mercredi 16 novembre 2016

Doctor Who série 4

diffusion originale : du 5 avril au 27 juillet 2008
nb d'épisodes : 14 répartis en onze aventures
DVD :

    > en VO, coffret The Complete Fourth Series (contient les 13 épisodes normaux)
    > coffret The Complete Specials (contient Music of the Spheres)
    > en VF, coffret Saison 4 (pareil que le coffret VO mais c'est moins bien)


Docteur : David Tennant (x2)
Compagnons : Donna Noble, Martha Jones, Jack Harkness, Sarah-Jane Smith, Rose Tyler, Mickey Smith et Jackie Tyler (et un Graske)

SECOND LIFE. Le cast de cette année 2008 est un peu compliqué, mais il a pour principale particularité de n'afficher que des têtes connues. En coulisses, les choses évoluent un peu plus vite, puisqu'à la fin de la saison, Phil Collinson abandonne son poste de producteur, qu'il tenait depuis le retour de la saga. En effet, on a tendance à attribuer à tort ce poste à Russell Davies, qui n'est en fait "que" producteur exécutif. Ca reste la figure de proue de la série, mais pas son moteur principal. Mais ce n'est qu'un détail.
La chose importante, c'est l'arrivée en tant que Companion de Donna Noble. Ou plus exactement son retour, puisqu'elle était l'héroïne de The Runaway Bride, le spécial du Noël précédent. Enfin, du précédent de la saison d'avant, quoi. Bref, tous ceux qui, à la lecture de ces lignes, soupirent de désespoir, peuvent se réjouir : certes, Catherine Tate fait toujours dans la démesure lorsque l'humour de la situation l'exige, mais elle sait varier son jeu, et ce deuxième run, de plus longue durée que l'ancienne, lui offre un spectre d'émotions plus large.
Sa relation avec le Docteur est différente de celles de Rose ou Martha : elle n'est pas amoureuse, elle taille le Docteur sur ses fringues qui ne changent jamais ou sur son côté déconnecté de la réalité, elle se défend d'être en couple avec lui durant quasiment toute la première moitié de la saison, et surtout, elle est moins obtuse qu'auparavant. Au départ, elle se pose en objectrice de conscience, et son côté terre-à-terre se craquelle petit à petit, d'abord face au sort des Oods vendus comme des objets par des esclavagistes bien Terriens, puis devant le sort des habitants de Pompeï ou en regardant grandir Jenny. Qui est Jenny ? Rassurez-vous, nous en reparlerons.
En attendant, Donna évolue. Curieusement, elle n'aura pas le droit à la même mise en lumière que celles qui l'ont précédé, justement parce que ces dernières n'ont de cesse que de revenir au générique de la série ! Martha accompagne le duo Donna-Docteur sur cinq épisodes et fait une apparition dans un autre, tandis que Rose passe une tête dans trois épisodes et fait partie intégrante du cast dans trois autres. De fait, Tate a du mal à se tailler la part du lion, et pourtant, son personnage va devenir extrêmement important sur la fin, voire même over-abusé !
Au delà de ces retours intempestifs, qui finalement font perdre du crédit à l'héroïne et suppriment tout sentiment d'absence vis-à-vis de ses aînées (parce qu'on les revoit trop vite après leur départ), l'histoire de Donna est à la fois intimiste et tragique. Ces deux facettes sont notamment représentées par Bernard Cribbins, qui lui aussi reprend son rôle, celui de Wilfred Mott. Rencontré dans le spécial de cette année, Voyage of the Damned, on découvre qu'il est le grand-père de Donna à la faveur d'un malheureux concours de circonstances : normalement, on aurait dû revoir le père de la rouquine, aperçu lors de son mariage, mais l'acteur qui l'interprétait est décédé et le rôle a été modifié.

Comme Donna retourne régulièrement sur Terre, on profite souvent de Cribbins, et on peut s'attendrir sur sa relation avec sa petite-fille, qui vit les rêves de son grand-père. Une sorte de vie par procuration, finalement, mais sans aigreur de la part du vieillard. Martha, elle, est devenue un grand ponte au sein de UNIT, et on a donc l'occasion de retrouver l'ambiance militaire de la période Pertwee avec des tas de soldats no-name qui se font zigouiller par la première menace venue.
Quant à Rose, son retour est assez impromptu et mal amené. Au départ, ses apparitions font un peu fan service, même si on comprend petit à petit que cette saison représente le grand point final de son histoire, tragiquement coupée net durant le bouleversant Doomsday (S2E13). Petit coup de pute au passage, je noterai que Billie Piper a de méchants problèmes d'élocution maintenant ! C'est une remarque totalement gratuite, mais elle n'a jamais eu autant de dents, et bizarrement, ce petit problème nuit un peu à son image de "messie" lors des trois épisodes de fin de saison.

