samedi 30 juillet 2016

P.R.O.B.E. : Unnatural Selection

diffusion initiale : un beau jour d'octobre 1996, sans plus de précision
nb d'épisodes : one-shot
DVD :
    > P.R.O.B.E. : Unnatural Selection


Docteur : y en a pas
Compagnons : Liz Shaw

DARWIN MUST DIE ! Troisième épisode de la série P.R.O.B.E. en autant d'années, Unnatural Selection est une fois de plus l'occasion pour Mark Gatiss (le Mycroft Holmes de la série Sherlock, je ne le répèterai jamais assez) de mettre sur pellicule l'une de ses idées. Cette fois-ci, la production se tourne vers un format plus court, à savoir trois quarts d'heure (quarante-six minutes trente-six secondes exactement), génériques de début et de fin compris.
L'explication se trouve peut-être dans le fait que BBV développait en parallèle un autre épisode de la série. Du moins est-ce ce que je suppose, étant donné que ledit épisode est sorti en vidéo en novembre 1996, alors que celui-ci a vu le jour en octobre de la même année. Hélas, il m'est impossible de trouver plus d'informations sur le sujet. Mais si le cas est avéré, je peux comprendre que l'équipe ne puisse enchaîner deux aventures, en particulier les deux actrices principales, à savoir Caroline John, qui reprend son rôle de Liz Shaw, et Louise Jameson, qui joue sa patronne.
Concernant le cast, on retrouve également Mark Gatiss devant la caméra, dans un nouveau rôle absolument central. Aux côtés de Charles Kay (un habitué des seconds rôles télévisuels qui a aussi joué dans Amadeus),
Hors-sujet/Spoiler :
il est en effet le principal badass de l'histoire. Alors j'avoue, je vous spoile un peu vu que c'est le twist majeur de la fin du téléfilm.
Du coup, parlons un peu du scénario.
En 1975, le gouvernement a mis un terme au projet B.E.A.G.L.E., qui visait à manipuler le génome humain pour créer une forme de vie plus évoluée. Au final, on apprend que cette créature survivait en absorbant les viscères de ses victimes. Rien d'étonnant, donc, à ce que les hautes instances aient demandé à ce qu'on détruise tout. Sauf que de nos jours (enfin, en 1996), de nouveaux meurtres ont lieu, et des meurtres bien peu ragoûtants, à base de manque de tripailles et fluides étranges qui s'écoulent par des orifices pas prévus pour ça.
Il faut d'ailleurs reconnaître que certains passages sont assez dégueulasses dans leur représentation. Une fois de plus, cela rappelle les débuts de X-Files, en particulier ici l'épisode Squeeze (S1E3), où il était déjà question d'un monstre aux capacités surhumaines avec des tas de slime jaunâtre à la clef. La différence avec la série de Chris Carter, c'est que le rythme est très lent. On est donc plus proche de l'inspecteur Barnaby que du blockbuster américain.

Et pourtant, ce n'est pas faute d'essayer de dynamiser l'aventure ! Avec un format raccourci et quelques scènes d'action mettant en scène l'équipe de soldats que Liz Shaw a à sa disposition pour cette enquête, on pourrait penser que ça bouge enfin un peu. Hélas, les scènes en question sont peu crédibles car extrêmement mal jouées. Et puis bon, Caroline John a pratiquement soixante ans à l'époque, et la voir tenir un flingue façon militaire surentraîné fait plus penser à "Arrête ou ma mère va tirer" qu'à l'Arme fatale.
A contrario, les scènes plus posées, c'est à dire la majorité de ces quarante-six minutes, sont très bien interprêtées. Confiées à des acteurs consommés et tournées avec juste la bonne lumière, juste le bon angle, elles appuient parfaitement une atmosphère angoissante relevée par une bande sonore de bon aloi. Comme depuis ses débuts, P.R.O.B.E. s'appuie sur ce qui est le plus facile à mettre en place lorsqu'on a peu de moyens : les dialogues et le scénario.
Pour le reste, le constat est plus amer. Les décors font, pour certains, terriblement faux. Ceux d'Hélène et les Garçons étaient peut-être plus réussis que ça, c'est dire. Les effets spéciaux sont peu nombreux et le maquillage, pour le monstre, est peu convaincant. C'est à dire qu'il fait plus Elephant Man que redoutable bouffeur de foie. Et forcément, ça gâche un peu le plaisir, même s'il faut, comme toujours, avoir un minimum de recul sur ce type de matériel et reconnaître que c'est pas si mal pour un budget aussi minimal.

Le DVD se présente comme ses prédécesseurs, autrement dit de manière assez cheap. Dans le boîtier, on trouve un disque entièrement blanc à l'exception du titre, et aucun livret. Sur la galette en elle-même, on ne trouvera nul sous-titrage. Par contre, il s'agit encore une fois d'une version remasterisée (encore heureux me direz-vous), et elle s'accompagne de la première partie d'un documentaire, de plus de vingt minutes, réunissant interviews et anecdotes de tournage non seulement sur la série P.R.O.B.E., mais aussi sur l'autre série majeure de BBV, The Stranger.

mardi 26 juillet 2016

Doctor Who : the Movie

diffusion initiale : le  27 mai 1996
nb d'épisodes : one-shot
DVD :
    > coffret Regeneration ou coffret Revisitations 1 (à privilégier)


