vendredi 29 avril 2016

Doctor Who saison 18


diffusion initiale : du 30 aout 1980 au 21 mars 1981
nb d'épisodes : 28 répartis en sept aventures
DVD :
  • The Leisure Hive 1 à 4
    > Meglos 1 à 4
    > coffret The E-Space Trilogy (contient Full Circle 1 à 4, State of Decay 1 à 4 et Warrior's Gate 1 à 4)
    > coffret New Beginnings (contient The Keeper of Traken 1 à 4 et Logopolis 1 à 4)


Docteur : Tom Baker
Compagnons : Romana, K-9 mark-2, Adric, Nyssa et Tegan Jovanka


UNDER NEW MANGEMENT ! John Nathan-Turner, ancien assistant de plateau, reprend le rôle de producteur à Graham Williams et sous sa direction, tout va changer. Mais genre, vraiment tout ! Il arrive avec dans ses valises un nouveau script editor, Christopher Bidmead, et il a de grands projets pour la licence, afin qu'elle passe le cap des années 80 sous les meilleurs auspices. Pour commencer, le format même de la saison, qui depuis quelques années comptait cinq four-parters et un six-parter, est chamboulé. Exit aussi le générique des années 70 et la musique qui va avec, le thème principal qui n'avait quasiment jamais été touché, en dehors de quelques petits arrangements. Désormais, le synthé est roi, et il accompagne un nouveau générique plein d'étoiles et de tubes néon, positivement à la mode à l'époque, mais qui a bien mal vieilli aujourd'hui.
Ce n'est que le premier d'un très grand nombre de changements. Esthétiquement parlant, le Docteur obtient pour cette saison une nouvelle garde-robe. Si on était habitué à voir Romana changer de costume à chaque épisode, pour le meilleur et pour le pire, son Time Lord préféré a lui aussi droit à un relooking, sa redingote, son pantalon, son chapeau, ses bottes et son écharpe virant au rouge pour lui donner un look plus en phase avecson époque. Baker est également plus sombre durant cette saison. Moins d'humour parce que c'est justement ce que veut la nouvelle direction, après deux ans où il passait son temps à faire le pitre, mais aussi moins de présence, et ça, ce n'est pas Nathan-Turner qui veut ça.


En effet, Tom Baker a pris l'habitude, à chaque début de saison, de dire à l'équipe en charge qu'il quitte la série, charge aux producteurs de le retenir. Sauf que cette fois-ci, personne ne le retiendra... Difficile à gérer, trop imposant sur un plateau, il quitte la série au terme de cette dix-huitième saison, l'esprit amer. Avant lui, Romana et K-9 ont été débarqués durant l'aventure Warrior's Gate. Ils fonctionnaient mal en tant que compagnons - du moins est-ce la raison invoquée - car ils surpassaient en intellect la vedette du show, et la nouvelle équipe dirigeante souhaite revenir à des compagnons moins grosbills, plus en phase avec le spectateur. Lalla Ward, l'interprête de Romana, quitte donc la série... mais pas le Docteur, puisqu'elle épouse Tom Baker quelques temps plus tard ! Le mariage ne durera pas, mais l'anecdote est amusante. Quant à K-9, il agaçait tellement Turner que dans la plupart des épisodes de cette saison, il souffre d'un syndrome Kenny, en se faisant détruire de bien des façons possibles...
Warrior's Gate introduit néanmoins le premier de trois nouveaux compagnons, Adric, jeune prodige en maths venu d'un univers parallèle appelé l'E-Space. C'est le jeune Matthew Waterhouse qui l'interprête et... comment dire... il joue vraiment, mais alors VRAIMENT comme un pied. Le charisme d'une huître et le talent d'un balai à chiottes, il n'est pas étonnant qu'Adric soit le moins aimé des compagnons parmi les fans. En contrepoint, Nyssa, aristo d'une lointaine planète et elle aussi jouée par une jeune actrice, en l'occurence Sarah Sutton, a fait tellement bonne impression dans l'aventure où elle apparait pour la première fois, The Keeper of Traken, qu'elle a été reconduite pour la suivante, où elle devient un compagnon officiel. Enfin, Logopolis introduit Tegan, une hôtesse de l'air australienne, caractérielle, entrée par accident dans le TARDIS. Plutôt convaincante, Janet Fielding, qui joue le rôle, a tendance à en faire des caisses lors de cette aventure, mais c'est peut-être le synopsis qui veut ça. A voir si cela perdurera...
Il faut savoir qu'à la base, la direction a pour but, en renouvelant le cast, d'aider à faire passer la pilule du départ de Baker auprès d'un public encore sous le charme de l'acteur-diva. A ce titre, Elisabeth Sladen, alias Sarah-Jane Smith, sera même approchée pour reprendre son rôle, mais refusera l'invitation. On retrouve néanmoins, durant cette saison, une "ex" du Docteur, et pas n'importe laquelle : Jacqueline Hill, l'interprête de Barbara Wright, qui n'était autre que l'une des partenaires du tout premier Docteur, et ce dès 1963 ! Elle a pris un méchant coup de vieux, mais le second rôle qu'elle joue dans Meglos ne manque pas de prestance.


