dimanche 17 avril 2016

Doctor Who saison 15


diffusion initiale :  du 3 septembre 1977 au 11 mars 1978
nb d'épisodes : 26 répartis en six aventures
DVD :
  • Horror of Fang Rock 1 à 4
    > coffret K-9 Tales (contient The Invisible Enemy 1 à 4)
    > Image of the Fendahl 1 à 4
    > The Sun Makers 1 à 4
    > coffret Myths & Legends (contient Underworld 1 à 4)
    > coffret Bred for War (contient The Invasion of Time 1 à 6)


Docteur : Tom Baker
Compagnons : Leela, K-9


BACK TO BASICS. A l'époque de Philip Hinchcliff, la série atteint des records de popularité. Tom Baker est aussi adulé par les enfants que les Beatles le sont par les adolescents, et le nombre de spectateurs avoisine, et parfois dépasse, les dix millions rien que sur les premières diffusions. Mais un autre phénomène se développe en parallèle : Doctor Who devient la cible privilégiée des associations parentales, et notamment de la National Viewers and Listeners Association (NVLA), l'équivalent anglais de Familles de France, dirigé alors par la redoutable Mary Whitehouse.
Ses complaintes récurrentes vis-à-vis de la violence supposée du programme auront finalement eu raison de Hinchcliff, même si officiellement, il ne s'agit que de le lancer sur une nouvelle série. Quoi qu'il en soit, c'est Graham Williams qui le remplace au poste de producteur, avec pour mission d'arrondir les angles. De toute façon, lui comme son script editor Anthony Read ont dans l'idée de rétablir Doctor Who dans le domaine de la science-fantasy. Adieu gothique inspiré des grands romans, place au soap-opera aligné sur les mythes antiques.
Et ça bouge aussi pas mal devant la caméra. La bombasse sauvageonne Leela quitte la série au terme de la dernière aventure de la saison. Louise Jameson a des envies de théâtre, mais on peut raisonnablement penser que ses clashs de plus en plus ouverts avec un Tom Baker qui ne l'a jamais appréciée, ont pesé dans la balance. En contrepartie, le compagnon probablement le plus étrange de toute la série fait son apparition dans The Invisible Enemy. K-9 (prononcé à l'anglaise, ça donne "kay-nine", homophone de "canine" dans la langue de Shakespeare) est un chien robotique aussi intelligent que redoutable. Et clairement, il a pour mission de ré-appâter les plus jeunes spectateurs.


Si j'ai rayé son portrait du trombinoscope, c'est que K-9 quitte la série en même temps que Leela. "Pourtant, je suis persuadé qu'il a vécu d'autres aventures en compagnie du Docteur", me dites-vous. C'est vrai... et faux. La dernière image de la dernière histoire de cette saison montre le Docteur, seul à bord de son TARDIS, qui attrappe un gros carton. L'emballage est labelisé... K-9 MK-II ! K-9 mark 2 si vous préférez, que l'on traduirait par K-9 version 2. On ne verra pas ce nouveau robot cette saison, il faudra attendre un peu.
Pourtant Tom Baker, qui fait encore une fois sa diva (et qui devait être particulièrement chiant si l'on en croit ceux qui ont travaillé avec lui), ne supporte pas le jouet télécommandé. Il s'entend bien avec John Leeson, la "voix" du petit chien, mais s'agace régulièrement sur la bestiole elle-même. Il faut dire que le changement d'ambiance est drastique ! Et puis souvent, les réalisateurs ne sauront pas quoi en faire. Car oui, K-9 roule à peu près correctement sur les surfaces planes, mais il reste bloqué devant un escalier ou sur des gravillons. Sans compter que les ondes de sa télécommande viennent parasiter le signal des caméras !
Scénaristiquement parlant, K-9 a un autre problème : il est grosbill. Non, sans déconner, il vous pulvérise d'un coup de truffe, le chien. Et un perso abusé, on évite de trop s'en servir, sinon ça sonne comme un deus ex machina. Alors certains réalisateurs l'envoient en mission loin du Docteur histoire d'être peinards pendant quelques épisodes, tandis que d'autres se contentent tout simplement de le zapper, en prétextant qu'il doit recharger ses batteries ou une connerie du genre.
Bref, une petite révolution est en marche, mais elle va être moins violente que prévu. Notamment parce que Bob Holmes, le précédent script editor, continue de travailler pour la série jusqu'à la moitié de la saison. Il aime les ambiances pesantes, et on retrouvera cela notamment dans les aventures Horror of Fang Rock et Image of the Fendhal. La première est une très bonne entrée en matière. Il s'agit d'un huis clos assez glacial, dans un phare à la tombée de la nuit. Appuyé par des seconds rôles brillants, en particulier Colin Douglas, il ne pêche que par des effets spéciaux un peu miteux.


