mardi 26 avril 2016

Doctor Who saison 17


diffusion initiale : du 1er septembre 1979 au 12 février 1980
nb d'épisodes : 26 répartis en six aventures (à peu près)
DVD :
  • Destiny of the Daleks 1 à 4
    > City of Death 1 à 4
    > The Creature from the Pit 1 à 4
    > Nightmare of Eden 1 à 4
    > coffret Myths & Legends (contient The Horns of Nimon 1 à 4)
    > coffret The Legacy Collection (contient Shada 1 à 6 entre autres)


Docteur : Tom Baker
Compagnons : Romana, Skagra, K-9 mark-2


WORST SEASON EVER ! Pour tout un tas de raisons, cette dix-septième saison aurait bien pu être la dernière de la série, personne n'aurait trouvé à y redire. Pourtant, elle part sous les meilleurs auspices, avec un nouveau script editor pour remplacer Anthony Read, et pas des moindres : Douglas Adams ! Si le nom ne vous dit peut-être rien comme ça, il s'agit ni plus ni moins que du scénariste de la série radiophonique, depuis adaptée sur de nombreux formats, The HitchHicker's Guide to the Galaxy, H2G2 de son petit nom, ou le Guide du Voyageur Galactique en français. La fameuse trilogie en cinq volumes, c'est lui !
Sous sa houlette, on se doute que la série va y gagner grandement en humour, et effectivement, les épisodes sont bourrés de gags et de vannes. On notera, parmi d'autres exemples, l'apparition totalement gratuite et absolument fabuleuse de John Cleese, l'un des légendaires Monthy Pithon, aux côtés d'Eleanor Bron dans l'aventure City of Death. Globalement, on note un Tom Baker de plus en plus pitre et, du coup, un Docteur un peu moins impressionnant. Non pas que le personnage y perde en charisme ce qu'il y gagne en humour, mais comme ses Compagnons sont tous les deux des génies, il n'est plus la figure d'autorité scientifique qu'il était jusqu'alors.


Du reste, en terme de casting secondaire, cette saison s'en tire avec les honneurs. On notera par exemple que dans la même aventure, le grand méchant est interprêté par Julian Glover (Donovan dans Indiana Jones et la Dernière Croisade, entre autres), tandis que The Creature from the Pit s'adjoint les services de Geoffrey Bayldon (Q dans le Casino Royale d'origine, par exemple), et Shada ceux de Christopher Neame (second rôle omniprésent dans les années 80, qui a joué aussi bien dans Ghostbusters II que dans Star Trek ou l'Agence Tout Risque). Les autres acteurs sont moins connus, mais on pourra noter les prestations tout à fait remarquables de Myra Frances, toujours dans The Creature from the Pit, ou de Lewis Fiander dans Nightmare of Eden.
Quant au cast principal, il a la particularité d'évoluer alors que les rôles sont les mêmes. Ainsi, K9 n'est plus joué par John Leeson mais par David Brierley pour toute la durée de la saison, Leeson étant accaparé par d'autres projets. On expliquera alors le changement de voix en disant que K9 s'est... enrhumé ! Plus surprenant : Romana reste la compagne du Docteur, mais elle se régénère. Et même pas parce qu'elle a été mortellement blessée, hein, juste comme ça, pour le plaisir ! Elle prend alors l'apparence d'une actrice déjà aperçue durant la saison précédente, Lalla Ward. Comme je le spoilais dans le résumé de la saison précédente, l'envie de partir de Mary Tamm et la belle prestation de Ward concourent à ce changement. Le résultat est en tout cas très convaincant, Lalla faisant une Time Lady tout à fait convenable.


Un autre personnage se glisse dans le TARDIS le temps de l'aventure Shada, et ce contre le gré du Docteur. Il s'agit de Skagra, le principal vilain de l'histoire, qui n'a pourtant rien d'un Time Lord mais qui semble capable de contrôler la machine. Un Gallifreyen est pourtant bel et bien présent dans cette aventure : le professeur Chronotis, un Time Lord "à la retraite" un peu sénile, magnifiquement interprêté par Denis Carey, et dont le TARDIS est... sa chambre à l'université de Cambridge !
Ce personnage est assez fabuleux, d'autant que toute l'histoire de cette aventure tourne autour de lui. Malheureusement, on ne pourra pleinement en profiter, la faute à UNE GREVE ! Ce n'est pas la première fois que la série est confrontée à un mouvement social, l'Angleterre des années 70 étant soumise au bon vouloir des syndicats excessivement puissants (que Thatcher s'est empressée de détruire quand elle est arrivée au pouvoir). Mais c'est par contre la première fois qu'un épisode ne peut être complété à cause de ça... Du coup, Shada n'a jamais été diffusé à la télé, et l'aventure qui est contenue dans le DVD est un peu particulière.
Les éléments de tournage qui ont pu être filmés, et notamment les splendides scènes d'extérieur tournées à Cambridge, ont été montées afin de restituer l'histoire, les passages manquants étant racontés par un Tom Baker devenu vieux, d'après le script de ce six-parter. Cela donne un sympathique mélange, qui donne à croire que l'on assiste à un témoignage du Docteur, dont les scènes tournées à l'époque seraient des réminiscences. Notez que le DVD contient aussi une version montée complètement sous forme de dessin animé, mais l'animation et le dessin y sont tellement catastrophiques que je n'ose qu'à peine en parler. Je signalerai juste que dans cette version moderne, c'est Paul McGann (le Docteur du téléfilm de 96) qui reprend le rôle de Baker.