Docteur : Paul McGann
Compagnons : Grace Holloway, Chang Lee


HE'S NOT DEAD ! Si l'on fait abstraction de l'épisode spécial Dimensions in Time, il aura fallu sept ans à la BBC avant de redonner une chance à sa vedette défraîchie. Durant ces sept ans, un bon nombre de productions indépendantes ont vu le jour, et vous n'avez qu'à remonter de quelques posts pour voir de quoi je parle. Mais on pouvait croire, avant les premières annonces de ce téléfilm, que la licence Doctor Who était bel et bien morte et enterrée, du moins sous sa forme première (parce que les livres et les comics continuaient à très bien se vendre à la même période).
Ce qu'il faut comprendre, c'est que cette aventure n'est pas non plus un pur produit de la BBC, ou en tout cas pas uniquement. C'est une sorte de projet commun mené par la chaîne de télévision anglaise, à travers sa branche principale (qui détient la propriété intellectuelle) et sa branche dédiée à l'exportation, BBC Worldwide. En effet, il s'agit d'une co-production avec Universal Studios et la chaîne américaine Fox, qui sera du reste la première à diffuser le produit fini, le 12 mai 1996.
De fait, une bonne partie de la prod' est américaine, à la notable exception du réalisateur, Geoffrey Sax, et du producteur, Matthew Jacobs, tous deux anglais. Et le tournage a également eu lieu en Amérique, plus précisément à Vancouver. Cela ne surprendra personne, la cité canadienne étant un peu le Hollywood du petit écran. Par contre, l'histoire se situe à San Francisco, à la toute fin de 1999. Et elle donne dans le grand spectacle à l'américaine, avec force cascades, explosions, échanges de tirs et... bisous baveux entre le Docteur et sa compagne.


Voilà le principal point d'achoppement pour les fans de la première heure, et on peut comprendre, sans même verser dans un fanatisme extrémiste de la série, que la scène du baiser (et même pas un baiser volé, mais une vraie galoche renouvelée sitôt la première terminée !) soit quelque peu out of character. D'autant qu'elle est complètement gratuite, puisqu'il n'y a pas de raison pour que les deux s'embrassent à ce moment-là du film. Du coup, il renouvelleront l'échange de salive à la fin du film, lors du traditionnel happy ending.
Et quitte à laisser les amateurs sur le bas côté, la prod' n'y est pas allée de main morte côté caractérisation, puisqu'on apprend à la volée que le Docteur est doté d'une force surhumaine lorsqu'il dégonde d'un coup de latte la porte blindée de la chambre de morgue où il était enfermé ; que le Maître est capable de prendre la forme d'un serpent psychique pour ensuite posséder un hôte ; et surtout que le Docteur est à moitié humain, du côté de sa mère ! Ce dernier point n'est pas tout à fait contradictoire avec le reste de la saga, rien ne l'ayant confirmé ou infirmé pour l'instant, mais il reste peu probable. On peut par exemple se demander si un "bâtard" pourrait devenir président de Gallifrey, même temporairement.


Nombreux ont donc été les critiques à crier au scandale, côté anglais tout au moins. Parce qu'il faut bien comprendre que ce téléfilm n'est pas prévu comme étant un reboot mais bien une suite de la série, auquel cas on parle de rétrocontinuité, retcon pour les intimes, lorsque de tels bouleversements sont mis en scène sans plus d'explications. Mais pour la défense de la prod', il faut reconnaître qu'elle a dû satisfaire les exigences américaines pour pouvoir importer la licence.
D'où le côté larger than life de certaines situations, d'où l'aspect comédie romantique, d'où l'acteur américain imposé pour jouer le grand méchant... Le gars en question se nomme Eric Roberts, et vous avez déjà dû le croiser une ou deux fois tant il a participé à de nombreux films, téléfilms et séries durant sa carrière. Il n'empêche qu'il surjoue de manière particulièrement peu convaincante, ici, peu aidé il est vrai par un scénario assez plat.


Le pitch : le Maître a épuisé toutes ses régénérations (c'était déjà le cas dans la série télé mais il avait rusé pour continuer à vivre) et il a été condamné à une mort définitive. Le Docteur reçoit la mission, de la part du conseil des Time Lords, de ramener ses cendres sur Gallifrey, mais en chemin, un accident plus ou moins volontaire contraint le TARDIS à se poser en catastrophe dans San Fransisco, à la fin du millénaire.
Partant de là, le Maître parvient à posséder le corps d'un pauvre gars qui n'en demandait pas temps, mais le résultat est médiocre puisque l'hôte se consume petit à petit. La seule solution du badass, c'est de chopper les régénérations de sa Némésis grâce à un dispositif de son cru, et ce quitte à détruire l'espace et le temps dans la manoeuvre. Je vous l'accorde, c'est très brouillon, mais ça permet d'exposer des tas d'effets spéciaux, plutôt réussis pour l'époque, et c'est suffisamment simple pour que même un Américain parvienne à comprendre.


Si cette critique ressemble de plus en plus à un document à charge, tout n'est pas négatif pour autant. Les tares pré-citées viennent toutes de la problématique de base : ce devait être le pilote d'une nouvelle série américano-britannique, et il fallait donc "vendre" le produit à une clientèle néophyte, nourrie à Star Trek : Deep Space Nine à peu près à la même époque. Hélas, si le téléfilm a bien marché en Angleterre, ce ne fut pas du tout le cas aux Etats-Unis.
Trop obscur, trop référenciel peut-être. Parce que malgré tout ce que j'ai dit plus haut, la prod' n'a pas renié l'héritage de la série télé, loin s'en faut. D'entrée de jeu, on est accueilli par le très classique thème musical, remixé à la John Williams un peu comme ce que fera la nouvelle série quelques années plus tard. Il s'accompagne d'ailleurs d'un générique avec en toile de fond le fameux effet tunnel de l'époque Tom Baker, qui lui aussi sera repris en 2005. Les concepts de base aussi sont tous là : Gallifrey, les Time Lords, le TARDIS (plus rococco que jamais), le tournevis sonique, la régénération...


Et si certains de ces concepts sont simplements évoqués, rendant d'autant plus compliquée la compréhension par un public peu averti, d'autres sont intensément explicites. Le fameux cloître du TARDIS est par exemple au coeur de l'intrigue, de même que la régénération et ce qu'elle implique de bouleversements physiques et psychologiques.
D'ailleurs, le gros coup de la production, à destination des fans de la première heure, c'est l'importante participation de Sylvester McCoy, le précédent Docteur. Certes, Paul McGann est la star du show, et sa candeur presque humaine (à demi humaine ?) comme son romantisme, appuyé par son costume de la Belle Epoque, font mouche. Mais durant le premier quart d'heure, c'est Sylvester McCoy aux commandes, dans un style plus zen que celui qu'il avait précédemment.


