Vieux proverbe : en avril, ne te découvre pas d'un fil. Nouveau proverbe
: en avril, réunis les productions de tes auteurs fétiches. Moui... Il
va vraiment falloir que je travaille mes intros. Tout ça pour dire que
les différents éditeurs français ont eu la bonne idée, chacun de leur
côté, de présenter dans le même mois plusieurs comics d'un même auteur :
Rick Remender chez Urban, Mark Millar (qui a déjà droit à une grosse
actualité ces derniers mois) chez Panini, ou encore Ed Brisson chez
Akiléos. L'initiative est fort louable, et à renouveler le plus souvent
possible, puisqu'elle permet de se faire une idée de tel ou tel
scénariste en un temps très court.
LE COMICS (indé) DU MOIS (d'avril)
RAT QUEENS (tome 1, éditions Urban)
scénario : Kurtis J. WIEBE (Debris, Grim Leaper)
dessin : Roc UPCHURCH (Vescell)
genre : heroic-fantasy option Girl Power
édité chez SHADOWLINE, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Rat Queens 1 à 5)
La
guerrière naine Violet, la sorcière elfe Hannah, la prêtresse humaine
Dee et la voleuse halfelin Betty forment le groupe des Rat Queens, la
plus iconoclaste des guildes d'aventuriers de la ville de Palissade,
apte aux pires incartades. Elles boivent, elles fument, elles b... Bref,
elles sont quelque peu persona non grata comparées à leurs confrères.
Mais lorsque les guildes se font piéger et abattre les unes après les
autres, les Rat Queens échappent au massacre et tentent de découvrir qui
en est à l'origine.
Jouant sur les codes de l'heroic-fantasy, Kurtis
Wiebe impose des personnages immédiatement attachants et un humour
plaisant, loin des clichés du genre. C'est un peu une mode, en ce
moment, que de tenter de dérider le genre, et à ce petit jeu, l'auteur
impose facilement sa série, parue chez Shadowline. Le label créé par Jim
Valentino est assez peu représenté en France, et il est donc plaisant
qu'un éditeur de la trempe d'Urban s'intéresse à l'un de ses plus gros
succès. Jusqu'alors, nous n'avions eu droit qu'à des minis de seconde
zone, généralement chez de petits éditeurs.
Celle-ci a rencontré un
succès mérité, en grande partie grâce à son humour noir, mais aussi de
par son dessin original. La violence des scènes d'action est en effet
contrebalancée par le style cartoony de Roc Upchurch. Inconnu jusque là,
l'artiste s'en ira par la suite s'occuper de la série Vescell chez Top
Cow. En attendant, il développe ici un style efficace, qui tranche avec
les dessins assez lisses et/ou typés manga que l'on trouve généralement
dans les séries d'heroic-fantasy.
DANS LE RESTE DE L'ACTUALITE
BIG MAN PLANS (éditions Delcourt)
scénario : Eric POWELL et Tim WIESCH
dessin : Eric POWELL (the Goon, Chimichanga)
genre : petit polar teigneux
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Big Man Plans 1 à 4 + l'histoire courte tirée du Liberty Comics Annual* 2015)
Revenu
du Vietnam, Big Man est désormais investi d'une mission, et les forces
de l'ordre de la petite ville de Bumfuck, dans le Tennessee, vont
découvrir que malgré sa petite taille, il a les atouts nécessaires pour
leur faire payer le crime odieux qu'elles ont commis. Eric Powell aime
mettre en scène des personnages au physique incroyable, dans des
aventures à leur démesure. C'est encore le cas ici, et le scénario qu'il
a concoté avec l'aide de Tim Wiesch est plein de bruit et de fureur,
même s'il faut bien reconnaître qu'il manque de crédibilité.
(3,5/5)
BIRTHRIGHT (tome 2, éditions Delcourt)
scénario : Joshua WILLIAMSON (Ghosted, Captain Midnight)
dessin : Andrei BRESSAN (Green Lantern : New Guardians, Sword of Sorcery)
genre : heroic-fantasy sur le pas de ta porte
édité chez SKYBOUND ENTERTAINMENT, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Birthright 6 à 10)
Tandis
que Mickey et Brennan poursuivent leur recherche assidue des mages, ils
sont traqués en retour par une créature que l'on dit impossible à
vaincre. Parallèlement, la N.S.A. prend la relève de l'enquête du
F.B.I., et fait la connaissance de Rya... Si l'improbable quête des
héros et les tensions familiales prennent le pas sur l'enquête
policière, Joshua Williamson parvient néanmoins à ménager la chèvre et
le chou dans cette deuxième arche narrative, toujours aussi joliment
dessinée par Andrei Bressan.
