vendredi 2 septembre 2016

Doctor Who : Scream of the Shalka


diffusion initiale : du 13 novembre au 23 décembre 2003
nb d'épisodes : 6
DVD : Doctor Who : Scream of the Shalka

Docteur : Richard E. Grant
Compagnons : Alison Cheney, le Maître


WHO DO YOU THINK YOU ARE ? En 2003, les quarante ans de Doctor Who se poursuivent, et personne à la BBC ne semble vouloir fêter dignement l'anniversaire. Personne, sauf les gens du site internet de la Beeb qui, après quelques webcasts à succès, ont envie de proposer une véritable saison animée en exclu sur la Toile. Après maints déboires, ce seront finalement six épisodes qui verront le jour, d'une quinzaine de minutes chacun.
Quelques années plus tôt, le scénariste de comics et romancier Paul Cornell a écrit un bouquin baptisé Doctor Who : Scream of the Shalka, et c'est celui-ci qui est choisi pour être adapté à l'écran. Pour éviter de longues mises en buffer à une époque où les connexions étaient en 56k au mieux, c'est la technologie Flash qui est choisie. Nous verrons que cela pose quelques contraintes, mais en attendant, l'ensemble est fluide.
Quant au cast, il est plutôt élaboré. Robbie Williams aurait - aux dires des intervenants - rêvé de jouer le Docteur dans cette aventure, mais son emploi du temps ne le permettant pas, c'est Richard E. Grant qui est choisi. C'est la première fois que le Docteur n'est pas incarné par un Anglais, Grant étant originaire du Swaziland. L'acteur a, en fait, déjà incarné le héros quelques années plus tôt pour la parodie The Curse of Fatal Death, et on le reverra dans la nouvelle série bien plus tard, interprêtant cette fois-ci la Grande Intelligence. On pourra bientôt le voir, paraît-il, au cast de Game of Thrones.


Au départ hautain et sarcastique, le personnage est en outre habillé comme un vampire et sa coupe de cheveux le fait passer pour Dracula. Mais à mesure que Grant prend la mesure du héros, il devient aventureux et roublard, intelligent et eccentrique. Et il chante faux. A ses côtés, une certaine Alison Cheney (Sophie Okonedo, son interprête, reviendra dans la nouvelle série pour jouer la reine Liz dix), barmaid de son état, va devenir la nouvelle Compagne, même si le TARDIS n'est pas totalement vide au départ. En effet, le Docteur, on le découvre au fil des épisodes, est accompagné par... le Maître !


En fait, il sera révélé qu'il s'agit d'un robot programmé avec la mentalité de la Némésis du héros, et Derek Jacobi - alias le moine Cadfael - joue la fausseté à la perfection. On ne sait jamais si, ou plutôt quand, le Maître va essayer de trahir son pote. Lors de la troisième saison de la nouvelle série, il reprendra le rôle avant sa régénération en John Simm. Pour être tout à fait complet, signalons que l'armée britannique a un grand rôle à jouer dans Scream of the Shalka, et toute une unité de soldats voyage dans le TARDIS à cette occasion. Précisons qu'il ne s'agit pas de UNIT, même s'il y est fait référence (ce qui est, je vous l'accorde, difficile à distinguer sur ma capture d'écran).


Pour en finir avec le cast, signalons un tout petit caméo de David Tennant, le futur numéro dix. Un mot sur l'histoire ? Des créatures appelées les Shalka (c'est invariable) ont envahi les sous-sols de Londres et s'apprêtent à conquérir le monde grâce à leurs armées d'esclaves. Leur moyen de défense est original, et donne lieu à de bons twists. Et puis surtout, le format animé autorise tous les délires et, peut-être pour la première fois de toute la saga, les monstres sont enfin crédibles et impressionnants.
Du reste, la réalisation est plutôt sympa. Le style graphique est très agréable, et le jeu sur les ombres est intéressant. Les personnages sont très ressemblants aux acteurs qui les interprêtent, et l'ambiance, notamment des premiers épisodes, est parfaitement posée. Par contre, il a fallu tricher pour éviter que ça rame, et la mise en buffer est assurée lors de scènes fixes qui viennent un peu casser le rythme de l'aventure. En outre, de manière globale, l'animation est vraiment mauvaise, une constante que l'on retrouvera hélas sur les épisodes de la série classique remontés sur le même principe.


Le montage est très fluide. Si l'on compare à la série classique qui utilisait le même format d'épisodes, Scream of the Shalka est plus nerveux, en particulier parce qu'on évite le résumé de l'épisode précédent en ouverture. Et puis le thème de la série, remixé de manière un peu technoïde, donne le la question nervosité. Ajoutons un subtil message écologique délivré à l'avant-dernier épisode et une conclusion apocalyptique, et nous tenons là un chouette cadeau d'anniversaire.
D'autant que certaines idées sont très bonnes. Le Maître-robot, c'est génial ! Le fait que le Docteur soit semble-t-il poussé à l'interventionnisme par son TARDIS (ou par des Time Lords qui le contrôleraient, l'explication n'est pas claire), c'est malin. Et le secret qu'il semble cacher, et qui concerne vraisemblablement la mort d'un ancien compagnon, ça fait un peu écho au tabou sur la Guerre du Temps qui sera le fil rouge de la nouvelle série.


L'ennui tient en une phrase. A propos d'un chat disparu, le Docteur suppute, amusé, qu'il a épuisé ses neuf vies. Et surtout, il rajoute un "comme moi" qui laisse songeur. Grant serait donc le dixième Docteur, ce qui à la fois avalise The Curse of Fatal Death, qui n'était pourtant qu'une parodie officiellement hors continuité, et décrédibilise la nouvelle série. Car entre le début de la production et la sortie de Scream of the Shalka, la BBC a changé son fusil d'épaule et a validé le projet de Russell T. Davies de relancer le bon Docteur.
Si on résume, entre Paul McGann (numéro huit) et Christopher Eccleston (numéro neuf), on trouve donc Rowan Atkinson, Richard Grant et, dernièrement, John Hurt. Ca commence à faire beaucoup, et le pire, c'est que tous les trois sont apparus sous le sceau de la BBC, donc en théorie officiellement. Sans compter les autres délires de The Curse of Fatal Death, dont je vous ai parlé dans le précédent article. Cette période est donc assez trouble, pleine de rétro-continuités mal branlées, et en guise de point final, tant Curse que Shalka sont considérées comme non-canoniques, mais plus parce qu'on s'y perd que parce qu'il y aurait vraiment matière à y redire.

Le DVD est présenté de la même manière que ceux de la série classique, et en plus des six épisodes, il comporte plusieurs documentaires. Le premier s'intéresse à la génèse du projet et m'a servi à écrire cet article, le second reprend plusieurs interviews des acteurs, et le dernier retrace l'historique des différents sites web de la BBC, à l'époque où nos modems faisaient du bruit et où les pages s'affichaient ligne par ligne.

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