Ce n'est donc pas un si mauvais épisode que ça, et puis surtout, c'est presque tout ce que les Anglais ont pu se mettre sous la dent pendant pratiquement dix ans. C'est d'ailleurs ce que rappelle une bonne partie des très nombreux documentaires de l'édition spéciale, que l'on trouve dans le coffret Revisitations 1 aux côtés de The Talons of Weng-Chiang (S14E6) et The Caves of Androzani (S21E6). A priori, cette version n'est pas vendue unitairement. Sinon, on trouve le téléfilm dans un DVD sans aucun bonus du fameux coffret Regeneration, dont je vous ai déjà parlé.

vendredi 22 juillet 2016

Animaniacs sur Game Boy

Animaniacs

machine : Game Boy

année : 1995
développeur : Factor 5
éditeur : Konami
joueurs : un
genre : plates-formes







Deux frères et leur petite soeur, aucun des trois n'ayant la lumière à tous les étages, vivent reclus dans leur château d'eau. Non, ce n'est pas le pitch du dernier roman de Marc Levy, ni même d'un porno particulièrement glauque, mais celui d'Animaniacs, un dessin animé tout ce qu'il y a de plus rigolard produit par la Warner en même temps que les beaucoup plus célèbres Tiny Toon Adventures, au milieu des années 90. Chapeauté par Steven Spielberg, le cartoon suit donc nos trois jeunes héros dans leurs péripéties toutes situées dans les coulisses d'Hollywood.
Le jeu débute d'ailleurs devant le fameux château d'eau et nous demandera de visiter plusieurs plateaux de tournage. Car les Animaniacs se sont mis en tête de fabriquer leur propre jeu vidéo, mais pour ce faire, ils ont besoin d'accessoires présents uniquement dans les studios. Vous pourrez donc, après une courte introduction, choisir dans quel ordre traverser les plateaux, le but étant de les franchir jusqu'à affronter un boss, qui garde le précieux artefact. Le jeu fonctionne selon un système de mots de passe et, avant d'entamer votre partie, vous pouvez régler le niveau de difficulté tel que vous l'entendez. Voilà pour les grandes lignes.

DEUX GARCONS, UNE FILLE, TROIS POSSIBILITES
Nos trois héros sont capables de sauter, comme n'importe quel avatar de jeux de plates-formes, ainsi que d'attaquer leurs ennemis. Mais pour cette deuxième possibilité, chacun a sa méthode. Yakko, l'aîné, se sert d'un jokari pour frapper à moyenne distance mais uniquement à sa hauteur. Notez que c'est aussi le seul des trois à pouvoir pousser les caisses et autres objets pouvant servir de supports à votre progression. Il peut aussi les tirer lorsque la situation l'exige. Wakko est armé d'une hache qui ne frappe ni très loin ni très vite, mais qui a le mérite de viser le sol. Et Dot, la petite soeur, envoie des baisers à longue distance, permettant de charmer certains adversaires, qui font alors ce que vous leur demandez.
Vous pouvez passer de l'un à l'autre à tout moment en appuyant sur Select. L'ordre sera toujours Yakko, Wakko et Dot. En chemin, vous récolterez un paquet d'étoiles. Ces dernières permettent, en fin de niveau, de participer à un mini-jeu dans lequel vous parierez vos étoiles afin de gagner des bonus. Dans les niveaux, vous trouverez également de la nourriture, qui restaure votre jauge de santé, des chronomètres qui vous confèrent plus de temps pour traverser le stage, ou encore de bien plus rares vies supplémentaires. Attention par contre aux sucettes, qui de ce que j'en ai expérimenté, vous téléportent en amont dans le niveau, vous obligeant à refaire une portion de votre parcours.
Le premier niveau, baptisé Bungle in the Jungle, se déroule comme son nom l'indique dans la jungle, mais pas uniquement. Il vous fera également traverser une rivière infestée de crocodiles, puis une cascade et enfin, une caverne. Au bout du chemin vous attend le premier boss, un garde bedonnant que vous assommerez à coups de boulets. Si vous en triomphez, vous décrocherez le chapeau d'aventurier et, après un calcul de votre score, vous participerez au mini-jeu sus-cité, puis vous reviendrez sur l'écran de sélection des niveaux.


ARRETE TON CINEMA !
Le deuxième stage, Remember the a La mode, se déroule dans un décor de far west. Après avoir sauté de chevaux en cactus, vous passerez à l'intérieur d'un dépôt en bois, puis franchirez un pont de rondins avant de jouer avec les tonneaux d'un saloon. Le garde Ralph est de retour pour vous défier en fin de niveau, d'abord juché sur un charriot lanceur de tartes à la crème, puis carrément en courant derrière votre train pour essayer de vous mettre la main dessus.
Ensuite, vous allez jouer à vous faire peur dans le niveau To Scream or Not to Scream, qui débute dans un cimetière avant de se poursuivre dans les couloirs d'un château, d'abord hantés par des livres volants puis peuplés de créatures encore plus bariolées. En fait de hurlements, c'est peut-être de rage que vous allez pester, la faute à certaines énigmes tordues. Mais rassurez-vous, rien de trop complexe tout de même. Et après avoir parcouru la cave du château, vous affronterez le maître des lieux. Une fois n'est pas coutûme, il ne s'agit pas de Ralph mais d'un vampire plutôt coriace.
Le dernier niveau s'intitule Once, There Was a Man Named Oscar. Il débute aux abords des plateaux de tournage, et quasiment d'entrée de jeu, vous serez poursuivis : d'abord par Ralph, qui ne lâche pas l'affaire, puis par le scrolling de l'écran qui, s'il vous rattrappe, vous fait disparaître dans les limbes. Vous comprendrez que je n'ai pas fait de captures d'écran, le timing étant assez serré. Au final, vous glânez l'oscar, dernier item de la liste, mais Minus et Cortex, qui s'ennuient comme toujours, décident de vous dérober tout ce que vous avez gagné jusque là.
Dont acte : il va falloir affronter leur dernière création, sorte de robot géant avec les deux souris aux commandes, et pour espérer le battre, vous devrez sans cesse alterner entre les trois héros, avec un bon timing. Si vous y parvenez, les Animaniacs et les rats de laboratoire trouvent un terrain d'entente, et tout est bien qui finit bien. Vous vous farcirez éventuellement les crédits, puis vous pourrez obtenir votre score final. Le mien n'est pas très brillant, mais il fallait que je prenne tous ces jolis screenshots qui accompagnent le test !