(3,5/5)
INVINCIBLE (tome 18, éditions Delcourt)
scénario : Robert KIRKMAN (the Walking Dead, the Astounding Wolf-Man)
dessin : Ryan OTTLEY (Haunt, Grizzly Shark)
genre : super-héros façon Roland Emmerich
édité chez SKYBOUND ENTERTAINMENT, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Invincible 97 à 102)
Invincible
retrouve ses pouvoirs, mais trop tard pour empêcher Dinosaurus de
déclencher sa solution finale, sensée sauver l'humanité d'elle-même. Les
Gardiens du Globe sont dépassés, les Viltrumites refusent d'intervenir,
et les conséquences vont être désastreuses... Robert Kirkman et Ryan
Ottley déclenchent subitement l'apocalypse... et résolvent le problème
en moins de trois épisodes ! Autant dire que c'est la montagne qui
accouche d'une souris, et la déception est à la mesure de l'exécution
sommaire.
(2,5/5)
MPH (éditions Panini)
scénario : Mark MILLAR (Ultimates 2, Kick-Ass)
dessin : Duncan FEGREDO (Jay & Silent Bob, Enigma)
genre : braquage à la course à pied
édité chez MILLARWORLD, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient MPH 1 à 5)
Grâce
à des pillules d'origine mystérieuse, quatre jeunes gens sans grand
avenir obtiennent des pouvoirs incroyables qu'ils vont mettre à profit
pour cambrioler de nombreuses banques, espérant ainsi oublier la
pauvreté dans leur ville natale de Détroit. Le gouvernement semble dans
l'incapacité de les arrêter. S'il se montre, comme souvent, assez
expéditif, Mark Millar confère à son quatuor d'anti-héros suffisamment
de qualités pour que l'on prenne plaisir à en suivre le parcours, et la
résolution de l'intrigue est sinon originale, en tout cas bien amenée.
Au dessin, le style classique de Duncan Fegredo contraste intelligemment
avec la nervosité du récit.
(4/5)
CROSSED + 100 (tome 2, éditions Panini)
scénario : Simmon SPURRIER (2000 A.D., Cry Havoc)
dessin : Fernando HEINZ (God Is Dead) et Rafael ORTIZ (Dan the Unharmable)
genre : post-apo sponsorisé par le Petit Robert
édité chez AVATAR PRESS aux USA (contient Crossed + One Hundred 7 à 12)
Parmi
les très rares survivants de Chooga, Future Taylor a trouvé refuge à
Murfreesboro, où elle tente de convaincre l'imam en charge de la ville
d'organiser la résistance face à des infectés bien plus calculateurs
qu'on ne le pensait. Mais elle se heurte à l'incrédulité générale. Simon
Spurrier prend à bras le corps le concept d'Alan Moore et développe une
suite bien moins fine, mais non moins intéressante. Par contre, le
dessin de Fernando Heinz est totalement hors-sujet, à tel point qu'il
sera remplacé au milieu de l'arche narrative par Rafael Ortiz.
(3,5/5)
LETTER 44 (tome 3, éditions Glénat)
scénario : Charles SOULE (Daredevil, All-New Inhumans)
dessin : Alberto ALBURQUERQUE (Mystery Girl) et Drew MOSS (Blood Feud)
genre : science-fiction teintée de géopolitique primitive
édité chez ONI PRESS aux USA (contient Letter 44 13 à 18)
Alors
que les membres du Projet Monolithe sont parvenus à trouver un terrain
d'entente avec les extraterrestres, le président Blades révèle au monde
entier la vérité sur les Bâtisseurs. Cela va conduire à la troisième
guerre mondiale, entre les Etats-Unis et le reste du monde. La série de
Charles Soule retombe dans ses travers, l'auteur se plaisant visiblement
à entrecouper son action de longs palabres, lorsqu'il ne saute pas du
coq à l'âne d'un épisode sur l'autre. Parallèlement à ce rythme
malhabile, le dessin d'Alberto Alburquerque est toujours aussi peu
séduisant.
(2,5/5)
SPAWN (tome 14, éditions Delcourt)
scénario : David HINE (District X), Brian HOLGUIN (Aria) et Todd McFARLANE (Spider-Man)
dessin : Angel MEDINA (Warlock and the Infinity Watch) et Philip TAN (the Outsiders)
genre : capharnaüm mystico-chiantos
édité chez TODD McFARLANE PRODUCTIONS, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Spawn 147 à 156)
Réincarné,
Al Simmons est en réalité plus qu'il n'y parait. C'est à l'entité
cosmique connue sous les noms de Miracle Man, Kali ou Mère, de le
convaincre de son potentiel infini, qui le libèrera de ses entraves et
qui mettra fin à la guerre perpétuelle entre Satan et Dieu. Le grand
chambardement tant annoncé est au final un arc tortueux servi au dessin
par un soit-disant prodige qui se cherche encore. Difficile de croire
que David Hine et Philip Tan vont parvenir à redresser la barre d'une
série qui part complètement à vau l'eau.
