mardi 11 octobre 2016

Crossgen Comics : à nos actes manqués

A la fin du précédent millénaire, le PCA (Paysage Comics Américain, j'invente des acronymes si je veux) est clairement trusté par DC et Marvel, Image et Dark Horse se partageant les miettes et les suivants étant quasiment inexistants. Mais le gars dont je vais vous parler aujourd'hui a décidé de changer la donne. Il veut devenir le nouveau numéro trois, et il a de sacrés arguments. Seul petit problème : le public ne suit pas...


L'INSTANT VO (What else ?)
Mark Alessi est un businessman. PDG de plusieurs boîtes dont Technical Resource Connection, il monte à la fin des années 90 sa propre société visant à produire des comics, qu'il appelle Cross Generation Entertainment. Rapidement rebaptisée Crossgen, l'entreprise arrive alors que la bulle spéculative sur les comics s'est déjà dégonflée, mais Alessi voit les choses en grand, et décide également de s'accaparer le MegaCon, une convention basée à Orlando et qui était à l'époque concurrente du ComicCon de San Diego. Forcément, l'idée est de promouvoir ses propres titres, au détriment des concurrents.
La manoeuvre n'est ni très habile, ni très efficace, d'autant que les premiers titres n'arriveront qu'un an plus tard. Et encore, il s'agit majoritairement de bouquins promotionnels, préludes ou previews. CrossGenesis et le Crossgen Primer présentent ainsi les séries à venir, le deuxième étant fourni en supplément du numéro de janvier 2000 du magazine spécialisé Wizard. Le mois suivant, le mag' reçoit un autre supplément, Crossgen Special, qui non seulement parle de la ligne de lancement de l'éditeur, mais aussi de titres qui n'arriveront au mieux que l'année suivante !
Le véritable départ a lieu en juin, avec Crossgen Chronicles. Il s'agit d'une série anthologique, dont chaque épisode concernera l'une des séries de l'éditeur, qu'elle éclairera d'un jour nouveau. Le premier numéro, dessiné par Claudio Castellini, présente l'univers Crossgen dans son ensemble. Cet univers sera baptisé Sigilverse, en référence aux Sigils. Il s'agit de marques qu'obtiennent, généralement à leur insu, les héros de chaque série Crossgen, et qui leur donnent des pouvoirs incroyables. Les Sigils seront au centre de la plupart des intrigues.
Les quatre épisodes suivants sont l'oeuvre du grand George Perez, et concernent donc les quatre séries qui débutent en juillet. Mystic est une histoire de sorcières et de magie, dessinée par Brandon Peterson. C'est la série qui sera le plus mise en valeur, alors que dans l'absolu, c'est loin d'être la meilleure. Mais elle n'est pas pire que Meridian, une bluette bien gnan-gnan mise en images par Joshua Middleton. Sigil, par Barbara Kesel et les frères Lai, est un pur space-opera, tandis que Scion mêle joyeusement heroic-fantasy et éléments de science-fiction. Au dessin, un illustre inconnu à ce moment-là : Jim Cheung.
Dès le départ, les promesses de Crossgen sont importantes. Contrairement à pas mal d'éditeurs, y compris les Big Two, les scénaristes et dessinateurs de Crossgen sont employés et non freelance. Ils travaillent pour la plupart dans les locaux de l'éditeur, à Tampa, et cela entraîne plusieurs conséquences. Du bon côté, cela permet d'éviter les retards de sortie, chaque épisode paraissant effectivement à la date prévue. Et puis ça permet aussi de conserver une même équipe sur un seul titre, le dessinateur étant simplement remplacé le temps d'un fill-in, généralement après six numéros.
Du mauvais côté, cela crée aussi pas mal de tensions. Le torchon brûle rapidement entre Alessi et les frères Lai, le premier accusant les seconds de procrastiner tandis qu'eux considèdent leur patron comme un tortionnaire, et clament à qui veut l'entendre que Crossgen est une secte. Alors que Sigil était l'une des plus intéressantes séries du Sigilverse, la voilà qui pâtit déjà d'une valse des dessinateurs. Finalement, c'est Scott Eaton qui tiendra la barre, mais le mal est fait. Sans que cela vire autant au psychodrame, Joshua Middleton sera aussi remplacé assez vite sur Meridian, par Steve McNiven. Mais déjà, les belles promesses se sont envolées.