EN RESUME :
SCENARIO : ce sont les Animaniacs ! C'est donc simple, immédiat, facile à comprendre, écrit avec des grosses lettres et tout. Reste que les coupes vis-à-vis de la version Megadrive entraînent un certain manque de cohérence.
GRAPHISMES : si le jeu est décevant sur seize bits, il s'en tire avec les honneurs sur la portable monochrome. C'est pas le chef d'oeuvre de la bécane, mais ça reste assez agréable.
ANIMATION : en dépit d'un rythme très lent, trop lent, les animations sont bien décomposées et souvent amusantes. Ca aurait été comble, pour un titre basé sur un dessin animé...
SON : déjà, le générique du show devient rapidement énervant lorsqu'on regarde le dessin animé. Alors imaginez lorsqu'il est massacré par la piètre qualité sonore du Game Boy...
JOUABILITE : pas évident d'adapter la jouabilité assez riche de la version Megadrive au petit nombre de boutons de la portable. Ca fonctionne quand même, mais ce n'est pas très instinctif.
DIFFICULTE : à cause de ce que j'évoque juste au dessus, le dernier niveau est inutilement compliqué. D'une manière globale, la lenteur des personnages à tendance à agacer.
DUREE DE VIE : il manque un niveau par rapport au jeu développé pour SEGA, et certains stages ont été rabotés. De fait, cette itération Game Boy est un peu trop courte.
VERDICT : sans prétendre à autre chose que vous faire passer un agréable moment, Animaniacs fait partie des titres Konami de bonne qualité, malgré quelques défauts potentiellement graves. Les moins patients se tourneront vers le volet Super NES, globalement plus facile à appréhender.
POURQUOI CETTE VERSION : la version Megadrive ne pousse pas vraiment son support dans ses derniers retranchements, et l'opus Super NES n'a rien à voir. Du coup, je me suis dit que le jeu sur Game Boy était celui qui méritait le plus d'être testé.

mardi 19 juillet 2016

Downtime

diffusion initiale : le  2 septembre 1995
nb d'épisodes : one-shot
DVD :
    > Downtime


Docteur : y en a pas
Compagnons : Alistair Gordon Lethbridge-Stewart, Sarah-Jane Smith

Quelques années après Wartime, Reeltime Pictures revient sur le devant de la scène whonie avec Downtime. A première vue, on pourrait se dire que les mecs se sont pas beaucoup foulés sur le nom, et en même temps, une boîte qui s'appelle Reeltime et qui finit tous ses titres par "Time", ça a quelque chose de cohérent, surtout quand on fait du spin-off de Doctor Who. Et puis surtout, on s'en fout un peu du titre. Ce qui compte, c'est le contenu, et de ce côté-là, il y a du taf.
Downtime n'est pas une suite de Wartime, c'est une histoire tout à fait autonome centrée non plus sur le sergent Benton mais sur son supérieur au sein de UNIT, le légendaire brigadier Alistair Gordon Lethbridge-Stewart. D'ailleurs, l'équipe de la United Nations Intelligence Taskforce fait une petite apparition lors du combat final, même si ce ne sont que des soldats no-name. Le Brigadier, lui, est au coeur du problème, si l'on peut dire, et il a droit à toutes les scènes les plus importantes, y compris un rêve/délire en noir et blanc sur une plage anglaise.


L'histoire de Downtime fait en réalité écho à deux aventures du deuxième Docteur, Patrick Troughton : The Abominable Snowmen (S5E2) et The Web of Fear (S5E5). Toutes deux mettaient en scène la Grande Intelligence et sa horde de yétis robotiques, et à priori, à la fin de la deuxième aventure, on était débarrassé une bonne fois pour toutes de cette entité maléfique. Mais les auteurs de ce téléfilm en ont décidé autrement.
Par le biais d'une minuscule relique liée au passé du Brigadier et toujours en la possession de sa famille, la Grande Intelligence a survécu, et elle veut désormais se développer à travers un nouveau réseau. Si, dans les années 60, elle passait par un lien électronique entre ses créations, puis par le réseau du métro londonnien, le milieu des années 90 lui offre une nouvelle toile bien plus intéressante, celle d'Internet ! Et pour s'assurer la victoire, elle peut compter sur ses fidèles robots.


Le principe est plutôt intéressant, les producteurs surfant sur le dernier phénomène informatique à la mode pour faire résonner une menace passée. D'autant qu'en dehors des Yétis, la Grande Intelligence s'est aussi entourée de jeunes lobotomisés par leurs écrans d'ordinateurs, les Chillys, qui portent casquette et baskets et écoutent à longueur de journée de la house sur leurs baladeurs. C'est pas moderne à donf', ça, les jeunes ?