(3/5)
RUMBLE (tome 1, éditions Glénat)
scénario : John ARCUDI (Gen 13, B.P.R.D. : Hell on Earth)
dessin : James HARREN (Heralds, Conan the Barbarian)
genre : et là, tu la sens ma grosse épée ?
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Rumble 1 à 5)
La
vie de Bobby se retrouve bouleversée le jour où une créature effrayante
et armée d'une épée démesurée débarque dans son bar et tente
d'assassiner l'un de ses rares clients. Petit à petit, le jeune homme va
découvrir que des créatures sans âge se cachent sur Terre. Si l'on
imagine assez bien comment John Arcudi va mener sa barque, l'auteur se
montre malgré tout particulièrement efficace, si bien que la lecture est
d'une rare fluidité. Au dessin, James Harren sait aussi bien appuyer
l'humour de certaines situations et la nervosité des scènes d'action,
grâce à un style vif et caricatural.
(4/5)
DAY MEN (tome 2, éditions Glénat)
scénario : Matt GAGNON (Freelancers) et Michael Alan NELSON (28 Days Later)
dessin : Brian STELFREEZE (the Ride, Matador)
genre : Twilight sans le côté cul-cul
édité chez BOOM ! STUDIOS aux USA (contient Day Men 5 à 8)
David
Reid cherche à innocenter sa famille en découvrant qui sont ces
vampires qui marchent au soleil et, surtout, qui est à leur tête. Mais
les autres clans demandent des résultats rapides, sans quoi le Day Man
sera contraint d'affronter l'un de ses pairs dans un combat à mort. Matt
Gagnon et Michael Alan Nelson ont mis en place toute une mythologie
autour de cette thématique que l'on croyait usée jusqu'à la corde, et
ils s'en servent pour appuyer un récit efficace et prenant, mis en
images de brillante manière par Brian Stelfreeze.
(4/5)
DEADLY CLASS (tome 3, éditions Urban)
scénario : Rick REMENDER (Fear Agent, Avengers Universe)
dessin : Wes CRAIG (Guardians of the Galaxy, T.H.U.N.D.E.R. Agents)
genre : petits meurtres entre amis
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Deadly Class 12 à 16)
Si
les étudiants de Kings Dominion sont parvenus à se débarrasser du
cartel d'el Alma del Diablo, cela n'a pas été sans pertes, et maître Lin
n'est pas près de leur pardonner cette erreur de jugement. A partir de
là, Marcus s'éloigne des rares amis sur qui il pouvait encore compter.
Entre deux scènes d'action tonitruantes, la série de Rick Remender
s'enfonce dans l'auto-apitoiement et le personnage central en devient
vite insupportable. En outre, le dessin de Wes Craig est très stylisé
mais parfois à la limite de l'illisible.
(2,5/5)
LOW (tome 2, éditions Urban)
scénario : Rick REMENDER (Black Science, Strange Girl)
dessin : Greg TOCCHINI (the Last Days of American Crime, Demonwars)
genre : post-apo qui fait des ronds dans l'eau
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Low 7 à 10)
Le
dôme de Voldin est régi par le Conseil de la Pensée, qui réprime
fermement toute forme d'art, de contestation et plus généralement
d'optimisme. C'est là qu'a été élevée Della Caine, devenue ministre de
l'inquisition, en contradiction totale vis-à-vis des enseignements de sa
mère. Greg Tocchini magnifie encore et toujours ce récit qui, sans
mauvais jeux de mots, flotte entre deux eaux : celle du désespoir et
celle de l'optimisme forcené. La thématique est élégamment soutenue par
Rick Remender au travers de personnages plus subtils qu'il n'y paraît de
prime abord.
(4/5)
CLUSTER (éditions Akiléos)
scénario : Ed BRISSON (Comeback, the Field)
dessin : Damian COUCEIRO (NOLA, Sons of Anarchy)
genre : pot-pourri de S-F pas pourrie
édité chez BOOM ! STUDIOS aux USA (contient Cluster 1 à 8)
Samara
Simmons a été condamnée à la peine capitale pour avoir conduit sous
l'emprise de drogue. Pour éviter la sentence, elle accepte de participer
au programme M.I.D., pour lequel des prisonniers se battent sur une
planète en cours de colonisation contre les Pagurani, une race
extraterrestre belliqueuse. Mélange de nombreuses influences aussi bien
littéraires que cinématographiques, la mini-série d'Ed Brisson parvient
néanmoins à trouver le juste équilibre et, si elle n'offre que peu de
surprises, elle demeure agréable à lire. Le dessin solide de Damian
Couceiro n'y est sans doute pas pour rien. Et le fait de pouvoir la lire
d'une traite est un autre bon point.
