samedi 4 juin 2016

Doctor Who saison 23


diffusion initiale : du 6 septembre au 6 décembre 1986
nb d'épisodes : 14 répartis en quatre aventures
DVD :

    > coffret The Trial of a Time Lord (contient The Trial of a Time Lord 1 à 14)


Docteur : Colin Baker
Compagnons : Perpugilliam Brown, Melanie Bush, Sabalom Glitz et le Maître


ON TRIAL... Après un an et demi d'absence des écrans brittons, Doctor Who revient plus en forme que jamais... Enfin, il revient, et c'est déjà ça. Les pétitions ont eu raison de la volonté des pontes de la BBC, qui auraient préféré investir leur argent dans un programme novateur. Mais si la série est de retour, ce n'est pas sans concessions. Déjà, il n'y aura que quatorze épisodes. Vous me direz qu'il y en avait treize la saison passée. Soit, mais ils faisaient 45 mn chacun, alors que cette vingt-troisième série voit le retour du format classique, de vingt-cinq minutes.
C'est donc amputée de moitié que la saga fait son retour, mais ce n'est pas tout. Les scripts qui avaient originellement été prévus, et qui étaient même sur le point d'être tournés pour un retour programmé en janvier, sont tous annulés. En lieu et place, il est décidé de trois serials sur le thème de Noël, de resepctivement quatre, quatre et six épisodes. Et puis l'idée mûrit, et on finit par se retrouver avec le Procès d'un Seigneur du Temps, quatorze épisodes d'une même histoire qui fait écho au fait que la série elle-même est sur la sellette.
En fait, l'histoire est divisée en quatre, même si l'on ne connait les arches narratives que sous leur nom de travail. Le procédé renvoie à la saison seize, dont toutes les histoires tournaient autour de la clé du temps. Le résultat de ce "procès" est en tout cas sans appel : acteur principal renvoyé au terme de la saison, script editor démissionnaire et audiences en berne, avec quatre à cinq millions de téléspectateurs là où la précédente série en réunissait six à sept millions... Curieusement, la direction de la chaîne est convaincue de produire une saison de plus, mais Doctor Who ne se remettra jamais de cette période troublée.
Et pourtant, tout avait bien commencé. Passé un générique durant lequel on reconnait à peine le thème principal, la saison s'ouvre sur une scène de maquettes absolument incroyable, digne de Star Wars et qui, même à l'heure actuelle, a encore de la gueule. Il faut dire que les méthodes de tournage dans leur ensemble ont changé en 1986, et les scènes en extérieur sont désormais tournées avec les mêmes caméras à cassettes que les scènes en studio.


L'histoire de cette première arche narrative, surnommée The Mysterious Planet, voit en outre le Docteur revenir, de force, auprès des siens. Les Gallifreyens ont toujours autant de style, même lorsqu'ils ne font que s'asseoir sur les bancs d'un tribunal. L'idée de la saison est que le Docteur est jugé par ses pairs pour le crime qu'il commet sans cesse : se mêler des affaires des autres, et en particulier des Terriens.
Et ça fonctionne. Ecrit par le vétéran Robert Holmes, le récit montre le héros et Peri former un bien meilleur couple qu'auparavant, moins prompt aux disputes stériles. De manière globale, la violence, critiquée la saison passée, est ici atténuée par une bone dose d'humour. Et si le "monster of the week" n'est pas très crédible, les décors et les costumes sont plutôt jolis.
La deuxième histoire de la saison, baptisée Mindwarp, essaie elle aussi de se montrer originale, mais elle n'y parvient que très moyennement. Déjà, l'effet vidéo utilisé pour rendre le décor le plus extraterrestre possible est franchement dégueulasse. A côté de ça, le téléspectateur aura le grand plaisir de retrouver Sil, le méchant de Vengeance on Varos (S22E2), toujours interprêté magistralement par Nabil Shaban et accompagné pour l'occasion par son patron, et de découvrir le roi Yrcanos, joué pour sa part par Brian Blessed. Cet acteur, larger than life aussi bien physiquement que mentalement, vous le connaissez peut-être pour son rôle dans Robin des Bois, où il jouait le père de Robin. Dans Doctor Who, il surjoue à mort, mais ça en devient assez rigolo. Il me fait penser au chef mongol dans Kaamelott.