Les Chillys sont en fait les étudiants d'une université sectaire développée par une certaine Victoria Waterfield. Les plus anciens fans du Docteur auront ici reconnu le nom d'un Companion de l'ère Troughton, Downtime ayant la bonne idée d'utiliser la naïveté de la petite noble victorienne pour en faire la première des recrues forcées de l'Intelligence. Mais en coulisses, celui qui est possédé par l'entité n'est autre que le professeur Travers, qui était déjà sa victime dans The Web of Fear.


Vous l'aurez compris, Downtime est ultra-référentiel et bourré d'hommages, et si tant est que le Brigadier ne soit pas assez vendeur, il va pouvoir compter sur l'aide de Sarah-Jane Smith. A vrai dire, la journaliste arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, et son rôle est finalement assez minime dans le déroulement de l'intrigue. Mais bon, on ne se lasse pas de revoir Elisabeth Sladen, même lorsqu'elle ne fait pas grand-chose.


De manière globale, les acteurs sont bons, même lorsque ce n'est pas leur boulot. Production semi-professionnelle oblige, certains figurants sont tout simplement des gens de la réal' ! Mais cela n'enlève rien, ou peu, à cette histoire par ailleurs tournée de manière efficace, même si on sent bien par moments que les gars n'avaient qu'une caméra à l'épaule pour filmer les scènes d'action. On doit au passage la réalisation à Christopher Barry, metteur en scène sur de nombreux shows de la série du Docteur.
La post-production a également fourni un travail exemplaire. La bande-son a de la gueule, entre les grésillements d'une house tonique entendue uniquement à travers les écouteurs des Chillys et des notes grégoriennes ennivrantes dans le temple aperçu au début de l'aventure. Et côté effets spéciaux, c'est pas dégueu non plus pour l'époque et pour le budget. C'est en tout cas bien au dessus de ce que j'ai pu voir chez BBV ou chez Dreamwatch.


Hommage tout autant que spin-off, Downtime fait avec les moyens et les modes de son époque tout en renvoyant sans cesse au passé de ses héros, qui sont bien mis en valeur, même lorsqu'ils n'ont objectivement rien à voir avec le choucroute. C'est véritablement le Brigadier qui tient la tête d'affiche, sa vie de retraité trouvant un bucolique écho dans les balades en bord de rivière lors des scènes tournées en extérieur.


Autant je me suis beaucoup plaint de la qualité des DVD's, lorsqu'ils existaient, des précédentes productions indépendantes que j'ai pu critiquer, autant celui-ci (qui date de novembre 2015, soit plus de vingt ans après sa parution originelle en VHS) a tout d'un grand. Présentée dans un coffret contenant deux disques qui, contrairement à leurs homologues, ne font pas cheap, l'aventure est entièrement sous-titrée.
Le premier DVD contient donc le téléfilm, qui dure un peu plus d'une heure, tandis que le second regroupe environ une heure et demi de bonus, à savoir une heure vingt montrant les conditions de tournage, et sept ou huit minutes qui parlent de la post-production. Petit bémol malgré tout : ce deuxième disque ne contient aucune piste de sous-titres. On ne peut décidément pas tout avoir...

samedi 16 juillet 2016

P.R.O.B.E. : the Devil of Winterborne

diffusion initiale : un beau jour de janvier 1995, sans plus de précision
nb d'épisodes : one-shot
DVD :
    > P.R.O.B.E. : the Devil of Winterborne


Docteur : y en a pas
Compagnons : Liz Shaw

Fortes du succès du premier épisode, les équipes de BBV vont récidiver dès l'année suivante, en mettant cette fois-ci un peu plus de moyens dans leur production, qui dure beaucoup plus longtemps que la précédente (une heure vingt contre une heure). Une fois de plus, cette histoire paraîtra uniquement en direct-to-video, et devant le bon accueil qu'elle rencontrera, elle recevra une suite directe, dont je vous reparlerai le moment venu.
Pour l'occasion, une bonne partie de l'équipe a re-signé. Bill Baggs, bien entendu, reprend son poste de réalisateur et de producteur, vu que c'est comme qui dirait le patron de BBV. Mark Gatiss - Mycroft Holmes dans la série Sherlock, rappelons-le - est également de la partie. Il a une fois de plus écrit le scénario, et il tient un second rôle de faible importance, sans aucun rapport avec celui qu'il tenait dans le précédent opus. Ici, il est Georgie, un simplet qui fait l'homme-à-tout-faire dans une grande école. Le gars dont les élèves se foutent un peu...
Mais les rôles principaux sont une nouvelle fois confiés à Caroline John, qui rendosse le costume de l'enquêtrice Liz Shaw, et à Louise Jameson, qui renfile celui de sa patronne. Les deux actrices, égéries en leur temps de Doctor Who, sont toujours aussi efficaces. Leur situation évolue quelque peu puisque leur agence, P.R.O.B.E., est sur la selette : le nouveau ministre se demande si le budget alloué au Preternatural Research Bureau est utilisé de manière convenable.
Et donc, Liz doit enquêter sur un acte criminel perpétré sur l'ancien directeur de l'école sus-nommée afin de prouver que son boulot a de l'importance. Problème : elle se retrouve à devoir faire équipe avec le policier chargé de l'enquête "normale", un certain Burke interprêté par Terry Molloy. Pour l'anecdote, le gars est surtout connu pour avoir incarné Davros dans Doctor Who, pour ses trois dernières apparitions en tant que Némésis du Docteur.
Donc on a d'un côté l'enquête de la maréchaussée, qui s'oriente vers des élèves qui auraient fait une blague qui a mal tourné, et de l'autre l'enquête des services spéciaux, qui privilégie la piste du meurtre satanique. Les deux faisceaux de preuves ramènent quoiqu'il en soit vers la fameuse école, et il est assez rigolo de voir ce flic buté marcher sur les plates-bandes de la Miss Marple des X-Files anglais.
L'école en question, c'est la Winterborne qui donne son titre au téléfilm, et qui est dérivée de la véritable école de Winterbourne, située au sud de Londres, et dans les locaux de laquelle la quasi-totalité de l'aventure a été tournée. Son actuel directeur, et la pièce centrale de l'énigme, est un certain Gavin Purcell, interprêté par nul autre que Peter Davison, le cinquième acteur à avoir incarné le Docteur. Lui aussi avait déjà joué dans le premier P.R.O.B.E., dans un rôle sans aucun rapport avec celui-ci.
Au final, l'histoire de ce téléfilm n'est pas particulièrement originale, et le côté surnaturel est bien moins pregnant que dans le précédent volet. Néanmoins, en dehors d'une dernière scène d'une rare débilité, le sujet du culte satanique est abordé de manière plutôt crédible, avec en toile de fond une relation curieuse et presque dérangeante entre maître et élèves.
Et puis tiens, à propos de relations, The Devil of Winterborne parle ouvertement d'homosexualité et se montre même précurseur en la matière, puisque la saga officielle de la BBC n'abordera pas le sujet avant plusieurs années, et de manière globalement moins fine qu'ici. Si l'on ajoute les mises en scènes macabres tournées de manière résolument plus crues que d'ordinaire, on peut dire que ce deuxième P.R.O.B.E. a une tonalité nettement plus mature que la série dont il découle.
A côté de ça, il souffre aussi de plusieurs défauts. Tout d'abord, certains acteurs, en particulier les adolescents, jouent de manière assez désinvolte, et leur prestation passe assez mal à l'écran. Sans compter, années 90 oblige, qu'ils sont tous fringués dix tailles trop grand pour avoir un minimum de charisme. Sisi, souvenez-vous, nous aussi on portait des futals où on pouvait rentrer à deux et des chemises qui trainaient par terre, à l'époque. N'empêche que ça a mal vieilli.
Le rythme est également assez lent, une tare commune au précédent épisode et qui dérive peut-être du faible budget de cette production. Et puis encore une fois, la qualité sonore n'est pas au rendez-vous, d'autant plus que certaines scènes se déroulent aux abords d'une autoroute. Or, le DVD bénéficie certes d'une version remastérisée avec une qualité d'image accrue, mais ceux qui l'ont sorti ont oublié l'aspect sonore dans leur équation.
Le problème, c'est qu'une fois encore, aucun sous-titre ne vient épauler l'anglophile mitigé. D'ailleurs, la galette est basique, elle ne contient aucun bonus et ne porte aucune image. C'est un disque blanc présenté dans un boîtier ne contenant aucun livret. Ca pue un peu l'amateurisme, quoi. Et comme, une fois encore, le récit est trouvable sur Youtube, ceux que ça intéresse éventuellement pourront se permettre de faire l'impasse sur l'achat physique.