En dehors de ses acteurs, cette saison s'appuie comme les précédentes sur un fil rouge. Ou plus exatement sur deux fils rouges. Tout d'abord, Donna précise d'entrée de jeu que les abeilles ont disparu. Elle en reparlera sur la planète des Oods, et dans The Unicorn and the Wasp, qui se déroule du temps d'Agatha Christie, et dans lequel les abeilles ont un rôle prépondérant, elle affirme qu'ils "ont encore des abeilles en 1926". Le Docteur, peu impacté par ces petites anecdotes, ne fera le rapprochement avec l'autre fil rouge qu'en fin de saison, presque trop tard.
Car cet autre fil rouge est nettement plus grave : des planètes disparaissent ! Dans Partners in Crime, le dynamique duo fait face à des petites boules de graisse toutes mimis, qui sont en fait des extraterrestres, les Adiposiens, dont la planète a disparu. Pouf ! La destruction de Pompeï, si l'on en croit la série, est quant à elle dûe à des golems de feu venus de Pyrovillia, un monde lui aussi rayé de la grande carte universelle. Si l'on y ajoute le huis clos bien flippant Midnight, dans lequel le Docteur rencontre une étudiante à la recherche de la légendaire Lune Perdue de Poosh, ça commence à faire beaucoup.
Ca va être le prétexte au diptyque final le plus spectaculaire que la série nous ait jamais présenté ! Sans trop vous spoiler (mais un peu beaucoup quand même, alors passez au paragraphe suivant au cas où), ces deux épisodes impliquent bien entendu le Docteur et Donna, mais aussi Torchwood, représenté dans le TARDIS par un Jack Harkness qui a ici un tout petit rôle, UNIT, et en particulier Martha, Sarah-Jane Smith, et même la petite famille de Rose (minus son père), qui a visiblement trouvé le moyen de voyager de nouveau entre les dimensions.
(Non désolé, le spoiler continue, passez au paragraphe suivant) Sans compter un deuxième Docteur, suite à une régénération cheloue. Tout ce petit monde fait face à  un énième retour des Daleks, cette fois-ci accompagnés par Davros. C'est lui qui a conçu le plan qui a causé la disparition des planètes, mais on se rend compte assez vite qu'en dépit de ses railleries, il n'est pas franchement maître à bord. En tout cas, il est la preuve qu'un bon vilain n'est jamais vraiment mort dans la série. Et puis il a deux rôles capitaux dans cette aventure.
(Vous pouvez reprendre là si vous voulez, mais vous biterez pas grand-chose à la suite) Tout d'abord, c'est lui qui nomme les différents compagnons cités au dessus "Enfants du Temps". Cette désignation commune a pour but premier, sur un plan métatextuel, de mettre sur un pied d'égalité la série et les spin-off en les regroupant au sein d'une même "famille". En sus, et c'est là le deuxième rôle dont je parlais juste au dessus, cela met en exergue l'aspect guerrier du Docteur : il a créé sa propre armée, et s'il se dit pacifiste, il en a quand même fait de belles, notamment, on l'apprend plus ou moins (même si c'était déjà évoqué dès la période Eccleston, dans Dalek (S1E6) par exemple), durant la Guerre du Temps. Il sera d'ailleurs surnommé, au final, le Destructeur des Mondes. Une référence directe au surnom acquis par Sylvester McCoy dans Remembrance of the Daleks (S25E1).

La notion de Docteur chef de guerre, on la trouve aussi dans l'épisode The Doctor's Daughter, durant lequel le héros hérite d'une fille conçue génétiquement et pourvue nativement de rares talents au combat, au point que son "père" la répudie, ne reconnaissant rien de lui en elle. Cette fille, c'est la Jenny dont je parlais un peu plus haut, et qui est donc une Time Lady par essence. Jouée par Georgia Moffett, la fille de Peter Davison (numéro cinq) dans la vraie vie, c'est un véritable rayon de soleil le temps d'un épisode, mais même si elle survit sans que son père ne le sache, on ne l'a encore jamais revue dans la série.
C'est dommage, parce qu'elle a du potentiel, sans compter que cela donnerait une dynamique assez unique - quoique finalement assez semblable aux débuts avec William Hartnell et sa petite-fille - aux aventures du Doc. On savait qu'il a déjà été père de famille (on le supposait en tout cas, à moins que les Time Lords puissent être papis sans avoir été papas), mais Tennant confirme sa paternité dans cet épisode d'un laconique "j'ai été père autrefois". Du coup, ça serait sans doute sympa de voir ce côté de sa personnalité.