Pour être tout à fait complet concernant les passagers du TARDIS, il me faudrait préciser que durant cette même aventure, trois autres pseudo-compagnons se joignent au manifeste : Deedrix, Caris et un Terrien kidnappé par les sbires du Meglos éponyme, un personnage qui n'est crédité qu'en temps que Terrien. A aucun moment il ne lui est donné un nom ! Dernier personnage, et non des moindres, à marquer cette saison : le Maître. La Némésis du Docteur, née sous les traîts de l'acteur Roger Delgado, fait un retour triomphant après un premier essai de "résurrection" dans The Deadly Assassin (S14E3), où il était joué par Peter Pratt.
Dans The Keeper of Traken, il conserve son état de quasi-mort-vivant, complètement défiguré mais cette fois-ci joué par Geoffrey Beevers. Il va alors trouver le moyen de se régénérer même s'il a atteint le nombre de douze régénérations, maximum théorique pour n'importe quel Time Lord. Grâce à la quasi-omnipotence volée au Gardien de Traken, il parvient à franchir cette limite et prend désormais les traits d'Anthony Ainley. La grâce de la barbichette que porte l'acteur n'a d'égale que celle de la moustache que portait feu Roger Delgado, et du reste, Ainley a un peu la même dégaine. Par contre, son surjeu, très shakespearien dans l'âme, manque de la finesse dont faisait preuve son prédécesseur. Chose amusante, par le biais du scénario un peu alambiqué de Logopolis, le Docteur se retrouve à un moment donné... compagnon du Maître !


Ce grand ménage de printemps, devant la caméra, ne doit pas faire oublier les grands bouleversements qui se produisent aussi derrière l'objectif. Quasiment tous les réalisateurs de cette saison, et quasiment tous les scénaristes aussi, sont des nouveaux venus dans la série. Cela permet, certes, un certain renouvellement tant dans les histoires proposées que dans leur mise en images. Mais il y a aussi des erreurs de casting. L'aventure The Leisure Hive est par exemple dirigée par un certain Lovett Bickford, qui aime les séquences fixes et le rythme lent, ce qui ne correspond pas vraiment à la saga. Les effets spéciaux étant qui plus est abominables durant ce chapitre, il n'est guère étonnant que l'on n'aie plus revu le réal sur la série...
Autre problème : le nouveau script-editor retouche les scenarii qu'on lui soumet afin de tenter d'y apporter une cohérence pseudo-scientifique, tout au moins une crédibilité quant aux termes et concepts employés dans le show. Tout ceci, encore une fois, afin de redorer le blason de Who après deux ans de grand n'importe quoi, d'après le nouveau régime en place. Pourquoi pas, mais du coup, une aventure comme Meglos, avec son lot de magie et de délires de cactus intelligent, fait comme qui dirait un peu tâche dans tout le sérieux de la saison. Techniquement par contre, Meglos fait avec son temps et emploie de nouvelles techniques de tournage, comme la synchronisation automatique de deux caméras permettant un meilleur rendu des scènes sur fond bleu.