mercredi 13 juillet 2016

Abstract Studios : j'aime les filles !

Nouvelle étape dans mon périple au pays des BD de l'oncle Sam, cet article va s'intéresser à un artiste qui, durant toute sa carrière, a publié ses oeuvres majeures en totale indépendence, sans pour autant bouder les majors, pour qui il a produit quelques comics que l'on qualifiera parfois d'alimentaires. Le meilleur des mondes, en somme. Ce gars-là, c'est Terry Moore, et par extension, on parlera de son studio, Abstract.

L'INSTANT VO (What else ?)
La carrière de Terry Moore commence en 1993 avec une mini-série en trois parties baptisée Strangers in Paradise. Avant cela, il a tenté d'intégrer le cercle fermé des cartoonistes de presse, mais il n'a pas reçu d'écho favorable. Il a également démarché les majors, sans grands résultats non plus. Alors il se tourne vers un petit éditeur, Antarctic Press, qui publie des comics depuis 1984 dans des genres très variés. Terry Moore, lui, va se positionner sur l'étonnant créneau du... vaudeville !
Strangers in Paradise conte les aventures rocambolesques (mais inscrites dans la vie réelle) de deux amies, Francine Peters et Katina Choovanski, alias Katchoo. Francine est douce et naïve, un peu potelée... Katchoo, elle, est nettement plus agressive, limite asociale. Francine considère Katchoo comme sa meilleure amie, mais Katchoo, pour sa part, est amoureuse. Pour compliquer un peu plus les choses, Francine est sur le point de se marier avec un parfait connard, tandis que Katchoo est depuis peu la cible des avances d'un certain David Qin.
La première mini-série se verra compilée en recueil l'année suivante. A ce moment-là, Moore est devenu son propre éditeur, dans la mouvance de Dave Sim (Cerebus) ou Jeff Smith (Bone), et il a fondé Abstract Studios pour publier ses oeuvres. La suite, on la trouvera d'abord chez Caliber Comics, un éditeur qui propose à l'époque l'anthologie Negative Burn, dans laquelle Francine et Katchoo vont faire un court passage, là encore sur le ton de l'humour.


Et puis en septembre de cette même année, Strangers in Paradise repart sur un deuxième volume, une maxi-série en quatorze épisodes. Plus fouillé, le scénario pointe cette fois-ci le passé trouble de Katchoo et ajoute une couche d'enquête policière par dessus l'histoire d'amour/amitié de la précédente mini-série. On y découvre les Parker Girls, escorts et espionnes sans foi ni loi au service de la maquerelle mafieuse Darcy Parker. Et on apprend surtout que Katina en a fait partie, avant de trouver une échappatoire. Du moins le croyait-elle...
Le dernier épisode de ce volume est un peu particulier, dans le sens qu'il raconte non pas les péripéties de Francine et Katchoo, mais d'une certaine Molly Lane, romancière torturée dont la vie trouble fait écho à une autre Molly, une femme du monde du début du vingtième siècle qui a vécu une relation intense avec une mystérieuse Poo. Cette histoire continuera, ponctuellement, dans le troisième volume, sous diverses formes : roman graphique, relation épistolaire... L'histoire est condensée dans le recueil Molly & Poo.