Enfin d'année est lancée une cinquième série, The First, qui conte les péripéties de demi-dieux dans un environnement à mi-chemin entre le super-héros traditionnel et les légendes du panthéon grec. Au départ dessinée par Bart Sears, elle est reprise par Andrea di Vito lorsque son prédécesseur s'en va dessiner The Path, une histoire de samouraïs dans laquelle son style explose. En attendant, trois nouveaux titres voient le jour en 2001.
Crux, tout d'abord, qui va devenir l'un des principaux piliers du Silgilverse. C'est la seule série à se dérouler sur Terre, mais dans un lointain futur où l'humanité a déserté la planète. C'est à ce moment-là que s'éveillent les Atlantes, qui vont vite découvrir qu'ils ne sont pas seuls sur place : des monstres d'une race appelée la Négation vont les agresser, et on découvre au fur et à mesure que cette espèce vient d'une autre dimension. Leurs origines, et surtout le combat d'une poignée de personnages venus de notre univers qui se retrouvent piégés dans le leur, sera au centre des discussions dans la très noire série Negation.

Autre saga à voir le jour en 2001, et elle aussi plutôt sombre : Sojourn. Il s'agit de dark fantasy, sa particularité étant que le porteur du Sigil n'est pas ici le héros mais le grand méchant ! C'est majoritairement Greg Land qui s'occupe de la partie graphique, pour un résultat assez impressionnant malgré l'usage un peu trop intensif de Photoshop. Vient enfin Ruse, en novembre. Là pour le coup, les Sigils passent au second plan, au profit d'enquêtes à la Sherlock Holmes dans un univers victorien baigné de magie.
Outre Negation et The Path, l'année suivante voit aussi la naissance de deux autres séries : Route 666, un thriller fantastique scénarisé, toute comme Negation, par Tony Bedard, et Way of the Rat, un wuxia mystique qui se déroule sur le même monde que The Path. Et puisqu'on parle de connexions entre séries, les crossovers en interne sont assez rares mais les premiers spin-off commencent à apparaître : Saurians, une mini sur les méchants de la série Sigil ; et Negation : Lawbringer, un one-shot qui définit un peu plus les origines de la saga. Suivront Archard's Agents, trois récits décorrélés qui se concentrent sur les personnages secondaires de la série Ruse ; Mark of Charon, une nouvelle mini sur les origines de la Négation ; et The Silken Ghost, qui se déroule avant les évènements de Way of the Rat.

