nb d'épisodes : 13 répartis en dix aventures
DVD :
- > en VO, coffret The Complete Second Series (contient
les 13 épisodes)
> en VF, coffret Saison 2 (contient aussi les 13 épisodes, mais c'est moins bien)
Docteur : David Tennant
Compagnons : Rose Tyler, Lady Cassandra O'Brien.Δ17, Mickey Smith et Jackie Tyler
ALLONS-Y, ALONSO ! Avec le recul, je me rends compte que ma critique de la première saison était un peu rude, même si tous les points étaient justifiés. J'ai simplement ômis de préciser que le facteur fun, primordial dans tout show, était bel et bien présent du début à la fin, et je vais essayer, pour cette deuxième saison, de me montrer le plus objectif possible. Ca va être plus facile, parce qu'elle est plutôt réussie.
Si Russell Davies est toujours au pouvoir, les scénaristes sont un peu plus nombreux cette fois-ci. Ils sont sept exactement, et hormis le producteur exécutif, on retrouve Mark Gatiss (Mycroft, vous vous souvenez ?) et Steven Mofatt. Les autres sont des petits nouveaux. Il y a Toby Whithouse, qui participe encore aujourd'hui à la série ; Tom MacRae, qui pour sa part n'a pas contribué à la licence depuis 2011 ; Matt Jones, qui a simplement écrit un épisode pour Torchwood par la suite ; et Matthew Graham, dont c'est la seule contribution.
Davies s'occupe une fois de plus des épisodes d'ouverture et de clôture, mais aussi d'une aventure un peu spéciale. Tourné en partie comme un document amateur, Love & Monsters ne voit Rose et le Docteur apparaître que de manière très ponctuelle, le récit se concentrant sur des gens qui ont croisé, au moins une fois dans leur vie, le Docteur, et qui en sont restés tellement marqués qu'ils cherchent absolument à suivre sa trace.
On l'aura compris, il s'agit avant tout d'une parabole sur les communautés de fans, un phénomène qui a particulièrement touché la série dans les années 60 et 70 et que Davies traite ici avec un regard à la fois bienveillant et un peu apitoyé. S'appuyant sur l'exceptionnelle performance de Marc Warren (Mr Teatime dans l'adaptation du Hogfather de Terry Pratchett), l'histoire peut aussi compter sur quelques acteurs savoureux, dont Peter Kay, grand ponte du burlesque outre-Manche et qui joue ici le grand méchant, ou Shirley Henderson, que vous connaissez sans doute pour son rôle de Mimi Geignarde dans la saga Harry Potter.
Ajoutez une bande-son qui contient du Elton John (heureusement très peu, rassurez-vous, c'est juste pour une vanne) et surtout du Electric Light Orchestra toutes les deux minutes, des références à la première saison comme s'il en pleuvait, et ça commence à avoir de la gueule ! Mais le plus original, c'est quand même le grand méchant. En effet, l'Abzorbaloff, tel est son nom, a été créé par... un gamin de neuf ans ! Suite à un concours dans l'émission Blue Peter, il a gagné le droit de voir son dessin devenir un vrai vilain de Doctor Who. C'est pas cool, ça ? Imaginez-vous dessiner le prochain badass qu'affrontera Julie Lescaut !
Et puis tiens, puisqu'on parle de Harry Potter (sisi, c'est juste quelques lignes plus haut, vous avez vraiment aucune mémoire ?), sachez que l'épisode d'ouverture réemploie plusieurs figures majeures de l'aventure The End of the World de la saison précédente, à savoir la Face of Boe, et Lady Cassandra (ainsi que ses robots-araignées). Quel rapport avec l'apprenti-sorcier ? Eh bien je l'ignorais parce que sa précédente apparition était exclusivement en images de synthèse, mais celle qui interprête Cassandra n'est autre que Zoe Wanamaker, l'actrice qui campe le professeur Bibine dans l'adaptation des romans de J.K. Rowling.
