vendredi 1 juillet 2016
Doctor Who : Dimensions in Time
diffusion initiale : les 26 et 27 novembre 1993
nb d'épisodes : 2 répartis en une aventure
DVD : non, mais trouvable sur Internet
Docteurs : Jon Pertwee, Tom Baker, Peter Davison, Colin Baker, Silvester McCoy
Compagnons : Susan Foreman, Victoria Waterfield, Liz Shaw, Sarah-Jane Smith, Leela, K-9, Romana(dvoratrelundar), Nyssa, Perpugilliam "Peri" Brown, Melanie "Mel" Bush, Dorothy "Ace" McShane, Alistair Gordon Lethbridge-Stewart et Mike Yates
WHAT THE FUCK ?! La plupart des connaisseurs vous diront que Doctor Who est mort pendant sept ans, considérant à juste titre qu'il n'y eut aucun épisode officiel entre Survival, diffusé fin 89, et le téléfilm de 96. Cependant, les initiatives ont été nombreuses durant les années 90 pour faire perdurer la franchise, c'est ce que nous verrons durant les prochains articles. Et dès 93, soit "seulement" quatre ans après la fin de la série, un véritable épisode a vu le jour.
Ecrite par l'emblématique producteur John Nathan-Turner, cette histore bipartite est considérée comme en dehors du canon pour la simple et bonne raison qu'il s'agit d'un crossover avec les personnages du soap-opera EastEnders, saga forte de plus de cinq milles épisodes à ce jour ! Drôle d'idée de mêler le pape de la science-fiction kitch à la vie bien banale des banlieusards londonniens, mais c'est pour une bonne cause.
En effet, à l'image de The Five Doctors dix ans plus tôt, cette aventure a servi à promouvoir le Children in Need, une sorte de téléthon de l'autre côté de la Manche, dédié aux enfants défavorisés. La différence, c'est que cette fois-ci le programme a été fait exprès pour ça, plutôt que de décaler sa date de diffusion pour coïncider avec l'évènement. D'ailleurs, les épisodes sont entrecoupés de plateaux où Jon Pertwee plaisante avec le présentateur Noel Edmonds, et demande d'appeler afin d'inciter aux dons.
Le Children in Need, c'est l'un des trois téléthons brittons mais le seul à être réalisé et diffusé par la BBC. Présenté historiquement par Sir Terry Wogan, sorte de Jean-Pierre Foucault irlandais, l'évènement brassait dix-sept millions de livres (soit en gros 23 millions d'euros) cette année-là, quand son équivalent français rapportait 55 millions d'euros après conversion. Ca paraît peu, mais les Anglais sont un peu moins nombreux que nous, et rappelez-vous qu'ils donnent à trois évènements similaires.
Et donc, Pertwee et Edmonds les incitent à donner. Pour ce faire, la prod' a mis en place une aventure un peu interactive. Mais vraiment un tout petit peu : à la fin du premier épisode, Edmonds demande aux spectateurs de choisir qui viendra en aide au Docteur dans l'épisode suivant, parmi les personnages d'EastEnders. Et effectivement, dans l'épisode suivant, c'est la gagnante des votes qui file un coup de main, même si la scène est tellement mal tournée qu'elle donne l'impression du contraire.
Ce n'est pas le seul truc incroyable dans cette histoire : elle est en 3D ! Bon, je calme tout de suite les ardeurs des fans, c'est de la 3D stéréoscopique obtenue par effet de Pulfrich. Il faut des lunettes un peu comme pour les images anaglyphiques (la paire rouge et verte qu'on trouvait dans le Journal de Mickey), sauf qu'ici il s'agit d'une paire avec un seul filtre noir. Ca donne un décalage, qui crée l'illusion de 3D lorsqu'il y a un mouvement latéral, mais pas quand il y a un mouvement vertical.
Et du coup, pendant toute l'histoire, les personnages se déplacent façon traveling hollywoodien des années 20 ! De toute façon, le synopsis est à la hauteur du légendaire budget de Doctor Who : la Rani est de retour, et elle a piégé le Docteur et Ace dans une boucle temporelle, ou plutôt dans plusieurs boucles, puisque chacune de ses incarnations passées se retrouve dans la mouise. Est-ce à dire que tous les Docteurs sont présents ?