Chose curieuse, ce sont plutôt les nouvelles séries qui bénéficient de spin-off. Bon an mal an, les autres sortent à intervalles réguliers. Pour appâter le lecteur, deux anthologies voient aussi le jour : Forge et Edge (qui sera rebaptisée Vector sur sa fin de vie), qui reprennent des épisodes au hasard de toutes les licences Crossgen. Autant dire que cela n'aide pas beaucoup le lecteur à se faire une idée. Heureusement, Crossgen aura la bonne idée, à partir 2003, de présenter des Key Issues. Ces épisodes, clairement identifiés sur leur couverture, résument ce qu'il s'est passé précédemment et aident à se mettre dans le bain.
Au même moment, Crossgen se diversifie. Avec de nouvelles séries tout d'abord : l'histoire de barbare Brath, la mini-série de science-fiction Chimera, ou encore les aventures pirates d'el Cazador (qui connaitront elles aussi un spin-off avec The Bloody Ballad of Blackjack Tom). Tous ces titres auront une durée de vie assez courte, mais ils ne sont que secondaires dans l'esprit des instances dirigeantes de Crossgen. Solus est également pensée à court terme, mais il s'agit d'une autre pierre angulaire de l'univers partagé. C'est elle en effet qui explique le mieux l'origine des Sigils.
Mais la diversification passe surtout par l'intégration au catalogue de produits finis réalisés par des auteurs indépendants, et situés en dehors du Sigilverse. Un peu à l'instar d'Icon pour Marvel (ou d'Epic pour les plus anciens !), Code 6 est le nom de la branche qui s'occupe de ces licences. On y trouve par exemple deux mini-séries tirées de l'univers Demon Wars imaginé par R.A. Salvatore - le créateur de Drizzt do'Urden dans l'univers de Forgotten Realms - et The Crossovers, une parodie super-héroïque dessinée par Mauricet ! Ou encore de nouvelle aventures de Lady Death dans un contexte médiéval.
Plus tard, Code 6 éditera la suite de la série The Red Star de Christian Gossett, que l'auteur avait entamé chez Image Comics, et surtout la magnifique mini-série onirique de J.M. de Matteis et Mike Ploog, Abadazad, inspirée des nouvelles de Franklin O. Davies. Notons aussi l'existence d'une mini-série d'espionnage appelée Kiss Kiss, Bang Bang, sans aucun rapport avec le film éponyme. Il s'agirait plus d'une parodie des anciens James Bond.
La mini Snake Plissken Chronicles, quant à elle, sortira sous la bannière de Hurricane Entertainment, ses auteurs étant les mêmes que Violent Messiahs. C'est, on s'en doute un peu, la suite non-officielle de New York 1997, le fameux nanar de John Carpenter. C'est aussi le seul comics que Hurricane développera sous la tutelle de Crossgen, la plupart des bouquins du studio ayant été auto-publiée ou éditée par Image Comics.
Et puis il reste MV Creations. L'histoire de ce studio est à peu près semblable à celle de Hurricane, à ceci près qu'il a majoritairement travaillé pour Crossgen, et très peu pour Image ou pour lui-même. Il débarque avec dans son escarcelle les Maîtres de l'Univers, ainsi que deux mini-séries inspirées de jeux vidéos de Don Bluth : Dragon's Lair et Space Ace. MV réalisera aussi Spookshow International, une anthologie horrifico-rigolote imaginée par le farfelu Rob Zombie, et Tales of the Realm, une comédie qui mélange les codes de l'heroic-fantasy et ceux de la télé-réalité.

C'est un véritable foisonnement, et pourtant dès 2003, Crossgen va mal. Perdant une bonne partie de son financement initial et souffrant d'un taux de retour difficile à encaisser, la boîte de Mark Alessi est en outre au centre d'un scandale concernant le paiement des freelances. A partir de là, les rats commencent à quitter le navire, Ron Marz et Brandon Peterson (pourtant fidèles de la première heure) en tête. Crossgen revend le MegaCon en fin d'année.
Plusieurs séries sont stoppées, plus ou moins vite et surtout plus ou moins bien, mais pas uniquement suite au jeu des chaises musicales qui suit le départ des auteurs majeurs. Ou en tout cas, Crossgen le justifie éditorialement par un grand crossover maison, Negation War, qui va opposer bon nombre de héros des séries du Sigilverse aux badass de Negation. Prévu en cinq épisodes, l'évènement s'arrête net au numéro deux, suite à la banqueroute de l'éditeur.

Plusieurs séries, qui n'avaient pas participé à Negation War, sont également coupées dans leur élan, et à peine quelques mois après la liquidation judiciaire, Disney se porte acquéreur de certaines licences. Checker Books obtient quant à lui l'autorisation de publier plusieurs trade-paperbacks prévus chez Crossgen mais jamais publiés. Finalement, ce n'est qu'en 2010 que Disney utilisera ses acquisitions, via quelques comics publiés par sa nouvelle propriété, Marvel.

