mercredi 22 juin 2016

Doctor Who saison 26



diffusion initiale : du 6 septembre au 6 décembre 1989
nb d'épisodes : 14 répartis en quatre aventures
DVD :

    > Battlefield 1 à 4
    > Ghost Light 1 à 3
    > The Curse of Fenric 1 à 4
    > Survival 1 à 3


Docteur : Silvester McCoy
Compagnons : Dorothy "Ace" McShane, Alistair Gordon Lethbridge-Stewart



LAST BUT NOT LEAST. Andrew Cartmel a de grands plans pour la série. Et si le producteur John Nathan-Turner a envie de partir vers de nouvelles aventures après cette vingt-sixième saison, son script-editor se verrait bien rester. Il veut faire du Docteur une figure de puissance et d'autorité, sorte de grand manitou des Time Lords au même titre que Rassilon ou Omega, et il a aussi des idées pour Ace, qu'il veut amener sur la voie de la sagesse pour la transformer petit à petit en Time Lady.
Les fans n'auront pas le temps de crier à la retcon, car le directeur des programmes de la BBC va mettre un coup d'arrêt définitif à la plus vieille saga de science-fiction de la télé britannique, et cette année 1989 est celle de la fin du programme. Au départ, l'idée était juste de le mettre en veille durant quelques années, mais l'Histoire en décidera autrement. Ne restent donc plus que ces quatre dernières aventures pour se faire une idée de ce que Who aurait pu devenir.
D'aucuns avancent que les têtes pensantes de la chaîne publique, tous plus ou moins WASP's, ne croient pas du tout en un programme de science-fiction pour le début des années 90, en tout cas pas à ce budget. D'autres évoquent même la honte des producteurs à mettre à l'antenne un tel programme. Mais in fine, ce sont les audiences qui déclinent, chose peu surprenante lorsqu'on se retrouve face à Coronation Street.
Et puis bon, on va pas se mentir, certaines histoires frôlent le ridicule, quand elles ne l'embrassent pas à pleine bouche et avec la langue. Ainsi en est-il de Battlefield, l'aventure inaugurale de cette ultime saison, qui voit les chevaliers du Cycle Arthurien se battre avec des pistolets laser tandis que la fée Morgane tente de déclencher une ogive nucléaire pour se débarrasser de Merlin, autrement dit du Docteur.



Affreusement mal jouée, cette aventure aurait pourtant pu être bien sympa, puisqu'elle renvoyait directement à l'ère de U.N.I.T. On y recroise le Brigadier, désormais à la retraite, et même la voiture Bessie fait son retour ! Avec des tournages en extérieur magnifiques et un certain budget alloué, en témoignent les séquences en hélico, ainsi que le retour de Jean Marsh (Lady Joanna dans The Crusade (S2E6), mais surtout Sara Kingdom dans The Daleks' Master Plan (S3E3)) en guest, on aurait pu s'attendre à un petit chef d'oeuvre qui rend hommage au passé de la série.
Las, le surjeu et le message un peu grossier sur la non-violence ne fonctionnent pas. Autre exemple de ratage ? Il suffit de se tourner vers l'aventure suivante. Situé dans une Angleterre victorienne admirablement retranscrite et bénéficiant d'une bonne ambiance à suspense, bien servie par une musique organique de bon ton mais hélas un peu gâchée par les éléments de science-fiction, Ghost Light démarre tout de même sur les chapeaux de roue. Malheureusement, le scénario est tout simplement imbitable. Mais sans blaguer, même les acteurs ne comprennent pas ce qui se trame, et le réalsateur a été obligé d'appeler le scénariste pour qu'il lui explique certaines scènes !
C'est aberrant, et c'est d'autant plus dommage que cette aventure est directement liée au passé d'Ace. Elle explique, ou elle tente d'expliquer, comment la jeune femme s'est retrouvée là où elle en est, et ce n'est que le premier pas vers son évolution. Une évolution spectaculaire qui aura lieu dans The Curse of Fenric, qui la voit non seulement devenir femme et accepter son passé, mais aussi se détâcher de cette figure paternelle qu'incarnait le Docteur. Un Docteur qui se montre pour le coup extrêmement manipulateur, prêt à briser son "élève" si cela peut lui permettre de triompher.






