Quelques mois plus tard, Strangers in Paradise revient pour un troisième volume mais, de manière assez curieuse, Terry Moore en confie l'édition au label Homage Comics, du studio Wildstorm de Jim Lee. Souvenez-vous, je vous en ai causé il y a peu. Douze épisodes verront le jour de la sorte, donc un partiellement dessiné par Jim Lee en personne. Le ton est redevenu un peu plus léger, même si l'histoire des Parker Girls est encore au centre de l'intrigue.
En mars 1998, la série retourne dans le giron d'Abstract, et elle y restera jusqu'à la fin, soixante-dix-huit numéros plus tard ! L'épisode 90 parait en mai 2007, et en dépit de quelques passages tarabiscotés, l'histoire d'amour compliquée entre les deux femmes y trouve une conclusion satisfaisante. Durant ces dix ans, Terry Moore se sera consacré exclusivement à leurs démêlés, avec simplement un sourcebook et un épisode spécial appelé Poems & Lyrics, qui regroupe les textes annexes que l'on pouvait trouver dans les fascicules, au gré des pages.


En parallèle, dès l'an 2000, Terry Moore a compilé ses premiers strips humoristiques, ses cartoons destinés à la presse et, de manière globale, à peu près tous ses travaux annexes dans une anthologie baptisée Paradise Too ! Sur quatorze numéros, on découvre tout son talent pour la comédie. Un talent qu'il a mis de temps en temps au service de sa série-phare, mais qui éclate ici au grand jour. Icone de l'anthologie, la petite fée Kixie a même eu droit, pendant un temps, à sa propre websérie.

En 2008, Terry Moore revient avec une nouvelle série, Echo. Cette fois-ci, l'auteur s'intéresse au domaine de la science-ficion, mais il n'en oublie pas pour autant ses bonnes habitudes : des personnages forts, en particulier une héroïne tout à fait crédible, et une patte artistique qui, certes, ne se renouvelle pas beaucoup, mais qui continue d'enchanter les mirettes ! Echo tient sur trente numéros, et si elle n'est pas l'oeuvre la plus marquante de Moore, elle est tout de même assez accrocheuse.

En 2011, Terry Moore lance Rachel Rising, une nouvelle série qui durera cette fois-ci quarante-deux numéros. Une fois de plus, ce sont des personnages féminins qui sont au coeur de l'intrigue, mais ce qui les différencie de celles qui les ont précédées, c'est que ce sont des sorcières. On verse donc dans le registre du mysticisme, avec sur la fin (encore inédite en VF), une réinvention du mythe de l'ange déchu. A vrai dire, cette conclusion est assez décevante, au regard des débuts prometteurs.
Pendant la parution de la série, Abstract Studios a également publié plusieurs fascicules baptisés How to Draw, dans lesquels Terry Moore donne des conseils de dessin, ainsi qu'un mince art book : Hot Girls, Cold Feet. En 2014, enfin, l'artiste est revenu rapidement sur sa première série pour dévoiler sur le ton de l'humour l'enfance de Francine et Katchoo. SiP Kids, tel est le nom de la mini-série, durera quatre épisodes.

En France, Strangers in Paradise a connu un parcours éditorial compliqué. C'est d'abord Le Téméraire qui s'est lancé dans le bain, en proposant la traduction des deux premiers volumes en grand format. Puis Bulle Dog a repris les rênes de la saga en republiant le deuxième volume, cette fois dans sa quasi-intégralité (à l'exception du numéro 14), et les vingt-quatre premiers épisodes du troisième. Enfin, Kyméra a tout recommencé, depuis le début et jusqu'à la fin, y compris l'histoire de Molly & Poo.
L'éditeur a également publié un numéro hors-série comprenant presque tous les How to Draw ainsi que l'art book. Delcourt s'est quant à lui intéressé à la suite, avec la publication d'Echo et Rachel Rising, dans un format proche de ce qu'il propose sur Walking Dead. Au final, seul Paradise Too ! et SiP Kids sont encore inédits par chez nous, ainsi que la fin de Rachel Rising qui ne devrait plus tarder à arriver.
Une fois de plus, j'ai trouvé absolument tout ce que le studio a produit.

Le bilan : 
A lire de toute urgence
Echo (mars 2008, 30 épisodes)
Paru en VF en six tomes chez Delcourt
scénario et dessin : Terry MOORE
Julie Martin, photographe à la vie sociale et amoureuse compliquée, récupère par inadvertance une partie d'une combinaison futuriste surpuissante. L'armée se lance alors à sa poursuite, mais la jeune femme va pouvoir compter sur l'aide du ranger Dillon Murphy. Même quand Terry Moore se lance dans un récit de science-fiction, il n'oublie pas d'y intégrer des relations humaines plus vraies que nature. Et son travail est toujours aussi qualitatif, tant de par son scénario plein de suspens que grâce à un dessin méticuleux.

Hot Girls, Cold Feet (décembre 2011)
Paru partiellement en VF chez Kyméra dans le Strangers in Paradise HS 2
dessin : Terry MOORE
Hot Girls Cold Feet est un ouvrage recensant les plus belles illustrations de Terry Moore, qu'elles soient à peine croquées, colorisées ou peintes. Il s'agit d'un recueil d'images promotionnelles inspirées par Strangers in Paradise ou Echo, ou encore de dessins réalisés lors de conventions. Terry Moore est l'un des plus grands artistes de sa génération, et son amour envers les femmes, dont il a fait sa spécialité, transpire tout au long de ces quelques pages toutes plus sublimes les unes que les autres. Dommage qu'il y en ait si peu...

Strangers in Paradise (1994)
Paru en VF en chez Le Téméraire puis chez Kyméra
scénario et dessin : Terry MOORE
La belle et naïve Francine Peters découvre que son fiancé Freddie Femurs, avec qui elle ne va pas tarder à se marier, la trompe avec sa secrétaire. Sa meilleure amie Katchoo décide de la venger de manière spectaculaire, même si la loi n'est pas forcément de son côté. Qu'il aura fallu attendre longtemps pour découvrir en France ce petit bijou d'humour, publié originellement chez Antarctic Press en 1993. Comédie sentimentale aux personnages réalistes et tellement passionnants, la mini-série de Terry Moore marque aussi pour son dessin sans défauts.