En France, l'éditeur a été largement diffusé par SEMIC, jusqu'à la banqueroute de 2004. Toutes les premières séries (Chronicles, Mystic, Meridian, Scion, Sigil, The First, Crux, Sojourn, Negation, The Path et Ruse) ont donc connu un début de diffusion, mais jamais de conclusion. The Crossovers et El Cazador ont aussi été publiées en partie. Notez que je n'ai pas lu (car pas trouvé) quelques comics du studio :

- le sketchbook de Chimera, qui ne me fait pas rêver plus que ça
- Crossgen Illustrated, un bouquin d'illustrations des premières séries
- les deux mini-séries Demon Wars, qui ne m'emballent pas non plus
- les épisodes 2 et 3 de Dragon's Lair, qui peuvent être sympas
- le preview de Snake Plissken Chronicles, qui reprend probablement le début de l'épisode un

Le bilan : 
A lire de toute urgence
Abadazad (mars 2004, 3 épisodes)
scénario : J.M. de MATTEIS
dessin : Mike PLOOG
Désespérée d'avoir perdu son petit frère à la fête foraine, la jeune Katie Jameson est devenue une adolescente difficile et torturée. Mais cinq ans plus tard, elle découvre que Matt est toujours vivant, prisonnier dans le monde féérique d'Abadazad. Hommage à peine voilé de John-Marc de Matteis à l'oeuvre de Franklin O. Davies tout autant qu'ôde à l'imaginaire et à l'enfance, cette mini-série hélas abandonnée par Crossgen était aussi l'occasion de profiter des magnifiques illustrations de Mike Ploog.

Brath (mars 2003, 14 épisodes + un Prequel)
scénario : Chuck DIXON
dessin : Enrique ALCATENA et Andrea di VITO
Brath MacGaren mène les clans unis d'Ure au combat contre les légions de l'empereur Quintillius Aurelius Galba Rex, qui tentent de conquérir son pays. Et grâce au Sigil qui lui offre la vision de l'avenir, il remporte de grandes victoires. Mais suite à la trahison d'un rival, il finit capturé et condamné à mort. Chuck Dixon fait une fois de plus parler son expérience, son récit se montrant épique en dépit d'une certaine rusticité. Le dessin puissant d'Andrea di Vito rend à la fois la grandiloquence des scènes de combat, nombreuses, et la magnificence de décors inspirés des paysages celtiques.

El Cazador (octobre 2003, 6 épisodes)
Paru en VF chez SEMIC, en grand format
scénario : Chuck DIXON
dessin : Steve EPTING
Seule survivante de l'abordage de son navire par des pirates sanguinaires, Cinzia Elena Maria Esperanza Diego-Luis Hidalgo prend le contrôle du bâtiment pirate et devient Lady Sin. Elle va dès lors se transformer en menace pour le capitaine Blackjack Tom, qui a enlevé sa famille. Basée sur le très fantasmatique monde de la piraterie, cette mini-série de Chuck Dixon s'éloigne de l'univers Crossgen traditionnel pour proposer une aventure épique, superbement mise en images par un Steve Epting au sommet de son art.

The Crossovers (février 2003, 9 épisodes)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, en SEMIC Book
scénario : Robert RODI
dessin : Alain MAURICET et Joe STATON
Les Crossover constituent une famille à part : le père est un super-héros, la mère une chasseuse de vampires, la fille une princesse d'un autre univers et le fils un espion extraterrestre. Et chacun ignore tout des autres, jusqu'au jour où leurs ennemis respectifs changent de partenaires de jeu. L'arrière-garde américano-européenne s'amuse à pasticher les super-héros de manière jubilatoire. Robert Rodi ne manque visiblement pas de talent pour les quiproquos humoristiques, et Mauricet conserve ses habitudes héritées de Cosmic Patrouille.

A feuilleter à l'occasion
Archard's Agents (janvier 2003, 3 épisodes)
scénario : Chuck DIXON
dessin : Mike PERKINS et Steve McNIVEN
Valet au service d'un héros de guerre qui est en réalité un imposteur, Edmund Bellings profite d'une malheureuse coïncidence pour assassiner son patron, avant de trouver refuge auprès du Consortium. Peter Grimes, lui, est passé d'une carrière de boxeur au service de Simon Archard, et il tente de prendre exemple sur lui. Chuck Dixon se charge de mettre en scène plusieurs personnages secondaires de la série Ruse dans leurs propres aventures. L'auteurs respecte à la lettre le contexte et l'ambiance mis en place par Mark Waid, et si Mike Perkins est peu innovant, Steve McNiven brille de mille feux lors du dernier épisode.