Beaucoup de beau monde durant cette saison, et ce n'est pas tout. Dans The Fires of Pompeii par exemple, les deux héros rencontrent un certain Caecilius, joué par... Peter Capaldi ! Comme Colin Baker avant lui (et David Tennant aussi dans une moindre mesure), l'acteur a d'abord joué un second rôle avant d'enfiler le manteau de la star. Hormis l'anecdote, il s'agit d'un superbe épisode tourné dans les légendaires studios Cinecitta de Rome, bénéficiant de costumes et d'effets spéciaux de toute beauté.
The Unicorn and the Wasp, quant à lui, fait appel à Agatha Christie. Pas la vraie, vous vous en doutez, mais par contre, l'un des seconds rôles est tenu par le vrai père de David Tennant ! Grosse poilade burlesque en costumes d'époque, tournée dans un splendide manoir, cette histoire est un véritable "whodunnit", autrement dit une enquête à la Christie, les éléments de science-fiction en plus bien entendu. Pour être tout à fait honnête, les effets spéciaux sont asez médiocres, mais le reste compense.
Et puis il y a le cas de la doublette Silence in the Library / Forest of the Dead. Ecrite par Steven Moffat, cette histoire en deux parties voit apparaître pour la première fois River Song, qui deviendra un personnage capital. Elle et le Doc sont très proches, mais l'astuce, c'est qu'elle le rencontre "à rebrousse-temps". Autrement dit, elle connaît son futur, et elle nous spoile un peu sur l'avenir de la série, par exemple lorsqu'elle avoue à Tennant qu'ils sont allés ensemble à la fin de l'univers.
Ici, on assiste en fait à son baroud d'honneur, même si au final, elle n'est pas vraiment morte. En tout cas, Moffat joue fort bien avec le concept du voyage dans le temps, mais pas uniquement. Il manie aussi à la perfection les codes télévisuels, en utilisant par exemple un poste de télévision dans son histoire pour changer de scène comme on zappe, ou en faisant un usage intense, et malin, de l'ellipse lors de la deuxième partie. Même les monstres sont brillants. Les Vashta Nerada sont en quelque sorte des ombres tueuses, et cela donne lieu à des scènes dantesques.


Et tiens, en parlant de monstres, il y a du lourd dans ce compartiment également. Du lourd et du mignon, avec les Adiposiens, les petits tas de graisse qui foutent le boxon dans l'épisode d'ouverture. Les débuts de cet épisode sont assez fendards, avec un chassé-croisé jubilatoire. Du mélancolique aussi, dans Planet of the Oods, qui se termine sur un message de paix un peu cul-cul mais jamais futile. Et du mythique, avec le retour des Sontariens lors des chapitres quatre et cinq. Assez bruts de décoffrage, ces deux opus font la part belle à la baston, le message écologique est plutôt primitif, et l'intérêt est surtout de retrouver Martha Jones, toujours en forme.
En tout cas, c'est sympa pour le fan. Et justement, la prod' lui fait des clins d'oeil sans arrêt, au fan. Dans The Poison Sky par exemple, le Docteur porte un masque et demande ironiquement "Are you my mummy ?", en référence à The Empty Child (S1E9). A la fin de Turn Left, sorte de what if qui débute lors de l'invasion des Racnoss et imagine un monde sans Docteur où tout le monde meurt à la fin, de Torchwood à Sarah-Jane en passant par Martha, et où Londres finit en ruines (et qui traite de sujets lourds : réfugiés, déportation, camps d'extermination), le message BAD WOLF est inscrit absolument partout...
Et puis il y a donc les deux derniers épisodes, qui sont un véritable concentré de mindfuck. Les enjeux n'ont jamais été aussi importants, puisqu'il en va de la survie de toutes les réalités, et le grand spectacle est à la hauteur. On y découvre enfin la Proclamation des Ombres, le fameux tribunal interstellaire invoqué à plusieurs reprises par le Docteur, et qui est totalement impuissant face aux plans des Daleks. La solution ne viendra pas non plus d'Harriet Jones, l'insupportable politicienne, dont le chant du cygne est pourtant assez marquant, pas plus qu'elle ne viendra du Docteur qui se rénégènre en lui-même et qui me fout une merde noire dans mon décompte de ses vies.

Non, la solution vient d'une simple secrétaire au chômage qui semble au centre de toutes les manigances universelles. Son destin, je l'ai déjà dit, sera finalement assez tragique, et c'est d'ailleurs le cas de quasiment tous les "Enfants du Temps". La conclusion de Journey's End marque véritablement la fin d'un cycle, qui prépare le Docteur à un tout nouveau chapitre de sa longue histoire.

Comme d'habitude, le coffret en VO, même dans la nouvelle version que je possède, embarque bien plus de bonus que son pendant français, merci France Télévisions. Par contre, aucun des deux ne contient Music of the Spheres, un mini-épisode paru quelques semaines après Journey's End à l'occasion d'un concert en hommage à la série. Il s'agit d'une histoire interactive durant laquelle Tennant discute avec le public de l'opéra dans lequel se tenait le concert, et qui implique un Graske. Original mais pas inoubliable, l'épisode est trouvable dans le coffret contenant les épisodes spéciaux de l'année 2009, avec tout le reste de cet incroyable concert.

L'épisode que je vous conseille : Partners in Crime. Parce que même si les Adiposiens sont mimis, ils sont quand même bons qu'à se faire éclater comme des lemmings.

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