'est pas la première fois que la série expérimente en matière de mise en scène. L'aventure Castrovalva, plutôt que de s'ouvrir sur le fameux générique, débute par un "résumé de l'épisode précédent", encore une chose que l'on n'avait jamais vue dans Doctor Who.
Ce sont des détails, mais qui démontrent la volonté de changement insufflée par John Nathan-Turner. Et des changements, on en retrouve aussi hors champ. Le script-editor Christopher Bidmead est remplacé dès la deuxième aventure de la saison par un certain Anthony Root, qui sera remplacé au cours de Kinda par Eric Saward. Trois script-eds en moins de six mois ! Et forcément, cela entraine des complications en matière de tournage, les personnages de ce show changeant complètement de caractère selon qui tient les rènes.


Beaucoup de bouleversements, donc, mais cette saison demeure relativement accrocheuse. Castrovalva conclut pas trop mal la trilogie de la régénération du Docteur. Si l'on met de côté les effets de caméra un peu raccoleurs et la musique digne d'un film de Pierre Richard, cette aventure, réalisée par une femme (ce qui est suffisamment rare pour être souligné), se tient bien. On notera malgré tout que le nouveau Maître, Anthony Ainley, manque de charisme si on le compare à l'ancien.
Four to Doomsday, malgré des effets spéciaux calamiteux, est une sacrément bonne histoire où les méchants n'en sont pas vraiment, et où les personnages secondaires ont tous leur place, même si Tegan et Adric y replongent dans leurs travers. Kinda est en quelque sorte le précurseur d'Avatar. Ouaip, je blague même pas. Les points communs sont tellement évidents que je me demande si James Cameron n'est pas allé piocher quelques idées à la télévision anglaise des années 80. Sauf qu'il y a mis de meilleurs effets spéciaux...


Avec son monstre en plastique et ses expérimentations en matière d'effets spéciaux, notamment grâce à l'animatronique, The Visitation a de sérieux relents de la période bénie de Jon Pertwee et des débuts de Tom Baker. Et il a d'autres qualités pour lui : d'abord il met en relation le Docteur et le grand incendie de Londres en 1666, une petite réécriture de l'histoire qui rappelle The Chase (S2E8), où les Daleks étaient tenus pour responsables de la disparition de l'équipage de la Mary Celeste. Et puis surtout, c'est à partir de cette aventure que le sonic screwdriver est détruit. John Nathan-Turner estimait qu'il s'agissait d'un deus ex machina, et de fait, le tournevis ne réapparaitra plus jamais durant la série classique.
Black Orchid est le premier two-parter depuis sept ans. Les précédents producteurs avaient instauré le four-parter comme une norme, que John Nathan-Turner va régulièrement bousculer à partir de là. Mais cette aventure est aussi marquante en ceci qu'elle ne comporte aucun monstre, ni aucun élément défiant l'entendement. C'est une crime story façon Agatha Christie, qui dispose de jolis décors georgiens et d'une magnifique voiture d'époque, une grosse portion de l'aventure étant tournée en extérieur.
Earthshock marque, comme dit plus haut, la disparition d'Adric, mais aussi le retour des Cybermen, qui arborent pour l'occasion leur design quasi-définitif, après quelques expérimentations douteuses à base de gants de cuisine et de phares de voitures. Dans cette aventure, le Docteur est accompagné non seulement par ses trois habitués, mais aussi par une tartine de figurants tellement peu importants que, pour une fois, je ne les ai pas inclus dans ma photo de groupe. L'aventure souffre de pas mal d'erreurs de casting d'ailleurs, la première d'entre elles étant la vieille Beryl Reid en tant que capitaine de vaisseau spatial. Enfin, cette aventure réécrit elle aussi l'Histoire, et en particulier la fin des dinosaures.


Quant à Time-Flight, il s'agit d'un show où la star n'est pas le Docteur mais... Concorde ! L'avion supersonique franco-britannique est à la fois la base de l'intrigue et sa résolution, et en dépit d'effets spéciaux une fois de plus pas terribles, l'intrigue en question est assez prenante. Elle voit revenir une fois de plus le Maître, et elle voit aussi partir Tegan, laissée sur Terre par un Docteur contraint de partir plus vite que prévu. Pourquoi j'ai mis un point d'interrogation plutôt que de la biffer carrément, alors ? La réponse dans la prochaine chronique. Teaser, teaser...

Les différents DVD's de cette saison sont plutôt garnis en bonus, à l'exception de l'aventure Four to Doomsday. Je trouve ça un peu dommage, parce que ces featurettes sont souvent l'occasion de remettre les épisodes dans leur contexte et d'en apprendre plus sur leur production, souvent épique. C'est même pour ça que j'achète les DVD's plutôt que de tenter de trouver les épisodes sur le Net. M'enfin bon, un DVD pourri sur sept, c'est pas si mal.

L'épisode que je vous conseille : Kinda. Il y a pas mal d'épisodes qui ont très mal vieilli en matière d'effets spéciaux, puisque c'est bien de cela que parle ce dernier paragraphe, des fois que vous auriez zappé l'ironie de son titre, mais celui-ci triomphe en la matière grâce à son serpent en plastique absolument génial. Notez que plusieurs DVD's de cette saison proposent de voir les épisodes avec leurs effets spéciaux remplacés par des CGI bas de gamme. Moi, je préfère le côté old school.

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