En dehors de ça, New Earth sert aussi à faire le contraste avec l'avenir assez pessimiste que Davies promettait à l'humanité dans The End of the World, même si cette nouvelle Terre, au premier abord paradisiaque, cache aussi de lourds secrets. Tout n'est pas réussi dans cet épisode d'ouverture, en particulier les masques des soeurs-chats et, de manière globale, les effets spéciaux, mais l'histoire est bien foutue et les passages où Cassandra change de corps sont rigolos. Pour l'anecdote, on apprend ici que le papier psychique sert aussi à recevoir des messages.
Du Harry Potter, j'en ai encore plein les poches, si ça vous dit, et là, c'est du croustillant ! Vous le savez, Tennant s'est notamment fait connaître grâce à la Coupe de Feu, où il interprêtait un méchant du nom de Barty Croupton Jr. Dans le film, on croise aussi son père, globalement dans le camp des gentils, et qui est joué quant à lui par Roger Lloyd-Pack. Eh bien ce bon vieux Roger va recroiser David, et cette fois-ci, les rôles s'inversent : Tennant est le héros tandis que Lloyd-Pack est John Lumic, le badass des épisodes Rise of the Cybermen et The Age of Steel.
Vous l'aurez deviné, ces deux opus nous causent du retour des Cybermen. Cela se passe dans une autre dimension, et c'est ce qui sert de prélude au dyptique final, mais nous y reviendrons. Les nouveaux Cybermen sont impressionnants en tout cas, et ils vont faire des dégâts considérables. Mais bon, c'est "pour de faux", vu que c'est pas "notre Terre", pas vrai ? En tout cas, ce two-parter comme celui qui cloture la saison sont réalisés par Graeme Harper, seul metteur en scène à avoir participé à la fois à la série classique et à la nouvelle !
Ce qui est amusant, c'est que la prod' a voulu ses nouveaux Cybermen aussi iconiques que les Daleks lors de leur première apparition. Moins humains qu'auparavant, ils font montre ici d'une capacité destructrice rare et, surtout, l'histoire a été construite strictement sur le même modèle que la légendaire aventure Genesis of the Daleks (S12E4), de sorte à faire un parallèle évident entre John Lumic et Davros. Si l'imagerie nazie n'est ici pas franchement présente, le totalitarisme de cette Terre secondaire passe par une technologie bien angoissante. Et tout comme Davros, Lumic est accompagné d'une éminence grise que l'on ne peut qualifier que de petite catin.
A la fin du dyptique, Mickey Smith, le petit-ami de Rose, quitte l'équipage du TARDIS, qu'il avait rejoint deux épisodes plus tôt. School Reunion était d'ailleurs l'épisode des retrouvailles, non seulement entre la miss Tyler et son friend-with-benefice, mais aussi et surtout entre le Docteur et deux anciens Companions : Sarah-Jane Smith et K-9 ! Ainsi, non seulement cette saison 2 tease à mort sur la future série Torchwood, mais elle sert aussi à raviver la mémoire des fans dans l'espoir de construire quelque chose autour de ces deux stars déchues.
Passée une histoire qui rappelle un peu trop celle du spin-off non-officiel Downtime, cet épisode s'appuie sur un cast de folie, avec donc Elisabeth Sladen et John Leeson, mais aussi Anthony "Buffy the Vampire Slayer" Head en grand méchant. C'est en tout cas l'occasion d'évoquer le bon vieux temps, et cela donne lieu à une très amusante joute verbale entre Sarah-Jane et Rose. Du reste, la jalousie entre les compagnes sonne juste dans cette saison où le Docteur joue les tombeurs.
Dans l'épisode d'ouverture, il se faisait furieusement emballer par Rose, qui était certes sous l'influence de Cassandra, et dans The Girl in the Fireplace, il goûte aussi à la salade de langues avec nulle autre que Madame de Pompadour ! Scénarisé par Steven Moffat, cet épisode est certes bien barré, à base de chevaux dans un vaisseau spatial et de robots pendant la Renaissance, mais il dégage pas mal d'émotions, et aborde quelques thématiques, en particulier le passé du Docteur, que Moffat creusera lorsqu'il deviendra showrunner.