El Cazador : the Bloody Ballad of Blackjack Tom (avril 2004)
scénario : Chuck DIXON
dessin : Sergio CARIELLO
Avant de devenir le pirate le plus redouté des sept mers, Blackjack Tom était Thomas Cartwright, un simple pasteur qui, pour obtenir plus rapidement une congrégation, accepta de partir dans les Caraïbes pour évangéliser les autochtones. Jusqu'au jour où ces derniers se retournèrent contre lui. Plutôt que de donner une conclusion honorable à sa mini-série, Chuck Dixon préfère s'intéresser, pour ce one-shot, au principal antagoniste de Lady Sin. Il lui offre des origines intéressantes, que vient soutenir le dessin riche de Sergio Cariello.
Chimera (mars 2003, 4 épisodes + un Sketchbook)
scénario : Ron MARZ et Brandon PETERSON
dessin : Brandon PETERSON
Sara Janning est mineuse sur la planète de glace Serevan, aux frontières de l'empire chiméran. Elle endure un climat hostile et un travail épuisant dans le seul but d'échapper à la vigilance de l'empereur, qui recherche son génome à travers toute la galaxie. Mais un accident va la mettre dans le collimateur du tyran. Orientée space-opera, la nouvelle saga imaginée par Ron Marz débute sur les chapeaux de roue mais s'achève, visiblement dans la précipitation, après seulement quatre numéros. Brandon Peterson, également co-scénariste, y fait montre de plus de soin que d'habitude, mais le mélange entre dessin traditionnel et éléments en 3D a mal vieilli.

Crux (mai 2001, 33 épisodes)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, dans Crossgen Special
scénario : Chuck DIXON et Mark WAID
dessin : collectif
Atlantis a sombré depuis des millénaires, mais certains de ses habitants ont survécu. Guidés par Danik, un ancien atlante qui semble disposer de pouvoirs inconnus, ils luttent sur Terra Cognito contre les forces outre-dimensionnelles de la Negation. Oscillant entre thèses mythologiques et science-fiction, la série de Mark Waid s'avère un peu molle dans son déroulement. Les personnages attachants et le dessin séduisant de Steve Epting permettent malgré tout de passer un bon moment.

The First (novembre 2000, 37 épisodes + un Preview)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, dans sa série puis dans Crossgen Extra
scénario : Barbara KESEL
dessin : collectif
Divisés en deux maisons opposées, les Primaux, divinités de la dimension d'Elysium, s'interrogent sur l'apparition des Sigils, et sur la mort de l'un d'entre eux des mains du marqué Obo-San. Parallèlement, la nouvelle génération fomente un coup d'état. La cinquième série régulière de l'éditeur Crossgen s'avère passionnante : Barbara Kesel ne lésine pas sur les rebondissements, et le traît de Bart Sears, tout en rondeurs, est particulièrement plaisant dans ce contexte. Le fill-in par Andrea di Vito est également à mettre à son crédit, mais la fin est plus brouillonne.

Lady Death : the Wild Hunt (avril 2004, 2 épisodes)
scénario : Brian PULIDO
dessin : Jim CHEUNG
Après la bataille du pont-frontière, Lady Death a juré la perte de son père, le roi des Eldritch, qui en retour la traque sans relâche. Désormais chargée de défendre les peuples libres, quand bien même leur reconnaissance ne lui est pas assurée, Hope doit également sauver sa famille. A la suite directe de sa précédente série, Brian Pulido propose un récit plus décousu mais également plus nerveux, magistralement mis en images par un Jim Cheung au sommet de sa forme. Hélas, la banqueroute de l'éditeur entraîne l'arrêt brutal de la série.

