diffusion initiale : du
nb d'épisodes : 20 répartis en cinq aventuresDVD :
- Robot 1 à 4
> The Ark in Space 1 à 4
> coffret Bred for War (contient The Sontaran Experiment 1 et 2)
> Genesis of the Daleks 1 à 6
> coffret Cyberman Set (contient Revenge of the Cybermen 1 à 4)
Docteur : Tom Baker
Compagnons : Sarah Jane Smith, Harry Sullivan
DAYS OF FUTURE PAST. Déjà sérieusement amputée lors de l'arrivée de Jon Pertwee, passant de plus de quarante épisodes par an à vingt-six, Doctor Who est encore rabotée lors du passage de flambeau. Tom Baker n'aura que vingt épisodes pour briller, mais il va utiliser chaque seconde de tournage pour le faire et réussir l'exercice avec brio.
Chaque incarnation du Docteur est LE Docteur. Et chaque nouvel arrivant dans le rôle doit retailler le costume à sa mesure. De préférence en changeant complètement de concept. Après un Hartnell grincheux mais paternaliste, Troughton avait transformé le Docteur en saltimbanque gentiment foufou, avant que Pertwee ne le reboote en dandy bagarreur. Baker va en faire un doux dingue, au costume et au faciès à la démesure de son excentricité. Son personnage est une sorte de clochard de l'espace, à l'opposé exact du guindé Pertwee, et ses yeux exorbités comme son sourire d'enfant, façon Charles Trénet, le placent loin de son suave prédécesseur. Disons pour résumer que la où le troisième Docteur était une sorte de James Bond extraterrestre, le quatrième serait plutôt Johnny English.
Pour beaucoup, Tom Baker sera LE Docteur. Comme ceux qui l'ont précédé ? Oui, mais à une plus grande échelle. Premièrement parce qu'il va durer longtemps. A ce jour, son run est le plus long, mais en 1974, à ses débuts, personne ne peut encore le prédire. La deuxième raison de son succès, c'est sans doute que son interprête va prêter au Docteur des mimiques et des expressions qui resteront dans l'imaginaire collectif. A tel point que bien des années plus tard, lorsque Matt Smith reprendra le manteau, il va jouer sur ces mêmes thèmes. Par exemple, Baker ponctue quasiment toute ses réponses par "Isn't it ?". On lui dit qu'il fait beau, il répond "isn't it ?". Une sorte de running gag qui, pour rendre à César ce qui lui appartient, était déjà largement utilisé par Hartnell lorsqu'il oubliait son texte. Simplement, Baker, lui, le fait exprès, et cela renvoie une note d'humour dans une première saison résolument plus grim and gritty que les précédentes.
En effet, les producteurs Barry Letts et Terrance Dicks sont sur le départ, et le remplaçant de Letts, Philip Hinchcliffe, veut orienter la série vers quelque chose de plus adulte, de plus "véridique" dirions-nous, si tant est que Doctor Who puisse un jour être véridique sans faire preuve d'une grande suspension volontaire d'incrédulité. En tout cas, l'atmosphère des épisodes qu'il a produit se fait plus sombre. On sent malgré tout encore la patte de ses illustres prédécesseurs, qui ont commissionné plusieurs des aventures de cette saison et supervisé son travail pendant un temps.
Par exemple, l'épisode d'ouverture, Robot, représente la quintescence de l'ère Pertwee : une orientation action avec une grosse présence de UNIT et pas mal de cascades, une thématique limpide, voire simpliste, que l'on pourrait résumer à une question, "Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?", et des effets spéciaux un peu trop mis en avant, notamment les désormais légendaires incrustations d'images, qui seront utilisées de manière beaucoup plus subtiles par la suite.
Toujours commissionnées par Letts et Dicks, mais largement remaniées par Hinchcliffe et ses équipes, les trois dernières aventures de la saison mettent en scène trois des plus célebres menaces qu'ait eu à affronter le Docteur : respectivement les Sontarans, les Daleks et les Cybermen. On ne change pas une équipe qui gagne, dit-on, et les décideurs ont choisi de mettre toutes les chances de leur côté pour appuyer ce nouveau Docteur, des fois qu'il ne rencontrerait pas le succès.