Image of the Fendhal s'intéresse quant à elle à une entité qui a survécu à travers un vieux crâne et qui va prendre possession de toute une équipe de scientifiques. Altération de la volonté, culte satanique et expériences cheloues... Là pour le coup, ce qui coince, c'est le casting. Les seconds rôles surjouent à mort, c'en est d'une grande tristesse.
Le reste de la saison est en demi-teinte. The Invisible Enemy marque donc l'apparition de K-9, mais c'est bien le seul fait d'armes de cette aventure qui abuse des monstres en plastique et des des incrustations d'images. Et si l'on parle d'incrustations d'images, comment ne pas évoquer le très mauvais Underworld, entièrement réalisé en studio, et avec de très gros morceaux de CSO pour cause de budget minimaliste ? C'est bien dommage, parce que son scénario, qui réécrivait le mythe des Argonautes au fin fond de l'espace, méritait bien mieux.
Mais la curiosité de la saison, c'est sans doute The Sun Makers. Ecrite par Bob Holmes mais loin des histoires de monstres gothiques qu'il affectionne d'habitude, cette histoire abracadabrante est une satyre à peine voilée et particulièrement grinçante de l'Inland Revenue, autrement dit le service fiscal anglais. Pas un mauvais épisode en soi, mais le changement de ton assez radical peut surprendre.


Et puis, au beau milieu de ce semi-marasme, ou plus exactement à la fin de ce semi-marasme, un petit bijou, comme pour redresser la tête et promettre des lendemains qui chantent. The Invasion of Time, c'est un peu le prototype des Doctor Who modernes : un scénario dont on n'a pas toutes les clés avant les deux tiers de l'histoire, un gros coup de théâtre et un final spectaculaire. Le tout servi par de brillants acteurs, en particulier John Arnatt et Milton Johns. L'histoire n'est pas non plus dénuée de défauts, et on regrettera que le Docteur s'y serve d'une arme à feu, lui qui n'a qu'aversion pour ce type d'instruments, mais globalement, c'est une réussite.
Elle se déroule de nouveau sur Gallifrey, et du reste, toujours à des fins d'économie, elle reprend la plupart des décors et costumes de The Deadly Assassin (S14E3). Elle fait du Docteur le nouveau président du conseil des Time Lords, et à cette occasion, on en apprend plus sur la cérémonie d'investiture. On redécouvre aussi l'aspect militaire de Gallifrey, un peu mis à mal depuis The War Games (S6E7). Enfin, on y apprend que les Time Lords ne sont pas les seuls habitants de la planète. Et pour l'anecdote, l'une des scènes de l'épisode a été bidouillée pour l'épisode de la nouvelle série The Name of the Doctor, lorsque l'Intelligence puis Clara visitent le passé du Docteur.


Côté bestioles, le Docteur et ses compagnons n'affrontent quasiment que des menaces peu convaincantes. Le Nucleus est d'un ridicule à pleurer, et disparait à la fin de The Invisible Enemy. Pas mieux pour le Fendahl, qui avait pourtant un certain potentiel, jusqu'ici jamais plus exploité. Les Usurians, parodies d'inspecteurs des impôts dans The Sun Makers, et notamment le pathétique Collecteur, n'auront bien entendu plus voix au chapitre. Et les Seers d'Underworld non plus.
Le syndrome "monster of the day" est donc une nouvelle fois assez présent, la seule petite entorse concernant les Rutans aperçus dans Horror of Fang Rock. Si ces petites boules de gelée verte n'apparaissent effectivement que dans cette aventure, on sait depuis quelques temps déjà, et ce sera rappelé ultérieurement, qu'il s'agit de la race avec laquelle les Sontarans sont en guerre perpétuelle. Les plus observateurs auront remarqué que je n'ai pas évoqué le dernier épisode de la saison. En effet, l'arrivée de monstres cette fois-ci bien connus constitue une exception dans cette saison, mais je ne vous révèlerai pas qui ils sont, puisque cela constitue le coup de théâtre de l'histoire.


Depuis quelques temps, les saisons sont constituées de cinq aventures de quatre épisodes chacune, et une dernière de six épisodes. Et depuis quelques temps, les DVD de ces histoires sont un peu tous foutus pareil : les "four-parters" manquent cruellement de bonus, tandis que le "six parter" en est gavé ras la gueule. En règle générale, il bénéficie même d'une Special Edition tenant sur deux voire trois DVD. Les amateurs de featurettes sympas se tourneront donc en priorité vers ceux-là.

L'épisode que je vous conseille : The Invisible Enemy. C'est l'histoire d'un pou qui contrôle ton cerveau. Mais heureusement, tandis que son chien robot monte la garde, le héros se clone et se miniaturise pour entrer dans son propre cerveau et en chasser le pou, qui devient alors un pou géant façon Bioman. Youpi ! J'ai cinq ans et je suis déjà scénariste pour Doctor Who !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire