mardi 7 juin 2016

Doctor Who saison 24


diffusion initiale : du  7 septembre au 7 décembre 1987
nb d'épisodes : 14 répartis en quatre aventures
DVD :

    > coffret Regeneration (contient Time and the Rani 1 à 4)
    > Paradise Towers 1 à 4
    > Delta and the Bannermen 1 à 3
    > coffret Ace Adventures (contient Dragonfire 1 à 3)


Docteur : Silvester McCoy
Compagnons : Melanie Bush, Dorothy "Ace" McShane


THE LAST CHANCE. Et donc voilà : le Docteur s'en est reparti pour de nouvelles aventures, mais Colin Baker a été laissé sur le bas côté. Il faut tout de même savoir que l'acteur a appris la nouvelle pendant ses "vacances", juste après la fin de la dernière saison, et par voie de presse qui plus est. On est élégant, à la BBC. C'est Sylvester McCoy qui a été casté pour le remplacer.
McCoy, c'est avant tout un acteur de théâtre à ce moment-là, et il est habitué à jouer des pantomimes. Il a une bille de clown et une certaine tendance au surjeu, voire à la grimace. Du coup, son Docteur s'inscrit dans un premier temps dans la mouvance de celui de Patrick Troughton, à savoir une image de rigolo de service, apparamment bon à rien mais capable de quelques perles de sagesse lorsque le besoin s'en fait sentir. Il est aussi grognon par moment, et on verra par la suite qu'il évoluera vers quelque chose de bien plus gritty... Teaser, teaser.
Toujours est-il qu'il apparait directement dans Time and the Rani, sa régénération s'effectuant lors d'un pré-générique, quelque chose que l'on n'avait pas vu depuis la régénération de Peter Davison. Sauf que cette régénération-ci est un peu particulière, dans le sens où elle n'implique... qu'un seul acteur ! Ben oui, vu comment il a été viré, il est bien normal que Baker n'ait pas voulu revenir pour jouer le gars sur le départ. La prod' est tout de même parvenue à tricher en incorportant une image fixe de lui !


Avec l'arrivée de Sylvester McCoy s'annoncent trois autres changements d'importance. Le premier est le nouveau script-editor, Andrew Cartmel, qui va pousser la série dans le registre de la comédie bouffonne. Nous y reviendrons. Le deuxième, c'est un énième changement de jour de diffusion, ici le lundi, ce qui ne changera absolument rien aux audiences. Le dernier, c'est un nouveau générique, plutôt cool pour l'époque même si l'on a bien du mal à y reconnaître la tronche de l'acteur principal !
Comédie bouffonne, donc. En fait, il s'agit plutôt de faire une bonne fois pour toute de Doctor Who une série B, comme son budget l'y contraint. Mais une série B totalement assumée, limite décomplexée, et qui ne se cache plus d'être un programme pour enfants avec des monstres en mousse et des décors en carton. Le kitch c'est chic, et puisque le sérieux ne fonctionnait plus, autant tenter autre chose.
Aux côtés du Doc, Mel Bush fonctionne par intermitence. C'est quand même l'un des rares Companions à être arrivé comme ça, sans background, sans raison, et ce n'est pas dans cette saison que ces deux points seront développés. Mais qu'importe : Mel, c'est madame happy, la fille toujours enjouée même quand il ne se passe rien. C'est aussi elle qui marque le grand retour des hurleuses, chargées de vous péter les tympans à chaque cliffhanger. Last but not least, si elle a beaucoup moins de devanture que celle qui l'a précédée, on est en revanche très content de la voir partir, si vous voyez ce que je veux dire.
Et justement, on la verra partir à la toute fin de la saison, remplacée par Sophie Aldred dans le rôle d'Ace. Ace parce qu'elle ne sait à peu près dire que ça, et "brill" pour brillant. Et "bilgebag" aussi. Sensée prendre en charge le rôle de l'ado moderne des années 80, elle arrive avec une dégaine pas possible, un anglais très approximatif et le caractère de la nana qui a pas encore vu le loup et qui en veut au monde entier pour ça. A priori en phase avec son époque vu qu'elle est encore considérée comme l'un des meilleurs Companions de la série classique, elle n'est pas trop désagréable mais franchement, je ne vois pas vraiment ce qu'on lui trouve pour l'instant.