C'est aussi dans Mindwarp que l'on voit mourir Peri... Sa fin est particulièrement cruelle, et elle est à l'origine du procès auquel le Docteur doit faire face. Lorsqu'il apprend la nouvelle (c'est une longue histoire, mais il n'est pas présent lorsqu'elle succombe), il est dévasté. C'est alors que prend fin la charge du procureur, et que la défense prend la parole. On se dit alors que ce bon Docteur va nous retourner ça comme il sait si bien le faire. Grave erreur.
L'histoire qui doit servir au Docteur pour se décharger, si je puis dire, c'est celle de Terror of the Vervoids, où les passagers d'une croisière cosmique sont les victimes d'assassinats. Avec ce récit, la série revient quelque part aux fondamentaux, à savoir la traditionnelle histoire de base under siege, mâtinée d'enquête à la Hercule Poirot. Très classique, cette arche a juste un truc pas mal, je trouve : le cri de la compagne du Docteur lors du cliffhanger se fond dans le début du générique de fin. Ce qui est, je vous l'accorde, plutôt mince.
La compagne ? Peri n'est-elle pas morte ? Oui et non, pour tout vous dire, mais on verra ça plus tard. C'est juste qu'entre temps, une nouvelle assistante vient de débarquer. Une certaine Melanie Bush, jouée par Bonnie Langford. Si on ne connait quasiment pas cette rousse flamboyante de ce côté-ci de la Manche, la nouvelle de son arrivée avait à l'époque jeté un froid. En effet, elle était déjà connue en Angleterre et les fans avaient peur qu'elle vole la vedette à Colin Baker. Au final, elle s'acquitte de son rôle plutôt correctement, même si son personnage n'est pas du tout fouillé.
Notons aussi la présence, durant cette aventure, de la bien plus célebre Honor Blackman, alias Cathy dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir, alias Pussy Galore dans Goldfinger également. En dehors de la distribution plutôt sympa, Terror of the Vervoids souffre d'une histoire bancale pleine d'incohérences temporelles, de personnages aux réactions erratiques, de costumes pitoyables et d'effets spéciaux à la mesure, avec notamment un trou noir de couleur rouge aussi menaçant qu'un flan au caramel.
La conclusion du procès prend la forme de deux épisodes appelés The Ultimate Foe. Ecrite là encore par Bob Holmes mais hélas non achevée du fait de la mort du scénariste, l'aventure a connu moult réécritures, ce qui a causé non seulement le départ du script editor Eric Saward, excédé par les décisions de son producteur mégalo, mais aussi le renvoi de Colin Baker, considéré comme le vecteur de l'échec. Et probablement la fuite d'une partie des spectateurs, qui ont pas dû y biter grand-chose.
Il faut dire que Pip et Jane Baker (couple à la ville mais sans lien de parenté avec Colin) ont eu quelque chose comme trois jours pour l'écrire, et ce sans avoir toutes les cartes en main. Du coup, on a droit à un grand portnawak durant lequel on découvre tour à tour que
Spoiler :
le Valeyard, procureur au procès du Docteur, est en fait l'avant-dernière incarnation et demi du héros qui aurait mal tourné (intéressant au regard de ce que la nouvelle série a fait avec John Hurt, dans un registre similaire), que le Maître est le seul à pouvoir aider sa Némésis et que Peri, en définitive, n'est pas morte. Elle s'est mariée avec... le roi Yrcanos ! Difficile à avaler, y compris pour l'actrice qui n'avait pas été mise au jus.



Parmi les trucs assez incroyables qui se déroulent dans cette aventure, on notera le retour, logique, de Melanie, et celui, moins attendu, de Sabalom Glitz, aperçu uniquement durant la première arche narrative. Le bandit spatial sera même, aux côtés du Docteur, le Companion du Maître, voyageant à bord de son TARDIS. Oui je sais, je triche un peu, mais ça remplit le cadre.
Finalement, c'est donc dans un grand capharnaüm que s'achève la saison maudite de 1986. La série y a perdu son acteur principal, son script editor et, surtout, sa crédibilité. Le torchon brûle entre les dirigeants de la chaîne et John Nathan-Turner, le producteur jusqu'alors superstar et qui s'attire désormais l'inimitié tant de ses patrons que de ses subordonnés. Tout cela, les bonus des DVD le représentent bien, eux qui s'attardent non seulement sur la production chaotique que sur les épisodes perdus.

L'épisode que je vous conseille : Terror of the Vervoids. C'est l'histoire des Daft Punk qui jouent à Space Invaders et qui se font tuer par des méchants platanes qui ont une tête de gland. Et je parle pas du fruit du chêne...

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