C'est vraiment dommage que cette aventure n'ait jamais été complétée. Elle bénéficiait du meilleur de la période Adams, à savoir un humour parfaitement maîtrisé, des acteurs fantastiques et un scénario de folie, avec des retournements de situations qui ne dépareilleraient pas dans la série actuelle. Le reste de la saison est par contre bien inégal. Dans les bons élèves, un seul autre candidat. City of Death, dont toutes les scènes d'extérieur ont été tournées à Paris, est le premier épisode qui ne soit pas 100% anglais, donc, mais aussi l'épisode le plus vu de tous les temps au Royaume-Uni, avec plus de seize millions de téléspectateurs ! En même temps, à l'époque il n'y avait que deux chaînes en Angleterre, et l'autre, ITV, subissait à son tour une grève, qui l'empêchait d'émettre quoi que ce soit...
De l'autre côté de la barrière, Destiny of the Daleks, qui ouvre la saison, marque non seulement le retour des poivrières à roulettes, mais aussi celui de leur créateur, Davros. C'est une suite directe de Genesis of the Daleks (S12E4), écrite par Terry Nation lui-même, et pourtant, elle ne cesse de contredire son aînée, gâchant au passage tout le plaisir du fan un minimum renseigné ! The Creature from the Pit bénéficie d'un scénario pas con et d'un bon casting, mais pêche par une réalisation médiocre, pourtant signée par le vétéran Christopher Barry (qui a tout de même dirigé les quatre Docteurs qui ont existé à l'époque, plus Peter Davison, mais hors Doctor Who), dont c'est la dernière contribution à la série. La faute, principalement, à un ennemi qui n'est rien d'autre qu'une... comment le dire poliment ? Hum... Ben qu'une bite de gelée verte...


The Horns of Nimon ne manque pas d'humour, mais elle aussi doit faire avec des costumes aberrants, les méchants se retrouvant être au final des minotaures en peluche montés sur des semelles compensées, un budget effets spéciaux particulièrement réduit et des acteurs qui surjouent. Mais à ce titre, le pire du pire reste tout de même Nightmare of Eden, qui porte bien son nom. Son tournage a été tellement désastreux que le réalisateur, Alan Bromly, a pété les plombs et quitté le plateau suite à une violente dispute avec un Tom Baker qui fait de plus en plus sa diva.
Pour sa défense, les torts sont au moins un minimum partagés, tant le réal était mauvais. Il n'y a qu'à voir ses scènes de modèles pour les vaisseaux spatiaux. Habituellement, ces dernières sont filmées sur pellicule, le gros grain et le contraste lumineux minimal de ce procédé permettant de rendre l'ensemble presque crédible. Ici, elles sont tournées en vidéo, et on distingue clairement les rouleaux de carton et les balles de ping-pong qui ont servi à réaliser les vaisseaux !
Mais ce n'est encore pas le pire. Enfin, disons que ça y participe, mais ce n'est pas tout. Les acteurs sont pour la plupart assez médiocres, du fait des galères de tournage peut-être. Le seul à tirer son épingle du jeu est Lewis Fiander, qui joue un scientifique à l'étonnant accent germanique. Autre tare, le scénario : si le concept est plutôt bien foutu, le thème est tout de même celui de l'addiction à la drogue, et comme toute série osant en parler à l'époque, Doctor Who se fait particulièrement pontifiante lorsqu'elle évoque le sujet. Et puis enfin, les badass sont une fois de plus ridicules, surtout lorsqu'ils se mettent à danser à la queue-leu-leu.


Dernier point, que j'évoque assez rarement dans mes résumés : la musique. En règle générale, la fin des années 70 est marquée par une musique d'accompagnement orchestrale, assez loin des expérimentations du début de la décennie. C'est classique et, à vrai dire, un peu répétitif. En abordant les années 80, Doctor Who se met, comme pas mal de séries contemporaines, aux synthés. C'est encore assez peu prégnant, ça le deviendra beaucoup plus, mais toujours est-il qu'un changement d'ambiance sonore se met en place.

Finissons comme toujours par les bonii des DVD's. Il y a assez peu à en dire concernant les cinq premières aventures, dont les DVD contiennent les classiques reportages et interviews auxquels on est habitué. Par contre, Shada débarque dans un coffret contenant non seulement l'aventure, filmée et en dessin animé, mais aussi un deuxième DVD occupé principalement par le documentaire More than 30 Years in the TARDIS, qui retrace toute la série classique, mais aussi par d'autres docs dont un hommage au regretté Nicholas "Brigadier" Courtney.

L'épisode que je vous conseille : J'ai longtemps hésité, parce que le coup de la bite verte dans laquelle souffle le Docteur, c'est d'une candeur absolument délicieuse, mais pour tous les défauts exposés un peu plus haut, c'est Nightmare of Eden qui l'emporte. Les Mandrels qui dansent Bievenue à Galaswinda, c'est quand même très bon !

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