Masters of the Universe : Dream Halloween (octobre 2002, 2 épisodes)
scénario : Val STAPLES
dessin : Elza FONTANA et Emiliano SANTALUCIA
Musclor défend les habitants d'Eternia contre les Guerriers du Mal menés par sa Némésis, le redoutable Skeletor. Mais lorsque ce dernier met sur sa route le maître des cauchemars Scare Glow, le prince doit s'appuyer sur les compétences de ses amis pour se sortir de ce mauvais pas. Val Staples respecte à la lettre les codes du dessin animé, et ces deux histoires courtes parues pour Halloween - et dont les bénéfices reviennent intégralement à une fondation - sont également dessinées avec beaucoup de fidélité au design original des personnages.

Mystic (juillet 2000, 43 épisodes)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, dans sa série puis dans Crossgen Special
scénario : Tony BEDARD et Ron MARZ
dessin : collectif
Délurée et insouciante, la séduisante Giselle acquiert une marque, le Sigil, qui lui confère la capacité de maîtriser tous types de magies. Ce faisant, elle s'attire l'inimitié des guildes de sorcellerie qui dirigent le monde, et qui auraient dû hériter des pouvoirs qu'elle détient. Fer de lance du tout jeune univers de Crossgen Comics, Mystic est curieusement la série qui s'y intègre le moins. Cependant, la reprise en mains par Tony Bedard et Aaron Lopresti est nettement plus efficace.

Negation (janvier 2002, 27 épisodes + un Prequel)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, dans Crossgen Extra
scénario : Tony BEDARD et Mark WAID
dessin :  collectif
Officier charismatique, Obregon Kaine a pris la direction du groupe de prisonniers de la Negation, malgré son absence de pouvoirs. Le groupe est soumis à toutes sortes d'épreuves par le Chambellan Komptin, et lorsqu'il tente de s'évader, l'arbitre Qzrt intervient. Oppressante et désespérée, cette série ne plaira pas à tout le monde, malgré le talent de conteur de Tony Bedard (bien aidé il est vrai par Mark Waid). Paul Pelletier est pour sa part un peu trop classique, mais il devient de plus en plus spectaculaire à mesure que les épisodes passent.

Negation War (avril 2004, 2 épisodes)
scénario : Tony BEDARD
dessin :  Paul PELLETIER
Après avoir observé les porteurs de Sigil piégés dans son univers, Charon lance l'intégralité de son armada à la conquête de ce qu'il appelle l'univers brillant. Alors que les Primaux sont en première ligne de défense, c'est sur ses marqués que Danik compte pour défaire la Négation. Tony Bedard est chargé de réaliser le premier crossover massif de l'univers Crossgen, après en avoir raconté les prémisses. Avec le fidèle, et toujours aussi brillant, Paul Pelletier, il déclenche les grandes manoeuvres, mais son récit sera tué dans l'oeuf par la banqueroute de l'éditeur.

The Red Star volume 2 (février 2003, 2 épisodes)
scénario : Christian GOSSETT et Bradley KAYL
dessin : Christian GOSSETT
Suite à ce que leur a révélé Pravda, Maya et Urik Antares ont décidé de renoncer à leurs idéaux et de partir à l'assaut de la forteresse d'Imbohl, pour libérer les âmes de ceux que le tyran a massacré. Mais ils sont traqués, à travers la faille menant au pénitencier, par plusieurs vaisseaux de l'Etoile Rouge. C'est cette fois-ci vers Crossgen Comics que Christian Gossett se tourne pour produire ce nouveau chapitre de la franchise Red Star. Les visuels sont toujours aussi réussis, mais le récit manque un peu d'entrain et, après seulement deux épisodes, la mini-série change d'éditeur.

Ruse (novembre 2001, 26 épisodes)
Paru partiellement en VF chez SEMIC au format italien
scénario : Scott BEATTY et Mark WAID
dessin : Butch GUICE, Jeff JOHNSON, Mike PERKINS et Paul RYAN
Détective génial mais complètement misanthrope, Simon Archard est blasé de tout, jusqu'au jour où il tombe sur une affaire inextricable, avec une Primale à l'origine du crime. Mais l'assistante de l'enquêteur semble elle aussi pleine de ressources, quand bien même son patron l'ignore - ou feint de l'ignorer. Mark Waid et Butch Guice nous proposent une superbe relecture des aventures de Sherlock Holmes dans ce nouvel univers, victorien dans l'âme. Pour le coup, les Sigils passent au second plan, l'aspect policier étant mis en avant et soutenu par d'admirables dessins.

