dimanche 29 mai 2016

Doctor Who saison 22


diffusion initiale : du 5 janvier au 30 mars 1985
nb d'épisodes : 13 répartis en six aventures
DVD :

    > Attack of the Cybermen 1 et 2
    > Vengeance on Varos 1 et 2
    > The Mark of the Rani 1 et 2
    > coffret Bred for War (contient The Two Doctors 1 à 3)
    > Timelash 1 et 2
    > Revelation of the Daleks 1 et 2


Docteur : Colin Baker, Patrick Troughton
Compagnons : Perpugilliam Brown, Herbert George Wells, Vena, Jamie McCrimmon

LARGER THAN LIFE ! Pour sa vingt-deuxième saison, Doctor Who effectue deux changements drastiques. Le premier est de revenir à son créneau originel du samedi soir, ce qui entraîne malgré tout une légère érosion de son auditoire. Le deuxième, bien plus important, est de proposer cette fois-ci des épisodes de quarante-cinq minutes, contre vingt-cinq habituellement. De fait, les épisodes sont aussi moins nombreux, passant d'une vingtaine à une douzaine.
Le fait est qu'il s'agit d'un format qui sera conservé lorsque la licence fera son retour dans le courant des années 2000. Mais l'ancienne série est différente de la nouvelle, notamment en terme de rythme : le gros d'un épisode consiste purement et simplement en dialogues, si bien qu'avec une telle longueur, les épisodes en deviennent en fait assez chiants sur le moyen terme. D'ailleurs, j'ai quelque peu perdu le goût de la série à cause de cette abominable lenteur.
Et pourtant, il y a tout de même du bon durant la période Colin Baker, quoi qu'en disent les critiques. Même si ça part assez mal, avec un Docteur au look de grand-guignol et le générique ultra-coloré qui va avec, on se laisse finalement prendre par quelques-unes de ses aventures, d'autant que la majorité d'entre elles joue la carte de la nostalgie, avec les retours consécutifs des Cybermen, du Maître, des Sontarans ou encore des Daleks. Et le décolleté plongeant de Peri, dont on ne cesse de profiter, est sans aucun doute lui aussi à porter au crédit de cette saison.
Le truc, c'est que le duo entre cette même Peri et le bon Docteur fonctionne assez mal. Elle passe son temps à râler, lui passe son temps à hurler, et tous les deux passent leur temps à se bigorner. Et comme ils ne sont que deux dans le TARDIS, ça devient vite relou. Et ça, c'est sans compter un certain surjeu, qui touche une fois de plus les acteurs invités, mais aussi, hélas, le cast principal. Etait-ce une spécificité des années 80 ? Je ne m'en souviens plus assez pour vous le confirmer, mais pour avoir revu quelques vieilles séries de l'époque, ce n'est pas un cas isolé. Reste que c'est pénible.


L'affaire commence pourtant de la meilleure des façons, Attack of the Cybermen proposant rien moins qu'un droit d'inventaire sur le passif de la saga. Avec le retour des automates bien entendu, mais aussi de Lytton, le mercenaire vu dans Resurrection of the Daleks (S21E4). Ajoutons un TARDIS qui se transforme enfin en tout un tas de choses et un nombre de références fabuleux, dont des rappels des anciennes rencontres entre le Docteur et ses Némésis, et nous tenons là une aventure probablement imbitable pour les néophytes.
Souffrant d'un gros imbroglio au niveau de ses droits d'auteur, partagés entre sa scénariste Paula Woolsey, le script-editor Eric Saward, le responsable de la continuité Ian Levine et la BBC (rien que ça !), cette histoire où s'entremêlent plusieurs histoires présente surtout deux gros défauts : une musique bien trop typée 80's, et surtout un Docteur ultra-violent, out of character, qui enchaîne littéralement les cadavres. Pour l'anecdote, Terry Molloy, l'acteur qui interprête Davros à l'époque, joue ici à visage découvert pour la première et unique fois de sa carrière sur Who.
La deuxième histoire de la saison, Vengeance on Varos, est pas mal elle aussi. Critiques ouvertes de la société de l'entertainment poussée à son paroxysme, auxquelles se mêlent aussi des notions d'exploitation commerciale et, surtout, de totalitarisme options délation et torture, ces deux épisodes sont cruels mais fascinants, en particulier grâce à Sil, un badass absolument gigantesque joué par Nabil Shaban, acteur verticalement limité que l'on a pu notamment apercevoir dans la Cité de la Joie. Il reviendra à ce rôle dès la saison suivante.


