mardi 26 juillet 2016

Doctor Who : the Movie

diffusion initiale : le  27 mai 1996
nb d'épisodes : one-shot
DVD :
    > coffret Regeneration ou coffret Revisitations 1 (à privilégier)


Docteur : Paul McGann
Compagnons : Grace Holloway, Chang Lee


HE'S NOT DEAD ! Si l'on fait abstraction de l'épisode spécial Dimensions in Time, il aura fallu sept ans à la BBC avant de redonner une chance à sa vedette défraîchie. Durant ces sept ans, un bon nombre de productions indépendantes ont vu le jour, et vous n'avez qu'à remonter de quelques posts pour voir de quoi je parle. Mais on pouvait croire, avant les premières annonces de ce téléfilm, que la licence Doctor Who était bel et bien morte et enterrée, du moins sous sa forme première (parce que les livres et les comics continuaient à très bien se vendre à la même période).
Ce qu'il faut comprendre, c'est que cette aventure n'est pas non plus un pur produit de la BBC, ou en tout cas pas uniquement. C'est une sorte de projet commun mené par la chaîne de télévision anglaise, à travers sa branche principale (qui détient la propriété intellectuelle) et sa branche dédiée à l'exportation, BBC Worldwide. En effet, il s'agit d'une co-production avec Universal Studios et la chaîne américaine Fox, qui sera du reste la première à diffuser le produit fini, le 12 mai 1996.
De fait, une bonne partie de la prod' est américaine, à la notable exception du réalisateur, Geoffrey Sax, et du producteur, Matthew Jacobs, tous deux anglais. Et le tournage a également eu lieu en Amérique, plus précisément à Vancouver. Cela ne surprendra personne, la cité canadienne étant un peu le Hollywood du petit écran. Par contre, l'histoire se situe à San Francisco, à la toute fin de 1999. Et elle donne dans le grand spectacle à l'américaine, avec force cascades, explosions, échanges de tirs et... bisous baveux entre le Docteur et sa compagne.


Voilà le principal point d'achoppement pour les fans de la première heure, et on peut comprendre, sans même verser dans un fanatisme extrémiste de la série, que la scène du baiser (et même pas un baiser volé, mais une vraie galoche renouvelée sitôt la première terminée !) soit quelque peu out of character. D'autant qu'elle est complètement gratuite, puisqu'il n'y a pas de raison pour que les deux s'embrassent à ce moment-là du film. Du coup, il renouvelleront l'échange de salive à la fin du film, lors du traditionnel happy ending.
Et quitte à laisser les amateurs sur le bas côté, la prod' n'y est pas allée de main morte côté caractérisation, puisqu'on apprend à la volée que le Docteur est doté d'une force surhumaine lorsqu'il dégonde d'un coup de latte la porte blindée de la chambre de morgue où il était enfermé ; que le Maître est capable de prendre la forme d'un serpent psychique pour ensuite posséder un hôte ; et surtout que le Docteur est à moitié humain, du côté de sa mère ! Ce dernier point n'est pas tout à fait contradictoire avec le reste de la saga, rien ne l'ayant confirmé ou infirmé pour l'instant, mais il reste peu probable. On peut par exemple se demander si un "bâtard" pourrait devenir président de Gallifrey, même temporairement.


Nombreux ont donc été les critiques à crier au scandale, côté anglais tout au moins. Parce qu'il faut bien comprendre que ce téléfilm n'est pas prévu comme étant un reboot mais bien une suite de la série, auquel cas on parle de rétrocontinuité, retcon pour les intimes, lorsque de tels bouleversements sont mis en scène sans plus d'explications. Mais pour la défense de la prod', il faut reconnaître qu'elle a dû satisfaire les exigences américaines pour pouvoir importer la licence.
D'où le côté larger than life de certaines situations, d'où l'aspect comédie romantique, d'où l'acteur américain imposé pour jouer le grand méchant... Le gars en question se nomme Eric Roberts, et vous avez déjà dû le croiser une ou deux fois tant il a participé à de nombreux films, téléfilms et séries durant sa carrière. Il n'empêche qu'il surjoue de manière particulièrement peu convaincante, ici, peu aidé il est vrai par un scénario assez plat.