L'une des rares aventures du Docteur entièrement tournées en extérieur (avec Spearhead from Space (S7E1)), The Curse of Fenric est une pièce agréable, pourvue de jolis décors et de costumes crédibles. Autant les histoires de pure S-F. ne rendent pas franchement bien, autant les épisodes "historiques" sont une marque de fabrique de la BBC. Mais bref, pour en revenir à l'évolution de la relation entre Ace et le Docteur, Survival est un autre exemple tendant à prouver que quelque chose s'est cassé.
Très intéressante, cette histoire peut réellement être considérée comme le prototype de la série actuelle, notamment parce qu'elle se déroule dans un cadre urbain contemporain qui renvoit directement à l'épisode d'ouverture - et à de nombreux autres - du relaunch. Malgré tout, les costumes des hommes-léopards que le Docteur y affrontent et les Animatronics de chats font très peluches, absolument pas crédibles et confèrent à cette dernière aventure un côté franchement kitch.
Si elle voit revenir une dernière fois le Maître, du reste vite grillé malgré les efforts pour rendre cette apparition mystérieuse lors du premier acte, la Némésis du Docteur est finalement assez anecdotique au regard de ce qui se joue pour les deux acteurs principaux. Il sera d'abord question d'Ace, qui doit désormais faire face à ses débuts puisque l'action se déroule en partie à Perivale, la ville où elle est née.
Mais surtout, c'est une nouvelle pierre sur le chemin de toute-puissance du Docteur, tel que l'imaginait Andrew Cartmel. Cette saison, le Doc a tenu tête à deux entités toutes-puissantes, la Lumière dans Ghost Light et Fenric dans The Curse of Fenric, et il les a toutes deux vaincues. Ici, il va carrément résister à l'appel de la planète des hommes-léopards, qui rend les esprits sauvages et auquel même le Maître n'a pas su résister.






















Déjà entr'aperçue dans Silver Nemesis (S25E3), la toute-puissance du Docteur s'exprime logiquement face à des adversaires eux-mêmes sans limites, mais cette grosbillisation a quelque chose d'exagéré. L'idée de la production est claire : on ne sait pas tout sur le Docteur, et sous ses airs de pitre dépassé par les évènements, se cache un gros badass. Là encore, c'est tout l'enjeu de la nouvelle série.
Point de détail qui a son importance, le Docteur nous ressort le coup de la prise qui tue. A l'époque de Jon Pertwee, son karaté vénusien lui permettait, à la manière de Spock dans Star Trek, de paralyser un adversaire d'une simple pression sur l'épaule. Cette saison, et par deux fois, il fera usage d'une autre technique pour parvenir au même résultat : appuyer son index sur le front du gars d'en face. Moralité, le Docteur ne se bat qu'en cas d'extrême urgence, mais il peut vous mettre au tapis avec trois fois rien.






















Mais après tout, le Maître avait aussi des pouvoirs d'hypnose, même si la tradition s'est perdue au fil du temps. En tout cas, l'idée est bel et bien de faire du héros un Time Lord au dessus de la moyenne. Problème si Cartmel avait pu mener son plan à bien : le Docteur ne peut pas être un contemporain de Rassilon ou Omega, sauf si le Maître l'est aussi, puisqu'ils étaient à l'université ensemble. Quant à Ace en Time Lady, c'est tout simplement une impossibilité génétique.
Au chapitre des DVD's, il faut savoir que quasiment toutes les aventures de cette saison, exception faite de Ghost Light, sont des éditions spéciales qui s'en cachent. Ce n'est pas marqué sur la jaquette, mais elles contiennent à chaque fois deux disques. Et pour deux d'entre elles, le second disque présente l'aventure remontée en un seul film d'une heure et demi / deux heures. Les bonus sont globalement très nombreux.

L'épisode que je vous conseille : Survival, pour les peluches d'hommes-léopards, mais aussi pour la sentence du Docteur qui fait vraiment grandiloquente. "Si on se bat comme un animal, on meurt comme un animal." C'est un message fort, mais qui, dans le contexte, tombe un peu à l'eau.

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