Un bon début de saison, donc, et ce n'est pas fini. The Mark of the Rani permet d'assister à l'énième retour du Maître, décidément pas le dernier pour ressusciter sans aucune explication. Il revient en effet une fois de plus sans expliquer ni pourquoi ni comment, se contentant d'un "Après tout, je suis le Maître". Et il n'est pas le seul Time Lord à s'opposer ici au Docteur, puisqu'on découvre une Time Lady renégate, la Rani, experte en chimie.
Pas vraiment le personnage super marquant, d'autant qu'elle fait double emploi avec le Maître, mais cet épisode a surtout pour lui ses - très larges - portions de tournage en extérieur, réalisées à Blists Hill, une ville minière de l'époque victorienne devenue un véritable musée à ciel ouvert. Ce cadre, accompagné par des costumes plutôt réussis à une époque où la série ne brille pas vraiment dans le domaine (vous savez, les fringues des années 80...), lui donne un sacré feeling de documentaire, les éléments de S-F. en plus bien entendu.
Mais en matière de tournages externes, l'aventure qui s'en sort le mieux, c'est The Two Doctors. Ses scènes en extérieur ont en effet été tournées à Séville, quatrième lieu de tournage hors d'Angleterre après Paris, Amsterdam et Lanzarote. Cette aventure, la plus longue de la saison, a aussi coûté le plus cher, et sans véritable justification scénaristique, puisqu'elle aurait aussi bien pu se dérouler n'importe où ailleurs. Mais ça aurait pu être pire, puisque le producteur John Nathan-Turner avait au début prévu la Nouvelle-Orléans !
Le Docteur y affronte les Sontarans, aux costumes du reste bien moins réussis que précédemment, et qui partagent le mauvais rôle avec une nouvelle espèce, les Androgums. Ces androïdes qui bouffent de tout, y compris de l'humain, ont un nom qui est en fait une anagramme de "gourmands". Ils ne sont par contre pas plus marquants que ça, à contrario de leur dernier allié, un docteur en bio-ingénierie véritable sosie de Karl Lagerfeld !
Heureusement, pour l'aider, Colin Baker pourra non seulement compter sur Nicola Bryant, alias Peri, mais aussi sur Frazer Hines, ce bon vieux Jamie McCrimmon, et surtout sur Patrick Troughton, le deuxième Docteur. Le bougre a pris un coup de vieux, comme on avait pu le constater dans l'épisode spécial The Five Doctors, mais il a gardé toute sa facétie. Et pour lui rendre un petit hommage, le premier épisode débute par une scène entre Jamie et lui, en noir et blanc !