Dans le reste de l'actualité, on trouve aussi The Idiot's Lantern, qui revient sur les débuts de la télévision dans une atmosphère au départ assez flippante mais finalement râtée, la faute à une méchante insupportable. Un autre dyptique, qui voit la première apparition des Ood et qui interroge le spectateur, à travers le Docteur, sur ses convictions religieuses, est également à signaler. Et enfin, Fear Her, qui se déroule pendant les jeux olympiques de 2012 (pas encore passés à l'époque) et qui voit le Docteur faire montre de surprenants pouvoirs psychiques face à une fillette, et révéler à cette occasion qu'il a été "père, autrefois". Ce qui tendrait à prouver que Susan est potentiellement sa vraie petite-fille.
Cette saison a été construite autour de la relation entre le Docteur et Rose, qui est appelée à évoluer de manière drastique. Au cours de ces treize épisodes, le Docteur est celui qui déroule les grands plans sans se soucier des détails, tandis que Rose s'attarde sur l'aspect humain des problèmes que le duo rencontre. Ca, c'est pour les grandes lignes, parce qu'ils deviennent de plus en plus proches au fil du temps, et Mickey qui s'impose dans le TARDIS, voire Jackie qui se retrouve embarquée par mégarde, c'est autant de nouveaux éléments qui viennent contrarier leur étrange amitié.
Davies va en jouer tout au long de la saison, mais un autre fil rouge se dégage tout de même : Torchwood. La mystérieuse organisation, à peine évoquée durant la première saison et dont on a simplement vu les agissements lors du Christmas Special, est au centre du récit et devient un élément capital lors du dyptique de fin. Mais tout le long de cette saison, des allusions lui sont faites.
Tout commence lors du deuxième épisode, qui se situe dans l'Angleterre victorienne. Justement, le Docteur et Rose y retrouvent la reine Victoria, campée magistralement par Pauline Collins, une actrice qui avait déjà participé à la série classique dans l'aventure The Faceless Ones (S4E8), aux côtés de Patrick Throughton ! La monarque, en déplacement, fait face à une énième tentative d'assassinat, cette fois par des moines adeptes de Tigre & Dragon qui contrôlent un loup-garou !
Ca peut paraître ridicule écrit comme ça, mais l'ambiance est magistralement posée grâce à des décors somptueux, des costumes d'époque comme seule la BBC sait en produire, une bande-son qui déboîte et des effets spéciaux pas dégueus. Si bien que même les scènes de kung-fu ne semblent pas si hors-sujet que ça. Et la série se permet même de réécrire l'histoire en expliquant que l'hémophilie dont souffre la maison de Hanovre à compter de Victoria masque en fait la lycanthropie qu'elle a contractée en se faisant griffer par le loup-garou !
Quoiqu'il en soit, Tooth and Claw est donc l'épisode de la fondation de Torchwood. Le manoir où se déroule l'action s'appelle Torchwood Estate, et à la fin de l'épisode, Victoria déclare la guerre aux extraterrestres et chasse d'Angleterre le Docteur, qu'elle considère comme une menace pour l'empire. C'est dans le but de lutter contre ce type de dangers que Torchwood aura les pleins pouvoirs, et à partir de là, leur zone d'influence s'étale à travers toute l'histoire.
Dans l'épisode suivant, Mickey essaie d'obtenir des informations classées secret Torchwood, et si l'aventure suivante n'y fait pas mention, Torchwood est dans les news durant le premier dyptique de la saison. L'allusion est plus subtile dans l'épisode suivant, qui se déroule durant le sacre d'Elizabeth II, mais moins dans le deuxième two-parter, puisque l'équipe que rejoignent Rose et le Docteur s'appelle la Torchwood Archive. On utilisera ensuite les Torchwood Files dans Love & Monsters, et Fear Her mentionnera l'organisation dans un discret commentaire sportif à peine audible.