La saison s'ouvre sur Time and the Rani qui, comme son nom l'indique, voit le retour de la Rani, cette Time Lady que l'on n'avait plus vue depuis The Mark of the Rani (S22E3). Elle est ici ridicule, mais en même temps, c'est l'aventure elle-même qui le veut. Comme je vous le disais, Doctor Who accepte désormais son statut d'oeuvre cu-culte, et donc on a ici droit à une espèce de long clip de Tina Turner, chevelure comprise, agrémentée de monstres sortis tout droit d'un épisode de Bioman, et qui se font latter par des canons à confettis.
Et pourtant, je n'en ferai pas mon "épisode que je vous conseille", parce que rien que le prochain le bat à plate coutûre en matière de portnawak. L'histoire de Paradise Towers est brillante, elle se déroule dans un immeuble qui devait représenter le paradis (là encore je me suis pas foulé sur le résumé, c'est le titre) mais où tout est parti en couille. Et bon, je vous fais pas le détail parce que j'y reviendrai en fin de chronique, mais heureusement que le ridicule ne tue pas, parce qu'il y aurait eu un massacre sur le plateau de tournage.
Delta and the Bannermen ne se ménage pas non plus côté gros délire. Tourné au Pays de Galles quinze ans avant que Cardiff n'accueille le grand retour de la série, cette histoire de princesse en détresse poursuivie par des méchants mercenaires a tout d'un épisode de Benny Hill, à commencer par la musique excitée et répétitive qui donne l'impression d'une course-poursuite ininterrompue sur trois épisodes. La princesse en question ressemble à Hilguegue des Musclés qui porterait la robe de Cerise de Groupama, et l'ensemble se déroule dans les années 50 avec des touristes extraterrestres déguisés façon rockabilly. 'Nuff said !


Pas terribles non plus les maquettes, mais quelques effets spéciaux s'en sortent pas trop mal. Curieusement, cette aventure improbable comporte également quelques scènes un peu glauques, mais pas aussi trash tout de même que la fin de Dragonfire, qui a fait couler beaucoup d'encre à l'époque, les équivalents locaux de Famille de France ayant gueulé un bon coup. Et bon, sans jouer mon oie blanche, il est vrai qu'une telle scène dans un programme clairement annoncé comme pour enfants, c'était peut-être un peu trop.
Mais Dragonfire, ce n'est pas que ça. C'est aussi, comme évoqué plus haut, le départ de Mel et l'arrivée d'Ace, mais c'est aussi le retour de ce cher Sabalom Glitz, qui décidément a un certain succès depuis ses débuts la saison précédente. Au delà du sympathique anti-héros, c'est une aventure qui se tient plutôt bien, réalisée en studio avec des décors pas dégueu pour le budget. Ah oui, et puis c'est aussi là qu'on trouve le pire cliffhanger de toute la série, tout simplement.


Je vous plante la scène. Le Docteur est au bord d'une falaise en à-pic qu'il veut absolument descendre. Pourquoi il fait pas le tour ? J'en sais rien. Donc il enjambe la rambarde, il se tient au parapet puis à son parapluie, et puis il se rend compte qu'il est quand même trop court, mais c'est trop tard, il glisse. Complètement illogique, et c'est d'autant plus dommage qu'il y avait un vrai cliffhanger potentiel trente seconde avant, lorsque Mel et Ace se font surprendre par le dragon qui donne son titre à l'aventure.
Si on fait le bilan, calmement, en se remémorant chaque instant (salut les djeunnz), cette saison marque surtout une nouvelle orientation pour la série. Nouvel acteur central, nouvelle actrice centrale aussi, nouveau script-editor et, au final, un plongeon marqué vers la gaudriole. Qu'on se le dise, le Docteur version McCoy est un pitre et sa série est une farce à la hauteur de son budget limité. Et pourtant, Who va contre-braquer complètement dès l'année suivante, mais ça, c'est une autre histoire. En attendant, il y a toujours un paquet de bonus dans les DVD's, qui causent de la production des histoires, des acteurs, des produits dérivés, des effets spéciaux...

L'épisode que je vous conseille : Paradise Towers. Des gangs de punkettes qui jouent à chat et qui parlent leur propre langage, des grands-mères canibales, des gardiens néo-nazis très à cheval sur le protocole, des robots-ménagers qui tuent, un Rambo maigrichon et trouillard comme pas deux, un badass constitué de néons et des crabes fluos, tout ça dans un immeuble insalubre baigné d'une musique au synthé qui pue bon les 80's, si ça vous vend pas du rêve, ça...

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