(3,5/5)
SHELTERED (éditions Akiléos)
scénario : Ed BRISSON (the Mantle, the Violent)
dessin : Johnnie CHRISTMAS (Pisces, Unmade)
genre : thriller qui t'interpelle sur le deuxième amendement
édité chez IMAGE COMICS aux USA (contient Sheltered 1 à 15 !)
Safe
Haven devait être le refuge de toute une communauté de survivalistes,
mais les choses tournent court lorsque les adultes du camp sont
assassinés par leurs propres enfants. Victoria Eckersly et son amie
Hailey étaient les seules à ne pas être au courant de cet incroyable
putsch, et elles sont désormais les proies des tueurs. Le concept du
survivalisme est en lui-même un sujet pour le moins fascinant, et Ed
Brisson s'en sert qui plus est afin de développer un thriller plutôt
efficace. Il peut compter pour ce faire sur le dessin de Johnnie
Christmas, à la fois racé et puissant. Hélas, le scénario perd en
cohérence à mesure que les épisodes passent, et le message final est
pour le moins malhabile. Néanmoins, saluons la belle initiative
d'Akiléos, qui publie l'intégralité de la série en un seul ouvrage.
(3/5)
Le MAITRE VOLEUR (tome 4, éditions Delcourt)
scénario : Andy DIGGLE (the Losers, Thunderbolts)
dessin : Shawn MARTINBROUGH (Angeltown, the Creeper)
genre : le maître tueur, en fait
édité chez SKYBOUND ENTERTAINMENT, un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Thief of Thieves 20 à 25)
Redmond
est certes parvenu à ses fins avec la mafia, mais Lola compte bien
l'utiliser encore afin de faire de tomber son principal rival. Il
arrange alors l'assassinat de son ex-épouse et de son fils. Désormais
libre de tout engagement et ivre de vengeance, Conrad Paulson s'apprête à
faire le ménage... Désormais seul en piste, Andy Diggle organise une
nouvelle arche narrative particulièrement expéditive, et si ce n'est
plus vraiment raccord avec le concept de base de la série, le récit
demeure efficace. D'autant que Shawn Martinbrough assure le spectacle.
(3,5/5)
WANTED (éditions Panini)
scénario : Mark MILLAR (the Unfunnies, Secret Service)
dessin : J.G. JONES (Black Widow, Final Crisis) et plein d'autres à la fin
genre : Kill ! Fuck ! Rule ! Non, on est pas dans Crossed
édité chez TOP COW PRODUCTIONS, Inc., un label d'IMAGE COMICS, aux USA (contient Wanted 1 à 6 + Wanted : Dossier)
Wesley
Gibson est un jeune désoeuvré, mais il est aussi sans le savoir le fils
du Killer, le plus grand des super-criminels. Et vu que ces derniers
règnent désormais en maîtres depuis qu'ils ont abattu tous les héros de
la planète, il est temps pour lui de réclamer son dû. Wanted, ou le
concept du super-héros complètement revu et corrigé. Violente, amorale,
vulgaire, cette mini-série signée par deux grands auteurs est un peu un
Watchmen appliqué aux super-criminels. C'est en tout cas telle quelle
que Mark Millar l'a vendue, mais elle n'a pas la même envergure, malgré
le très bon travail de J.G. Jones. Par rapport à l'édition de Delcourt,
celle de Panini intègre aussi le Dossier, une série de pin-ups par de
grands artistes comme Bill Sienkiewicz, John Romita ou Jae Lee.
(3/5)
*
ANNUAL : numéro spécial, plus épais que d'ordinaire et généralement
sans lien avec la trame habituelle, qui parait une fois par an
PAS LU, PAS PRIS (et pas près de le prendre)
AMULET tome 7, édité chez Scholastic aux USA et chez Akiléos en France
les
AVOCATS du MACABRE tome 2 (Wollf & Byrd, Counselors of the
Macabre), édité chez Exhibit A Press aux USA et chez Fluide Glacial en
France
BLOODSHOT REBORN tome 1, édité chez Valiant aux USA et chez Bliss en France
les SIMPSON tome 30, édité chez Bongo Comics aux USA et chez Jungle en France
The VALIANT tome 1, édité chez Valiant aux USA et chez Bliss en France
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