Strangers in Paradise volume 2 (septembre 1994, 13 épisodes)
Paru en VF en chez Le Téméraire, Bulle Dog et Kyméra
scénario et dessin : Terry MOORE
Rattrappée par son passé de prostituée et espionne internationale, Katina Choovansky doit faire face à son ancienne patronne et amante, la cruelle Darcy Parker, et aux non moins redoutables Parker Girls. En outre, l'inspecteur Walsh est en train d'enquêter sur l'organisation criminelle. Terry Moore effectue un virage à cent quatre-vingt degrés, et l'ambiance de la série change du tout au tout. Plus sombre, cette première arche narrative permet malgré tout de développer une véritable intrigue de fond, tout en laissant les personnages évoluer.

Strangers in Paradise : Molly & Poo (juillet 1996, 4 épisodes)
Paru en VF chez Kyméra dans le Strangers in Paradise HS 1
scénario et dessin : Terry MOORE

Au début du XXe siècle, la respectable Molly Flemming vit une aventure insensée avec une certaine Poo. Presque cent ans plus tard, son homonyme est une auteure de romans en mal de reconnaissance qui abat froidement son mari, médecin. Ce recueil de numéros épars des deuxième et troisième volumes de la série de Terry Moore, raconte, de manière surprenante et brillante, l'histoire de personnages jusque là très secondaires, et fait office de sensationnel hors-série.

Strangers in Paradise volume 3 (mars 1998, 75 épisodes)
Paru en VF chez Bulle Dog puis chez Kyméra
scénario et dessin : Terry MOORE

Alors que l'ombre de Darcy Parker et des Parker Girls plane encore sur l'avenir de Katchoo, elle tente désespérément de conquérir le coeur de Francine, sans même se rendre compte, ou refusant de le faire, que David est fou d'elle. Ce qu'elle a appris sur lui... Terry Moore en avait encore sous le pied, et il le démontre tout au long de ces dix ans de parutions plus ou moins régulières. Certaines arches manquent de jus, d'autres tournent en rond, mais dans l'ensemble, c'est une lecture indispensable.

Strangers in Paradise Source Book (2003)
Paru en VF chez Kyméra, dans le dernier tome de Strangers in Paradise
scénario et dessin : Terry MOORE
A travers cet épisode spécial, Terry Moore revient sur la génèse de la série et de ses principaux personnages. Il évoque ainsi les modèles qui les ont inspirés et l'orientation comic strip qui était envisagée à l'origine, puis la manière dont les choses ont évolué. Là où bon nombre d'épisodes de ce genre ne sont qu'une suite de fiches dessinées par différents artistes, Terry Moore préfère détailler le cheminement qui a fait de Strangers in Paradise ce qu'elle est devenue. Très instructif, ce numéro spécial ne manque pas d'intérêt.

A feuilleter à l'occasion
How to Draw (juillet 2011, 5 épisodes)
Paru partiellement en VF chez Kyméra dans le Strangers in Paradise HS 2
rédactionnel et dessin : Terry MOORE
Terry Moore décrit dans les grandes largeurs comment dessiner les femmes, un sujet qu'il affectionne tout particulièrement. Il revient plus en détail sur les expressions, mais aussi sur ce qu'est la beauté ou comment réaliser des illustrations humoristiques. Ceci n'est pas un ouvrage pour apprendre à dessiner, et d'ailleurs l'auteur lui-même s'en défend. Au lieu de cela, Terry Moore préfère s'intéresser à la manière d'aller plus loin lorsqu'on est déjà un artiste, et ses méthodes sont plutôt intéressantes.

Paradise Too ! (2000, 14 épisodes)
scénario : Terry MOORE
dessin : collectif
Kixie la fée ne peut s'empêcher d'embêter la jeune femme chez qui elle a élu résidence, tandis qu'à l'autre bout du monde, l'ours polaire Plato cherche désespérément l'amour. Morris est le chien le plus laid qui soit, mais aussi le plus trouillard... Cette collection d'ouvrages permet à Terry Moore de dévoiler l'intégralité de ses travaux annexes, depuis ses premiers strips humoristiques jusqu'aux croquis préparatoires de Strangers in Paradise, en passant par les histoires courtes qu'il continue d'inventer. L'ensemble est très inégal, mais souvent amusant.

Rachel Rising (aout 2011, 42 épisodes)
Paru partiellement en VF chez Delcourt, mais la suite arrive
scénario et dessin : Terry MOORE
Rachel Beck s'est réveillée... morte ! Trois jours ont disparu de sa mémoire, personne ne la reconnait, et si elle veut comprendre ce qui lui arrive, elle va devoir demander l'aide de sa tante Johnny, experte en médecine, et de sa meilleure amie Jet. Pour sa nouvelle série, Terry Moore donne dans le surnaturel, tendance horrifique. Mais comme à son habitude, il dépeint des personnages tellement puissants qu'ils portent à eux seuls cette fresque, fantastique dans tous les sens du terme. Hélas, la fin gâche un peu tout.

SiP Kids (aout 2014, 4 épisodes)
scénario et dessin : Terry MOORE

Elèves de l'école primaire de Paradise, Francine, Katchoo et tous leurs amis vivent d'incroyables aventures en dépit de la mauvaise volonté de leur camarade de classe, la fille de haute famille Darcy. En vacances à la montagne ou le soir d'Halloween, les enfants s'amusent bien. Résumer la dernière mini-série de Terry Moore revient à la décrire de manière bien niaise, mais c'est grâce à un humour imparable, hérité de ses années passées à produire des strips, et à de merveilleux dessins cartoony que l'auteur parvient une fois de plus à nous embarquer.