Mais c'est bien évidemment les deux derniers épisodes qui sont le plus représentatifs, puisqu'on y découvre enfin les locaux et le personnel de l'agence secrète. Et autant le dire tout de suite, c'est pas joli-joli. On comprend en effet que Torchwood n'hésite pas à flinguer des vaisseaux extraterrestres, même pacifiques, s'ils ont l'outrecuidance de survoler la Terre. L'organisation dissèque ensuite les potentiels cadavres et s'arroge le matériel qu'elle peut récupérer.
Science sans conscience n'est que ruine de l'âme, disait Rabelais, et comme dans toute histoire de science-fiction traitant du sujet, ces abus vont se retourner de manière quasiment karmique contre Torchwood, qui se retrouve envahie en même temps par les Cybermen et les Daleks ! Cette fois-ci, les Cybermen sont sur la vraie Terre, la notre, et les Daleks ont encore trouvé un moyen de revenir, en utilisant cette fois-ci la technologie des Time Lords. C'est la première fois qu'ils se battent les uns contre les autres, et ça vire rapidement au carnage.
Les Daleks surclassent rapidement les Cybermen, et de manière assez étonnante, ils se permettent même des vannes à l'encontre de leurs nouveaux souffre-douleur. Ce two-parter signe aussi le retour de Mickey Smith, et la fin de l'arche narrative concernant la Terre parallèle, sur laquelle restera finalement l'intégralité de la famille Tyler. Voilà qui signifie la fin de parcours de Rose Tyler (le tout sur la bande-son la plus déchirante de toute l'histoire de la série), peut-être le Companion le plus réussi de toute la série à ce stade, parce que c'est celui sur lequel les scénaristes se sont le plus appuyés, quitte à faire passer parfois le Docteur pour une sorte de mentor distant.
Celle qui remplacera bientôt Billie Piper, c'est Freema Agyeman et, chose amusante, elle apparaît dans la série sous un autre rôle, avant d'interprêter Martha Jones ! Elle est en effet la première à être convertie par les Cybermen, dans Army of Ghosts. Toujours au chapitre des compagnes de voyage, signalons que Doomsday se conclut sur l'apparition, très étrange, de Catherine Tate, qui préfigure l'épisode de Noël The Runaway Bride. En effet, Donna Noble sera la star de cet épisode, mais elle n'intègrera la série de manière régulière qu'un an plus tard !
Bref, c'est un peu le bordel, mais après tout, c'est pour démêler ce genre d'imbroglios qu'existe mon trombinoscope en début d'article. Au chapitre des petits détails qui tuent, signalons que c'est dans Army of Ghosts que le Docteur cherche pour la première fois à placer son célebre "Allons-y, Alonso !". On découvre aussi un nouvel usage du papier psychique, qui permet désormais d'ouvrir les serrures à verrouillage numérique (on se demande à quoi sert le tournevis sonique, au final). Et enfin, pour la première - et unique ? - fois dans ce dyptique sont mentionnés les Eternels, par opposition aux Time Lords. A l'heure où j'écris ces lignes, c'est la seule fois où la série en a parlé, mais sait-on jamais ?
Une fois de plus, le coffret VF, dans sa première version en tout cas, se compose de quatre disques, et ne contient ni bonus, ni même de piste VOST. Et il n'embarque même pas le Christmas Special. A contrario, l'intégrale en version originale contient le spécial et les treize épisodes, le tout sur cinq DVD. Le premier propose aussi, en bonus, la courte histoire Born Again, dont je vous ai parlé dans le précédent article. Et le coffret contient même une sixième galette, avec les treize Doctor Who Confidential de la saison et un journal vidéo de près d'une heure et demi concernant les débuts de David Tennant sur la série. Alors, quand est-ce que vous décidez de vous mettre à l'anglais ?
L'épisode que je vous conseille : The Idiot's Lantern. Comme si les "Feed me !" criards du Câble ne suffisaient pas, supporterez-vous de voir David Tennant porter la banane ? Moi, non.
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