Pas franchement bien jouée, cette histoire signée Bob Holmes - l'un des plus grands auteurs de la série classique et qui en a même été l'un des script-editors - est tout de même un jalon marquant de la franchise, et une madeleine de Proust pour les fans. Cela contraste avec l'aventure suivante, Timelash, qui contrebalance en terme de budget la rencontre entre les deux Docteurs.
Et cela se ressent dans tous les compartiments. Des acteurs qui surjouent ou qui sous-jouent selon les cas, des effets spéciaux à la ramasse, des décors minimalistes et des costumes ridicules... Le tournage a été compliqué, et ça se voit. Malgré tout, cette histoire dégage quelques bonnes idées de pure science-fiction, c'est juste que la réalisation ne suit pas. Deux anecdotes tout de même : un hommage appuyé à Jo Grant et au troisième Docteur est à noter ; et deux compagnons-pour-de-faux voyagent dans le TARDIS : l'extraterrestre Vena, et le célèbre Herbert George Wells, interprêté de manière plutôt sympa.
La dernière aventure de la saison, Revelation of the Daleks, voit comme son titre l'indique revenir dans la série les poivrières à roulettes, ainsi que leur créateur Davros. Il s'agit en fait de la suite directe de Resurrection of the Daleks, qui revient plus en détail sur la bataille que se livrent les Daleks "canal historique", créés par Davros, et les Daleks next gen sous le commandement du Dalek Supreme.
Tourné de manière originale, avec notamment un effet pellicule chouettement réalisé, le premier des deux épisodes enchaîne les scènes à priori sans grand rapport entre elles, avant de raccorder les différentes pistes. Un traitement moins linéaire qu'à l'accoutumée, et ça fait bien plaisir. Un peu hardcore par moments, l'histoire contrebalance les effets horrifiques par une certaine dose d'humour, avec notamment un DJ farfelu joué par Alexei Sayle, un humoriste aux traits d'esprit so british que l'on a aussi pu apercevoir dans Indiana Jones et la Dernière Croisade, où il jouait le sultan. Chose amusante : il déglingue ici du Dalek à coup de... rayon laser produit par du bon vieux rock'n roll !


Ouais, OK, c'est un peu abusif, mais ça va bien à la fois avec la série, avec l'époque et avec le surjeu global de cette aventure. Une aventure par ailleurs plutôt bien foutue, avec de jolies scènes en extérieur tournées sous la neige devant l'une des antennes locales, à l'époque, d'IBM (vous pouvez pas comprendre, les djeunnz), et ses scènes en studio qui bénéficient elles aussi de beaux décors, certains assez grandiloquents. La marque des 80's, non ?
Alors que retenir de cette vingt-deuxième saison ? Un Docteur qui en fait trop, tant sur le plan esthétique que comportemental, un Companion qui n'évolue pas des masses non plus et, globalement, des acteurs, connus ou non, qui ont une grosse tendance au surjeu ? Assurément. Un petit côté kitch en ce qui concerne les costumes et la musique ? Cela va sans dire. Mais dans l'ensemble, en dehors d'une seule aventure, ça se tient plutôt bien et ça se laisse encore regarder à l'heure actuelle.
Et pourtant, les nouveaux cadres dirigeants de la BBC ne sont pas convaincus. Trop violent (c'est pas faux pour l'époque et pour le personnage), le programme perd progressivement son audience et son arrêt est évoqué. La presse en fait ses choux gras de l'autre côté de la Manche, et pendant dix-huit mois, un an et demi donc, la série est en stand-by. Elle reviendra finalement pour une vingt-troisième saison, qui change tout. Mais nous en reparlerons en temps voulu.


Concernant les bonii des DVD's, il y en a encore pas mal à voir. Au rayon des curiosités, le DVD de The Two Doctors comporte un épisode spécial de Jim'll Fix It. Dans son show, Jimmy Savile se présentait un peu comme un mix entre Julien Courbet et le Génie d'Aladdin, résolvant les problèmes de ceux qui lui demandaient, généralement des enfants, en réalisant leur rêve. Ici, il aide un garçonnet qui rêve de jouer dans Doctor Who, en produisant un petit épisode où ledit gamin aide le Docteur, Colin Baker, et une Tegan Jovanka venue d'on ne sait où, à triompher des Sontarans.

L'épisode que je vous conseille : Timelash. Ou quand un méchant Elephantman contrôle des méchants apiculteurs et des méchants ancêtres d'Avatar parce qu'il veut se trouver une gonzesse. Heureusement qu'il y a des gentils vers de terre pour s'opposer à lui, hein ?

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