Premier volet de la trilogie de l'E-Space, Full Circle témoigne certes de la première apparition d'Adric, mais il bénéficie d'un casting par ailleurs exemplaire et d'un scénario malin. A ce propos, il s'agit d'une histoire proposée par un fan de longue date de la série, Andrew Smith, dix-neuf ans à l'époque ! Un parcours qui rappelle, à moindre échelle, celle de deux acteurs majeurs du retour de Who, Russell Davies et Steven Mofatt, eux aussi fans avant d'être impliqués dans la création de la série. A moindre échelle, parce que Smith n'a jamais plus eu l'occasion de rententer l'expérience.
En parlant de Mofatt, le réalisateur de State of Decay, l'aventure suivante, se nomme Peter Moffatt. Aucun lien de parenté, d'ailleurs ça ne s'écrit pas pareil, mais j'ai envie de raconter plein d'anecdotes inutiles aujourd'hui... State of Decay est une histoire de vampires avec un twist bien foutu, même franchement bien foutu, et l'une des rares réussites de cette saison pas terrible. Pour une fois, le surjeu des acteurs n'est pas gênant et se montre même normal, étant donné qu'on a l'habitude des vampires larger than life, si je puis dire, depuis les prestations de Bela Lugosi puis Christopher Lee. Le seul gros écueil de cette aventure est encore une fois ses effets spéciaux calamiteux.
Dernier chapitre de la trilogie, Warrior's Gate est tout simplement imbitable. On n'y comprend rien, les décors minimalistes soit-disant hommages à la Nouvelle Vague font peine à voir, et la manière brutale avec laquelle sont virés Romana et K-9 achève d'en faire un épisode peu recommandable. Christopher Bidmead en est très fier, il estime même que c'est le plus réussi de tous, et c'est là que l'on comprend à quel point ce script-editor était à côté de la plaque. Heureusement, le calvaire ne durera pas longtemps. Si le producteur John-Nathan Turner va rester un moment sur la licence, il saura par la suite s'entourer de personnes un peu plus compétentes.


J'ai déjà abordé plus haut les deux dernières aventures, je n'y reviendrai donc que très rapidement. The Keeper of Traken est une histoire assez solide, avec un bon scénar' et de bons acteurs (sauf Adric), et qui met en place non seulement Nyssa mais aussi et surtout le Maître cuvée 1981. Logopolis a mal vieilli, mais son histoire est plutôt bien construite, même si encore une fois, pas toujours très claire. Elle marque la fin de Tom Baker, une fin du reste assez peu impressionnante, et l'arrivée de Tegan. Ce sont les deux premiers volets d'une nouvelle trilogie, qui se conclura la saison suivante.

Pas grand chose à dire sur les bonus des DVD cette fois-ci. Il y a toujours le lot classique de featurettes, quoi. Par contre, un mot sur le choix des DVD eux-mêmes, si vous décidez de les acheter. Logopolis est vendu dans un coffret de trois DVD, New Beginnings, qui contient aussi The Keeper of Traken et Castrovalva (S19E1). Mais en tant qu'aventure parlant de la mort d'un Docteur, il est aussi contenu dans le magnifique coffret Regenerations, dont je vous ai déjà parlé. Si vous voulez toutes les aventures au meilleur coût, il vous faudra les deux coffrets, mais du coup, vous aurez Logopolis en double. Le DVD pourra éventuellement vous servir de freesbee si vous vous ennuyez...

L'épisode que je vous conseille : Warrior's Gate, c'est l'histoire de lions qui voyagent dans le temps à travers un décor fixe en noir et blanc. Même qu'avant, c'était les rois de l'univers, mais maintenant ce sont des escalves des humains. Mais pourquoi ne reviennent-ils pas dans le temps pour l'empêcher ? Et pourquoi les humains ne peuvent pas traverser ce foutu miroir ? Et pourquoi le Docteur, lui, y arrive ? Et pourquoi Romana est-elle habillée en Bruce Lee ? Et pourquoi j'ai acheté ce con d'épisode, moi ?

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