Pas vraiment. Déjà parce qu'à l'époque, William Hartnell et Patrick Troughton sont morts. Leur absence est justifiée par le fait qu'ils sont déjà piégés dans la boucle, et on ne voit d'eux que des représentations 3D, tellement pas ressemblantes que le néophyte se demandera ce que sont ces deux étranges têtes qui tournent dans le TARDIS de la Rani. Tom Baker est lui aussi piégé, mais il parvient à lancer un appel à ses autres lui. C'est la première fois qu'il revient sur la saga, lui qui en était parti fâché à mort avec JNT.
Par contre, côté Compagnons, ça défile. Alors bien sûr, ils ne pouvaient pas tous être là, et déjà leur grand nombre sur une si petite durée leur donne un temps de parole, voire un temps de présence, minime. Mais il y en a de toutes les époques : Susan représente Hartnell, Victoria représente Troughton, Liz Shaw et UNIT représentent Pertwee, Sarah-Jane, Romana, Leela et K-9 représentent Tom Baker, Nyssa représente Davison, Peri représente Colin Baker et Mel et Ace représentent McCoy.
Reste à expliquer leur présence... Et là, c'est le drame. Autant on pourrait imaginer que l'imbroglio temporel puisse justifier laborieusement la présence des différents Docteurs, autant on ne parvient pas à comprendre pourquoi un coup un Docteur est avec un Compagnon et une seconde après avec un autre. Peu importe au final, c'est le fan-service qui l'emporte, et ça fait plaisir de revoir des duos récents ou non.
Et même d'autres carrément improbables, comme Victoria avec Pertwee ou mieux encore, Susan avec Colin Baker. Et tiens d'ailleurs, en parlant de ce bon vieux Sixth, c'est la toute première fois qu'il rencontre le Brigadier. Les deux auront droit d'ailleurs à la seule scène un minimum spectaculaire de l'histoire, une scène qui implique un hélicoptère. Dès que Who veut faire dans le grandiloquent, il loue un hélico ! Notez aussi le retour de Bessie, la voiture de Pertwee.
Face à tout ce beau monde... du beau monde aussi. La Rani est la principale adversaire du jour, principalement parce que ni Anthony Ainley (le Maître), ni Michael Gough, qui jouait le Celestial Toymaker dans l'aventure éponyme (S3E6), tous deux un temps considérés, n'ont pu se rendre disponibles. Mais elle n'est pas venue seule. En effet, le but de sa manoeuvre est de se créer une ménagerie de personnages de tout l'univers, et elle a déjà dans ses rangs des Cybermen, des Ogrons, des Sea Devils et même un Time Lord, ou encore la Fifi de The Happiness Patrol (S25E2).
Tous ceux-là et bien plus encore, elle va les lâcher sur les différents Docteurs et leurs Compagnons dans une tentative de reprendre la main. Il aurait aussi dû y avoir des Daleks, bien sûr, mais le torchon brûle de nouveau, à l'époque, entre leur créateur Terry Nation et la BBC.
Principalement parce que Nation souhaite toucher des royalties sur chaque apparition des poivrières à roulettes. Or, non seulement il s'agit d'un show caritatif, mais aucun des acteurs présents n'a été payé, tous participant bénévolement à cette belle action. C'est d'ailleurs la condition sine qua non : personne ne doit faire d'argent sur cette histoire, pas même la BBC, qui n'a jamais édité de DVD ni d'autres formats.
On ne trouve donc pas Dimensions in Time dans le commerce, mais heureusement, il est tout à fait possible de le regarder sur la Toile, et en particulier sur Youtube. Sans sous-titre ni bonus, mais c'est le prix à payer pour quelque chose de gratuit, si vous voyez où mène l'oxymore. Fait-elle partie de la continuité de Who ? Assurément pas. Marque-t-elle un jalon important dans la saga ? Que oui ! Originale à bien des égards, elle fait le pont entre la fin de la série désormais dite classique, et le téléfilm. Ce n'est pas le seul pavé de la route qui conduit en 1996, mais c'est le seul officiellement approuvé par la BBC.
L'épisode que je vous conseille : on va faire un break sur ce dernier paragraphe pendant quelques temps, rapport au fait que comme quoi qu'il y a qu'une seule aventure à la fois, si tu voyez-vous ce que je veux dire.
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