Le pitch : le Maître a épuisé toutes ses régénérations (c'était déjà le cas dans la série télé mais il avait rusé pour continuer à vivre) et il a été condamné à une mort définitive. Le Docteur reçoit la mission, de la part du conseil des Time Lords, de ramener ses cendres sur Gallifrey, mais en chemin, un accident plus ou moins volontaire contraint le TARDIS à se poser en catastrophe dans San Fransisco, à la fin du millénaire.
Partant de là, le Maître parvient à posséder le corps d'un pauvre gars qui n'en demandait pas temps, mais le résultat est médiocre puisque l'hôte se consume petit à petit. La seule solution du badass, c'est de chopper les régénérations de sa Némésis grâce à un dispositif de son cru, et ce quitte à détruire l'espace et le temps dans la manoeuvre. Je vous l'accorde, c'est très brouillon, mais ça permet d'exposer des tas d'effets spéciaux, plutôt réussis pour l'époque, et c'est suffisamment simple pour que même un Américain parvienne à comprendre.


Si cette critique ressemble de plus en plus à un document à charge, tout n'est pas négatif pour autant. Les tares pré-citées viennent toutes de la problématique de base : ce devait être le pilote d'une nouvelle série américano-britannique, et il fallait donc "vendre" le produit à une clientèle néophyte, nourrie à Star Trek : Deep Space Nine à peu près à la même époque. Hélas, si le téléfilm a bien marché en Angleterre, ce ne fut pas du tout le cas aux Etats-Unis.
Trop obscur, trop référenciel peut-être. Parce que malgré tout ce que j'ai dit plus haut, la prod' n'a pas renié l'héritage de la série télé, loin s'en faut. D'entrée de jeu, on est accueilli par le très classique thème musical, remixé à la John Williams un peu comme ce que fera la nouvelle série quelques années plus tard. Il s'accompagne d'ailleurs d'un générique avec en toile de fond le fameux effet tunnel de l'époque Tom Baker, qui lui aussi sera repris en 2005. Les concepts de base aussi sont tous là : Gallifrey, les Time Lords, le TARDIS (plus rococco que jamais), le tournevis sonique, la régénération...


Et si certains de ces concepts sont simplements évoqués, rendant d'autant plus compliquée la compréhension par un public peu averti, d'autres sont intensément explicites. Le fameux cloître du TARDIS est par exemple au coeur de l'intrigue, de même que la régénération et ce qu'elle implique de bouleversements physiques et psychologiques.
D'ailleurs, le gros coup de la production, à destination des fans de la première heure, c'est l'importante participation de Sylvester McCoy, le précédent Docteur. Certes, Paul McGann est la star du show, et sa candeur presque humaine (à demi humaine ?) comme son romantisme, appuyé par son costume de la Belle Epoque, font mouche. Mais durant le premier quart d'heure, c'est Sylvester McCoy aux commandes, dans un style plus zen que celui qu'il avait précédemment.


Ce n'est donc pas un si mauvais épisode que ça, et puis surtout, c'est presque tout ce que les Anglais ont pu se mettre sous la dent pendant pratiquement dix ans. C'est d'ailleurs ce que rappelle une bonne partie des très nombreux documentaires de l'édition spéciale, que l'on trouve dans le coffret Revisitations 1 aux côtés de The Talons of Weng-Chiang (S14E6) et The Caves of Androzani (S21E6). A priori, cette version n'est pas vendue unitairement. Sinon, on trouve le téléfilm dans un DVD sans aucun bonus du fameux coffret Regeneration, dont je vous ai déjà parlé.

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