Scion (juillet 2000, 43 épisodes)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, dans sa série puis dans Crossgen Universe
scénario : Ian EDINGTON et Ron MARZ
dessin : collectif
Sur la planète Avalon, les royaumes de Heron et Raven se livrent une guerre millénaire, devenue au fil du temps un tournoi entre les princes des deux dynasties. Le jeune prince Ethan de Heron, marqué d'un Sigil, blesse grièvement son rival Bron lors de cette joute... Profitant du graphisme incroyablement séduisant du phénomène Jim Cheung, cette série est la plus intéressante des quatre de départ, d'autant plus que Ron Marz y développe, outre le contexte médiéval-fantastique relativement classique, des personnages et un message plutôt consistants. Hélas, la fin déçoit.

Sigil (juillet 2000, 42 épisodes)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, dans sa série puis dans Crossgen Special
scénario : Chuck DIXON, Barbara KESEL et Mark WAID
dessin :  collectif
Chasseur de primes intergalactique en provenance de la planète Tanipal, constamment poursuivi par les extraterrestres Sauriens, Samandhal Rey hérite d'un Sigil lui permettant de manipuler la matière. Cela ne lui permettra pourtant pas de sauver sa compagne, Roiya Sintor. Proposant un univers space-opera relativement original et qui ouvre la porte à de très nombreuses possibilités, la série de Barbara Kesel est un peu dans l'ombre des trois autres. En outre, l'abandon rapide du dessinateur principal lui cause du tort. Elle se stabilise sur la fin.

Snake Plissken Chronicles (juin 2003, 4 épisodes + un Preview)
scénario : William O'NEILL
dessin :  Tone RODRIGUEZ
De retour de New York, Snake Plissken se met en cheville avec son ancien collègue Marrs. Le duo pourrait gagner trente millions de dollars, s'il parvient à dérober la voiture dans laquelle est mort le président Kennedy, et qui est actuellement en exposition dans un casino. William O'Neill délivre une mini-série haute en couleurs, à l'image tout autant du film de John Carpenter que de sa propre série, Violent Messiahs. Et c'est une fois de plus Tone Rodriguez qui passe à la planche à dessin, son style demeurant agréable malgré de nombreuses imperfections.

Sojourn (aout 2001, 34 épisodes + un Prequel)
Paru partiellement en VF chez SEMIC, dans Crossgen Universe
scénario : Chuck DIXON, Ian EDINGTON et Ron MARZ
dessin :  collectif
Ressuscité par le biais d'un puissant Sigil, Mordath le tyran est de retour sur les Cinq Provinces. Face à lui se dresse une chasseuse ivre de vengeance, Arwyn, et son compagnon, le légendaire archer borgne Gareth. Mais que peuvent deux simples humains face à un monstre immortel ? Le ton employé par Ron Marz est résolument désespéré, conférant à cette série de dark fantasy une ambiance unique. Le graphique assisté de Greg Land y ajoute en authenticité, et en dépit de la chape de plomb qui s'en dégage, Sojourn demeure très plaisante à suivre.

Spookshow International (novembre 2003, 9 épisodes)
scénario : Rob ZOMBIE
dessin :  collectif
El Superbeasto le colossal héros masqué et sa soeur Suzi X, espionne de renom, font partie de l'A.S.S., l'agence qui répond à toutes les menaces, qu'il s'agisse de robots géants et invincibles, d'une invasion martienne ou encore du kidnapping d'une strip-teaseuse par le maître du Mal, le Docteur Satan. Débutant à la manière des Contes de la Crypte mais incapable d'en atteindre les critères de qualité, l'anthologie fantastique de Rob Zombie bascule à mi-parcours sur un concentré d'humour absurde et de sensualité gratuite, bien servis par les dessins cartoony de la plupart des artistes impliqués.

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