Cela donnera lieu à une curiosité, The Sontaran Experiment, l'une des très rares aventures bipartites et la première depuis que l'on est passé à la couleur, et à un chef d'oeuvre, le légendaire Genesis of the Daleks. Particulièrement sombre, baignée d'une imagerie nazie presque dérangeante, cette dernière contribution de Terry Nation (le papa des Daleks) à ses créations permet non seulement de découvrir la génèse des poivrières à roulettes, mais aussi de présenter leur inventeur, le terrible Davros, joué ici par l'impressionnant Michael Wisher. Sans compter la tout aussi formidable interprêtation de Peter Miles, dans une composition à mi-chemin entre Himmler et Klaus Barbie.
Puisqu'on parle des seconds rôles, notons également qu'Elizabeth Sladen, toujours aussi convaincante dans le rôle de Sara Jane (quand bien même son statut de journaliste semble avoir été un peu mis de côté), est rejointe par un second compagnon. Harry Sullivan, joué par Ian Marter, est médecin-chef dans la Royal Navy et va participer à toute la saison. Pas très utile à vrai dire, et un peu mis de côté, sans grande scène à son actif (à part un moment rigolo où il se fait attrapper la jambe par une coquille St Jacques géante sur laquelle il a marché parce qu'il ne l'avait pas vue !), il était censé représenter le compagnon viril, un peu comme Peter Purves des années auparavant. Mais cette première saison ne lui donne pas de quoi faire preuve de ses talents pugilistiques, aussi se contente-t-il de chambrer / dragouiller Sara. Il a néanmoins un petit côté flegmatique qui n'est pas sans rappeler le John Steed des Avengers.
Cette saison affiche donc, à la fois, des reliques du passé, avec l'aventure qui ouvre le bal, Sara Jane et la sur-représentation de monstres déjà connus et appréciés, et un visage tourné vers l'avenir, avec un nouveau Docteur appelé à devenir un mythe, un nouveau Compagnon certes assez peu marquant, une nouvelle Némésis en la personne de Davros et, plus globalement, une orientation plus mature. Passé et avenir, c'est sans doute ça que l'on appelle un tournant.
Au registre des détails, on remarquera que le nouveau générique, utilisé la saison précédente, a encore été modifié, avec plus d'effets de tunneling et moins d'effets de lumière. On notera aussi que les différentes aventures de cette saison se terminent par une scène amenant directement à l'épisode suivant, ce qui forme une espèce de lien narratif encore jamais vu jusque là. A la fin de Robot, le Docteur embarque Harry Sullivan, qui se retrouve tout surpris d'avoir voyagé à travers l'espace et le temps dès la première scène de The Ark in Space. A la fin de cette aventure, les trois voyageurs ne reprennent pas le TARDIS, mais décident d'aller visiter la Terre, où se déroulera l'aventure suivante. Et ainsi de suite... On ne peut pas vraiment parler d'arche narrative inter-épisodique comme ce sera le cas quelques années plus tard, mais ce semblant de cohérence fait plaisir quand, avant, le Docteur pouvait faire du vélo à la fin d'un épisode et se retrouver dans sa cuisine au début du suivant.
Le DVD de Robot comme celui de Revenge of the Cybermen sont assez classiques dans leur contenu. Celui de The Sontaran Experiment est par contre du vol pur et simple, puisque les deux épisodes ne sont accompagnés par quasiment aucun bonus. Heureusement, il n'est pas cher. Les deux autres, The Ark in Space et Genesis of the Daleks, sont des éditions spéciales contenant moult bonii, dont une version réarrangée pour le premier et plein de documentaires pour le second.
A noter enfin que Genesis of the Daleks peut être trouvé au sein d'un coffret baptisé The Complete Davros Collection, que je vous déconseille d'acheter : le prix du coffret est supérieur à celui des différents DVDs achetés séparément.
L'épisode que je vous conseille : Robot. Même si le coup de la coquille St Jacques m'a marqué, Genesis of the Daleks est trop bon pour figurer dans ma liste de nanars. Alors que le robot en alu, le flingue agrandissant et la potion magique, ça peut en faire un carrément bon.
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